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Critiques de Sébastien Gendron (244)
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Chevreuil

Un roman dont l'histoire part un peu dans tous les sens. Quelques moments plutôt drôles. Rien de transcendant. Je ne savais pas que ce récit appelait une suite, d'où certainement ma frustration. Pourtant la scène d'introduction avait retenu mon attention et laissait augurer un développement de l'intrigue plus original. Vraiment dommage.
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Chevreuil

Connor Digby a quitté son Angleterre natale il y a quelques années pour venir s’installer dans un village français. Un brin farouche, il vit reclus dans sa demeure jusqu’à ce que Marceline vienne toquer à sa porte. L’amour leur tombe dessus en même temps que les emmerdes.

Sur un ton truculent, l’auteur nous embarque dans des péripéties loufoques, où se mêlent sexe, grossièretés, rixes et autres coups fourrés. Un texte grisant et jubilatoire !
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Chevreuil

Après une « ouverture » mystérieuse autour de l’inauguration d’un zoo d’un nouveau genre où les barreaux des cages sont remplacés par des vitres de dernière technologie — technologie par ailleurs défaillante puisqu’une gamine finit par se faire bouffer par un lion — on entre dans le vif du sujet en même temps que sur la place du village de Saint-Piéjac, quelque part pas très loin d’Angers. Là, Connor Digby, citoyen britannique et écrivain de bluettes pour enfants, se fait livrer une Cadillac Eldorado qui provoque par la même occasion un attroupement devant la boulangerie. Une attraction qui fera la journée des quelques dizaines de badauds présents.

Connor, quinquagénaire en mal d’inspiration, est bientôt aux prises avec Marceline qui, non contente d’avoir failli emplafonner le camion du livreur de la Cadillac, fait grossièrement à Digby le coup de la panne. Lui voudrait s’en débarrasser, mais la « belle » est entreprenante et au lieu de coucher sur une page blanche un fantasme en bon français, l’Anglais se retrouve au pieu avec son entreprenante inconnue pour une épique et mémorable partie de jambes en l’air.



— Je suis une sale conne, tu dois te dire.

— Non.

— Mais si. T’as raison de toute façon : je suis une sale conne. C’est les mecs qui font la gueule après la baise. Hein ? Tu te dis ça, c’est ça ? Ben non, tu vois, Concho, y a pas que les hommes. Y a aussi les bonnes femmes. Les bonnes femmes comme moi, qu’ont fréquenté un peu trop les hommes qui font la gueule après la baise. Voilà, c’est comme ça.



On fait alors la connaissance de Kim Bayer et de son désherbeur thermique, faisant office de narratrice épisodique et atteinte du syndrome de la Tourette. Tout ce beau monde assiste au loto organisé dans la salle des fêtes où l’improbable couple détonnant remporte le gros lot : un cochon entier…

Le matin suivant revient sur le tapis la Cadillac qui n’est pas vraiment destinée à Connor, mais plutôt au marquis de la Chesnaye pour qui il fait office de mandataire. Reste que le noblion n’est pas des plus honnêtes et cherche plutôt à arnaquer Digby…



On est au cœur de la France provinciale, voire profonde, dans une bourgade qui comme beaucoup a voté à l’extrême droite lors des dernières élections et se remet difficilement de la défaite. Dès l’entame on sent que la finesse n’est pas la qualité première de ses habitants.

Menée tambour battant, l’intrigue se développe autour du couple Connor-Marceline, deux étrangers à Saint-Piéjac et à ses coutumes ancestrales. Ces deux-là s’étant trouvés, ils vont mettre tout leur cœur à foutre le « seum » et à rétablir l’équilibre dans ce joli village qui part en « couille ».



