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Critiques de Stacey Halls (584)
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Les Sorcières de Pendle

Parfois, il y a un tel décalage entre les attentes préalables à une lecture et la réalité de son contenu que cela crée une déception importante. Ce roman qui, sur le papier, avait tout me le faire apprécier, m'a au final souvent agacée.



Le contexte historique est passionnant : le procès des sorcières de Pendle en 1612. C'est le plus célèbre de l'histoire anglaise, le plus documenté aussi grâce au greffier de la cour Thomas Pott qui a tout consigné dans un ouvrage complet. Le tout dans un comté de Lancashire, considéré à cette époque comme une contrée sauvage à la population farouche peu encline à se plier à l'anglicanisme d'Etat que le nouveau roi Jacques Ier promeut. Stacey Halls survole tout l'aspect historique, sacrifiant même le procès en lui-même, à peine évoqué ( et de façon plutôt confuse ). En fait, il y a plus de sorcières dans le titre que dans le récit lui-même. Ce manque de profondeur m'a profondément frustrée.



Si l'auteure s'est inspirée du procès de Pendle, si tous les personnages de son roman ont existé , elle a fait un choix très clair, celui de centrer son roman sur la vie conjugale de Fleetwood Shuttleworth, très jeune châtelaine de dix-sept ans, par le regard duquel toute l'intrigue est vue. Elle en fait une héroïne à la Catherine Morland ( Northanger Abbey, Jane Austen ) avec laquelle elle partage l'âge, l'impétuosité innocente ainsi que de épreuves à affronter.



Pourquoi pas ? Sauf que son héroïne est beaucoup trop moderne dans ses réflexions souvent anachroniques presque post metoo. Et puis, son attitude invraisemblable m'a détachée d'elle : alors qu'elle a déjà fait trois fausses couches tardives et qu'elle est enceinte à nouveau, alors qu'elle risque de tout perdre (enfant et mari ) si elle ne mène pas cette grossesse à terme, elle parcourt à cheval la campagne avec l'aval de son mari, n'arrête pas de tomber et s'agite dans tous les sens pour sauver sa sage-femme accusée de sorcellerie qu'elle ne connait que depuis quelques semaines ! De plus, l'épilogue cinq ans plus tard est bien lourdaud et n'apporte rien à l'intrigue initiale.



Le personnage qui aurait pu être vraiment intéressant, c'était justement la sage-femme, Alice Gray, seule des accusées du procès à être innocentée. Ce personnage est sacrifié, inconsistant, seulement caractérisé par un certain calme et son expertise dans les plantes médicinales. A l'arrivée, on a l'impression de ne pas connaître ni comprendre ce personnage bien falot. C'est d'autant plus frustrant que l'auteure a un certain talent pour peindre l'incertitude de la condition féminine au XVIIème siècle, mettant tout particulièrement en lumière l'angoisse liée à la maternité, que celle-ci ne vienne pas et menace l'existence même du mariage, ou que celle-ci se termine par la mort de la mère en cas de complications.



Bref, ce roman n'était pas pour moi ...



Lu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée
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Les Sorcières de Pendle

A dix-sept ans et après trois fausses couches, Fleetwood Shuttleworth, l’épouse du maître de Gawthorpe Hall, à Pendle dans le Lancashire, désespère de mener à bien sa quatrième grossesse. Elle s’attache les services d’Alice Gray, jeune sage-femme experte en plantes médicinales, bientôt accusée de sorcellerie en même temps qu’onze autres femmes de Pendle. Persuadée de mourir en couches sans l’aide d’Alice, Fleetwood n’a plus qu’une obsession : sauver la jeune femme de la pendaison, en intervenant lors du vaste procès pour sorcellerie qui s’ouvre à Lancaster en cette année 1612.





