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Citations de Sonia Feertchak (38)


Sonia Feertchak
La charge mentale est le temps passé à ne pas oublier d'accomplir une tâche pratique. Autrement dit, la charge mentale traduit la transformation du matériel en temporel.
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(p 79-80)
Pour l'écrivaine, l'amour et le respect d'un enfant pour un ascendant peuvent légitimement être remis en question si ce dernier est doté d'une personnalité malveillance. Si l'on considère en plus, comme l'affirme Mathew Prichard, qu'elle "comprenait très bien les gens. Et ceux qui apparaissent dans es livres sont normaux", alors Christie lève un sacré tabou : chez le commun des mortels, l'affection entre proches ne va pas de soi et le mal peut toucher tout le monde. Il est répandu, familier, commun. En un mot : banal. "[Ce crime] était d'une absolue banalité, froidement prémédité, et limpide, jusqu'au moindre détail." Banalité. Dans son texte, Christie emploie le mot au sens de cliché, d'habitude presque. Mais comment ne pas penser, par ailleurs, à la "banalité du mal" ?
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Toute la puissance des romans christiens et leur indéfectible succès tiennent dans cette catharsis qui commence dès la découverte du cadavre : le corps met au jour les rapports de force cachés qui existaient au sein de la maisonnée. La vérité cesse d'être tue. Agatha Christie fait changer de camp la culpabilité.
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La pilule contraceptive, cette merveille, a séparé le sexe de la reproduction, certes c'est fantastique...mais gare: non contente de n'être plus forcément "transmission" de vie, la sexualité exige toujours en revanche d'être irriguée par une "force" de vie, qui n'est autre que le désir.
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Encore plus fort, plus concret et plus pratique: sur Internet il y a forcément quelqu'un qui se pose la même question que toi. C'est incroyable: si tu tapes dans Google " mon dentifrice me fait tousser" ou "mon chat pue des pieds"-véridique !-, tu vas trouver une discussion ou un forum sur lesquels tu pourras constater que tu n'es pas la seule à rencontrer ces problèmes bizarres. Ce pourrait être anecdotique, de fait c'est assez marrant...

( rubrique "alter ego")
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Alors que l’actualité apporte chaque jour ou presque son lot d’angoisse à l’endroit du Vivant, le besoin de désordre végétal signe l’espoir d’une vitalité recouvrée. Or ce désordre végétal, la haie en est l’incarnation. Plus proche que la jungle, moins vaste sur la forêt, la clôture boisée fait le trait d’union entre le cultivé et le sauvage, entre le jardinet et le bocage, elle rend le désordre végétal accessible à tous.
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Non seulement l’objet de ma jalousie possède ce que je n’ai pas, mais surtout, double peine, il me tend un insupportable miroir : il me renvoie qu’il ne tient qu’à moi de posséder ce dont je ne dispose pas. Autrement dit, je ne suis pas jalouse de ce que je n’ai pas, mais de ce que je pourrais parfaitement avoir… sous-entendu si j’étais moins ceci ou davantage cela. Ainsi les féminettes haïssent les pétasses poufiasses et j’en passe, non pas parce que ces dernières existent et que les hommes les remarquent, l’iris fracassé. Elles les haïssent parce que ces filles disponibles renvoient les féminettes au fait que celles-ci s’empêchent de les imiter. Dans le fond, c’est, selon les cas, question de milieu, d’éducation, raison socioculturelle ou psychanalytique… tandis que, sur la forme, la féminette se persuade que s’abaisser à la séduction relèverait d’une trahison vis-à-vis de l’émancipation féminine. En attendant, la jalousie de moyen rend généralement beaucoup plus vacharde que la jalousie de fait… Pas étonnant puisque c’est à soi qu’on en veut. Rien n’est pire.
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Le statut d’épouse idéale, autrement dit celui de femme idéale tant l’épouse et la femme (soumise, discrète, courageuse…) se sont longtemps confondues, ce statut donc, galvaudé par des siècles de domination masculine, a été éradiqué. Tant mieux pour nous ? Hélas, il a été subrepticement remplacé par le statut de femme parfaite (forte, sublime, responsable, sexy, passionnée, hardie au lit, libérée… ce genre d’attributs), obnubilées que nous sommes par cet adage des coachs infatués qui pullulent à nous rendre plus performant(e)s, sous couvert de nous faire croître l’estime de soi. Car on ne nous le répétera jamais assez : puisque nous pouvons, nous devons… Le pire étant que nous nous sommes nous-mêmes porté le coup de grâce : l’exigence de la perfection.
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« Il ne faut pas se soumettre aux hommes. » Jamais et à aucun. Là, en écrivant cette phrase, je souris de me sentir à nouveau féminette. Je pense toujours qu’il ne faut pas se soumettre à autrui, à qui que ce soit, homme ou femme, et surtout pas en tant qu’appartenant à une caste, une classe, un genre, un sexe. Pour autant et sans ambages j’aime me soumettre au lit. J’apprécie qu’un homme soit plus fort que moi, j’aime ressentir sa force physique et qu’elle soit supérieure à la mienne. Puissance intellectuelle et force morale m’importent autant : les ravissants idiots ne m’ont jamais intéressée et s’il m’est arrivé de coucher avec un débile, un connard, ce dont je m’apercevais trop tard, ils avaient beau être bien faits, l’envie d’eux me passait à l’instant où je recouvrais ma lucidité et percevais leur manque d’envergure – la queue c’est aussi dans la tête.