Sébastien Gendron a hissé le foutraque vers les sommets et, fidèle à ses habitudes, il ouvre une nouvelle voie vers des cimes encore inconnues et pourtant familières. Qui aime bien châtie bien, paraît-il, on peut donc penser que l’auteur porte une affection sans bornes à ses semblables. Mais pas tous… Certains ont des dérives qui le hérissent et c’est un règlement de compte en bonne et due forme qui se profile au fil des pages. Qu’il s’agisse des chasseurs, des petits commerçants, de l’équipe municipale plus soucieuse de ses propres intérêts que de ceux de ses administrés, des vieux rabougris ou des jeunes cons, pas un pour rattraper l’autre et chacun en prendra pour son grade. Vous êtes prévenus : ce sera une boucherie. Jubilatoire, mais une boucherie quand même…

Foutraque donc, mais pas seulement. En poussant le curseur à son maximum, Sébastien Gendron vise la saturation et fait feu de tout bois, mais il sait aussi se ménager quelques plages pour fonder son récit et retrouver son sujet de prédilection : la bêtise humaine et il s’interroge — à sa manière et sans toutefois s’appesantir sur les réponses possibles — sur ces gens du fin fond de la France qui deviennent des racistes ordinaires, prêts à défendre leur territoire contre des hordes d’étrangers dont ils n’ont jamais vu la couleur et à voter les pleins pouvoirs à des extrêmes à la couleur sombre.

Le couple Connor-Marceline est animé d’une saine et vitale colère, il rue dans les brancards, s’ouvre à la vie face au renfermement, mais force lui est de constater qu’il n’existe qu’une solution « finale » face à la connerie environnante.

Caustique est sans doute le mot qui résume le mieux ce nouvel avatar « gendronien ». On rit, forcément jaune, devant les outrances et le déferlement de violences, de sexe, de stupidité, le tout se déroulant sous un ciel chargé, bien noir. Je me répète : qui aime bien châtie bien…



Le plus drôle dans l’histoire, c’est que, suivant l’auteur sur les réseaux sociaux (oui, parfois, ça m’arrive), j’avais eu vent de ses problèmes de voisinage et notamment de son « ami » buraliste qui avait détruit une vieille bâtisse du XIXe pour y construire un PMU en tôle et un parking pour 4x4 rutilants, pas trop au goût de son voisin écrivain. On était au printemps 2022, l’été approchait avec ses traditionnelles élections et on sentait comme une grosse colère monter… Un des posts sur cette « affaire », quelques mois plus tard, se terminait sur ces mots :



Vous me direz, je vous entends déjà : de quoi tu te plains, te voilà avec un bon sujet de roman, non ? Vous me connaissez, je suis pas du genre à me vanter de mon travail en cours, mais je vous répondrais quand même : le roman est écrit, merci. Et dedans, mon voisin finit très mal.



Affaire conclue…
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Chevreuil

Chevreuil, Sébastien Gendron





Burlesque et déjanté du pur jus Gendron !! Mais pas que … Sous-jacentes les dérives de notre société, le joujou de l’auteur.

Il sait tourner en ironie des situations malheureusement parfois dramatiques.

Pas de temps morts !!

Agréable moment !!

Voilà ce que nous dit notre serial lectrice sur le dernier Sébastien Gendron. Perso je suis d’accord avec Kris mais, tout de même, j’aimerai vous en dire un peu plus sur cette lecture qui moi m’a totalement emballée. Gendron c’est un total délire jouissif.

Mais alors que nous raconte » Chevreuil «

Connor Digby, un auteur britannique, a retrouvé l’amour avec Marceline et s’est installé dans un village français depuis quelques années. Mais sa vie n’est pas tranquille car ses voisins se mettent soudainement à le détester, il est confronté à des policiers puis à des hommes de main et un chevreuil hante les forêts alentour, affolant les chasseurs du coin. Connor est décidé à résister.

Si vous n’avez jamais lu de Sébastien Gendron il faut réparer cette erreur tout de suite.

Ce que j’aime chez cet auteur c’est le politiquement incorrect. Il dit tout haut ce que beaucoup d’entre nous pense tout bas et en plus il grossi le trait.

Aussi parfois il nous fait penser à des référence littéraire et cinématographique qui vous parleront sans doute. Car il y a chez Gendron du Audiart dans les dialogues, du Lautner dans la façon de mettre en scène ces personnages.

Ce que l’on aime aussi chez notre auteur c’est qu’à partir d’un joli bordel foutraque, il construit une histoire toujours touchante, un brin lyrique et surtout jubilatoire.

