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Critiques de Sean Murphy (246)
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The Wake

Publiée en 2013, The Wake est une bande-dessinée écrite par Scott Snyder (American Vampire, Batman), dessinée par Sean Murphy (le génial Punk Rock Jesus bientôt en chronique sur le MdR) et colorisée par Matt Hollingsworth (remarqué pour la série Preacher). Un trio qui a travaillé en bonne symbiose pour un résultat plutôt génial. Un scénario solide, un dessin sec et incisif et des couleurs splendides malgré une histoire tout en noirceur. Le bleu des profondeurs, bien réussi, est oppressant. D'ailleurs, inspirez profondément, c'est l'heure de plonger dans les abysses. Ou dans vos propres chimères.



L'histoire débute avec la biologiste marine Lee Archer, recrutée par le gouvernement pour une expédition secrète en plein Arctique. Une étrange créature a été capturée dans les fonds sous-marins. Lee Archer, spécialiste de la faune sous-marine, découvre avec stupeur une réelle chimère marine. Sirène impressionnante, imposante, rapide, et pour le moins, agressive. L'équipe de recherche est constituée d'un professeur de folklore et mythologie, d'un mercenaire, d'un agent du gouvernement et d'un autre professeur des fonds marins. La base, située sous la mer et accessible par un petit submersible, est un hommage certain aux deux films cultes, The Abyss et The Thing.



D'ailleurs, la première partie est un huis-clos stressant, nerveux et oppressant, servi par une histoire rythmée, intéressante, dans laquelle se mêlent des mythes et légendes chers à Scott Snyder. Quelle est cette chimère ? D'où vient-elle ? Que recherche-t-elle ? Beaucoup de questions, et des réponses qui viendront ingénieusement dans la deuxième partie. Il faut également noter l'originalité de certaines idées : la base sous-marine, un catamaran sous-marin de combat et d'autres surprises... A souligner aussi l'effet hallucinogène du poison émis par la créature marine qui instille en nous nos propres peurs et souvenirs. La chimère s'infiltre dans notre esprit. Sonde notre âme. L'abysse s'analyse ici comme métaphore de notre inconscient qui ressurgit par une descente en profondeur. Une première partie abyssale, sombre et glaçante.



La deuxième partie de The Wake change assez radicalement. Les couleurs sont plus chaudes, on y observe un ton jaune orange qui accompagne très bien l'univers post-apocalyptique que l'on découvre dès les premières pages. Notons encore une fois l'excellent travail de Matt Hollingsworth qui a d'ailleurs colorisé toute la bande-dessinée en une seule fois. Pour ce travail, il s'est inspiré du fameux peintre d'estampe sur bois japonais, Hiroshi Yoshida.



L'histoire n'est plus confinée, l'action se passe géographiquement sur plusieurs fronts et s'élargit vers d'autres horizons insoupçonnés. Pour converger vers une fin habile, surprenante et maîtrisée. Les idées et théories proposés par Scott Snyder ne sont ni hasardeuses, ni à mettre au placard. Elles nous poussent même à réfléchir aux questions métaphysiques qui traversent notre esprit et ont traversé l'esprit de bons nombres de nos ancêtres. Qui sommes-nous ? D'où vient-on ? Où allons-nous ?



Conclusion



Pari réussi pour The Wake qui revisite magistralement les origines de l'espèce humaine et l'évolution de l'humanité, tout en nous emmenant dans les tréfonds des abysses pour exorciser nos propres démons.




Lien : http://lemontdesreves.fr/the..
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Tokyo Ghost, tome 1 : Eden atomique

Sous des couverts de comics, de violence, de combat, de japanisation, Tokyo Ghost aborde au final des sujets extrêmement simples, l'un millénaire, et l'autre très actuel.



Car il s'agit avant tout d'une histoire d'amour, celle de Debbie et de son amour pour Dent, amour qui n'a plus de retour depuis que son amant s'est perdu, à deux pas d'elle et pourtant à des millions de kilomètres.

Et cette surexposition d'informations numériques très contemporaines, alors même que ce 06/02/17, nous abordons le premier des trois journées sans portables (personnellement, c'est un échec cuisant), ce déferlement de connexions est omniprésent autour de nous, et cette fable que nous illustre Tokyo Ghost a un gout doux-amer, parce que la dérive de Dent, même si nous en connaissons les dangers, nous sommes tous en train d'y succomber.



Un superbe album, sur le fond et la forme, et j'attends avec impatience de dévorer le tome 2.
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Tokyo Ghost, tome 1 : Eden atomique

Ce tome est le premier d'une histoire en 2 tomes. Il comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2015, écrits par Rick Remender, dessinés et encrés par Sean Murphy, avec une mise en couleurs de Matt Hollingsworth. Le lettrage a été réalisé par Rus Wooton.



L'histoire se déroule en 2089, dans les îles de Los Angeles. Dans ce futur, tous les individus sont améliorés par des implants cybernétiques et électroniques. Chaque humain a la possibilité de passer sa vie dans des paradis artificiels virtuels, car toutes les tâches de production sont assurées par des automates. Malgré tout, il y a toujours besoin d'individus chargés de faire respecter l'ordre et la loi. Led Dent est un gendarme pour une organisation pas forcément publique, ni étatique. Il s'est fait greffer énormément de compléments cybernétiques pour devenir un individu très costaud. Il passe sa vie en regardant en continu des flux d'informations et de divertissement par connexion internet, pour distraire son esprit et éviter d'avoir à penser. Il est accompagné par une jeune femme appelée Debbie Decay, totalement dépourvue de tout implant, 100% naturelle, vêtue d'un court short et d'un débardeur.



