Si-woo Song

... on prend conscience de sa mortalité au moment de la mort d’autrui.

La vie n'a rien à voir avec ce que tu as appris au lycée. La mort n'est pas si mauvaise pour celui qui veut mourir. Non, d'ailleurs, elle ne peut même pas être un événement : un mort ne peut faire part de sa mort à personne. La mort est un terme inventé par les vivants. Ce n'est pas la mort dont il faut avoir peur, c'est la souffrance.

L'empathie, voilà ce qui rend notre travail plus facile, ce qui nous fait supporter la fatigue.

Cela fait trois ans que nous sommes mariés et je ne l'ai jamais vu en colère. Il ne s'est jamais disputé avec personne, et personne ne m'a jamais dit s'être disputer avec lui.
Un homme aussi calme qu'une plante.

Parce qu'on prend conscience de sa mortalité au moment de la mort d'autrui.

Selon l’OMS, trois cent cinquante millions de personnes dans le monde souffriraient de dépression. D’ici 2030, la dépression devancera les pathologies cardiaques et deviendra la première source de dépenses de l’assurance maladie.

Cela faisait rire Lee Pyeong-so. Qu’on puisse se rencontrer sur un site de suicide et devenir amis ! Quel monde ! Toute une vie de policier ne suffirait pas à en faire le tour.

Il sortit son téléphone de sa poche pour regarder l'heure. Déjà 2 heures..."Aujourd'hui encore, j'ai raté le moment d'appeler ma femme et mon fils, se dit-il. Ça fait combien de temps que nous ne sommes plus en contact ?" Il écrasa sa canette vide, en prit une autre. Dire qu'on est occupé et qu'on a pas le temps d'appeler n'est pas une excuse...Mais il n'avait pas envie de faire le premier pas, il voulait que ce soit sa femme. Il savait bien qu'il n'avait rien à dire quand il les appelait, que ni sa femme ni son fils n'attendaient son coup de fil. Bref, il n'était pour eux qu'un porte-monnaie. Tous les trois en étaient conscients.

Il est absurde de conseiller à un dépressif de faire preuve de volonté pour surmonter sa maladie. C’est comme demander à un paralytique de marcher.

Ne croyez pas aux comptes rendus des expériences menées au sein des laboratoires pharmaceutiques. Ils exagèrent leurs succès et cachent les effets secondaires;

Le désir prend fin avec la mort. On pleure sur la mort d'autrui parce qu'on craint que notre vie ne se termine brutalement, sans avoir pu satisfaire les désirs qu'on a à cet instant précis.

Le chien noir est toujours sur les pas de son maître . Impossible de de le chasser ni de le faire disparaître, on ne peut qu’essayer de le tenir en laisse.

Im Na-min se demandait si c’était une bonne idée d’avoir décidé tacitement de ne pas mentionner le défunt. Im Na-min eut donc une longue conversation avec Kim Yeol : ils échangèrent des anecdotes joyeuses ou tristes, parlèrent de ce qu’ils devaient au disparu et évoquèrent sa personnalité unique. La brise nocturne ranimant les flammes vacillantes du feu en train de s’éteindre, ajoutait une note mélancolique.

Cela empêche la mort de se faufiler partout en silence et de prendre le dessus.

Im Na-min le réconforta ; elle lui dit de ne pas se blâmer. « C’était peut-être son destin. Qui aurait pu l’empêcher ? » Elle se mit à se soucier de Kim Yeol. Pour lui, Cho No-hoon était un véritable soutien. Appuyés l’un à l’autre, ils tenaient debout. Quand l’un tombe, l’autre tombe. Le suicide est contagieux. Im Na-min ressentit l’urgence, le consola, le rassura. « Cho No-hoon a dû être apaisé dans ses derniers moments de vie : nous étions près de lui, en fait surtout toi. Alors il ne faut pas plonger avec lui. Il faut vivre nos vies. » Elle pensait que Kim Yeol avait dû aborder le sujet avec Sol Lisa pendant leur dernière promenade

Le suicide est contagieux.

Sans doute était-ce la raison pour laquelle la jeune fille, impressionnable, avait sombré d’un coup. Et Kim Yeol en souffrait aussi. Mais le fait que Kim Yeol se confie et cherche du réconfort auprès de quelqu’un est bon signe se dit-elle. Il faut parler quand on est envahi de pensées morbides. Il faut évacuer les pensées dangereuses par la parole.

Il n'existe aucune preuve scientifique démontrant que les anti-dépresseurs guérissent la maladie que nous appelons aujourd'hui dépression. Les laboratoires pharmaceutiques multinationaux à la recherche de profits et la psychiatrie chimique désireuse de combattre l'hégémonie de la psychothérapie ont uni leurs efforts pour s'imposer et ont consacré des sommes considérables au marketing et au lobbying entre autres.

— Hé, Monsieur Sourcils Charbonneux ! Tu ne sais pas que la réalité est plus unbelievable que la fiction ? Regarde la politique coréenne. La fille d'un prédicateur, dirigeant d'une secte, a pris dans l'ombre un tel ascendant sur notre présidente qu'elle lui dictait ses décisions politiques.

Au commencement était le médicament. Pas la maladie.