Citations de Sophie Fischer (12)
Je suis Jack O’Lantern !
Affreux, visqueux, gluant.
J’habite dans un cimetière
Avec des morts-vivants.
- Quel adorable lit ! soupira Jack, pendant que Niamh se tournait vers la table de chevet. Tu serais tellement jolie, endormie dessus !
- Ce qui signifie que je ne le suis pas, lorsque je suis éveillée ?
- Eh bien, moins, en effet.
- Merci de ta franchise.
- Je t’en prie.
Ah, « pourquoi moi » ! La grande question, celle que Niamh entendait dans toutes les bouches chaque fois qu’on parlait de fantômes. D’ordinaire, elle était posé par les morts : ces derniers avaient bien du mal à accepter leur décès et reprochaient leur malchance à la terre entière. Elle avait répété à outrance qu’elle l’ignorait, qu’elle compatissait, que ce n’était pas sa faute - certains avaient tendance à se montrer un tantinet agressifs - mais ce n’étaient peut-être pas les bonnes réponses. Peut-être était-ce simplement le destin ? Ou bien l’heure, qui avait sonné. Tout le monde devait bien mourir un jour ou l’autre. Certes, ce n’était pas juste, ni pour le défunt ni pour ceux qui devaient supporter son absence, mais c’était ainsi.
La lune en croissant brillait au-dessus d’eux, comme si le chat du Cheshire observait leur progression, hilare.
Devant eux, une colline ronde comme un ballon s’élançait sans motivation vers le ciel.
Ses iris flavescents envahirent son espace. La pression de ses doigts sur son cou se fit plus insistante, mais l'hypnose la troublait tant qu'elle ne parvenait pas à y échapper. Tu es si belle quand tu es morte !
Zenaline sourit. Ce n'était pas tout à fait ce qu'elle avait imaginé quand Stigr lui avait dit de demander le secours du capitaine Estrelaint. Elle avait cru qu'elle ne sarait que passagère et qu'on l'accompagnerait jusqu'à Danalim, que l'elfe sévère chercherait le cirque avec elle. Au lieu de cela, elle se retrouvait mousse sur une corvette de guerre et elle devait se débrouiller sans aide une fois sur place.
Les esclavagistes avaient dû les repérer dans les rues de Sihnasayr, quand ils avaient exécuté leurs numéros devant les passants pour les inciter à venir aux représentations. Les spectateurs s'amusaient de la diversité des gens du cirque. Dans une ville aussi grande que Sihnasayr, qui accueillait des saltimbanques en toute saison, on ne pouvait se permettre de cacher les non-humains de la troupe. On devait les exhiber. Tihinghas avait toujours détesté agir ainsi, mais il fallait bien vivre et donc attirer les foules. Ils auraient dû se montrer plus prudents...
- Désormais, ce sera ton nom de superhéroïne : Banshee. Nous avons Jack O'Lantern, et puis Dullahan et Sluagh. Maintenant, voici Banshee, c'est logique.
- Je ne veux pas être une créature qui beugle au bord des routes la nuit, merci, rétorqua Ann.
- Désolée, mais il faut rester dans le thème.
Le verre explosa et les créatures rugirent. Elles étendirent leurs membres tous neufs, s’ébrouèrent
dans le vent mugissant et partirent à la conquête de ce monde nouveau. Niamh ne les contrôlait pas
encore.
Le Nibel corrompait les esprits, rendait fous ceux qui le respiraient, quand ses terribles habitants ne massacraient pas simplement les pauvres hères qui se laissaient prendre au piège. Il empêchait toute entreprise vers la surface du monde depuis des décennies, peut-être même des siècles. Le Nibel et ses créatures jaillies des cauchemars. Vague après vague, il fallait patienter, observer les mouvements du ciel, guetter les signes appelant à s’engager sur les routes ou, au contraire, à se hisser sur les plus hauts sommets pour se préserver.