Au début de cette histoire, Led Dent & Debbie Decay sont en train d'appréhender Ralphie, un homme de main de Davey Trauma, un individu profitant de ses capacités à prendre la main sur des systèmes informatiques en ligne pour tuer de vrais êtres humains. Ils ont réussi à l'attraper en le coursant sur la grosse moto de Dent. Ils peuvent alors se mettre à la recherche de Davey Trauma. Une fois cette mission accomplie, ils essayent de convaincre leur supérieur Mr. Flak de les laisser démissionner. Mais il leur confie une mission au Japon dans laquelle Debbie Decay voit une opportunité trop tentante pour la refuser. Elle convainc Led Dent d'effectuer le voyage dans un petit sous-marin de poche.



Après avoir laissé sa marque sur des séries comme Uncanny X-Force, Captain America et Punisher, le scénariste Rick Remender s'en est allé créer ses propres séries, en indépendant, publiées par Image Comics. Le lecteur a ainsi pu apprécier son inventivité dans Deadly Class dessinée par Wes Craig, Black Science dessinée par Matteo Scalera, ou encore Low dessinée par Greg Tocchini. C'est donc avec grand plaisir qu'il continue sur sa lancée, en compagnie de Sean Murphy, dessinateur au trait vif et précis, ayant déjà fait des merveilles dans Joe l'aventure intérieure de Grant Morrison, ou Punk Rock Jesus réalisé tout seul comme un grand. Leur association s'annonce sous les meilleurs auspices.



Rick Remender raconte une histoire dense. Il y a donc l'intrigue en elle-même qui découle de l'environnement cyberpunk. D'un côté, une partie de la population peut s'adonner aux plaisirs virtuels des divertissements vingt-quatre heures par jour, sans avoir à se préoccuper de quelque souci matériel que ce soit. De l'autre côté, certains individus ont fait le choix de continuer à conserver un contact avec le monde réel, et même de participer à son maintien en état. Les pouvoirs en place (de nature indistincte à ce stade du récit) confient des missions de maintien de l'ordre à des gendarmes cybernétiquement augmentés comme Led Dent. Il s'agit toujours de neutraliser des individus toxiques pour la société, des profiteurs du système, ou de sécuriser des moyens d'approvisionnement en nourriture ou en matière première. Le lecteur assiste à la spectaculaire course-poursuite pour arrêter Davey Trauma. Puis il essaye de rassembler les pièces du puzzle pour discerner ce qui se joue au Japon, dans une communauté au mode de fonctionnement inattendu.



Dans le même temps, l'auteur développe l'histoire personnelle des 2 principaux personnages : Led Dent amélioré de toutes parts par des implants, au corps complètement reconstruit, et Debbie Decay au corps immaculé, vierge de toute technologie. Le lecteur familier de cet auteur retrouve a capacité à faire exister les personnages, à la fois au travers des expériences de leur enfance et de leur adolescence qui ont marqué leur psyché, mais aussi au travers de leurs ambitions et de leurs aspirations. La dynamique du couple formé par Debbie Decay et Led Dent sort des clichés ou d'une relation insipide, car elle est construite sur la base de leur histoire personnelle, de leur relation sur le long terme, et de leur situation familiale initiale, en particulier de l'attitude de leurs parents face à la vie dans un tel monde.



Enfin, Rick Remender prend soin de donner de la consistance à cet environnement de science-fiction. Il est indubitable que les avancées technologiques ont amélioré la condition humaine, en libérant les hommes de la servitude des tâches de production, mais comme toujours il y a un prix à payer, ou en tout cas des conséquences collatérales. Le tout n'a pas vraiment abouti à une utopie, et la technologie a permis aux humains d'accéder à un état permanent d'hébétude entretenu par un flot continu de divertissement virtuel, un robinet permanent déversant des divertissements de toute nature, sans interruption, une sorte de défonce au divertissement, stimulant à chaque instant les centres de plaisir du cerveau pour un trip sans fin. Il s'agit à la fois d'une possibilité de jouissance psychique permanente à base de divertissements futiles, mais aussi d'une annihilation totale de tout lien social entre les individus, chacun se contentant de s'abrutir avec les séries et spectacles de son choix, confortablement rassuré dans sa bulle. Remender ne condamne pas les outils. Par exemple, le flux incessant de d'images et de télévision permet à Led Dent d'éviter d'avoir à penser, d'éviter de succomber à la dépression qui le guette du fait son absence d'estime de lui-même. Dans le même temps, il montre une société malade du divertissement en continu, des individus ne pensant qu'au plaisir individuel et égoïste, une facette d'un monde cyberpunk tel que l'a envisagé William Gibson dans Neuromancien.



En s'associant à Sean Murphy, Rick Remender savait qu'il choisissait un artiste fortement impliqué dans ses planches. Le lecteur découvre à quel point il est le bon choix pour donner de la consistance à cet environnement d'anticipation. La couverture fait penser à un manga d'action à base de chouettes gadgets technologiques. Il y a effectivement de cela, à commencer par la moto démesurée et délirante de Led Dent. C'est tout l'art de Sean Murphy que donner l'impression au lecteur qu'elle a du sens et que son apparence n'a pas été pensée juste pour augmenter le degré de coolitude du récit : des pneus beaucoup trop larges pour pouvoir être maniables, une longueur exagérée jusqu’à en devenir ridicule, mais finalement adaptée aux dimensions des rues et des autoroutes urbaines qu'elle parcourt. Un niveau de détails et de bidules obsessionnel, mais en parfaite cohérence avec le reste des appareils technologiques. Il est visible que Sean Murphy prend un grand plaisir à aménager ce monde avec des trucs et des machins à l'allure futuriste, à la fois délirants, et à la fois à la fonction parfaitement identifiable. Le lecteur prend donc un plaisir certain à traquer ces excroissances technologiques baroques dans les cases : la multiplicité hors de contrôles des petits écrans qui captent 100% de l'attention de Led Dent (avec des petits messages sarcastiques sur l'absence de talent de Remender et Murphy), le flipper Black Science, les implants cybernétiques en guise de prothèse, la trottinette sur coussin d'air, les armes blanches augmentées par des ajouts électroniques, les vêtements avec électrodes pour stimuler les centres nerveux du plaisir, avec des fonctions d'évacuation de l'urine et des déjections pour que l'individu n'ait pas à quitter son fauteuil.