Parmi les plus célèbres d’Angleterre, ce procès pour sorcellerie est inhabituel par le nombre – onze - des sorcières exécutées en même temps. Il s’inscrit dans un contexte général de chasse aux contestataires religieux, lancée par un Jacques 1er soucieux d’imposer l’Église anglicane, et à ce point préoccupé par la sorcellerie qu’il a lui-même écrit un ouvrage incitant à pourchasser ses adeptes. Restées dans les mémoires, les sorcières de Pendle ont, depuis, largement inspiré la littérature, suscité récemment quelques pétitions pour leur réhabilitation, et font aujourd’hui le bonheur de l’activité touristique et de l’industrie du souvenir locales…





Si Stacey Halls a le mérite de nous faire découvrir ces événements du 17e siècle en Angleterre, elle s’en est toutefois si librement inspirée qu’on en reste largement sur sa faim sur le plan historique. Faute en est à la narration totalement centrée sur le personnage imaginaire de Fleetwood, dont les préoccupations sentimentales et procréatrices occultent presque tout le reste. A la fois bien trop moderne et d’un cruel manque d’épaisseur qui finit par la rendre exaspérante de naïveté, elle fait du récit une romance trop inconséquente et simpliste, qui, non contente de rejeter sa thématique historique à l’arrière-plan, crée une dérangeante sensation d’anachronisme. Reste un texte fluide et agréable, sans grande originalité de style, qui, après la lenteur de sa première moitié, s’anime des tentatives de son héroïne d’empêcher l’inéluctable, avant une conclusion sucrée à souhait.





Cette exploitation très légère et romanesque d’une thématique dans le vent séduira davantage les amateurs – à vrai dire, plutôt les amatrices ? -, de romance que de roman historique. Une déception pour ma part, qui m’aura néanmoins fait découvrir l’existence d’un intéressant fait d’histoire.





Merci à Babelio et aux éditions Pocket de m’avoir offert cette lecture.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'orpheline de Foundling

Un roman aussi beau à l'extérieur qu'il est agréable à l'intérieur...



On est en 1748, à Londres et nous allons suivre les pas d'une jeune vendeuse de crevettes au marché. Au cour d'une très bréve relation, elle tombera enceinte et n'aura d'autres choix que d'abandonner sa fille aux bons soins de l'orphelinat de Foundling. Si elle souhaite la récupérer, il lui "suffira" de payer le montant des frais de pension de son arrivée jusqu'à son départ. Une somme colossale pour Beth, qui mettra six ans à avoir quelques sous de côté, mais quand elle arrive à la grande surprise de tout le monde, dés le lendemain de son arrivée le bébé a été retiré par... elle-même !

On est six ans après, et Bess va se faire engager comme nurse chez une riche veuve.

Deux femmes, deux mères et un gouffre entre elles en terme de possessions matérielles, en terme de chaleur humaine aussi, seront nos narratrices...



Ce qui frappe dés le départ avec ce roman, c'est la grande qualité des descriptions, on s'y croirait dans ce Londres du XVIII siècle ! Ses rues malodorantes, ses dangers, sa misère, la difficulté à gagner quelques piécettes, cette maison si bien chauffée, les domestiques, l'homme dont le métier est de vous éclairer la nuit avec une torche, lorsque vous rentrez chez vous...



Et la deuxième, c'est l'immense différence entre le monde des nantis et ceux qui n'ont rien... La précarité dans laquelle se trouve Bess, le fait d'accoucher le matin et de devoir dans l'après-midi, marcher, se rendre à l'orphelinat. Les Noirs qui ne sont pas esclaves et qui tremblent à l'idée que leurs enfants seuls dans la rue, soient carrément enlevés , comme on cueuille une mauvaise herbe, pour être placés comme domestiques gratuits...

Ce monde était cruel pour les plus faibles, il faut être immergés dans un roman comme celui-ci pour en saisir tous les dangers.

Mais c'est aussi , un roman très agréable à lire, car l'histoire est belle.

Je ne faisais pas partie des lectrices qui avaient aimé Les Sorcières de Pendle, tout en reconnaissant à son autrice de grandes qualités pour nous immerger dans une époque, j'ai beaucoup aimé L'orpheline de Foundling, ce que ça raconte .

