Chaque terminaison nerveuse qui connecte notre peau à notre cerveau désire comprendre le monde autour d'elle, et prendre des décisions appropriées sur la manière de continuer à vivre au mieux. La plupart des signaux qu'elle envoie arrivent sous le niveau radar de notre compréhension, dans les câblages les plus « lézardesques » et notre cerveau. Ces chemins sont la programmation qui a été transmise par d'innombrables générations d'ancêtres, depuis aussi loin que l'apparition de la vie mammifère elle-même. La relation biologique entre la vie et son environnement est le plus ancien transfert de savoir qu'un humain peut expérimenter. C'est inscrit si profondément dans nos êtres que le langage de l'évolution n'est pas une pensée, c'est une sensation : un frisson, le sang qui court, l'accélération des sens. Il y a seulement une centaine d'années, nous connaissions presque tous le langage du frisson, depuis la naissance. Mille ans avant ça, nos corps suivaient les saisons. Dix mille ans ou plus avant cela, notre espèce migrait d'un continent à l'autre sur les rafiots d'algues et surmontait les montagnes avec seulement des peaux de bêtes et des semelles en cuir. Ces ancêtres ne se voyaient sûrement pas comme étant différents de l'environnement du tout. Nous étions juste là. En train de survivre. Ensemble.
(pp. 269-271)
L'eau, comme l'expérience l'a démontré, déclenchait une série de changements physiques chez les sujets et les préparait à survivre dans un environnement hostile où respirer signifierait mourir. C'est un réflexe que Scholander a alors surnommé « l'interrupteur principal de la vie », un terme qui a ensuite été repris par la communauté naissante des apnéistes qui dépend de ces changements présents dans le corps pour étendre la durée de ses incursions aquatiques. Les apnéistes, décrits d'une main de maître par James Nestor dans son livre « Deep », sont en mesure de descendre rapidement à des dizaines de mètres sous la surface de l'océan et de remonter sans risquer les dangers de la décompression que les plongeurs sous-marins doivent redouter. Alors qu'ils plongent, la pression de l'eau écrase leurs poumons et le froid limite leur consommation d'oxygène. Un champion du monde d'apnée peut descendre au-delà de 240 m et refaire surface vivant et en bonne santé. En 2012, un apnéiste a réussi à retenir sa respiration pendant la durée ahurissante de 22 minutes, sous l'eau, pendant une compétition. Cet interrupteur principal actionné par l'eau est aussi utilisable pour les terriens qui souffrent de crises d'angoisse ou d'arythmie cardiaque. Si vous êtes sujet aux crises d'angoisse, d'immerger votre visage dans l'eau froide au pic de la crise signalera à votre corps de se préparer à une plongée, et interrompra les palpitations cardiaques.
(p. 65)