Non seulement Sean Murphy sait donner une forme innovante et cohérente aux éléments de technologie futuriste, mais en plus il sait donner du volume à des décors tout aussi impressionnants et spectaculaires. La moto de Led Dent trouve sa place et apparaît comme logique dans les larges rues des îles de Los Angles, ou sur le circuit de course de voitures en plein cœur de la ville. Le casino dans lequel commence la course-poursuite entre Davey Trauma et Dent se présente sous la forme de longues salles, occupées par des machines à sous, mais aussi des tables de restaurants et des gens en train de s'amuser. La tour de monsieur Flak impressionne par sa démesure, avec cascade intérieure dans le hall monumental, vraiment monumental. La vue de dessus de sa piscine privée évoque les fastes de la Rome décadente. L'arrivée sur la plage d'Isshiki à Tokyo donne à voir un environnement étonnant, dont l'étrangeté est accentuée par la mise en couleurs de Matt Hollingsworth. Le lecteur découvre un endroit surprenant à la fois attendu, à la fois très différent de ce à quoi il s'attendait (avec un petit clin d'œil au vaisseau de Luke Skywalker enfoncé dans les marais de la planète Dagobah).



L'amateur de science-fiction se délecte de la consistance et de la cohérence de cette vision du futur, ainsi que de son originalité visuelle. Il s'attache également rapidement à l'apparence des personnages. Murphy n'hésite pas à utiliser des conventions spécifiques aux comics : du personnage principal masculin massif et bardé de muscles hypertrophiés, au personnage principal féminin élancée, souriante, séduisante, et parfois dénudée. L'artiste invente toute une galerie de personnages hauts en couleur, soit par leur apparence physique (Led Dent), soit par leur tenue vestimentaire (Davey Trauma, Kazumi), soit par leur langage corporel (Debbie Decay irrésistible), soit par des exagérations entre comique et tragédie (les agresseurs à Tokyo). Comme par miracle, tous ces éléments hétéroclites semblent appartenir en toute logique au même monde, et être issu d'une évolution normale et cohérente.



Le spectacle prend une dimension encore plus importante lors des scènes d'action. Sean Murphy se révèle être un metteur en scène inspiré, avec un sens du cadrage dramatique très sûr, et une forme d'humour pince-sans-rire discret et efficace. Décrire une course de voitures dans un comics est une gageure car l'artiste ne peut pas se reposer sur des mouvements de caméras suivant les véhicules, ni imposer un rythme de lecture soutenu au lecteur qui choisit le temps qu'il passe par page et même par case. Murphy construit des pages juxtaposant des actions vives et inattendues dont l'enchaînement transcrit la vitesse des actions et la surprise causée par des événements inopinés (comme la lame circulaire dentelée surgissant du sol). Il joue également sur les éléments du décor pour montrer comment les personnages interagissent avec et s'en servent, à l'opposé de mouvements sans relation avec le relief ou les obstacles.



Cette première moitié du récit est un spectacle total, de l'inventivité du scénariste, à l'imagination foisonnante de l'artiste. Rick Remender a trouvé un dessinateur capable de donner forme à ses créations dont les pages apportent des éléments supplémentaires à son histoire tout en restant en phase. Sean Murphy a trouvé un scénariste lui fournissant une matière assez riche pour qu'il puisse y intégrer son approche dynamique et détaillée de la narration. Le lecteur se délecte de ce divertissement de haute volée qui évoque des thèmes complexes comme le plaisir des paradis virtuels, la responsabilité des parents, la manipulation des autorités, la consommation responsable, l'interdépendance dans un couple et la répartition des rôles, tout ça sans avoir l'air d'y toucher, sans pédanterie ni condescendance, de la grande science-fiction qui en asservit les conventions pour un récit très personnel.
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Joe l'aventure intérieure

Chaudement recommandé par un libraire BD, je me suis plongée dans la lecture du one shot "Joe, l'aventure intérieure". Quand je dit que je me suis plongée dedans, je devrais plutôt dire que j'ai tenté, sans grand succès hélas...



Je n'ai tout d'abord pas accroché au graphisme. Je l'ai trouvé trop sombre et fouillis à mon goût. Les planches donnent l'impression d'être surchargées. En effet, la plupart du temps les cases se chevauchent et donnent une impression désordonnée. Je ne doute pas que cette composition est volontaire de la part du dessinateur et tend à dynamiser visuellement l'histoire. Mais personnellement, je n'ai pas accroché du tout, car cela ne facilitait pas mon compréhension de l'histoire, déjà quelque peu laborieuse. Les traits des personnages n'étaient pas assez soignés à mon goût. En revanche, j'ai beaucoup apprécié les "décors", qu'il s'agisse de la maison de Joe (qui a des airs de maison hanté) ou du monde imaginaire, tantôt médiéval tantôt futuriste.



Si le résumé de l'intrigue laissait présager un savant mélange des genres aussi étrange et original qu'intriguant, le résultat final s'avère bien plus étrange que prenant. Le principe du basculement entre mondes réel et imaginaire pendant la crise de Joe est aisément compréhensible. Ce qui l'est beaucoup moins, c'est l'intrigue qui se déroule dans le monde imaginaire, celui où Joe est "L'enfant-qui-meurt", Les scènes de poursuites et de combats se suivent et se ressemblent. Je n'ai pas compris l'objectif de l'auteur, répétant pendant quasiment tout l'album ces scènes qui n'apportent finalement pas grand chose à la quête de sucre/soda de Joe. Si la BD avait été moins longue, peut-être que j'aurais plus apprécié cette "aventure intérieure".



