Citations de Sébastien Jullian (47)
Je ne sais pas déterminer ce qu'est Dieu, s'il existe et sous quelle forme, s'il est seul ou accompagné. Ce que je pense, c'est que notre monde et la définition de notre existence sont bien plus complexes que ce qu'on nous explique au catéchisme ou dans les livres de science.
Même arrivé à l'âge adulte, aucun être humain n'échappe à ses cauchemars d'enfant. Ils forment une passerelle vers notre passé, nos remords et nos peurs les plus profondes.
La paix intérieure n'est parfois qu'un reflet dans le miroir du monde qui nous entoure, n'est ce pas ?
Les hommes n'auront jamais la maîtrise de ce dont l'Homme est capable.
À peine le temps de saisir ma veste et je suis dehors, prêt à exploser. Il faut que je parte errer, m'oxygéner, sentir l'odeur de la rue. Perdu pour perdu, plutôt que d'attendre sagement la mort, le mieux est de partir en chasse. Il faut que j'aille me vider l'esprit.
Je monte dans la voiture et démarre. Mal à la tête, pas de ceinture, fatigué, névrosé. Je pars pour l'inconnu. Au cas où, le couteau est toujours là, dans le coffre. Malheur à celui qui croisera ma route.
Je suis arrivé chez mes parents vers 10 heures. À peine garé, Maman est venue à ma rencontre et m'a embrassé comme on embrasse son fils revenu du front, sain et sauf. Elle n'avait pas d'odeur. Nos deux corps semblaient si glacés. Dans la lueur de ses yeux pétillants, le bonheur de partager un peu de temps avec son seul enfant. On ne se rend jamais assez compte à quel point on fait du mal à nos mères en se cachant tout au long de l'année. Comment peut-on passer d'un état où l'on vit avec ses parents nuit et jour à seulement quelques visites par an ?
À ce moment précis, je crois que je suis revenu à la vie.
Où suis-je ? Que m'est-il arrivé ? J'arrive à peine à bouger.
Je m'appelle Julien Servian. J'ai mal. Je pleure. Cette sensation de peur si angoissante… Les yeux gonflés et humides, fixés sur mes mains ensanglantées que je pointe devant mon visage. La panique me coupe la respiration.
- C'est moi. Je ne peux pas passer te voir tout de suite.
- Pourquoi ? Où es-tu ?
- J'ai tout préparé. C'est au point. Ce sera pour ce soir.
- Non ! Tu vas trop vite. Nous ne sommes pas prêts, c'est trop risqué, ne fais pas ça !
- Ne crains rien, tout se passera bien, tu as ma parole. Tout est réglé comme du papier à musique.
- Si on nous prend ? Si on nous voit ?
- On ne nous prendra pas…
- J'ai peur…
- Croyez-vous que Dieu nous écoute, Lieutenant ? Après avoir vu et entendu tout ce à quoi vous avez été confronté ces derniers jours, je suis certain que votre position a changé, non ? Pour ma part, je l'ai abandonnée ici, il y a plus de vingt ans.
- Je ne sais pas, Eric. Je ne sais pas déterminer ce qu'est Dieu, s'il existe et sous quelle forme, s'il est seul ou accompagné. Ce que je pense, c'est que notre monde et la définition de notre existence sont bien plus complexes que ce qu'on nous explique au catéchisme ou dans les livres de science. Il reste tant de réponses à trouver et nous avons mis le doigt sur quelque chose d'extraordinaire. Mais ce n'est pas à vous de payer…
Trois heures du matin. Avachi sur le canapé, Jérôme ne parvient pas à plonger dans un sommeil profond et réparateur. Il cherche à tuer ce temps assassin, à chasser de son esprit cette faucheuse diabolique qui ne le laisse pas en paix.
Ce soir, il est resté une heure à l'hôpital auprès d'Elisa, prostré comme un zombie. Incapable de se déconnecter des images de mort. Il revoit sans cesse les corps d'Armando, David et Lydia, pulvérisés par une fatalité absurde.
- Laissez-moi tranquille, j'ai besoin de souffler. Je vous le jure, sur la tête de ma mère. Il y avait un cadavre ici. Il était effrayant. Pâle, froid et raide. Ses yeux… ses yeux étaient sombres, grands ouverts, perdus dans le vide. Il ne respirait plus. Oui, ça, j'en suis sûr, il ne respirait plus… Il était jeune, comme nous. Si seulement j'avais eu un appareil photo, j'aurais pu vous le prouver…
Au mur, les posters de Kurt Cobain, Silverchair, Axl Rose et Eddie Vedder lui rappellent qu'il est un pur produit du rock et du grunge. Pas question de se laisser imposer le diktat des radios françaises. Énervé, il finit par débrancher la prise électrique, ce qui renvoie Lydia dans les pages du dernier Star Club acheté la veille. Une nouvelle activité qui ne ravit pas davantage son hôte du jour.
Après avoir remonté les escaliers à toute vitesse, elle découvre son fils, terrorisé, qui court, hurle et passe de chambre en chambre, tentant de se cacher derrière les portes ou sous un lit. Il prononce des mots incompréhensibles, bafouille et tremble de la tête aux pieds. Elle ne parvient ni à le maîtriser ni à lui parler et ne distingue qu'une phrase au milieu de ce charabia délirant : “Fais-le partir…”. Après quelques minutes, il finit par se positionner devant son armoire en chêne massif et s'y fracasse la tête deux à trois fois avant de perdre connaissance. Fort heureusement sans gravité apparente. Il s'est réveillé chez nous, le lendemain matin.
En quelques secondes, le destin bascule et vous laisse au feu rouge (…). Jérôme vit avec son chagrin, se réfugie dans ce travail qui est sa dernière source d’oxygène, tout en se rendant chaque soir au chevet de cette femme qu’il aime et avec qui il ambitionnait de faire un enfant.
Il est trop tard. Rien ne sera plus jamais comme avant. Avant, il ne croyait pas en Dieu. Aujourd’hui il en a peur…Ce qu’il vient de voir ne s’effacera jamais.
Je m'appelle Andy, j'ai dix ans et demi. Je crois que je suis un garçon malheureux. Mais personne n'y peut rien. Personne ne peut m'aider, ni maman, ni Mouchy, ni la maitresse, ni Ben qui n'est plus là. Je vais devoir attendre d'être grand, attendre de trouver une solution au problème.
Le problème, ce n'est pas moi. Le problème, c'est Fred.
Zut, je l'entends rentrer. A bientôt, alors.
Juste une dernière chose...
Le problème, ça a toujours été Fred.
Le problème, c'est que quand Fred est ici, avec moi, je ne suis plus Andy.
Je suis "petite merde".
La lune est si claire, si belle, elle reprend ses droits, s'illumine comme un guide au-dessus de la maison dont les formes vagues naissent à l'horizon.
L'obscurité nocturne rime avec la solitude de l'âme.
La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Elle est cruelle, tape sur les faibles là où ça fait mal lorsqu'ils ont le dos tourné. Qui sera capable de les protéger et de rendre les coups ?
Les plus faibles, même s'ils arrivent à vivre avec leur différence, la paient cash devant le mépris cruel des imbéciles heureux.