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Citations de Sébastien Hoët (23)


Plus d’instruments, la musique dans l’air, la musique des zones, le subtil friselis, la désorganisation des matières, une vibration, parfois une voix morte comme nous les aimons, qui dit redit mais ne dit rien ; nous aimons, oui, nous aimons cette absence des chants, la férocité du disparu. Il n’y a plus de lac ici, plus de nuage, une seule avenue pour un seul bâtiment de verre où nous nous défaisons plus lentement que les millénaires. Il reste ce signe.

~~~~~

Je suis de ces voix disparues, je parcours les zones, déchiffre les signes, je suis le visiteur, je roule sur les sols transparents parmi les vaisseaux qui se plient, dans l’agaçante contraction des âmes – ces derniers corps, ces vestiges formés. Dans cette zone, un homme et une femme se sont aimés.
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ça n'arrêtait jamais de toute façon, ça bavardait, il n'écoutait plus. Il en était à ce moment de la journée que les Italiens du Sud appellent la controra, la contre-heure, l'heure du suspens, de la cessation, l'heure du retrait, mais en Italie cette heure engourdit au plein midi, sous le soleil hostile devenu point blanc, heure zoroastrienne où l'ombre est la plus courte, où il faut trouver sa fissure de roche dans la terre qui fond.
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Gilles écrivait aussi, pas seulement de la poésie. Des proses. Un exercice, un entraînement de haut vol. Il retirait de ces pages écrites tard dans la nuit une plus grande sensibilité aux autres, à lui-même comme être humain, il voyait mieux, il écoutait mieux, il goûtait mieux, dans la surprise d’une langue qui semblait tout comprendre. Après, le monde brillait davantage…
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C'était vraiment curieux ces gens qui allaient au bout du monde à la rencontre de visages auxquels ils n'adresseraient pas la parole au retour. Les mêmes qui faisaient cours à leur ordinateur en classe plutôt qu'aux élèves. Il allait quant à lui s'ensevelir dans sa maison, dormir une bonne partie du jour, commencer à écrire un roman peut-être. Il voulait l'écrire pour quelqu'un, il voulait écrire qu'il s'était trompé, que l'être humain est souvent bon, que l'époque n'est pas si médiocre, que les femmes aiment encore les hommes, que nos enfants nous prolongent et nous sauvent. Il croisa le regard d'Esther et son sourire.
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C’est vraiment l’heure d’après, la seconde de trop, où tout paraît dans sa vérité crue, hébétée, sordide et séduisante, dans la nudité de sa matière. L’homme retourné à la matière, la femme retournée à la matière, s’offre et s’absout. L’heure de la suée intime, l’heure de l’accueil. L’heure à laquelle il faut avoir le talent de produire le bon pas, oui, oui, le bon pas, il faut que je produise le bon pas, de toucher du bout du doigt une hanche, un ventre sous le tissu mouillé.
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Des journalistes rappliquaient déjà, une cellule de crise allait se constituer rapidement pour empêcher la contagion du suicide, véritable maladie, épidémie qu’il fallait stopper net avant qu’elle ne balance d’autres jeunes corps dans la cour.
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Je monte les escaliers, il n’y a personne, le monde est mort, et rien ne m’empêche de monter toujours, tout ce qui est m’appartient, tout ce qui est ne sera qu’aussi longtemps que je suis.
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Écrire ne consiste pas à poser les mots, même pas à user d’une langue maîtrisée, écrire c’est voir enfin, garder, préserver, et rendre aux autres, faire voir, faire jaillir, laisser s’effuser ce qui ne nous apparaît pas dans la répétition des jours, mais seul, véritablement, est.
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Ecrire ne consiste pas à poser les mots, ni même à user d'une langue maîtrisée, écrire c'est voir enfin, garder, préserver, et rendre aux autres, faire voir, faire jaillir, laisser s'effuser ce qui ne nous apparaît pas dans la répétition des jours mais, seul, invariablement, est.
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Au milieu de la classe, une petite coiffée d’un chou marron le fixait derrière un épais binocle en tremblant. Elle expectorait de temps en temps un nom grec ou latin quand Gilles posait des questions d’étymologie ou de mythologie, avec une parfaite exactitude, avant de retomber dans son mutisme frileux. Gilles aimait bien les grosses maghrébines blondes qui ne comprenaient rien, qui lui soutenaient que le mot « aléa » n’existe pas, qui lui parlaient de l’allégorie de la Caserne si ce n’est de la Taverne, mais témoignaient les unes aux autres une telle amitié généreuse, et une telle joie de vivre, qu’il en était ému. Elles le maternaient et le respectaient profondément. Il le leur rendait bien. Colmatant les brèches, les autres gamines menaient une vie végétative, hagarde.
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nous nous mangerons



nous nous mangerons
comme ce qui naît
nous parlerons des fruits
plierons nos
chairs
et pleurerons
primitif
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En se baladant presque quotidiennement à la FNAC ou au Furet du Nord, il confirmait ses doutes: en France, ce sont les femmes qui écrivent pour l'essentiel, et qui lisent.