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La question de reconnaitre et accepter, ou non, un processus de destruction est cruciale dans l'oeuvre d'Agatha Christie; à cet endroit la romancière se révèle et arendtienne, et cathartique: l'individu peut agir. Alors même que Marple et Poirot sont deux archétypes de «détectives en fauteuil», ils luttent contre le mal en regardant le monde activement. Leur motto ne varie pas: agir, c'est penser. Ne pas tenir les choses pour acquises tant qu'on ne les a pas soi-même interrogées. Leur réflexion sur le mal est une pensée de l'action. «L'esprit humain préfère se gaver de la pensée d'autrui. Toutefois, privé de cette manne, il va se mettre malgré lui à penser par lui-même, et ce mode de réflexion original peut aboutir à des résultats appréciables.» (La plume empoisonnée, 82)
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« Ressentiment, manipulation jalousie, humiliation, inceste… La vérité est tue de peur qu’elle ne tue. Au coeur des familles, certains ont tous les droits, d’autres n’ont que celui de (se) laisser faire et se taire. »
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J’ai appris à anticiper le plaisir, m’y tenir, le retarder. J’ai commencé à juger des gestes propices, à me connaître des positions préférées. J’ai découvert le sexe de mon amoureux aussi et les surprises sensuelles qui s’y rattachaient – frémissements, texture, odeur, goût –, ce qui me déplaisait alors que je n’aurais pas pensé que si, ce qui m’excitait quand j’aurais cru que non. J’ai ainsi pris conscience de cette caractéristique extraordinaire propre à la sexualité et dont jusque-là j’ignorais tout : l’exploration de l’autre nous amène à la découverte de nous-même. C’est en visitant le corps de mon amoureux que je saisissais des pans de moi insoupçonnés, c’est en le laissant me fouiller aussi que je me révélais.
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Attablée en fin d’après-midi, un jour d’été à la terrasse d’un café, je discute avec une amie, pendant que, juste à côté d’eux touristes n’arrêtent pas de « se selfisiser » devant la cascade plastifiée de branchages et de fleurs entièrement roses qui dégoulinent derrière eux. Tout occupés à se mirer dans l’écran de leur appareil, ils ne voient pas que devant, à moins de deux mètres de nos tables respectives, au pied d’une pauvre haie composée de gros buis dévorés de pyrale, une petite souris se frotte le museau, dressées sur ses pattes arrières, au milieu d’une touffe de vergerettes blanches bordées de rose. .. Bien qu’elle n’apprécie pas les rongeurs, mon amie convient que le spectacle est digne d’un dessin animé ..
Nature et artifice ne sont pas toujours là où on croit. Pas toujours là où ça semble croître. Le charme de la haie tient à la possibilité de surprise qu’elle recèle ; l’imagination se nourrit de ce modeste embroussaillement du monde, et fait le reste.
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Voilà j’y suis : être enviée, enviable, désirée ou désirable (on fait ce qu’on peut) est devenu mon obsession.
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Autrefois il y avait cette horrible injure que l’on n’entend plus guère : « Mal baisée ». « Celle-là, quelle mal-baisée… » Le coup portait bas tant le sous-entendu était graveleux, tant les vagins relevaient du corps social : sur cette fente pourtant mal connue, chacun pouvait y aller de son commentaire. Lequel partait toujours dans le même sens : si mal baisée elle paraissait, c’est que l’impétrante l’avait bien cherché.
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Car on ne nous le répétera jamais assez : puisque nous pouvons, nous devons… Le pire étant que nous nous sommes nous-mêmes porté le coup de grâce : l’exigence de la perfection.
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Dans les familles, la victime est, en tant que messagère de l'existence du mal, reconnue coupable de l'avoir fait apparaitre quand l'entourage refusait de le voir. Aussi est-elle sacrifiée, chez Christie, pour que la vérité devienne factuelle et la malveillance irréfutable. Mais le sacrifice n'est pas vain: il permet que soient révélées, et donc réparées, les autres petites morts, blessures physiques, symboliques ou psychiques qu'engendre tout processus de destruction.
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Conséquence inexorable, selon Christie: la famille est le royaume des duplices, du pain bénit pour les pervers, un terrain de choix pour les prédateurs. Moins l'entourage est lucide, plus les manipulateurs sont puissants.
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La question de voir, la clairvoyance en d'autres termes, est au cœur des romans d'Agatha Christie autant qu'intrinsèquement liée à la famille. On y voit sans voir, pour paraphraser l'écrivain Charles Peguy qui écrit en 1910: «Il faut toujours dire ce que l'on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit.»
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Pourquoi l'entourage, bien que conscient de ce qui se passe, ne réagit-il pas? «Voilà des années que nous ne cessons de nous répéter: "Cette existence ne peut continuer ainsi!" Et rien ne change!» (Rendez-vous avec la mort, 12) Agatha Christie excelle à décrire la mise en place d'emprises toxiques, processus de domination sournois qui paralyse un foyer, toute une lignée parfois. Nombre de ses intrigues relatent des meurtres, mais plus fréquemment encore des humiliations et malveillances de toutes sortes, rendues possibles et demeurées impunies parce que tous sont soumis à la tyrannie d'un seul.
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