Une lecture agréable et instructive !
Mes connaissances en matière de préhistoire et d' homininés se résumaient à un grand point d'interrogation.
Longtemps j'ai eu cette image d'un homme qui tire sa femme par les cheveux, c'est caricatural mais je n'en étais pas loin et alors vient une question : pourquoi ?
Était-il un grand sauvage ?
Était-elle une femme insoumise ?
Où y-avait-il une autre raison ?
C'est ce que nous explique Sophie Archambault de Beaune dans Préhistoire intime Vivre dans la peau des Homo sapiens diverses expertises entrent en jeu, tout demande mûre réflexion et parfois une inattendue aide extérieure apporte la réponse. Comme avec le potier car certains gestes sont ancestraux.
Le principal est de ne pas avoir d'à priori et d'ouvrir la porte à tous les possibles. L'interprétation des empreintes par les visiteurs de la tribu San du Kalahari en Namibie, le prouve.
Préhistorien ? Préhistorienne ? Depuis, en gros, le début du vingtième siècle, ces dames ont leur mot à dire et les rôles ne sont plus attribués de la même manière, et si il y avait eu des chasseuses et des guerrières certaines tombes tendent à le laisser envisager.
Et les enfants que faisaient-ils ? Avaient-ils des jouets (aucune console en vue) alors tout ce petit monde vivait groupé. Les enfants apprenaient en regardant faire, en imitant les adultes, c'était un long apprentissage.
Sophie A. de Beaune nous livre un ouvrage ambitieux puisque tous les thèmes sont traités :
Le corps, les sens, les émotions, la mort, ce qui amène à tout un tas de suppositions et l'envie d'en savoir plus. Personnellement, je compte faire bon usage de l'importante bibliographie.
Merci à La collection Folio histoire et à Babelio pour cette incursion en territoire inconnu.
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Les stéréotypes que nous partageons sur la préhistoire nous ont été véhiculés par l'archéologie et la paléoanthropologie nées au XIXe siècle, avec leurs propres projections des rôles genrés renforcées par l'absence des femmes exerçant ces disciplines, et souvent par un sentiment d'altérité par rapport à cette « proto-humanité ». Sophie Archambault de Beaune renverse doublement cette perspective : en étudiant les vestiges « infimes » de « l'intime », elle constate que, dans la période du Paléolithique supérieur (entre 40.000 et 10.000 ans avant notre ère) mais souvent même auparavant chez les Néandertaliens, Sapiens possédait des traits très semblables aux nôtres ; aptitudes cognitives comparables, présence de vêtements cousus et adaptés aux corps, pratiques funéraires, soins prodigués aux personnes physiquement diminuées, technicité dans les gestes précis nécessaires à la production des outils. Par conséquent, tout comme chez nous, les cultures s'étaient épanouies dans une grande diversité, qui rend peu plausibles les « grands systèmes », les généralisations sur les modes de vie à l'instar des théories d'Alain Testard. Si la division du travail et sa spécialisation sont attestées, comme le démontrent les marques squelettiques, il est peu crédible que nulle part les femmes n'aient pratiqué la chasse ni n'aient fabriqué d'outils... Les micro-traces content de micro-histoires différentes selon les sites. Le paysage qui se dégage du livre fait beaucoup plus de place que d'habitude aux femmes et aux enfants, aux corps, à leurs gestes et usages, mais la prudence s'impose sur l'interprétation des vestiges qui indiquent jusqu'aux sentiments qui paraissent les plus universels, tels l'amour maternel et la compassion. Du reste, même les inhumations des morts, longtemps prises pour l'emblème de l'accession à l'humanité, étaient sans doute des pratiques extrêmement minoritaires, concernant peut-être des individus spécifiques, et très diverses. On se gardera d'autant plus des « grandes interprétations » des statuettes très majoritairement féminines, aussi bien féministes (faisant suite à Marija Gimbutas) que celles de leurs détracteurs. C'est avec la même prudence que sont considérées, au cas par cas, les analogies venant des données ethnographiques venant des sociétés contemporaines de chasseurs-cueilleurs.
En conclusion, la réfutation des grandes généralités et la prudence méthodologique équivalent ici à la prise en compte des nuances, et non à l'impossibilité de s'exprimer sur un très vaste domaine de la vie quotidienne de nos aïeux : en effet les découvertes récentes et les nouveaux moyens techniques ont permis des avancées considérables dans l'interprétation de données archéologiques déjà relativement abondantes.
Table
Introduction
Qu'est-ce qu'un être humain ?
Comment est-on passé d'un forme préhumaine à une forme humaine ?
Une commune humanité
Chap. I. Sains de corps et d'esprit
Les anciens Homo sapiens nous ressemblaient-ils ?
De la fourrure aux vêtements
Portant parure
Corps malades, corps blessés, corps handicapés
Chap. II. Gestes et postures du corps
Les gestes techniques
Les postures du corps
Le corps en mouvement
Chap. III. Le corps au travail. Qui faisait quoi ?