Saluons également le travail de Lucy Rose Cartwright, la beauté de ces illustrations qui reprennent tous les détails de cette jolie histoire .
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L'orpheline de Foundling

Le roman commence en 1748 dans les rues de Londres. Bess est marchande de crevettes et son père vend aussi du poisson sur le marché.

Elle est très jeune et tombe sous le charme d'un marchand qui vend des os de baleines et semble bien à l'aise financièrement.

Elle aura une aventure en coup de vent ou coup de sang sous un porche avec lui. Ce qui n'empêche qu'elle est enceinte et doit abandonner son bébé à l'orphelinat de Foundling où elle se rend en compagnie de son père qui ne semble nullement fâché.

Elle est certaine qu'elle viendra rechercher le bébé, une fille dès qu'elle le pourra.

Six ans plus tard, c'est ce qu'elle fait. Elle se rend à l'orphelinat mais l'enfant a disparu. Un dame qui a pris son identité est venue la rechercher le lendemain de sa naissance.

C'est sans compter sur la volonté de Bess qui retrouve la voleuse d'enfant , l'enfant et s'introduit dans leur entourage.

Il s'agit vraiment d'un roman historique avec les habitudes de l'époque, les marchands sur le port, l'immense différence entre ceux qui travaillent durement pour trois fois rien et les autres nantis.

Bess est une héroïne très sympathique, avec un caractère en béton.

Les descriptions de la ville m'ont fait penser à l'ambiance de "Miniaturiste" de Jessie Burton avec un thème différent, avec quelque chose d'un peu surnaturel.

Paru aux éditions Albin Michel, l'objet-livre constitue à lui seul un petit bijou. Chaque élément de la couverture rappelle un élément de l'histoire.

L'intérieur de la couverture, la présentation des premières pages sont vraiment très belles.

À la fin, l'auteure nous signale que le Foundling museum se visite de nos jours.

De même que pendant la lecture, elle nous renvoie à un portrait d'une marchande de crevettes au 18ème siècle, exposé à la National Gallery, peint par William Hogarth.

Il est intéressant à consulter sur Internet.

Une belle rencontre avec l'auteure Stacey Halls que je ne connaissais pas.

J'ai mis 4**** et non 5 car certaines scènes manquaient un peu d'intensité. le roman est néanmoins très bien écrit.
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La Nurse du Yorkshire

Début 20ème siècle, l'histoire de Ruby, nurse pour enfants dans des familles anglaises.

L'histoire est très agréable à lire, et assez prenante pour que les pages se tournent facilement.

J'ai beaucoup aimé l'histoire de Ruby, touchante et basée sur des faits réels.

L'histoire de la famille England aurait mérité plus de suspens...
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La Nurse du Yorkshire

Le roman commence à Londres en 1904.

Pour son deuxième emploi, Ruby May, jeune nurse formée dans une école renommée de Londres, entre au service de la famille England dans le Yorkshire.

Elle remplit ses tâches de façon exemplaire auprès des enfants et s'adapte très vite à cette ambiance austère près de la filature de coton de Monsieur England , ce patron qui apparaît extrêmement aimable avec tous.

Son épouse Lilian semble cacher un grand désarroi.

Petit à petit, Ruby ressent et voit des phénomènes étranges, rencontre un personnage bizarre.

C'est à ce moment que son propre passé va resurgir alors que jusqu'ici sa famille lui semblait exemplaire.

Nous passons d'une ambiance tout à fait anodine au départ à une autre progressivement beaucoup plus lourde.

Je me demandais d'ailleurs si un évènement allait se passer dans ce livre ou si nous n'étions que dans une description de situation même si l'écriture est très belle.

Très beau livre, bien écrit mais un peu lent dans la seconde moitié car je sentais bien une ombre planer mais laquelle?

La dernière page nous signale que l'histoire prend sa source dans un fait réel inspiré de Ruby Browne et de sa soeur à Londres en 1896.

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La Nurse du Yorkshire

"Atmosphère, atmosphère...", c'est ce qui ressort en premier de cette lecture, une parfaite immersion dans la campagne anglaise du début du XX ° siècle. Une atmosphère mystérieuse, étrange, un brin inquiétante...





