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EAN : 9782919171309
152 pages
Les Hauts-Fonds (30/05/2022)
4/5   2 notes
Résumé :
Victor Martinez a qualifié sa poésie de « posthumaine » : « Comment cela se présente, de la poésie posthumaine ? Hé bien ce sont des formes poétiques, lyriques, épiques, contre-lyriques ou contre-épiques, muettes ou blanches, parfaitement identifiables dans le genre « poésie » constitué par l'histoire littéraire. Dans les livres de poèmes de Sébastien Hoët, les références de l'histoire de la poésie sont assumées, posées, revendiquées, mais dans l'univers techno-scie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Je n'ai pas de nom quand je me reforme » (p. 17)

De plus grands déserts
Journal d'un homme occupé par un autre qui s'oppose (« ce qui t'envahit te repousse », p. 42), constitutif de soi-même. Constat d'une impossibilité de plus en plus avérée, une impossibilité imposée à l'humaine condition, un mauvais sort qui la rattrape sans cesse et l'enveloppe d'un voile maudit. Et tout autant, dans ce livre visionnaire, le phantasme de la coïncidence, comme si l'on pouvait correspondre à un double originel qu'on embrasserait enfin et définitivement, visant à atteindre quelque chose comme le repos premier.

Non pas journal d'un homme, en fait, mais journal de la création tout entière qui se regarde s'étioler. Ce nous qui parle est aussi bien l'animal que le dieu, l'un à peine sorti de l'autre, la confusion ultime ramenée à sa vérité d'être. Désemparée d'avance, et pour encore longtemps.

« nous nous mangerons
comme ce qui naît
nous parlerons des fruits
plierons nos
chairs
et pleurerons
primitif »
(p. 74)

Si on a pu, comme Victor Martinez à propos de Sébastien Hoët, parler de « poésie post-humaine », c'est qu'en effet, ici, toute subjectivité paraît avoir disparu, d'où peut-être cette obsession du visage et du masque, reliquat d'un monde dépassé, à enfouir plutôt qu'à regretter.
Par le biais d'une voix minimale, la radiographie d'une humanité en mal de devenir (par quel goulot va-t-elle passer ?). Réduite à une décomposition, comme s'il fallait revenir au chiffrage initial. Décomposition irrémédiablement désordonnée, c'est là le sort de cette espèce qui avait jadis contracté la parole (la poésie ? parfois). le voile devenu rideau ne demande plus qu'à être tiré, la pluie n'a plus qu'à être avalée, elle tombe comme tombe l'armoire dans la chambre à rêver (sa vie).

« Nous commencions à grandir, à perdre nos cheveux, nos muscles fondaient, nous tournions treille violacée autour de nos os, nous ne tenions plus. » (p. 145)

Interpellation de dernière heure, ce livre écrit au bord du gouffre linéaire qui nous accueille, chacun étant acculé face, non pas à la mort, mais à l'anéantissement. Avec les mots les plus simples et sans artifices émotionnels, sans cris à nos oreilles, le lecteur est averti du danger, averti de ce qu'il ne saurait que constater pour peu qu'il ose écouter le bruit de fond d'une époque congédiante. le devenir-animal, le devenir-poussière, le devenir-chose, toujours ici considérés a posteriori, hantent ces pages terribles et tranquilles à la fois. La transformation inéluctable, l'évidence de plus grands déserts n'appellent qu'un ciel à la rescousse, où transparaît le spectre de l'éternité, l'ange – ou démon – soupçonné, donc indissoluble.

C'est déjà là une empreinte, un sauf-conduit dans un souffle presque coupé, pour passer de l'outre à l'intra-monde. Avec ce livre comme guide difficile et essentiel.

« [...]
Nous avancions sur
La Route
dans notre faim comme sur le fleuve
tout ce qui se dressera devant nous viendra à notre rencontre nous fuira demeurera sa vitesse sa voix osera les signes
Rien n'aime comme le visage ne hait comme le visage ne hante comme le visage rien n'effraie comme le visage
Rien
sous le masque le visage
l'eau neuve
le visage devant
le visage devant la tête
le visage nous dit :
Quand
arracher
le masque »
(p. 96)

Jean-Claude Leroy
Lien : https://poezibao.typepad.com..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Nous avancions…



Nous avancions sur
La Route
dans notre faim comme sur le fleuve
tout ce qui se dressera devant nous viendra à notre rencontre nous fuira demeurera sa vitesse sa voix osera les signes
Rien n’aime comme le visage ne hait comme le visage ne hante comme le visage rien n’effraie comme le visage
Rien
sous le masque le visage
                                                            l’eau neuve
le visage devant
le visage devant la tête
le visage nous dit :
Quand
             arracher
                          le masque
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Il nous faut de plus grands déserts – les villes brûlées comme le meilleur foin mâché par le pétrole, l'animal la main fossilisés rendus à la magie dans les grottes, à toute cette pénombre –

Il nous faut de plus grands déserts pour que nous marchions sans avancer, que nous courions à l'endroit à l'envers

Il nous faut de plus grands déserts – que nous criions à nous arracher de nous, pour que la danse revienne

Il nous faut de plus grands déserts où manger l'animal où être mangé par l'animal – dans un ruban de chair, oubliant le début comme la fin et surtout le milieu 

Il nous faut de plus grands déserts

pour recommencer
au soleil
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Tu lui diras n'est-ce pas tu lui diras que j'ai survécu que j'ai recommencé la nuit que j'ai refait la bête que je me reforme sans arrêt que je me reforme-tous que j'obéis à cette lumière dans la nuit que j'obéis à cette aile qui miroite dans le ciel que je suis l'aile qui tombe l'aile déchirée que je tombe l'aile désirée dans un grand pleur que je tombe dans un grand souffle que je suis un grand sanglot qui tombe que je tombe l'aile ! l'aile ! comme un cri que je tombe sur eux comme une serre que je tombe sur eux pour les tuer que je me retiens que je retiens mon bras qui tombe que je suis si fort que je suis si grand et pourtant que mes parents sont tombés que ma mère est tombée au milieu des perles. Tu lui diras dis ?
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*

Le demi-apparaître de l'animal
sa motion
Nous avons compris que les villes s'étaient étendues
sur leurs murs des silhouettes
les reflets des édifices légers si haut
la grâce idiote de nos existences dans ces rues semblables


Enlever nos masques


quand nous monterons tout là-haut sur les toits au-dessus de la poussière
debout sur les cristaux géants les cubes de verre mauve

Nous déciderons de vivre ou non
de continuer

La Route : de toit en toit au milieu de l'eau des charpentes de l'outre-explosion

Bleu
Bleu
Bleu
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nous nous mangerons



nous nous mangerons
comme ce qui naît
nous parlerons des fruits
plierons nos
chairs
et pleurerons
primitif
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