Préjugés tenaces et comparatisme ethnographique
De l'origine de la diversification sexuelle des tâches
Des aires d'activité spécialisées dans l'habitat
Ce que révèle le mobilier d'accompagnement dans les tombes
Comment le travail marque le corps
Et que font les enfants ?
Chap. IV. Voir, entendre, sentir, toucher
Le toucher
La vue
L'ouïe
L'odorat
Le goût
Chap. V. Aimer, entourer, protéger
L'amour maternel
L'empathie et la compassion
L'attachement à des animaux
Chap. VI. Le corps mort
Quelle était l'espérance de vie ?
Controverses sur l'origine des pratiques funéraires
Quand Homo sapiens enterre ses morts
Fragments de corps, corps fragmenté
Chap. VII. L'image du corps
Des "Vénus" stéatopyges aux adolescentes prépubères
Une sous-représentation des hommes et des enfants
Le corps en morceaux
Scènes narratives ou hasard des superpositions ?
Conclusion
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Ce que ce livre n'est pas: un bilan de nos connaissances sur la préhistoire.
C'est une réflexion sur la manière de construire le savoir dans cette discipline à la frontière des sciences dures (par l'utilisation qu'elle fait de techniques physiques et chimiques) et des sciences historiques, non réplicables.
L'auteur montre que les faits eux-mêmes ne sont constitués comme faits qu'au terme d'un travail interprétatif et que dans cet établissement même, quelque chose de narratif est déjà présent. L'observation la plus "scientifique" est déjà une interprétation. D'où la nécessité d'une grande prudence dans les interprétations que nous donnons.
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Il s'agit d'une tentative de mieux comprendre comment l'homme préhistorique a réellement vécu la vie, plus particulièrement l'Homo sapiens entre 40 et 10 000 ans avant nos jours. Ce choix n’est pas fortuit, car c’est l’espèce à laquelle nous appartenons, et dont nous avons aussi le plus de traces, bien plus que celles des Néandertaliens par exemple. De Beaune reconstitue comment l'homme des premiers temps expérimentait le monde, comment il se déplaçait, à quel point il était maniable, quelle répartition des rôles selon le sexe ou l'âge, etc. Tout cela est très intéressant et minutieusement étudié, mais le récit de de Beaune est plutôt sec, avec de longues listes de preuves (principalement françaises). Et sa principale conclusion est que nous en savons beaucoup trop peu pour pouvoir faire des déclarations avec certitude. Je suis désolé de le dire, mais je n’ai pas acquis une véritable image de l’expérience existentielle intime d’Homo sapiens. Note 2,5 étoiles. Plus dans mon compte Historique sur Goodreads : https://www.goodreads.com/review/show/5556154513
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Un grand merci à Babelio, avec sa Masse Critique et aux éditions Folio Histoire qui m’ont permis de découvrir un très joli livre.
Et oui, j’ai beaucoup aimé ce livre, au contenu plus qu’intéressant !!
Sophie A. de Beaune, archéologue, grâce à son approche, a su me faire rentrer dans cette lecture dans laquelle j’ai énormement appris. On y aborde la vie quotidienne des familles durant la préhistoire à travers l’histoire des corps, sains, malades, en mouvements, au travail, posés, vêtus,
Mais aussi via les sentiments, l’amour, la vie, la mort, la famille …
A la base, je ne lis pas beaucoup sur ce sujet, mais là, j’ai vraiment été happée !!
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Je remercie tout d'abord Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce livre à l'occasion de la dernière Masse Critique.
Je me suis prise de passion pour la préhistoire après avoir commencé à lire les romans de Jean Auel, de la saga "Les enfants de la terre". C'est ce qui m'a donné l'envie de me tourner vers des livres plus "sérieux" pour en apprendre davantage sur cette (très longue) période.
Sophie A. de Beaune s'est concentrée sur la vie des hommes, femmes et enfants ayant vécu en Europe entre 40.000 et 10.000 ans avant nous, pour être certaine de disposer de suffisamment d'éléments archéologiques pour nourrir ses réflexions et son récit.
Dans l'avant-propos, elle précise pourquoi et comment elle a choisi de s'intéresser à la partie invisible, c'est-à-dire le ressenti, les perceptions.
Dès l'introduction, j'ai été passionnée par la manière dont elle rappelle et explique les évolutions successives, notamment au niveau physique, les conséquences d'un changement d'alimentation, les modifications du squelette entraînées par la position debout...
Ensuite, les différents chapitres m'ont réservé de passionnantes révélations, comme le fait qu'ils étaient souvent bien plus grands qu'on ne l'imagine, les pratiques funéraires, les traces des enfants, la répartition des tâches entre hommes et femmes, le rôle des femmes dans le développement du langage et de la vie sociale...
Une lecture passionnante, qui m'a d'ailleurs donné envie de lire les précédents livres de l'auteure.
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Très bel ouvrage pour un béotien comme moi, récemment contaminé par le virus de la préhistoire; il permet un passage en revue de l'ensemble de ce sujet, des premiers hommes à la vie sociale des sapiens. Je recommande aussi pour les illustrations, et notamment les cartes, qui permettent de situer efficacement et sans chichis les grands événements évolutionnistes.