Il faut dire qu’il ni à pas qu’un chevreuil dans ce polar, on y retrouve tout un tas de choses singulières et de personnages hétéroclites à commencé par un zoo ultra-tech, d’une Cadillac, et d’un -chalumeau désherbeur thermogène. De l’autre coté on retrouve une rousse pulpeuse, une employée municipale souffrant du syndrome de la Tourette mais pas que, un écrivain anglais en manque d’inspiration et un village entier qui a voté extrême droite au dernière élection municipale et nationale aussi et qui attend 2027 avec impatience. Ah j’allais oublier, il y a aussi un autre bestiaire en la personne d’un lion, d’un cochon, oui un cochon entier à gagner (premier lot de la loterie du village) sans oublier un termite et une fourmi…ou l’inverse.

Moi tout cela ça m’a rappelé les livres d’Exbrayat que j’ai tant aimé adolescente. On retrouve ici le combo gagnant de notre auteur disparu : Amour, haine, humour, sens du rythme et du suspense, personnages hauts en couleur. Et comme chez son illustre prédécesseur ici ça fonctionne aussi du tonnerre. Il y a aussi ce petit côté roman picaresque, on a affaire à une sacré bande de détraquer du cerveau et de malhonnêtes aussi. Et on aime le langage parfois fleuri et le style enlevé de notre auteur. Et puis bien sûr il y a du sexe juste ce qu’il faut, mais un peu façon Frédéric Dard tout de même

Mais derrière tous ces beaux hommages et les autres diverses références, il y a surtout un constat alarmant : La connerie prend la pouvoir et avec elle une horde de fachos bas du plafond , xénophobe bien entendu mais aussi homophobes et mysogynes à souhait. Bref tout cela ne nous promet pas des lendemains qui chantent. Pourtant cette lecture a été réjouissante voire jubilatoire. Et rire ça fait du bien ou le mal passe !

Il a raison notre auteur, comme lui je crois que la comédie est un excellent vecteur pour passer ce message urgent. : Comme Conor et Marceline résister à la folie ambiante et montante, ne vous laisser pas bercer et berner par des sirènes qui chantent faux. Rester sur vos gardes et à l’occasion relisait le Poulpe…. Pourquoi « Mort à Denise » par exemple

Et . Ce qu’il vous faut savoir aussi, c’est que quand Sébastien Gendron défouraille, il y a des chances de tout finisse éparpillé façon puzzle si vous voyer ce que je veux dire

Alors merci pour dce total délire et moi j’attends avec impatience le second opus de ce Chevreuil s’il doit y en avoir un !
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Chevreuil

Avec « Chevreuil », l’auteur confirme sa place singulière dans le polar français, aux côtés de Benoît Philippon et de Jacky Schwartzmann.
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Chevreuil

A force de nous faire rire, on les prendrait presque pour les comiques de service que l'on invite d'ailleurs régulièrement aux festivals de littérature noire afin de participer aux sempiternelles tables rondes sur le thème de la place de l'humour dans le contexte du polar. Lors de ces rencontres, vous pourrez croiser des romanciers qui se distinguent dans le genre avec des récits corrosifs rencontrant de plus en plus de succès à l'instar de Shit ! (Seuil/Cadre Noir 2023) de Jacky Schwartzmann obtenant le prix le Point du polar européen ou de Mamie Luger (Les Arènes/Equinox 2022) de Benoît Philippon qui sera présent au festival Quais du Polar à Lyon et que l'on pourra écouter notamment à l'occasion d'une discussion en compagnie de Sébastien Gendron, autre grande figure de la littérature noire, pour évoquer "L'art du polar poilant". Si à n'en pas douter, les rencontres de ce calibre peuvent se révéler plaisantes et amusantes, on espère que ces auteurs seront conviés pour aborder d'autres thèmes que le simple ressort humoristique auquel on les associe. Avec Sébastien Gendron, si l'on peut rire au détour de certaines scènes plutôt détonantes, on évoquera davantage l'aspect déjanté et grinçants de ses récits que l'on peut difficilement classer dans une catégorie comme c'est le cas pour Fin de Siècle où l'on découvre un monde dont les océans sont infestés de Mégalodons, ces requins d'un autre âge, qui ne se révéleront peut-être pas aussi féroces que ces investisseurs milliardaires sacrifiant la sécurité sur l'autel du profit tandis qu'avec Chez Paradis l'intrigue se décline autour d'un braquage, d'une vengeance et d'un règlement de compte aux allures de western sur fond d'une atmosphère rurale qu'il décape à l'acide de batterie. Ainsi, au détour d'une vingtaine d'ouvrages, Sébastien Gendron a développé un style qui lui est propre en déclinant l'absurdité d'un monde dévoyé qu'il dépeint sur un registre outrancier où l'absurde côtoie la bêtise, et qui font qu'après avoir été publié dans la fameuse Série Noire, il intègre la collection La Noire chez Gallimard avec Chevreuil où les animaux prennent une nouvelle fois toute leur place afin de mettre en exergue les dérives de l'homme tout en abordant les thèmes du racisme et de l'exclusion au sein d'un petit village de France qui en prend pour son grade.



