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Citations de Solomon Northup (52)


Qu'ils sont dupes ceux qui se flattent de penser que l'esclave ignorant et avili n'a pas conscience de l'ampleur des torts qu'on lui cause. Qu'ils sont dupes ceux qui s'imaginent que quand il se relève après avoir été à genoux, son dos lacéré et en sang, il n'a en lui que des sentiments de soumission et de pardon. Il viendra peut-être, il viendra si ses prières sont entendues, le jour terrible où l'esclave se vengera et où le maître hurlera à son tour en vain qu'on ait pitié de lui
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I will not fall into despair till freedom is opportune!
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Il est de coutume en Louisiane, comme je suppose dans les autres États esclavagistes, d’autoriser les esclaves à conserver tout salaire obtenu pour un travail accompli le dimanche. C’est leur unique moyen de s’offrir des articles de luxe ou de simple nécessité. Lorsqu’un esclave, acheté dans le Sud ou kidnappé dans le Nord, est amené dans une cabane de Bayou Bœuf, on ne lui donne ni couteau, ni fourchette, ni vaisselle, ni bouilloire, ni pots, ni meubles d’aucune sorte. Il reçoit une couverture avant son arrivée et, une fois qu’il s’en est enveloppé, il a le choix entre dormir debout et s’allonger à même le sol ou sur une planche, si toutefois elle n’est d’aucun usage à son maître. Il est entièrement libre de ramasser une coloquinte pour y conserver ses repas, ou de manger son maïs directement sur l’épi, selon son bon plaisir. S’il osait demander à son maître un couteau, une casserole ou un ustensile quelconque, il se ferait frapper ou rire au nez. Les articles indispensables que l’on trouve dans les cabanes des esclaves ont tous été achetés avec de l’argent gagné le dimanche. Même si la morale s’en trouve offensée, c’est une bénédiction pour les esclaves d’avoir le droit de rompre le sabbat. Ils n’auraient sans cela aucun moyen de se procurer des ustensiles, indispensables pour qui doit cuisiner.
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Je suis né libre. Pendant plus de trente ans, j'ai goûté aux joies de cette liberté dans un Etat libre. J'ai ensuite été enlevé et vendu comme esclave, demeurant dans cette condition d’asservissement jusqu'à ce que l'on vienne me secourir en janvier 1853, après douze ans de captivité. On m'a alors suggéré de faire le récit de ma vie et de ses aléas, qui ne devraient pas laisser le public indifférent.
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Au cours de mes huit années passées comme surveillant, j’ai appris à manier le fouet avec une dextérité et une précision remarquables, devenant capable de le faire claquer à un cheveu du dos, de l’oreille ou du nez d’un esclave, sans jamais les toucher. Si l’on repérait Epps au loin ou si l’on avait des raisons de croire qu’il rôdait dans les parages, je me mettais à fouetter vigoureusement et, comme convenu, les esclaves se tordaient et hurlaient de douleur alors qu’en réalité aucun n’avait la moindre éraflure. Quand Epps arrivait, Patsey en profitait pour se plaindre tout haut des coups de fouet incessants de Platt, tandis que l’Oncle Abram, avec son air honnête, affirmait carrément que je venais de les corriger plus sévèrement encore que le général Jackson n’avait battu l’ennemi à La Nouvelle-Orléans.