De même, si les personnages avaient été beaucoup moins nombreux mais plus développés, je pense que je me serais sentie plus impliquée dans l'histoire. Ici, les personnages sont innombrables, à l'image des jouets de Joe, si bien qu'on les distingue à peine les uns des autres. J'ai même fini par complètement me désintéresser de leur identité et leur rôle dans l'histoire.



Pour moi, ce one shot s'adresse clairement un public habitué à lire des comics, à des gros lecteurs de BD américaine. N'en lisant que peu, je pense que je ne suis tout simplement pas en mesure d'apprécier ce one shot à sa juste valeur. Je vais donc laisser aux amateurs de ce genre le soin de vanter tous les mérites de "Joe" !
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Les dossiers de Hellblazer, tome 1 : Mauvai..

Ce tome comprend les 5 épisodes de la minisérie du même nom parue en 2010/2011. L'histoire est complète et indépendante de la continuité de ce personnage.



John Constantine est accoudé à son comptoir préféré, il est encore plus grincheux que d'habitude. Il sort pour fumer une clope parce qu'en Angleterre aussi les arguments sanitaires ont prévalu et qu'il n'est plus possible de fumer dans les lieux publics. Sur le trottoir, 2 jeunes dealers utilisent la cabine téléphonique pour conclure leurs trafics. Ils s'en prennent à Constantine qui ne se laisse pas vraiment faire. Après leur avoir cloué le bec, il se fait bêtement renverser par un 4*4 en traversant sans regarder. Il finit aux urgences en soins intensifs. Pendant ce temps là il assiste à tout (y compris les opérations) depuis son corps astral qui a pris son autonomie par rapport à son corps physique. Il va papoter dehors avec d'autres esprits désincarnés de patients plus ou moins proches de la mort. La convalescence est longue et seule la jolie infirmière la rend supportable. Mais pendant son séjour à l'hôpital, et même après, John Constantine est la proie d'atroces migraines. Dans le même temps, Londres est le théâtre de crimes atroces perpétrés par des gens qui n'ont pas conscience de ce qu'ils font. Quel est le lien ? Comment enrayer cette épidémie de démence criminelle ?



Je ne connaissais pas ce scénariste (Si Spencer, également auteur de la série The Vinyl Underground) avant cette histoire. Il a une bonne maîtrise du personnage John Constantine qui est tout à fait le magicien occulte issu de la classe ouvrière tel que l'avait imaginé Alan Moore. Sean Murphy (il est également l'illustrateur de Joe the Barbarian de Grant Morrison, en anglais) a d'ailleurs soigné son apparence, puisqu'en plus de l'imperméable traditionnel, il le dote d'un portefeuille glissé dans la poche arrière de son pantalon et retenu par une chaîne à sa ceinture. Pour une raison inconnue, il a également décidé de l'affubler d'un nez très pointu (un tic stylistique pas si gênant que ça une fois qu'on s'y est habitué). Constantine enchaîne clope sur clope et les sarcasmes tombent régulièrement. Il ne se dépare pas de son cynisme, sans être nihiliste pour autant. Son langage corporel rend compte de sa fatigue et il prend ses aises régulièrement. L'étrange façon de dessiner son visage (un peu schématique parfois) lui confère à la fois un air mystérieux et impénétrable, et juste ce qu'il faut de dureté.



Les histoires de Constantine se déroulent généralement dans une Angleterre en proie aux problèmes de société avec une bonne dose d'anglicismes. Là aussi, le lecteur est en territoire familier et Constantine joue à domicile de la bière vespérale au pub du coin, au paquet de Silk Cut, en passant par les voitures de police anglaise, la station de métro d'Oxford Circus, l'uniforme des policiers, le matériel de pré-collecte pour le recyclage, un second rôle tenu par une jeune pakistanaise musulmane, etc. Le lecteur perçoit qu'il s'agit du quotidien de Si Spencer et de Sean Murphy (l'illustrateur), qu'ils n'ont pas à se forcer pour décrire le quotidien londonien. Murphy utilise un style proche du photoréalisme avec un encrage qui accentue légèrement quelques angles, quelques ombrages et qui simplifie quelques éléments (le double-decker par exemple). Il interprète légèrement la réalité pour lui donner une saveur un peu plus âpre, plus rugueuse, sans en faire de trop. Cet aspect un peu décalé instille chez le lecteur un sentiment diffus de méfiance qui renforce les composantes surnaturelles du scénario et la légère paranoïa de Constantine.



Et justement pour aboutir à une véritable histoire d'Hellblazer, il faut rajouter une dose de surnaturel et une bonne rasade d'horreur. Spencer et Murphy en servent une bonne portion au lecteur en revenant aux racines de la série telle qu'écrite par Jamie Delano (à commencer par Péchés originels). Ils exagèrent habilement les petites névroses quotidiennes de tout à chacun pour les faire déboucher sur des crimes horrifiques. On peut citer la culpabilité de produire toujours plus de déchets, la hantise du repas familial avec les beaux parents, l'angoisse de se faire agresser par un clodo déchaîné, le risque dément que son bus soit pris en otage par un fou furieux, etc. Murphy ne recule pas devant le dessin explicite de plusieurs horreurs et certaines pages sont à déconseiller aux âmes sensibles.



