Je fis la liste des choses auxquelles je devais dire au revoir :
Les escargots. Les tulipes en rangs disciplinés le long de la pelouse. Les vers de terre bouffis qu'on pouvait mettre sur un hameçon. Les buissons de mûres, les rangées de patates, les groseilles, les fraises. Les fleurs du printemps et celles de la fin de l'été, le tout soigneusement calibré et entretenu.
Chez ma omma : le gaufrier, la turbotière, un résidu cristallisé au fond du réfrigérateur, comme un arc-en-ciel glacé.
Ce week-end-là, je me racontai à moi-même que j'étais née ici, à Vágar, à Gásadalur, un matin, accompagnée par la pluie. J'aurais aimé qu'un bourgeon en moi ait grandi ici, qu'il appartienne à ce lieu, à la pierre, aux effluves verts.