Citations de Serge Dalens (42)
Pour l'instant, il n'y avait que du papier sur sa table. Mais tout à l'heure, ceux qu'il maintiendrait en détention ou rendrait à la liberté, s'avanceraient entre deux gardes avant de s'accouder à la petite barrière qui partageait la pièce en deux. Le greffier les interrogerait pour la forme, et lui, n'interviendrait qu'en cas de difficulté. Le plus souvent la décision était prise avant l'arrivée des intéressés : on ne relâche pas les voleurs ou les meurtriers.
Si rien n’est définitivement acquis, rien non plus n’est définitivement perdu !
Âme inquiète ! Ne prend pas les choses au tragique, si tu veux que nous les prenions au sérieux.
Éric se lève à son tour, prononce quelques mot dans un étonnant silence, parle de cette Ecole, chère au cœur de tout cavalier, doublement chère au sien, puisque instruisant son meilleur ami.
Un silence terrible. Des milliers d'eux braqués vers celui qui vient de prononcer ces paroles. Les gens s'écartent. Il est seul au milieu d'un grand cercle. Son manteau glisse : l'Ange de la Résurrection.
...
Je suis peut-être au tombeau, mais pas encore défunt. Ce deuil vous honore : défiez-vous pourtant des cérémonies trop rapides.
Il était révolu, le temps du bracelet...
Malheur à la ville dont le Prince est un enfant dit l'Ecriture. Et le Prince de Swedenborg n'a pas quinze ans... Seul ou presque, entouré d'ambitieux, de traîtres, d'espions et de lâches, Éric conservera t'il la couronne que veut lui ravir Tadek son premier ministre ?
Faut-il préférer l'indulgence à la stricte justice ? Éric avait choisi le pardon.
Si Éric meurt à la guerre le matin de ses dix-huit ans, l'Histoire poursuit son cours, car elle s'écrit moins avec le sang des morts qu'avec la résolution des vivants. Éric est mort mais Christian vit.
- Mais André, pourquoi n'existe-t-il pas des maisons où l'on recueillerait cet homme et ses pareils ? Des maisons où on ne les guérirait peut-être pas, mais où l'on adoucirait leurs derniers jours. Des maisons où ils ne seraient plus condamnés à cette puanteur, à cet abandon ? Des maisons où ils seraient moins malheureux ?
« Ne jamais porter de jugements de valeur, se répétait Claude, se borner à constater des faits. La conclusion viendra plus tard. Se méfier des opinions rapides, ne pas interpréter trop vite... »
Préparant une licence de lettres, il se défiait de ses connaissances succinctes, de son expérience toute fraîche. Il savait que le travail fait au Centre était souvent décisif pour l'avenir des garçons, qu'il fallait en quelques mois retrouver les causes profondes de la fugue ou du délit, établir un pronostic d'avenir, proposer les mesures les plus appropriées à une nécessaire rééducation, orienter enfin l'enfant vers l'enseignement scolaire ou professionnel, le genre d'activité cadrant aussi exactement que possible avec ses aptitudes et ses désirs.
... Les Domaines qui n'ont pas de barrières, ne sont pas de chez nous. Ils existent, et cela suffit aux rêves des enfants. S'ils y allaient, ils n'y retrouveraient pas leur joie...
Ces barrières, les enfants du Domaine les franchissent parfois en riant, mais ils sont chargés par un taureau, ou bien le Garde les ramène par l'oreille.
Le Parc est si touffu qu 'il recouvre les barrières. Il arrive que les enfants s'y blessent en passant. Mais sans elles, le Domaine ne serait qu'un territoire... »
JEAN-LOUIS FONCINE.
si les voleurs d'aujourd'hui ressemblent à ceux d'hier, leur sentiment n'est plus le même. Hier ils savaient tricher et se sentaient coupables. Aujourd'hui, s'ils ne se croient ni innocents ni assurés de l'impunité, ils se veulent victimes et justifiés à leurs propres yeux.
Le Roi voulut aller jusqu'à lui, décidé à le saluer de l'épée, à lui proposer de l'aider à ramasser ses blessés. Il se tourna vers Denis pour le prier de l'accompagner.Son regard ne rencontra qu'un cheval sans cavalier. De la selle aux étriers, un peu de sang gouttait.
Primevère, ma mie, c'est vous ?
C'est moi, François, vous offrant plume verte qu'oncques n'en vîtes de plus belle. Mon pére la porta en maints tournois. Je vous la donne pour panache.
Lorsqu'on a un nom à tripoter, c'est fatal : on tripotera...
— Pourquoi me parlez-vous de Jupinois ?
— Simple intuition... Parce que Jupinois rime avec sournois... Voyez-vous, il y a des élèves qui ont un nom prédestiné. Tenez : en vingt-et-un... non : en vingt-deux, j'en avais un qui s'appelait Tripotin. Un drôle de loustic et un drôle de nom, d'ailleurs. Eh bien, chaque fois que quelque chose disparaissait, je consignais Tripotin. Et j'avais raison. On l'a mis à la porte l'année suivante pour avoir volé des cahiers au secrétariat. C'est Piédchoux en personne qui l'a surpris, un jeudi matin, en train de farfouiller dans l'armoire aux fournitures. Les cahiers, il les revendait, ce vaurien !.. .
— Eh bien, c'est simple : punition générale jusqu'à ce que le coupable se dénonce.
— La punition générale est une injustice que je ne commettrai en aucun cas. Pour un éducateur, ce procédé est une défaite et un aveu d'impuissance.
Il observa les garçons dont le silence et l'application le surprenaient un peu. Il se félicita intérieurement de n’avoir pas eu à faire la moindre remarque durant un tel laps de temps. Le fait était rare et méritait d'être relevé. D'autant que cette sérénité semblait tout à fait naturelle — il savait par expérience que certains calmes son parfois le signe de tempêtes à venir. Tel n'était pas le cas ce soir-là.
Jupinois était littéralement couché sur son cahier, une mèche gambadant sur la feuille où il écrivait. Curieux garçon à l'incroyable tignasse, mais aux yeux violets magnifiques.
Je vous l'avais bien dit qu'on allait rigoler. Dans toutes les boîtes où j'arrive, c'est la même chose : quand je leur dis que je m'appelle Corneille, ils se figurent que je me paie leur fiole.