Malgré tous ces bons cotés, c'est vrai que j'ai trouvé qu'il manquait un petit quelque chose à cette histoire pour obtenir une place spéciale dans le panthéon des horreurs affrontées par John Constantine. Du début à la fin, il apparaît comme un tout petit peu trop distant. Le choix d'indiquer au lecteur dès le début le fin mot de l'histoire désamorce également tout suspense. À la fois, Spencer et Murphy présentent des idées et des situations prenantes (la scène finale avec les sex-toys mérite également d'être citée), et à la fois il s'en faut de très peu pour que les enjeux et les horreurs n'arrivent à complètement impliquer le lecteur. Du coup je ne mets que 4 étoiles à cette histoire par comparaison avec les plus réussies du personnage.
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Punk rock Jésus

Vous connaissez sans doute Sean Murphy en tant qu’illustrateur d’excellentes séries telles que "American Vampire Legacy" de Scott Snyder ou "Joe l’aventure Intérieure" de Grant Morrison, mais vous vous souviendrez dorénavant de lui en tant que l’auteur de la mini-série en six épisodes Punk Rock Jesus !



Le récit se déroule dans un futur proche, où une émission de télé-réalité pour le moins controversée fait la une des médias. Le show télévisé veut en effet mettre en scène la vie d’un clone de Jésus Christ, recréé génétiquement à partir de l’ADN prélevé sur le Suaire du Turin. En s’attaquant aux dérives des médias et de la religion, l’auteur américain livre une critique acerbe de ce cette société américaine surmédiatisée, qui imprime « In God we trust » sur ses billets de banque.



Cette remise en question s’effectue à travers des personnages complexes et particulièrement attachants. Il y a tout d’abord Chris, le nouveau Messie, qui prend conscience de son rôle au fil du récit et finit par se rebeller contre l’ordre établi, crachant son dégoût et sa rage à travers une musique punk qui a ici droit à un revival jubilatoire. Il ne faudrait pas non plus oublier Thomas McKeal, le chef de la sécurité. Via des flashbacks distillés avec intelligence, le lecteur découvre progressivement l’histoire de cet irlandais charismatique à souhait, que l’auteur utilise afin d’aborder le thème de l’IRA (l’Armée Républicaine Irlandaise). Les autres personnages ne sont pas en reste, avec Gwen, la mère porteuse qui sombre dans la dépression, l’alcoolisme et la folie, ou le docteur Sarah Epstein, célèbre généticienne qui permet d’intégrer un soupçon d’écologie à l’aventure, sans oublier Rick Slate, le producteur cupide et sans scrupule, qui incarne toute la bêtise de ses émissions à grand audimat.



Si les rebondissements sont nombreux et qu’il est impossible de se détacher du sort des protagonistes, le lecteur prendra tout de même le temps de contempler les superbes planches en noir et blanc de Sean Murphy. Son trait nerveux et précis insuffle une énergie incroyable à ce récit qui secoue de la première à la dernière page.



Un one-shot déjà culte que vous pouvez retrouver dans mon Top du mois et dans mon Top de l’année !
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Punk rock Jésus

Un vrai petit bijou d'insolence et un coup pied dans les burnes de l'establishment médiatique, politique et religieux américain.

Sean Murphy signe un brûlot punk délicieux et irrévérencieux mais somptueux.
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Joe l'aventure intérieure

Joe est un jeune adolescent souffrant de diabète. Grand solitaire, il vit en silence la vente de la maison à laquelle il tient tant mais que sa mère, veuve d'un militaire mort au combat, peine à payer. Réfugié la plupart du temps dans son grenier parmi ses jouets et auprès de Jack, son rat de compagnie, Joe fuit la compagnie de ses camarades de classe qui n'hésite pas à lui faire subir quelques brimades. D'ailleurs, aujourd'hui il s'est encore fait chahuter et même piquer son goûter. Alors qu'il se rend compte trop tard de la crise d'hypoglycémie qui l'atteint, Joe plonge dans un univers fait d'hallucinations où, enfant élu, il est chargé de ramener la lumière dans un royaume menacé.



Peu amatrice de comics, je me suis laissée tenter une fois de plus par un titre du catalogue Vertigo que réédite Urban Comics, et ce, pour mon plus grand bonheur ! Cette histoire s'est révélée captivante à plus d'un titre.

Joe est seul, chez lui, en pleine crise d'hypoglycémie. L'orage et la pluie se déchaînent dehors. Le garçon doit descendre boire un coca pour apaiser la crise. Il ignore encore que le trajet de sa chambre à la cuisine sera une véritable aventure.

En effet, le manque de sucre provoque chez Joe des hallucinations qui le font basculer dans un monde parallèle qui s'appuie sur des éléments de son quotidien. Ses petits soldats prennent vie, son rat devient un guerrier redoutable, un robinet laissé ouvert se transforme en cascade, les plombs qui sautent qui symbolisent les ténèbres ...etc. Et lui, Joe, se retrouve au cœur de cette quête, devenant le personnage fédérateur autour duquel tout le monde se bat pour l'avenir d'un monde meilleur, échappant aux ténèbres.



Ce qui est bluffant dans cette histoire, c'est de voir le simple parcours de Joe à l'intérieur de sa maison devenir une véritable épopée ! Si le garçon est en proie à des visions auxquelles il se laisse aller, il a parfois des moments de lucidité où il tente de revenir sur terre et de simplement atteindre ce frigo où l'attend une boisson salvatrice. Le lecteur, spectateur du délire de l'adolescent, comprend rapidement que ce que vit Joe n'est qu'une création de son esprit. A l'image du héros, il oscille lui aussi entre ces 2 univers et découvre avec délice ce qui relie l'imaginaire à la réalité. Le processus créatif de Joe est ici décrypté et l'auteur s'ingénie à démontrer la manière dont l'homme introduit le fantasme dans un quotidien peu amène.

Un propos qui s'appuie d'ailleurs particulièrement sur la force graphique de Sean Murphy dont le dessin fourmille de détails et nous fait basculer d'un monde à l'autre sans peine. Certaines illustrations en pleine page sont particulièrement impressionnantes tandis que les scènes de combats et de poursuites s'avèrent une débauche visuelle où le fantastique a une large part.