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Mon violon était mon compagnon, l'ami de mon cœur qui se faisait glorieux et sonore quand j'étais joyeux et me murmurait des consolations douces et mélodieuses quand j'étais triste. Combien de nuits sans sommeil, l'âme perturbée et accablée par la contemplation de mon destin, m'a-t-il chanté une berceuse apaisante !
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Nous traversâmes ainsi, menottés et en silence, les rues de Washington, la capitale d'une nation dont la théorie gouvernementale, nous dit-on, repose sur le droit inaliénable de l'homme à la liberté et à la recherche du bonheur !
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Lorsque je fus vendu à Tibeats, le prix auquel on m’estima dépassant le montant de la dette de Ford, celui-ci prit une hypothèque sur biens de quatre cent dollars. On verra par la suite que je dus la vie à cette hypothèque.
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Après minuit, je fis une pause. L’imagination elle-même ne saurait peindre une scène aussi désespérée. Le marais résonnait des cris d’innombrables canards. Selon toute probabilité, aucun homme avant moi n’avait foulé les recoins de ce marais depuis la création de la terre. Le silence, oppressant, ne régnait plus comme lorsque le soleil brillait dans les cieux. Mon intrusion nocturne avait réveillé les tribus emplumées qui semblaient peupler les marais par centaines de milliers, et leurs gorges bavardes émettaient tant de cris, ajoutés aux battements d’ailes et aux plongeons dans l’eau de tous côtés autour de moi, que j’étais affolé et terrifié. Toutes les bêtes qui volent et qui rampent semblaient s’être rassemblées dans cet endroit précis afin de le remplir de leur clameur et de leur remue-ménage. Le spectacle et le bruit de la vie ne se rencontrent pas seulement près des habitats humains ou dans les villes très peuplées ; les endroits les plus sauvages de la terre en regorgent. Même au cœur de ce marais sinistre, Dieu avait offert un habitat et un refuge à des millions de créatures vivantes.
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Béni soit le sommeil ! Il nous visite tous , descendant telle la rosée du ciel sur l'esclave comme l'homme libre . Il vint vite habiter ma poitrine ,chassant les problèmes qui l'oppressaient et me conduisit dans cette région peuplée d'ombres , dans laquelle je revis le visage de mes enfants et entendis leurs voix , mes enfants qui hélas pour autant que je sache lorsque j'étais éveillé. étaient tombés dans les bras d'un autre sommeil, ce sommeil dont on ne se réveille jamais .
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There was not a day throughout the ten years I belonged to Epps that I did not consult with myself upon the prospect of escape. I laid many plans, which at the time I considered excellent ones, but one after the other they were all abandoned. No man who has never been placed in such a situation, can comprehend the thousand obstacles thrown in the way of the flying slave. Every white man's hand is raised against him - the hounds are ready to follow on his track, and the nature of the country is such as renders it impossible to pass through it with any safety.
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Lorsqu’il m’avait vendu, Tibeats l’avait informé que je savais jouer du violon. Lui-même le tenait de Ford. Pressé par sa femme, maître Epps avait fini par m’en acheter un lors d’un séjour à La Nouvelle-Orléans. On m’appelait souvent dans la maison pour jouer devant la famille car maîtresse aimait passionnément la musique.

