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Critiques de Serge Doubrovsky (24)
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Pourquoi la nouvelle critique

Dans mes années universitaires ce livre m'avait semblé avoir une importance .A la relecture je n'y trouve qu'ennui et capillotractage... Un témoignage des guerres pichrocholine qui agitent vainement le monde de la critique littéraire ...
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Un homme de passage

D'aucuns ont évoqué la pornographie des sentiments à propos de la télé réalité. Ici, le sentiment qui prévaut après la lecture de cet épais ouvrage, c'est, si l'on peut se permettre cette paraphrase, celui de la pornographie de soi. D'autofiction point dans cet opus, mais une autobiographie assurément pleine d'orgueil. Vanité de ne pas assumer le fait d'écrire sur soi, et de vouloir à tout crin transformer cette longue exposition de soi, en une fiction. Pourquoi diable Mr Doubrovsky cherchez vous avec autant d'énergie à vous faire aimer, tout en doutant paradoxalement des autres? A vous lire, on a tendance à penser que depuis votre mère, vous n'avez jamais connu que des personnes qui vous ont aimé et entouré, qui ont accepté vos humeurs, vos caprices parfois. Le lecteur aime beaucoup l'écrivain qui lui donne matière à lire, vous en avez le talent, laissez vous donc aller simplement à votre art indubitable de l'écriture dans autre chose que vous même. Vous n'en serez que plus aimé.

Le livre se déroule en gros en trois parties, la première au prétexte du déménagement de New York, et de la redécouverte de photos, est un long exposé des aventures conjugales, sentimentales, parfois familiales de l'auteur.

La seconde traite de la mort, depuis celle des juifs, Auschwitz, jusqu'à celle des proches, parents, amis, aimé(e)s. Tout un passage sur la tuberculose, un séjour en sanatorium à la montagne avec des accents qui paraissent proches, sans jamais y parvenir, de la "Montagne magique" de Thomas Mann.

La troisième traite de la vieillesse, de la fin de la vie, de la décrépitude physique, de la disparition de la scène publique.

Croisant toutes ces "époques", de nombreuses évocations de l'intime, voire du très intime de l'auteur. On sait tout de ses exploits et catastrophes sexuelles, de la façon dont ont été prises les femmes de sa vie, où, quand, comment, avec les détails les plus crus parfois. Était-ce vraiment nécessaire?

Dans "Le lièvre de Patagonie", par certains aspects comparable à ce livre, Lanzmann a eu le courage de la biographie et de ne pas se cacher derrière le concept d'autofiction. A la fin de la lecture de votre livre, on a envie de vous dire: - Et alors, tout cela pour ça?. Question d'un banal achevé n'est-ce pas? Mais le banal est très souvent convié dans de longues descriptions de votre autofiction. Ainsi cet exposé de votre quotidien de résident du XVI ème à Paris, avec ses petites habitudes et manies. Banal effrayant.

Je ne trouve pas que les "trucs" de typographie (blancs, majuscules, décalages de marges, etc..) soient vraiment convaincants. Il suffit d'aller voir du côté de Rheinhard Jirgl (Renégat, roman des temps maudits) ou encore plus simplement l'Oulipo ou Prévert par exemple, pour trouver des choses autrement plus convaincantes.

A l'issue de la lecture de ce livre, un sentiment très désagréable d'avoir subi tout cet exposé d'un homme qui a indubitablement aimé, de façon très personnelle certes, pour ne pas dire égoïste ou macho les femmes, qui par bien des aspects les a collectionnées, consommées. Même le lecteur masculin que je suis est mal à l'aise avec ce point de vue sur les femmes, femmes que vous prétendez avoir aimées, mais dont vous dites surtout que vous en avez eu besoin.