Connor Digby est un citoyen britannique qui a élu domicile à Saint-Piéjac, petit village de France où l'on vote majoritairement pour l'extrême-droite. Auteur rencontrant le succès avec des romans destinés à la jeunesse, il fait également l'intermédiaire dans le cadre de la vente de voitures américaines de collection en encaissant une marge substantielle quand son commanditaire veut bien s'acquitter des frais de transport. Et puis c'est Marceline qui débarque dans sa vie, au détour d'une crevaison et de parties de jambe en l'air endiablées que Connor apprécie à sa juste valeur. Mais au détour d'une promenade en voiture, le couple mets délibérément à mal le dispositif d'une bande de chasseurs ce qui suscite l'ire de quelques citoyens émérites du village qui vont le faire savoir à leur manière. S'ensuit une succession d'incidents qui vont prendre une ampleur peu commune au point que Connor et Marceline vont entamer une guerre s'apparentant à celle qui a duré Cent Ans en se révélant bien plus saignante que le cuissot de ce chevreuil insaisissable arpentant effrontément les forêts de la région.



En guise de préambule, il y a tout d'abord cette inauguration d'un zoo improbable virant à la catastrophe en nous donnant ainsi une idée de l'envergure du talent de Sébastien Gendron pour mettre en scène des situations dantesques qui tournent au carnage en règle dans une sorte d'exutoire soulageant la colère qui sourde tout au long de l'intrigue. Parce que c'est de cela qu'il s'agit avec Chevreuil où l'auteur décline ces instants de la vie nous mettant en colère à l'instar de ces affiche Zemmour qui fleurissent dans les rues d'un village, de ces scènes cruelles de chasse, de ces verrues architecturales que l'on bâtit sans permis de construire, de ces réflexions de racisme ordinaire qui deviennent la norme ou de celles d'un sensitive reader donnant son appréciation au sujet du contenu d'un livre pour enfants. Tout cela, Sébastien Gendron le décline au détour de la personnalité de Connor Digby autour duquel gravite toute une constellation de personnages plus antipathiques les uns que les autres à l'exception de la pulpeuse Marceline dont on apprécie le caractère affirmé et désinhibé, véritable bombe à retardement au sein de cette communauté d'individus empêtrés dans leurs considérations patriarcales. On se doute bien que tout cela va mal finir, mais l'enjeu du récit réside dans l'inventivité d'une succession d'événements burlesques qui vont se télescoper dans un finale explosif aussi surprenant, pour ne pas dire complètement dingue, que réjouissant tout en ayant le bon goût de ne pas virer au pamphlet, bien au contraire. Et puis au-delà de la gravité des thèmes abordés, de l'énergie d'un texte imprégné d'un humour féroce, Chevreuil recèle une foultitude réjouissante de références qu'elles soient musicales, cinématographiques et littéraires à l'instar de cet hommage appuyé à Louis Sanders, auteur de polars bien connu qui mettait déjà en scène un romancier britannique aux prises avec des villageois irascibles d'une localité française. Roman délirant, comme toujours avec Sébastien Gendron, Chevreuil se décline comme un véritable jeu de massacre jubilatoire qui ravira le lecteur jusqu'à la dernière page concluant ce récit avec une maestria saisissante.





Sébastien Gendron : Chevreuil. Editions Gallimard/Collection La Noire 2024.