L'aventure intérieure de Joe, surnommé "l'enfant qui meurt", est aussi le symbole de l'enfance et de l'adolescence. Une période torturée où on préfère se raconter des histoires plutôt que d'affronter la réalité : la mort du père, les problèmes d'argent de la mère, les brimades des autres enfants. A travers, cette quête parallèle, Joe va grandir et découvrir une force qu'il ignorait. Assumer des responsabilités, trouver le courage d’affronter ce qui fait peur, donner du sens à ce qu'on vit, accepter l'aide d'autrui. Une quête intérieure qui trouvera d'ailleurs une belle conclusion.



Sur une base de scénario un peu classique, Grant Morrison et Sean Murphy dépasse une simple histoire de lutte contre la maladie (qui m'a d'ailleurs fait penser à l'album Ghostopolis) pour nous offrir ici une fabuleuse ode au pouvoir de l'imagination. Servi par un dessin particulièrement réussi, Joe, l'aventure intérieure s'avère particulièrement convaincant et une belle porte d'entrée au travail de ces 2 auteurs.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Joe l'aventure intérieure

Joe, l'aventure intérieure, ou Joe The Barbarian en VO, est un comics de Grant Morrisson (JLA, Batman, Superman, ...) et Sean Murphy (American Vampire) édité par Vertigo en 8 volumes sorti en France sous la forme d'un volume relié chez Urban Comics.

Elle raconte l'histoire d'un jeune garçon diabétique, Joe, qui va se vivre, au cours d'une crise d’hypoglycémie, une aventure fantastique.



On se retrouve ici devant une magnifique parabole de l'enfance, lorsque tout est encore vécu à travers le prisme d'histoires que l'on se raconte, où l'imaginaire et le réel se confondent. On a tous rêvé de vivre dans un monde où l'on côtoyait les héros virtuels de notre enfance. On a tous été Joe, et une part de nous regrette de ne plus l'être. "L'enfant-qui-meurt", c'est l'adolescent, celui qui ne sera plus jamais enfant, pourtant pas encore adulte.

L'autre trame qui se tisse en filigrane, c'est celle d'un deuil, celui de son père, mort trop tôt, trop loin.



L'aventure est une véritable odyssée visuelle, que ce soit le dessin, le découpage des cases, l'encrage, le positionnement du regard du lecteur par rapport à l'action. Tout est extrêmement fouillé et millimétré en même temps. Les bonus nous apportent une preuve que tout est pensé en amont, que chaque détail est réfléchi. Les couvertures sont présentes au début de chaque numéro, toutes plus splendides les unes que les autres, avec un coup de cœur pour le numéro 7.



Grant Morrisson n'a pour une fois pas besoin de se soucier de continuité, et crée des personnages certes archétypaux (en dehors de Joe), mais ceci paraît logique vu la brièveté du récit et le fait que leur "créateur" soit extrêmement manichéen, car encore jeune. C'est l'enfance captée à la perfection.



Je pense que ce récit restera comme un des titres majeurs de Morrisson, malgré sa bibliographie longue comme trois bras.

224 pages d'une telle qualité pour 19 euros, c'est une affaire en or pour un voyage onirique qui nous fait tous devenir trop vieux.
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Punk rock Jésus

Pas fan de comics et pas plus de super héros, pas fan des éditions sur papier glacé qui me font l’impression d’un travail graphique à la chaine, je me détournais sans trop de peine de tout ce pan de la BD mondiale. Puis je suis tombé sur la couverture de Punk Rock Jesus de Sean Murphy. Il me semblait avoir déjà vu ce nom sur des couvertures et quand j’ai ouvert et vu les planches noir et blanc et ce style sauvage totalement badass, j’ai tout de suite adoré.





Punk Rock Jesus est une histoire à l’américaine sur fond de croyance, de télé-réalité, etc. Mégalo en plein mais ça fait du bien quand le scénariste ne s’impose pas de limites. Sean Murphy développe son délire du néo-messi, va à fond dans cette Sf cohérente qui ne manque pas d’action. One-shot parfaitement mené, intrigue pas dénué de rebondissements, thématique forte et actuelle, Punk Rock Jesus fait mouche avec intelligence mais surtout avec efficacité. C’est du divertissement.



Le style de dessin, c’est ce que j’aime avec des personnages avec de vraies gueules bien accentuées, des cadrages puissants et ce côté un peu roots du trait. C’est carrément Punk Rock jusqu’au bout. J’aime !
Lien : http://livrepoche.fr/punk-ro..
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Batman White Knight

Lors d'une course poursuite entre Batman et le Joker, Batman va beaucoup trop loin, se montre d'une violence abjecte et brutale. Il force le Joker à avaler des pilules, quitte à l'étouffer littéralement avec, et ce, sous les yeux de la police de Gotham, mais aussi de Batgirl et Nightwing. Il est filmé et la vidéo fait scandale.

Le Joker perd la folie, redevient l'homme qu'il était avant d'être obsédé, fou amoureux de Batman. Il redevient Jack Napier. Et Jack se lance en politique, menant un combat contre la violence de l'homme chauve-souris.





S'il y a bien un personnage de fiction qui m'indiffère totalement, c'est bien le Joker de l'univers de Batman. Enfin, c'est pas qu'il m'indiffère puisqu'il est intéressant, mais on nous le sort à toutes les sauces quand une oeuvre mettant en scène Batman paraît. Disons plutôt un ras le bol de ce personnage.

C'est pour ça que j'ai laissé traîner ce livre pendant un long moment sur mon étagère avant de me lancer enfin.

Ca n'est pas un coup de coeur, mais vraiment pas loin.



L'histoire est originale, bien ficelée. Les personnages sont bien écrits. Graphiquement, c'est sombre.