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Savant mais très accessible grâce à une écriture simple et fluide, ce livre ne vise pas d'abord à nous faire connaître les théories actuelles de la préhistoire mais à porter un regard critique sur ces théories.
Un exercice très salutaire pour qui, comme moi, s'intéresse à ce sujet sans bagage scientifique suffisant pour mettre en doute certaines interprétations de spécialistes, attitude pourtant nécessaire comme le démontre cet essai passionnant.
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L"auteure se livre ici à une profonde réflexion sur le métier de préhistorien, son travail, ses modes de réflexions et sur nos connaissances dans ce domaine....Un très bon essai !
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Cet ouvrage n'est pas un livre de vulgarisation scientifique, comme je le pensais, il s'adresse plutôt à des gens connaissant bien le sujet, voire même à des étudiants ou des chercheurs. Je n'ais donc pas compris grands chose au livre que je n'ai pas fini.
Je suis donc toujours à la recherche d'un livre traitant du même sujet mais pour le grand publique suggestions bien venu...
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Très bel ouvrage magnifiquement illustré.
Il fait un point sommaire mais complet sur nos connaissances actuelles, mais ce qui est rare avec beaucoup d'humilité. A ce titre l'avant propos est particulièrement instructif.
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Le 1er chapitre est instructif, les autres sont pour les spécialistes.
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Comme d'habitude, les éditions Belin nous gratifient d'un bel ouvrage luxueux très illustré.
J'ai retrouvé dans ce livre l'essentiel de ce que je connaissais et même un peu plus sur quelques techniques d'investigations propres à la paléontologie ou l'archéologie, ce qui en fait un ouvrage de premier choix pour les jeunes étudiants passionnés par la préhistoire (tranche 15-21 ans) et bien sûr un bon livre de synthèse pour les adultes.
Toutefois, j'ai été déconcerté par le plan du livre et son niveau de détails. Bien qu'il cite pratiquement toutes les espèces au fil des différents thèmes qui progressent chronologiquement de l'invention des outils à la vie spirituelle, il ne passe pas les espèces en revue de manière systématique dans un chapitre dédié à chacune d'elle mais traite plutôt la préhistoire par thème ou époque en faisant l'impasse sur beaucoup de sujets.
Malgré l'épaisseur de l'ouvrage, il ne décrit pas vraiment chaque espèce de manière détaillée (les photos et dessins prenant assez bien de place) ce qui m'a laissé sur ma fin. Par exemple il résume nos connaissances de nos plus anciens ancêtres A.ramidus, Orrorin et ToumaÏ en seulement 3 petits paragraphes. Certes, on sait peu de choses, mais même en tant qu'amateur j'en dis beaucoup plus sur mon site Internet sur base de la littérature scientifique. L'auteur aurait donc pu faire beaucoup mieux.
S'il décrit bien l'homme de Florès par exemple, il passe sous silence le problème de l'accès à l'île par la mer à son époque qui est pourtant une question cruciale.
A mon sens, ce livre insiste aussi trop longuement sur les singes (chimpanzé et gorille) qu'il aurait pu traiter en quelques paragraphes et approfondir les sujets traitant des homininés.
Donc je considère cet ouvrage comme utile car le texte est bien rédigé et les illustrations modernes tenant compte des reconstructions les plus récentes, mais il laissera sans doute l'amateur averti insatisfait.
Ceci dit, c'est l'un des rares livres aussi (relativement) complet et récent sur le sujet écrit en français. Il va donc par la force des choses vite devenir un incontournable mais sans doute pas une référence.
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Un très bon ouvrage pour découvrir la préhistoire. Clair et concis, il va à l'essentiel.
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J'ai beaucoup apprécié cet ouvrage.
Ouvrage remarquable. Simple, clair, bien écrit.
Récent, et cela trouve son importance justement en le lisant.
En plus de l'apparition des différentes espèces d'hominidés, on y apprend également l'histoire de la paléontologie, des techniques de datation, les méthodes utilisées pour déterminer des connaissances à partir des observations effectuées, des éléments culturels à leur égard.
Doté de nombreuses illustrations.
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Madame de Beaune raconte la vie des hommes pendant la période allant de -40 000 ans à -10 000 ans. Elle évoque leur cadre naturel, puis leur quotidien avec des développements sur la domestication du feu, l'artisanat, la chasse, la pêche, la cuisine, l''habitat etc.. .La fin du livre est consacrée aux pratiques funéraires, artistiques, sociales et familiales. C'est une sorte d'encyclopédie, intéressante car concrète et pratique.
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Ouvrage très clair et documenté qui nous replonge dans l'évolution des origines de l'homme, à un moment de notre compréhension du moins (l'ouvrage date de 2009), des découvertes surgissant presque chaque mois.
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In très bon livre pour s'initier à la préhistoire. Des textes courts et concis,bien illustré.
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