A lire en écoutant : Tableau de chasse de Claire Diterzi. Album : Tableau de chasse. 2007 JE GARDE LE CHIEN.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Chevreuil

Vous aimez les animaux, TOUS les animaux ? Vous aimez le noir qui ventile façon puzzle ? Vous détestez les chasseurs, les homophobes, les misogynes, les xénophobes ? Alors plongez-vous dans Chevreuil : vous vous régalerez ! C’est un polar truculent, barré, réjouissant dont la fin pleine de lyrisme donne toute sa dimension au chevreuil du titre. Construit comme un film, plein de fulgurances stylistiques –et de balles qui fusent, pratique pour qui cherche un truc à compter pour s’endormir ! - c’est juste LE polar anti-déprime de l’année.
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Chevreuil

Encore une sacrée aventure aux côtés de Sébastien Gendron…

Son intelligence et son écriture me fascineront toujours… C’est incroyable de pouvoir mêler avec autant d’élégance, de caractère et d’humour, une écriture de cette qualité… Je n’ai jamais rien lu qui lui ressemble. On relève évidemment les sources, les inspirations, les clins d’œil, les hommages ; mais personne n’écrit comme lui et il n’écrit comme personne. Autre particularité non négligeable, j’apprends toujours un mot lorsque je le lis ! C’est dingue ! Il a beaucoup trop de vocabulaire pour un seul homme ! Le mot de ce livre est « panoter ». Mot que j’ai dû réécrire trois fois ici car mon correcteur tenait absolument à écrire « pianoter ». En bref, félicitations pour ce si bon cru ! J’ai déjà hâte de sauter sur le prochain…
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Chevreuil

Je ne sais pas dans quoi Gendron est lancé, mais ça sent très mauvais.

Je veux dire dans le genre.

Du coup, après lecture de ce vingtième opus (j’ai bon ?) de l’auteur, on peut s’attendre au pire. Parce qu’après une ouverture flamboyante racontant l’inauguration d’un zoo ultra moderne qui tourne au carnage, on se retrouve avec une page de garde qui nous annonce :

« Le grand livre des animaux – Livre 1 – Chevreuil ».

Ça veut dire qu’il y en aura d’autres ?

Sauf qu’une fois qu’on a terminé ce « Livre 1 » – en larmes pour ma part, salaud ! – on sait pas ce qui viendra en 2. La suite de l’inauguration du zoo de l’ouverture ?

Peut-être.

J’ai essayé d’appeler chez Gallimard. On m’a passé quelqu’un qu’a rien voulu me dire et qui m’a demandé de plus rappeler, jamais. Je me suis dit que ça avait rapport au fait que maintenant, Gendron était publié à La Noire, la version deluxe de la Série Noire.

Peut-être.

Oui, peut-être.

« Chevreuil » vous laisse avec des « peut-être » pleins la tête.

Des hypothèses.

Oh ! C’est bien, c’est même très bon, rassurez-vous. Mais un truc s’est cassé dans l’humour du type. Cassé dans le bon sens du terme. C’est toujours drôle, les péripéties sont toujours aussi cons. Oui, mais voilà la couche est fine et dessous, c’est noir d’un bout à l’autre. Et Gendron le sait, il le fait exprès, il sait le faire, il fait ça très bien.

Comme il fait très bien un autre truc que j’avais jamais lu chez lui : une romance. Une histoire d’amour à cru avec de vraies scènes de sexe dedans. Parce qu’après tout, est-ce que c’est pas ça, pour de vrai, « Chevreuil » ? Une romance.

Un homme, Connor Digby. Une femme tombée du ciel, Marceline. Tout autour, un de ces villages français qui, en 27, risquent de nous faire basculer dans le camp facho. Et se promenant dans les bois en périphérie, un chevreuil qui rend dingues tous les chasseurs.

A noter que le roman est dédié à la mémoire de Elie Robert-Nicoud (aka Louis Sanders) auteur franco-britannique décédé en juillet 2023, qui a beaucoup écrit sur la diaspora anglaise en Dordogne. Robert-Nicoud signe l’ultime chapitre du roman – comme pour « Chez Paradis » Gendron avait convié en la même place, Pierre Pelot – un retour au massacre du zoo.

Sans doute pour annoncer le « Livre 2 » ?

Bref, si vous ne devez lire qu’un roman cette année, prenez celui-là.

Il fait 352 pages, ça vous fait une page par jour, ça va, c’est pas la mer Morte à boire.

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Chevreuil

Un peu déçu par ce Gendron, après avoir savouré « Chez Paradis » par exemple. Un polar potache qui va au-delà de l’humour habituel de l’auteur, bien écrit, dont on sent la noirceur qui se cache derrière des scènes pittoresques, mais l’objectif est mal défini.

