#SalonDuLivreDeMontreal #slm2022
Sonia K. Laflamme présente Enquêtes sur mesure
Après un moment d’hésitation, les doigts du garçon glissèrent sur les poils soyeux. L’animal changea aussitôt de position et s’abandonna aux caresses, ronronna, le corps transporté par de si douces attentions. À deux mains, le gamin explora le pelage du chat, qui se laissait cajoler. Une pensée diabolique traversa son esprit. Ses prunelles s’assombrirent, son sourire devint énigmatique. Une idée funeste germa en lui. Avec plus de force, ses doigts encerclèrent la gorge du chat soumis.Faire mal... Enlever la vie...
L'or était toujours là et les prospecteurs, titulaires ou simples ouvriers, s'évertuaient encore et toujours à le chercher...
Les seuls qui n'avaient pas changé étaient les corbeaux qui, perchés sur l'enfilade de corniches des saloons et des hôtels, ne se lassaient pas de faire entendre leurs lugubres croassements.
Marjorie Fortin et Béatrice Demers partageaient deux cours ensemble: histoire et éducation à la citoyenneté, en plus de celui de science et technologie. En ce jour 3, elles devaient donc se côtoyer d’un peu plus près puisque les matières en question figuraient à leur horaire.
Elles s’aperçurent de loin, dans le long corridor de l’aile C. Marjorie se trouvait déjà près de la porte du local d’histoire. Elle fit aussitôt mine de chercher quelque chose dans son fourre-tout. Quant à Béatrice, elle ralentit le pas, le regard fixé sur sa rivale, optant pour une démarche fauve qui attira une fois de plus l’attention des garçons.
La première cloche sonna. Aucun professeur en vue, hormis ceux des autres classes. Le couloir se vidait peu à peu des élèves. La deuxième cloche retentit. Pas de prof, pas de suppléant, pas de secrétaire ou de directeur. Les choses s’annonçaient bien, semblaient dire les larges sourires des élèves du cours d’histoire. Ils auraient droit à une période de congé. Pour la forme, ils attendirent encore un peu.
— Tiens, voilà le retardataire, souffla Béatrice, déçue.
Des soupirs accueillirent l’annonce. Le professeur déverrouilla la porte du local sans regarder les élèves. Il entra, plaça ses effets sur son bureau et annonça, comme si de rien n’était, la matière à l’étude pour les soixante-quinze prochaines minutes. Marjorie repensa alors à Simone Bouvier et à son attitude méprisante. Pourquoi les professeurs se croyaient-ils tout permis? Pourquoi n’étaient-ils pas capables de s’excuser, de montrer davantage de politesse?
— Il faudrait demander au futur représentant de quatrième qu’on oblige les profs à justifier eux aussi leur retard, proposa Béatrice à haute voix. Comme nous on est obligés de le faire…
Le professeur lui décocha une œillade vexée.
— Excellente idée! s’écria un garçon.
— J’appuie à cent pour cent! renchérit un autre.
La vengeance demande une trempe spéciale... On ne doit jamais douter ou regarder en arrière. Il faut avoir le cœur sec, tari de tout sentiment. Sinon, l'autre a toujours de l'emprise sur nous. Il a une longueur d'avance. Il a gagné une fois de plus.
Posséder de l'or au point de ne plus savoir qu'en faire... A quoi cela servait-il donc? L'important n'était-il pas de bien vivre ?
Claire saurait enfin qu'elle avait affaire à un poltron, à un bonimenteur de la pire espèce. Alors les sentiments qu'elle éprouvait à l'égard du traître s'envoleraient pour de bon. Il ne pouvait en être autrement. Ce n'était qu'une question de temps. Et c'est l'or qu'il ne se mettait pas dans les poches qui finirait par perdre Jacques Desmet.
Une vieille ou une jeune, une veuve ou une vierge, après tout, où était la différence ? Il ne voulait pas d'enfants, de toute façon. Il préférait garder l'argent pour lui seul. Il ne cherchait même pas un corps pour assouvir ses pulsions. Les seuls besoins qui l'habitaient, c'était de jouer et de dépenser de l'argent.
L'or faisait rêver plus que jamais ceux qui le touchaient et le caressaient sans le posséder.
Au Klondike, le vol était l'un des crimes les plus mal vus. Personne ou presque ne s'y adonnait. Ce qui le confortait dans l'idée de ne pas abuser des bonnes choses de la vie et de ramasser l'or dans la poche des autres, petit à petit.
On ne fait pas d'omelette sans casser d'œufs, jouai vert!