Son bras passe autour de mes épaules et comme un enfant apeuré, je me blottis contre elle.
— Bien sûr que si, tu le peux.
— Je ne peux pas lui dire que j’aime les garçons.
Prenant conscience de mes mots, je tourne lentement le visage vers ma mère. Cette dernière me sourit tendrement, comme seule une maman sait le faire. Je ne vois aucun jugement dans ses yeux, aucune gêne ni aucune honte. Je n’en reviens pas d’avoir dévoilé mon secret à quelqu’un.
— Tu… Je suis désolé, je…
— Tu n’as aucune excuse à me faire. Tu ne dois jamais t’excuser d’être qui tu es.
Les larmes aux yeux, je lutte pour ne pas flancher.
— Je le savais, mais c’était à toi de me le dire et je suis contente que tu l’aies fait.
— Comment tu l’as su ? Est-ce que papa se doute aussi ?
— Tu es notre fils, on te connaît. Ton père t’aime aussi.
Je laisse mes larmes couler et me blottis au creux de ses bras, le visage contre son épaule. Elle m’embrasse la tête et me chuchote une seconde fois qu’elle m’aime.
— Je suis amoureux de Riley, avoué-je douloureusement.
— Je sais, mon chéri, je sais.
— Ne dis rien à personne, d’accord ? Tu me le promets ?
— Je te le promets. Ce n’est pas à moi d’en parler, de toute façon.
— Merci.
Nous restons un long moment enlacés à regarder l’océan et écouter le bruit des vagues. Je ne sais même pas l’heure qu’il est quand nous retournons au camping, mais je suis au moins soulagé d’un poids. Mes parents m’aiment et c’est tout ce qui compte.
— Riley, si ça t’amuse, je te le dis tout de suite, ce…
Ce que j’espérais depuis tant de temps se produit enfin. Riley scelle nos lèvres. Mon cœur manque d’exploser, mon estomac effectue un grand huit sensationnel. Sans trop savoir quoi faire, je pose mes mains sur ses hanches et réponds à la pression qu’il exerce sur ma bouche. S’il me lâche maintenant, je crois que je vais m’évanouir. Ses doigts glissent sur mon cou tandis que sa langue me réclame l’accès. Je le lui accorde tout en espérant qu’il ne comprenne pas que je suis novice dans ce domaine. Je le laisse mener la danse, jusqu’à ce que nous nous séparions, tous les deux à bout de souffle.
Son front contre le mien, les yeux clos, il respire aussi rapidement que moi. Je passe ma langue sur mes lèvres comme pour y récolter la moindre preuve de ce qu’il vient de se passer et me mets à sourire comme un idiot. Riley Newman vient de m’offrir mon premier baiser et c’était magique.
La Formule 1 est un sport dangereux, tout le monde le sait. Même si les voitures et le sport en lui-même ont évolué, le risque est bel et bien présent. Mais si un pilote commence à avoir peur, autant poser le volant et prendre sa retraite. La peur est notre plus grand ennemi. Si nous la laissons nous guider, nous sommes foutus.
Devoir faire un coming out, que l’on soit homosexuel, lesbienne, bisexuel, transsexuel, peu importe, devrait être éradiqué depuis longtemps. Nous sommes humains avant tout et notre sexualité ou notre genre ne devrait pas avoir d’importance. Personne ne devrait craindre les conséquences d’être soi-même.
Je reconnais bien le combattant en lui. Impossible de retenir des hommes comme nous. Nous sommes faits pour la vitesse. Nous vivons pour les courses. Nous en priver serait comme nous retirer notre liberté et nos ailes.
Comment lui dire que tout le monde part un jour et que je ne sais pas si je suis prêt à prendre ce risque à nouveau ?
Il est impressionnant, mais il n'est pas méchant. C'est plus un ourson qu'un grizzli quand on le connaît.
Si la maladie m’a appris quelque chose, c’est que chaque seconde, chaque geste, chaque parole compte.
Personne ne devrait craindre les conséquences d’être soi-même.