Le récit se déroule dans un petit village quelconque au nom révélateur, Saint-Piéjac, dont les habitants sont très cons ou très méchants, voire les deux combinés. Trois personnages échappent à cette absence d’empathie hélas caricaturale.

D’abord un écrivain anglais, Connor, qui n’en finit plus d’écrire des histoires nunuches pour les enfants, qui déteste tout le monde et que le village déteste : son obstination pour un bout de terrain a mis à jour certaines malversations municipales et un élu sous les verrous.

Ensuite une employée municipale qui semble atteinte du syndrome de La Tourette et qui « désherbe » au chalumeau les fleurs des nombreux concitoyens qu’elle ne porte pas dans son cœur.

Enfin, il y a Marceline, qui sonne un jour à la porte de Connor et qui vient d’on ne sait où. Bizarrement, ça matche entre la rousse pulpeuse et l’ermite british, au point que tout au long du roman les deux vont se gaver de sexe quand et où cela leur semble bon, c’est-à-dire tout le temps.

Les méchants viendront troubler peu à peu les frasques de ce drôle de couple, soit des chasseurs viandards tendance alcoolique, soit des abrutis lambda du village, à moins que ce ne soit le passé sombre de Marceline. On se dirige donc, à travers une orgie de sexe d’un couple prêt à braver tous les interdits de la façon la plus placide qui soit, vers un jeu de massacre. On va du surréalisme au loufoque, avec un désespoir sous-jacent, mais bien que plaisante, cette hécatombe reste un peu gratuite.

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Chevreuil

Attention le rosbeef est coriace !

Je ne parle pas de la viande mais de Connor Digby, anglais de souche, venu s’installer à Saint Piejac, petit village tranquille du Sud-Ouest qui a voté majoritairement pour Zemmour à la dernière présidentielle. Auteur de romans pour la jeunesse, vendeur occasionnel de voitures américaines, le cinquantenaire passe des jours paisibles dans sa demeure isolée du village par un parc planté de bambous. Pour autant, il reste l’Etranger pour les habitants qui semblent nourris d’une haine comme d’une peur irrationnelle envers celui qui est responsable de tous leurs malheurs.

Mais les événements vont s'accélérer en plein été avec l’arrivée de Marceline. Une femme dotée d’un corps dédié à l’amour total. Insatiable et d’une extravagance charmeuse, elle va totalement déstabiliser la vie spirituelle et sexuelle de Connor à une extrémité telle qu’il n’aurait sans doute jamais imaginé. Le couple va alors se retrouver au beau milieu de situations inextricables qui vont s’enchaîner de manière anarchique, les transformant en cibles vivantes pour une bonne partie du village, qui comme on le sait est composé de chasseurs prompts à sortir leur fusil. Comptons sur la vivacité de nos deux tourtereaux pour se sortir de ce mauvais pas, vivants.



L’auteur nous offre une nouvelle fois un récit cocasse et totalement débridé sous la houlette d’une galerie de personnages vraiment réjouissants. Un scénario qui nous prend par surprise et nous met dans le jus d’un roman noir dès les premières pages puis trace la route sans faillir jusqu’à l’épilogue d’une histoire intense et habitée par la verve d’un auteur en grande forme.

Les zygomatiques fonctionnent à plein et sans relâche grâce à cette écriture sans filtre et bourré d’humour finement infusé. La faute à des protagonistes inénarrables simplement déjantés , à des événements incroyables surgissant du néant ou à cette prononciation janebirkinienne de Connor qui mélange systématiquement les articles devant les noms. Difficile de résister.

Puis il y a également le côté obscur du texte où chacun pourra comprendre les sous-entendus qu’il souhaite. Pour ma part j’y vois un combat contre la xénophobie ambiante, contre l’infantilisation d’une population inculte, contre une peur tapie dans l’ombre qui peut faire des ravages quand elle est incontrôlable ou quand certains politiques s’en servent à outrance pour la manipuler et trouver des boucs émissaires à tous les maux du moment. Un combat sans merci, de tous les jours, qui ne doit jamais cesser.