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Ce travail, première monographie consacrée à Roger Munier et à l'ensemble de son oeuvre, se propose de penser conjointement poésie et philosophie autour de la question des processus de désubjectivation. L'oeuvre de R. Munier s'ordonne autour de deux constats majeurs : le monde est sans moi, le monde n'est rien d'autre que soi. L'écrivain médite un monde qui ne peut être approché voire habité que dans l'effacement de toute forme de maîtrise, au premier chef celle du sujet, monde qui se pose par ailleurs, ou s'affirme, dans la négation du néant. Critiquer le sujet, penser le néant ou le rien qui fonde l'affirmation de l'être, demandera d'examiner à nouveaux frais le mode d'habiter de l'homme, son éventuelle relation avec Dieu, et l'activité de l homme en rapport avec l'art (cinéma, littérature, plus précisément poésie) dans la mesure où une critique de la subjectivité ne peut laisser intacte la conception commune de l'inspiration.
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M’intime sous le parterre des roses – gorge bue dans la rougeur, son bavardage rouge, le liant rouge de ses mots jamais tus dans le vent qui bat les fleurs –
L’espace qui affleure sur cette terre où je dors, me suis endormie,
pleurée je crois de ceux qui plantent les arbres et leurs ombres
Oui, j’entends l’espace son habitation nue son haleine de coffre sa voix grêle à l’insu des branches explosantes des êtres mus de sèves – sèves bavardes jamais taries, comme ces oiseaux que déroulent les feuilles à leur pointe dans l’appel du chant –
Son haleine large, béante
Le souffle qui point à l’extrême du souffle retenu – moi-même recueillie dans cet ultime murmure, terre brouillée dans l’eau qui roule son grain –
Son haleine de cave quand je monte dans les fumées de brume et s’enroule à la corde des formes dressées, des formes sûres,
L’inertie de la durée qui s’égoutte
Je l’entends qui peine sous la pluie, et je pousse en lui, le Vide, le Désespéré,
Moi qui dors.
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Nous avancions…



Nous avancions sur
La Route
dans notre faim comme sur le fleuve
tout ce qui se dressera devant nous viendra à notre rencontre nous fuira demeurera sa vitesse sa voix osera les signes
Rien n’aime comme le visage ne hait comme le visage ne hante comme le visage rien n’effraie comme le visage
Rien
sous le masque le visage
                                                            l’eau neuve
le visage devant
le visage devant la tête
le visage nous dit :
Quand
             arracher
                          le masque
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*

Le demi-apparaître de l'animal
sa motion
Nous avons compris que les villes s'étaient étendues
sur leurs murs des silhouettes
les reflets des édifices légers si haut
la grâce idiote de nos existences dans ces rues semblables


Enlever nos masques


quand nous monterons tout là-haut sur les toits au-dessus de la poussière
debout sur les cristaux géants les cubes de verre mauve

Nous déciderons de vivre ou non
de continuer

La Route : de toit en toit au milieu de l'eau des charpentes de l'outre-explosion

Bleu
Bleu
Bleu
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Tu lui diras n'est-ce pas tu lui diras que j'ai survécu que j'ai recommencé la nuit que j'ai refait la bête que je me reforme sans arrêt que je me reforme-tous que j'obéis à cette lumière dans la nuit que j'obéis à cette aile qui miroite dans le ciel que je suis l'aile qui tombe l'aile déchirée que je tombe l'aile désirée dans un grand pleur que je tombe dans un grand souffle que je suis un grand sanglot qui tombe que je tombe l'aile ! l'aile ! comme un cri que je tombe sur eux comme une serre que je tombe sur eux pour les tuer que je me retiens que je retiens mon bras qui tombe que je suis si fort que je suis si grand et pourtant que mes parents sont tombés que ma mère est tombée au milieu des perles. Tu lui diras dis ?
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Il nous faut de plus grands déserts – les villes brûlées comme le meilleur foin mâché par le pétrole, l'animal la main fossilisés rendus à la magie dans les grottes, à toute cette pénombre –

Il nous faut de plus grands déserts pour que nous marchions sans avancer, que nous courions à l'endroit à l'envers

Il nous faut de plus grands déserts – que nous criions à nous arracher de nous, pour que la danse revienne

Il nous faut de plus grands déserts où manger l'animal où être mangé par l'animal – dans un ruban de chair, oubliant le début comme la fin et surtout le milieu 

Il nous faut de plus grands déserts

pour recommencer
au soleil
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Tout ce qui est dit là me parle.
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L'histoire de Victoire, suicidée dès la première page, est celle de ma génération, vidée, épuisée, détruite par un monde sans coeur, sans idées, sans engagement réel des adultes ou des politiques. C'est le livre d'un auteur solidaire de ce qui m'atteint, la grande vulgarité, la grande sottise contemporaines. Après ces pages j'ai appris à voir, et je sais dans quels pièges ne pas tomber. Ma maladie est politique. Notre malêtre est politique. On peut y mettre derrière, des noms, des dispositifs, des discours, des injonctions. Tout ce qui se passe d'horrible aujourd'hui est le résultat d'un choix.
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