Il y a des références à diverses oeuvres impliquant Batman, des références bien faites. L'humour est peu présent, seulement par petites touches, mais il marche à chaque fois.

Je dirais que ma seule déception vient de la rivalité entre Harley et la Néo-Joker. Je n'en dirai pas plus, mais c'est juste dommage que ça ne soit "que" ça.

Bref, cette BD m'a (presque) réconcilié avec le personnage du Joker.
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Punk rock Jésus

J'ai voulu lire ce livre à cause de son titre et de son résumé : j'aimais beaucoup le côté impertinent de l'ensemble.

Impertinente, l'histoire l'est, on ne peut en douter. Cependant, je trouve qu'elle manque de profondeur et qu'elle aurait pu poser des questions plus complexes.

Néanmoins, on peut la lire comme une critique de la présomption américaine chrétienne, cette partie des états-uniens qui, finalement, est aussi fondamentalistes que les croyants d'autres parties du monde...
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Punk rock Jésus

Irlande 1994, Thomas assiste au massacre de ses parents, son père est membre de l’Ira.

2019 en Amérique, pour un show de télé-réalité on crée un clone de Jésus à partir du suaire de Turin et une mère porteuse. Nous suivons la naissance, l’enfance, l’adolescence en direct à la télé en compagnie de son entourage et Thomas garde du corps. A l’extérieur on s’affronte entre les pour et les contre. Chris va se transformer en punk et mener sa révolution.

BD étonnante et détonante où transparaît la critique de notre société, des médias, de la religion…

Dessins en noir et blanc, scénario dense, a lire et à relire.

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Chrononauts, tome 1

Dans ce comics de Mark Millar (Kick-Ass, Kingsman, Civil War...), nous avons une histoire qui, même si un tome 2 est sortit depuis, se suffit à elle même.



Nous suivons les personnages de Corbin Quinn et Danny Reilly, deux vrais génies qui après de long travaux sur les voyages dans le temps, vont enfin pouvoir passer à la pratique. Et la... ça part en live !



Les deux amis n'en font qui étaient partit pour explorer des évènements historiques en restant discret, décident finalement de faire ce qu'il veulent, roi ? empereur ? star ? rien ne leur est impossible.



S'il est dommage que tout se passe trop vite dans le récit, le scénario est sympa et les références historiques sont nombreuses.
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Batman White Knight

Avec Batman :White knight, attendez-vous à une déconstruction totale du fameux duo antagoniste de l'univers DC. Bien sûr, ce qui fait la grande force de ce nouveau titre Batmanesque, c'est cette originalité scénaristique due à une simple question : et si les rôles étaient inversés ?

Cette déconstruction menée par Sean Murphy au et Matt Hollingsworth à la couleur peut paraître simpliste dans un premier temps mais pourtant le scénario se révèle bien vite accrocheur.

Au final, c'est une version très efficace de l'univers Batman que Murphy nous donne à voir. Suite à un nouvel "accident", le joker fini par redevenir humain là ou le batman, lui, repousse les limites de son code de conduite et se bestialise. Joker devient Jack Napier, sa première identité, et met son génie au service du bien tandis que Batman s'emmure de plus en plus dans une solitude menaçante et bornée. Les rôles s'inversent, en effet, mais Murphy prend bien soin de développer la psyché de ses personnages. Par la bouche d'un "joker" repenti, le discours devient fort, pertinent et plutôt provocateur dans le sens où il fait basculer toutes ces valeurs super-héroïques. Batman n'est plus considéré comme un héros mais comme un vigilante féroce et bourrin. Bien loin d'être grotesque, le scénario de Murphy est intelligent et vient s'ancrer parfaitement dans une actualité régie par la surmédiatisation comme en témoigne la mise en valeur de l'élément perturbateur.

Mais nul doute que l'un des éléments les plus attirants de cette mini-série ( one shot chez Delcourt ) provient du Joker en lui-même. En l'humanisant, l'auteur nous fait découvrir une toute nouvelle identité de ce personnage, c'est plutôt surprenant et nous nous rendons compte à quel point le joker aurait pu être aussi héroïque si il n'était pas aussi dément. L'antagoniste bascule pour un temps dans la lumière. C'est une perspective assez intéressante même si elle sacrifie un peu de cette aura de mystère qui entoure cette fameuse Némésis de Batman.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste et on sera touché par la romance entre Napier et Harleen Quinzel ainsi que par les doutes qui assaillent les adjuvants de Batman comme Gordon, Batgirl ou Nightwing (sans parler d'Alfred...) .

Par contre, j'ai une certaine réserve sur une bonne partie des supers-criminels qui sont très mal représentés dans ce comics. Je trouve qu'ils sont éclipsés pour que le lecteur puisse se concentrer uniquement sur la relation entre les personnages les plus importants de cette version. A ce compte-là, inutile de mettre en scène d'autres supers-criminels si c'est pour en faire de vulgaires marionnettes.



Mis à part cela , Batman white knight est un récit prenant qui tient la route et dévoile de nouvelles pistes autour de la relation Joker / Batman et de la définition du super-héros.



Saluons la force du trait de Murphy, ce trait hachuré qui soutient parfaitement l'ambiance sinistre et instable de Gotham. J'ai particulièrement apprécié le travail autour du regard, autour des yeux (le regard vairon du joker, le regard de vautour de Bruce...) mis en valeur par de remarquables gros plans.



