Sophie Horvath

Clémentine ferma le rideau sur son avenir tout tracé, fourra son diplôme tout neuf au fond d'un tiroir dont il ne ressortit plus jamais et se mura dans sa peine et son humiliation. Avec un peu de complaisance, dirons-nous, après tout ce n'était pas si grave et tellement banal, un chagrin d'amour, mais le premier, tout de même, soyons indulgents et considérons que le passif de contrariété était déjà assez vaste. Probablement était-ce la goutte d'eau sur un trop-plein de tristesse, une accumulation de frustration. Toujours est-il que la chute fut brutale et longue. C'est pourquoi elle abandonna en même temps que toutes ses illusions romantiques une probable carrière juridique et devint fleuriste. Il y a des dépressions qui finissent plus tragiquement.

Il se tourne vers elle, ce qui a pour effet de la figer intantanément. Un lapin pris dans les phares d'une voiture.

"La seule chose importante, c'est de ne pas s'y perdre, sous prétexte de suivre ses convictions à fond ou de tout faire à n'importe quel prix pour que ses enfants soient heureux. Ne pas s'oublier, ne pas disparaître, ne pas se cacher, ne PLUS se cacher (...). On ne peut pas faire de nos enfants notre unique raison de vivre, c'est un bien mauvais service à leur rendre."