Quand Epps rentrait à la maison de cette humeur dansante, nous devions nous rassembler dans la pièce principale de la grande maison. Et quel que fût le degré d’épuisement et de fatigue, tout le monde devait danser. Je m’installais et jouais un air.

« Dansez, satanés négros, dansez », criait Epps.

La moindre pause, le moindre retard, les mouvements lents ou languissants étaient dès lors interdits ; il fallait être vif, animé, alerte. « Vers le haut, vers le bas, talon, pointe et on repart ». La silhouette corpulente d’Epps se mêlait à celles de ses esclaves sombres et se déplaçait rapidement dans le dédale des danseurs.

Il gardait généralement son fouet à la main, prêt à l’abattre sur les oreilles du serf présomptueux qui aurait l’audace de se reposer un instant voire de s’arrêter pour reprendre son souffle. Lorsqu’il était épuisé, on faisait une petite pause, très brève. Puis aussitôt, en faisant siffler, claquer et tournoyer son fouet, il criait de nouveau « Dansez, négros, dansez ! » et ils repartaient de plus belle, pêle-mêle, tandis qu’assis dans un coin et pressé de temps à autre par un coup de fouet cinglant, je faisais rendre à mon violon un air merveilleux et rapide.
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Ce n’est qu’à une heure très avancée de la nuit que les esclaves regagnent leurs quartiers, abattus et harassés par leur longue journée de labeur. Il leur faut encore allumer un feu dans leur cabane, moudre le maïs dans un petit moulin à bras et préparer le dîner et le déjeuner du lendemain. Ils n’ont droit qu’à du maïs et à du lard, distribués au séchoir à maïs et au fumoir tous les dimanches matins. Chacun reçoit comme ration hebdomadaire trois livres et demie de lard et assez de maïs pour obtenir un picotin de farine. Rien d’autre : ni thé, ni café, ni sucre et, à l’exception d’une petite pincée de temps à autre, pas de sel. Après dix années passées chez M. Epps, je peux assurer qu’aucun de ses esclaves ne risque de succomber à la goûte, causée par une vie d’excès. M. Epps nourrissait ses porcs au maïs égrené tout en faisant jeter à ses « nègres » du maïs en épi. Il pensait que les premiers engraisseraient plus vite si le maïs était égrené et imbibé d’eau, tandis que les seconds risquaient de devenir trop gros pour travailler s’ils recevaient la même nourriture. M. Epps était très calculateur et, ivre comme à jeun, il savait s’occuper de ses bêtes.
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They are deceived who flatter themselves that the ignorant and debased slave has no conception of the magnitude of his wrongs. They are deceived who imagine that he arises from his knees, with back lacerated and bleeding, cherishing only a spirit of meekness and forgiveness. A day may come - it will come, if his prayer is heard - a terrible day of vengeance when the master in his turn will cry in vain for mercy.
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[incipit]

Having been born a Freeman, and for more than thirty years enjoyed the blessings of liberty in a free State - and having at the end of that time been kidnapped and sold into Slavery, where I remained, until happily rescued in the month of January, 1853, after a bondage of twelve years - it has been suggested that an account of my life and fortunes would not be uninteresting to the public.
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Pas une fois, au cours de cette interminable journée, je n’en suis arrivé à la conclusion que l’esclave du sud, bien nourri, bien habillé, bien fouetté et bien protégé par son maître est plus heureux que l’homme de couleur, citoyen libre du nord. Et depuis, je n’en suis toujours pas arrivé à cette conclusion. Cependant, même dans le Nord, il ne manquera pas d’hommes charitables et bien intentionnés pour déclarer que j’ai tort et pour trouver des arguments à l’appui de cette affirmation. Hélas ! Ils n’ont jamais bu, comme moi, la coupe amère de l’esclavage.
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J'aspirais à la liberté mais la chaîne de l’oppresseur m'étouffait. Et on ne pouvait pas la desserrer.
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Je n'avais pas encore conscience de l'étendue de «''l'inhumanité de l'homme envers l'homme'', ni du degré infini de cruauté qu'il est prêt à atteindre par amour du gain.
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Certains pensent à tort que l’esclave ne comprend ni le mot ni l’idée de liberté. Pourtant, même à Bayou Bœuf où l’esclavage se rencontre selon moi sous sa forme la plus abjecte et cruelle – où on lui voit des traits inconnus dans les Etats situés plus au nord – les esclaves les plus ignorants comprennent en général parfaitement son sens. Ils n’ignorent pas les privilèges et les exemptions qui l’accompagnent. Ils savent qu’elle leur permettrait de conserver le fruit de leur labeur et leur garantirait la jouissance du bonheur domestique. Ils ne manquent pas de remarquer l’écart entre leur propre condition et celle du plus cruel des Blancs, ni de mesurer l’injustice de lois qui confèrent à ce dernier le pouvoir non seulement de s’approprier les profits de leur travail mais aussi de leur infliger sans raison des châtiments qu’ils ne méritent pas, sans qu’ils disposent du moindre recours ni du droit de résister ou de protester.
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Les couches les plus moelleuses au monde sont inconnues dans les cabanes en bois des esclaves. Celle sur laquelle je m’allongeais jour après jour mesurait douze pouces de large sur dix pieds de long. Mon oreiller était un rondin. La literie, une couverture grossière, sans autre guenille ni chiffon. On aurait pu employer de la mousse mais elle est vite infestée de puces.

La cabane est construite en rondins, sans plancher ni fenêtres. Celles-ci sont d’ailleurs inutiles car les espaces entre les rondins laissent passer suffisamment de lumière. En cas d’orage, la pluie pénètre à l’intérieur, rendant la cabane inconfortable et désagréable. La porte rudimentaire repose sur de grandes charnières en bois. Une cheminée malcommode occupe une extrémité de la pièce.
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