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Chevreuil

Roman inclassable pour ma part.C'est drôle,original mais aussi vulgaire, porno un peu trop; politiquement très incorrect. Il aurait fallu traduire les phrases prononcées en Anglais par Connor je ne le maitrise pas assez bien pour en comprendre les subtilités. Bonne découverte.
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Chevreuil

Un bandeau sur la couverture noire de Chevreuil nous annonce "Chasse en cours" et nous montre la fuite de sangliers. Tout commence par un prologue déroutant, plongeant le lecteur dans une atmosphère futuriste : une société a créé un "royaume", parc d'attractions où il va être possible, grâce à des cages de verre invisibles, de se promener parmi les bêtes les plus sauvages. Mais la technique rencontre, le jour de l'ouverture, un énorme problème, et c'est le carnage.

Soudain, le lecteur se voit projeté dans un univers bien plus terre à terre, dans la petite commune de Saint-Piéjac, et l'auteur s'en donne à cœur-joie pour décrire l'ambiance rurale des voisins haineux, soupçonneux et jaloux, composés d'une bonne frange de chasseurs alcooliques-bas-du-plafond (pléonasme) qui font la loi dans la commune. L'histoire nous est présentée en trois actes, comme au théâtre. Le personnage principal, c'est Connor Digby, un Anglais parlant comme Jane Birkin, propriétaire d'une belle villa et rejeté depuis toujours, par peur de l'étranger, des habitants de Saint-Piéjac. Gentleman britannique, qui vit des livres qu'il écrit pour les enfants et d'un petit trafic de voitures de luxe, il voit débarquer un jour chez lui une Rousse vulgaire et braillarde, aux seins énormes, qui lui saute dessus. Affamée de sexe, elle ne laisse aucun repos à Connor... Le couple mal assorti nous entraîne avec lui dans de nombreuses péripéties.



(...)



Chevreuil est plein de rebondissements et de fantaisie, c'est une lecture drôle et dépaysante, derrière laquelle se cachent quelques satires : celle de la chasse nous ravit !



Article entier sur Le Manoir des lettres
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Chez paradis

Bienvenue "Chez paradis". Quoique niveau accueil, le père Dodman est aussi aimable qu'une porte de prison. Remarquez, sa place ici serait peut-être.

Ici, c'est plutôt "Affreux, sales et méchants". Du trash, de l'immoral, du sanglant, ça pourrait être rédhibitoire mais Sébastien GENDRON manie l'humour noir, très noir façon XXL. Du coup, le lecteur se régale devant tant d'horreurs, l'écriture très cinématographique (à tel point que nous avons droit à un générique de fin) fait feu de tout bois, un vrai feu d'artifice bien avant le 14 juillet. Ne boudez pas votre plaisir c'est jubilatoire.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Gallimard (série noire) pour cet excellent moment, je relirai GENDRON avec grand plaisir.
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Chez paradis

La vengeance est un plat qui se mange froid. Dopé à la testostérone, le dernier polar de Sébastien Gendron fait son cinéma
Lien : https://www.sudouest.fr/cult..
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Chez paradis

Alors voilà, si comme moi tu préfères le whisky sec aux cocktails sirupeux , le rock aux mélodies langoureuses, les films d'actions qui déménagent aux histoires d'amour ennuyeuses, si comme moi tu préfères les romans noirs qui claquent aux romans feel-good, ce livre est fait pour toi comme il était fait pour moi.



Sébastien Gendron en bon scénariste nous offre un roman noir de haut vol qui ne laisse aucune place à l'espoir. Y'a pas de place pour les gentils ici, tous les personnages à l'affiche méritent ce qui leur arrive, en dehors de Martha et de Bécaud, deux victimes collatérales.



L'auteur ne fait pas dans la dentelle, il nous plonge dans une ambiance bien crade, vulgaire, violente, immorale et quand l'humour se pointe c'est toujours habillée de noirceur.



Et si Fin de siècle, son précédent roman ne m'avait pas vraiment conquise, il s'est bien rattrapé avec celui-ci.



Et vu la dernière daube que j'ai vu au ciné avec Nicolas Cage, je serais d'avis d'envoyer ce roman noir bien déjanté aux producteurs en mal de bons scénarios. Car chez Paradis, tout est nickel, les personnages bien fêlés, l'histoire pleine de suspens, qui ne manque pas d'action , ni de X, dans une ambiance survoltée assez obscure.