Batman white knight est une version audacieuse et très bien construite de la confrontation Batman / Joker. Tragique, pessimiste, brutale mais aussi profonde et réfléchie, c'est un remarquable point d'orgue dans l'univers DC. Seul regret : le traitement de certains antagonistes secondaire passés un peu vite à la trappe.
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Tokyo Ghost, tome 1 : Eden atomique

J'ai beaucoup aimé cette BD d'anticipation. Autant les illustrations que les personnages, l'univers, la réflexion qu'il engendre sur notre société abrutissante. C'est flippant et profond.
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Batman White Knight

Dans cet histoire, Sean Murphy s'amuse à inverser les rôles. A force de braver la loi, théoriquement pour remettre les criminels à la police, Batman devient lui-même la cible des forces de l'ordre. Face à lui, le Joker trouve une solution médicamenteuse pour canaliser sa folie et se présente comme une alternative fiable à Batman. On retrouve ici la frontière floue entre le bien et le mal que Nolan mettait aussi en scène avec le personnage de Double Face dans The Dark Knight.



Côté mythologie de Batman, j'avoue avoir été un peu surprise. Pour moi, Batman est un univers fictif mais pas fantastique : Batman n'a pas de super pouvoirs pour voler, mais de super gadgets pour l'aider, le Joker est un psychotique, etc. Or, ici, on retrouve des personnages récurrents de la Bible "batmanienne", notamment Gueule d'argile pour ne citer que lui qui fait clairement glisser dans l'univers fantastique.



Si je n'ai pas saisi toutes les références à l'univers, Batman White Knight est un très bel album qui fait écho aux sujets en débat dans notre société (le regard des médias et les accusations de fake news par exemple...) et peut être lu par n'importe qui s'intéresse a minima à l'univers de Batman. Pour ma part, ce fut une excellente découverte en dehors de mes habitudes de lecture !
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Punk rock Jésus

Punk Rock Jésus... quand on voit le titre de cette bande dessinée, on est un peu interloqué et on a limite une hésitation avant de l'ouvrir mais il faut oser, cela vaut le coup d’œil. Sean Murphy signe une belle oeuvre, critique de la société de consommation, de la course à l'audimat, de la télé-réalité et de l'argent roi. Les religions ne sont pas en reste avec une réflexion de fond sur leurs dérives et sur leurs utilités.



J'ai eu un peu de mal avec les graphismes au début, le dessin étant en noir et blanc avec des planches sombres, un peu surchargées. Elles sont finalement parfaitement accordées avec le fond de l'histoire et participent à l'ambiance générale de la BD. Le scénario est quand à lui bien travaillé et donne une grande cohérence à l'histoire.



Dans un futur proche au sein d'une Amérique encore majoritairement catholique, une émission de télé-réalité nouvelle génération va voir le jour : on va cloner Jésus à partir d'un échantillon ADN du Saint Suaire. Ce nouveau Jésus appelé Chris va être filmé 24h sur 24 avec tout un cocktail de miracles et de péripéties pour faire grimper l'audimat. Des groupes religieux s'affrontent entre d'un côté ceux qui croient à un nouveau Jésus et de l'autre ceux qui dénoncent un usurpateur : peu importe ce qu'ils pensent du moment qu'ils participent au buzz de l'émission la plus regardée du monde. Devant tous les risques pour la sécurité de Chris et de sa mère, J2 la société qui produit l'émission engage Thomas McKael pour gérer la sécurité. Mais McKael semble avoir un passé tumultueux aussi trouble que les motivations profondes du producteur de J2.



La force de cette BD réside, outre son scénario, dans des personnages forts et travaillés. L'auteur a bien mis en valeur la psychologie des personnages qui ont une vraie profondeur. L'univers est bien décrit, avec une société en perte de repères, tiraillée et fracturée ayant perdu ses valeurs et son unité.



Une très belle surprise que cette lecture que je vous conseille !
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Joe l'aventure intérieure

Joe est un jeune garçon diabétique. Son père est mort à la guerre et sa mère souhaite déménager. Mais un soir qu’il est seul, il fait une grosse crise d’hypoglycémie et entre en quelque sorte dans un univers parallèle où ce qui l’entoure, ses jouets, son rat, deviennent les personnages d’une grande quête fantastique et initiatique qui l’amène a en découvrir plus sur lui-même.



Même si ce comics n’est pas vraiment mon genre, l’histoire et les thématiques de fond sont super intéressantes. Non seulement le diabète et l’hypoglycémie ne sont pas des sujets souvent abordés, mais la crise emmène le personnage dans un monde fantastique qui saura séduire les fans du genre.





J’ai bien aimé le fait que le héros est comme des éclairs de lucidité qui permettent de renouer la réalité avec le rêve.



Ce petit one-shot est donc vraiment sympa à lire, il saura plaire et rester dans les mémoires, à conseiller aux ados et grands ados !
Lien : https://girlkissedbyfire.wor..
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The Wake

Cela fait longtemps que j'avais envie de découvrir le travail de Scott Snyder, considéré comme l'un des meilleurs scénaristes actuels aus USA. The Wake me semblait une bonne porte d'entrée: un récit complet assez long et multi-primé.

The Wake s'articule en 2 parties disctinctes. la première est très classique et se déguste comme une bonne série B. Une scientifique un peu tête brulée rejoint une expédition ultra-secrète. Il s'agit d'étudier une mystérieuse créature capturée lors d'opération de forage sous-marin. Cette étrange créature est en faite une chimère d'homme et de poisson: une sirène qui se révèle mortellement dangereuse. La suite est un survival-horror classique mais bien mené.

Puis vient la deuxième partie, qui se déroule dans un futur post-apocalyptique.

AU dessin, Sean Murphy s'est manifestement fait plaisir à imaginer un univers complètement déjanté. Par contre le scénario sombre très vite dans le n'importe quoi confus et pompeux. Le récit est ambitieux, mélant aventure, science et philosophie mais il est surtout horriblement brouillon. Les péripéties se succèdent sans prendre le temps de mettre en place un seul personnage. Les explications confuses et nébuleuses sont à la fois frustrantes et risibles. J'ai fini la lecture au forceps. Une grosse déception.
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