Il paraît que votre roman "Livre brisé" que vous citez abondamment du reste (autofiction et auto promotion....) est très différent, très impressionnant, très fort. Je suis curieux, et je vais le lire tout de même et tout de suite.
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Un homme de passage

Critique de Vincent Colonna pour le Magazine Littéraire



En 1977, Serge Doubrosky inventait le terme autofiction. Avec Un homme de passage, l'auteur de 82 ans offre le dernier épisode de son odyssée intime. Serge Doubrovsky a inventé l'expression « autofiction », et il y a fort à parier que la postérité lui en sera longtemps reconnaissante. Cette catégorie a permis d'intégrer à la littérature des oeuvres inclassables, écrits mélangés et impurs, marginalisés, qu'on avait du mal à lire, qui n'appartenaient ni totalement au genre de l'autobiographie ni réellement au registre de la fiction (que l'on songe aux dialogues où Augustin se met en scène, à Rousseau juge de Jean-Jacques, à Aurora de Michel Leiris). Dès lors, ces pratiques hétérodoxes de l'écriture de soi ont acquis une légitimité esthétique, et des écrivains contemporains, pourtant très différents, comme Catherine Cusset, Marie Darrieussecq, Chloé Delaume, Philippe Forest, Camille Laurens, Georges-Arthur Goldschmidt, Jacqueline Rousseau-Dujardin ou Philippe Vilain - tous interviennent dans le récent recueil collectif Autofiction(s) - les cultivent de façon plénière, et non comme un à-côté épisodique. Certains estiment que cette littérature égotiste se fait au détriment de notre besoin de narrations, et que l'art de raconter des histoires se perd en France. (Cela pourrait expliquer le succès incroyable des séries télé, qui remplissent un besoin d'histoires qui n'est pas satisfait par la littérature contemporaine.) Je ne crois pas que ce soit le cas, sous réserve qu'on n'imagine pas que ce registre personnel soit la seule et ultime façon de procurer de l'intelligence du monde et de la langue, du savoir des autres, du plaisir sensuel, des émotions. En outre, l'autofiction ne rompt pas avec l'art du récit, même quand elle prend une forme biographique comme chez Serge Doubrovsky. Quand on lit son dernier « roman », il est frappant de voir comment la mise en scène de soi est indissociable d'une mise en intrigue qui construit l'auteur en personnage fictionnel. Lui-même donne cette ultime définition de l'autofiction : « scénarisation romanesque de sa propre vie ».

Ce qui fait la réussite particulière de ce dernier épisode de son odyssée intime, c'est que son double de papier devient de moins en moins lettré, de plus en plus épuré, de plus en plus romanesque, tout en restant avant tout un écrivain. Le héros d' Un homme de passage a une carrière de critique universitaire, une oeuvre littéraire, des admiratrices, un passé de Juif expatrié aux États-Unis, des relations familiales comme un peu tout le monde, mais un rapport à l'écriture hors du commun, obsessionnel. Tout cela forme le portrait d'un personnage contradictoire, narcissique, exhibitionniste, mais plein de vitalité, attachant et captivant. Sa franchise dans l'aveu sexuel et l'exposition de ce naufrage qu'est la vieillesse, son exploration des relations impures entre l'art et la vie (il ne dissimule rien des rencontres féminines que lui ont permises ses livres et sa notoriété), sa façon de revenir sur ses « romans » antérieurs, de superposer des épisodes de sa vie, de passer toute son existence au crible de son rapport à l'écriture, font d' Un homme de passage plus qu'un neuvième roman supplémentaire, un autoportrait et un testament littéraire réussis - même s'il faut espérer qu'il comptera des codicilles.
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Un homme de passage

Pour ceux qui ont lu l'œuvre de Doubrovsky (autofictionnelle mais aussi critique), cet "Homme de passage" est passionnant mais inégal. Il vaut par certaines parties étonnantes où on retrouve le meilleur Doubrovsky, par des épisodes qu'il n'a jamais racontés, par le tragique effort d'un grand lettré proche de la mort de jeter un dernier pont entre la vie, l'art et l'amour.
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