Allez faites pas votre chochotte, faites un tour chez Paradis, un Gendron de cette facture, ça mérite bien votre attention.



Chronique complète sur mon blog ⬇️⬇️⬇️⬇️
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Chez paradis

Thomas Bonyard, lycéen, se rendait à son oral du bac de français sur sa mob. Mais son chemin a croisé celui de Max Dodman, convoyeur de fonds à l’éthique douteuse. Alors Max a tiré et Thomas a perdu un œil, une oreille et a vu sa jeune existence partir en vrille. Depuis des années, Thomas nourrit un ressentiment solide à l’endroit de Max. Il va retrouver sa piste et venir sur son territoire : le garage Paradis, perdu au milieu des causses. Il découvre là que le bonhomme n’a guère changé, hurlant plutôt que parlant, humiliant à tour de bras ceux qui l’entourent, toujours en quête d’un coup facile et lucratif. L’arrivée de Thomas provoque une spirale d’événements qui vont bouleverser ce paradis.



« Chez Paradis » est un excellent roman noir écrit par la plume incisive de Sébastien Gendron. L’auteur aime ses personnages et ils le lui rendent bien. Car la galerie qu’il décrit est un florilège de sacrés barges, à commencer par Max Dodman qui se pulvérise une cervelle déjà désordonnée à coup de Captagon. Denis, son apprenti, joue le bouc-émissaire sans démériter. La femme du boss est bien carabinée aussi, avec son embonpoint qui ne passe pas inaperçu et ses fantasmes sexuels canins. Et puis, à l’arrière du garage, Max abrite, dans ses préfabriqués, un petit business du sexe qui lui rapporte. Sauf que l’arrivée de Thomas va faire voler en éclat ce bel équilibre.



Avec Gendron, tout est à l’avenant : les âmes sont sales, noires et ordurières ; l’environnement aride, hostile et inhospitalier. Il dépeint tout ce petit monde avec une plume incisive, un humour caustique qui décape les mots et les phrases de la poussière qui les ternissait. L’action est racontée de manière cinématographique, le lecteur se représentant les scènes sans peine. Les dialogues sont à couteaux tirés, les portraits au vitriol et dans l’envers des humiliations quotidiennes se tapit l’attente, sournoise, de la vengeance.



Elle viendra, sûrement de l’ouest tant redouté par Max, sous une forme inattendue et particulièrement musclée. Un roman noir, brutal, sans concession, dans lequel on attend de savoir ce qu’il adviendra de ces trajectoires qui se frôlent, se heurtent et s’embrasent. Noir et brillant !
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Chez paradis

Chez Paradis, c'est l'enfer. Bon, cette accroche a déjà été faite, mais c'est vraiment ce qu'inspire le roman. Un enfer à la fois loufoque et dramatique, formidablement bien dépeint, crûment parfois, mais avec une justesse cinématographique. Les personnages qui se croisent dans ce garage-motel-on ne-sait-quoi sont tous décrits avec humour, et avec un certain réalisme... Un livre génial.
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Chez paradis

La scène finale comparable à Fort Alamo, Dien Bien Phu ou Le Train sifflera trois fois est le moment fort du film, pardon du roman. Histoire de vengeance pétrie de multiples rancoeurs et quelques mauvais vraiment bons dans leur rôle. Un héros qui ne le sera finalement pas, un maire pourri et son fils violent, des génies de l'informatique qui exploitent une actrice porno immigrée des pays de l'est, un apprenti doué dont on se demande si il arrivera à choisir entre le bien et le mal, tout ce petit monde se rejoint au Garage Paradis autour de Max Dodman, le tenancier, de Marie Louise son épouse obèse et de Bécaud son dalmatien très affectueux. Original et distrayant. Si vous aimez la belle langue française, passez votre chemin, roman noir populaire dans tous les sens du terme.

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Chez paradis

Vraiment surpris d'un tel texte dans une série noire des années 2020, on se croirait revenu dans les années 70 - 80 dans un mauvais ADG, polar rural ou bien décalé des années 80, genre Pouy ou Jean Pierre Bastid. l'ouverture avec le braquage du fourgon est terribe, mais le reste insupportable de par l'écriture. C pas ce que j'attends d'un polar, et j'en lis depuis plus de quarante cinq ans.
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