1904.

Ruby May, est une jeune nurse diplômée d'une école très sélective et prestigieuse. Après le départ de la famille pour laquelle elle travaillait, à l'étranger, elle se voit proposer , par sa directrice, un seul poste, auprés de quatre enfants, dans le West Yorkshire, auprès de la famille England qui habite un manoir isolé en pleine campagne. Mr England y posséde une usine de coton.

Nurse, c'est un métier particulier : vous ne faites pas partie du cercle privilégié des maîtres, mais vous êtes au-dessus des domestiques, qui parfois vous le font bien sentir en n'étant pas très aimables...

Et seule, Ruby se sent dans cette maison où il reigne un climat particulier, la mère des enfants ne s'en occupe pas du tout.Presque tout le temps réfugiée dans sa chambre, elle est un peu fantomatique; seul le maître, a une interraction avec Ruby.

Mais elle adore les enfants dont elle a la charge...

Le temps passe, aucune lettre de sa soeur , avec qui elle est particulièrement liée, malgré le fait qu'elle envoie à sa mère la moitié de sa paye..

Mais loin de juger cette famille, Ruby sait que les familles , c'est compliqué et elle essaie de faire au mieux, de ramener la " normalité ", naviguant entre la famille et les "apports extérieurs", dont le percepteur du fils England, fiancé à une des domestiques de la demeure.





C'est un roman remarquable de part son côté historique parfaitement rendu. Extrêmement documentée, Stacey Halls nous immerge littéralement dans la campagne anglaise, nous fait visiter une usine de coton, nous parle des enfants qui y travaillaient, parfois au péril de leurs vies, de l'activité d'un ferronnier, de la vie dans une maisonnée, du rapport entre maitres et domesticité, des rapports de couple à une époque où l'homme était surpuissant. Mais surtout, elle raconte la position d'un enfant dans une famille riche, les liens étranges qu'il y avait entre eux et leur nurse, si familiers , et si distants lorsque l'heure était venue pour l'employée de dire au-revoir à la famille et de changer de lieu de travail. C'était assez particulier, comme un " petit deuil"... L'auteure nous raconte les jeux et activités qui occupaient ces chérubins, les filles qui n'étaient pas obligées d'aller à l'école, l'instruction qu'on leur donnait la position vulnérable des domestiques, obligés de se plier aux quatre volontés de leurs patrons, de courber l'échine, de dire toujours "oui, de ménager les suceptibilités. C'est très fin.



Roman remarquable aussi pour l'ambiance un brin gothique. le danger, la menace sont là, Ruby ne se sent pas bien, parfois psychologiquement, elle est coupée de sa famille, seule, Mrs England , visiblement, est instable. Les amateurs de sensations fortes, s'ennuieront sans doute, ce roman est lent, subtil, et du coup très réaliste.



Je n'avais pas spécialement apprécié Les Sorcières de Penddle, tout en lui reconnaissant d'immenses qualité historiques, et je suis contente d'avoir refait confiance à l'auteure pour m'embarquer ailleurs.

Entre secrets, manipulation, on peut dire que c'est un roman qui fait la part belle aux personnages féminins qui en ressortent grandis...

Trés réussi, cela ferait un film ou une série formidable, tant pour l'ambiance légérement menacante, la campagne anglaise, les belles maisons, un terrible secret, la nature, le côté social des usines de coton qui bousillent la santé des employés, les rapports dominants-dominés (couple/enfants/ domestiques ) et ce personnage de jeune nurse sérieuse , travailleuse, intégre...

J'ai pensé à Rebecca pour l'ambiance "mystérieusement toxique" de la maison (en plus léger) et à Nord et Sud (pour la visite de l'usine de coton).



Une auteure que je suivrai attentivement, désormais ...





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Les Sorcières de Pendle

En prenant ce roman, je m'attendais à des histoires de sorcières, à une immersion dans ce genre littéraire fantastique. Il n'en est rien.

A travers le résumé, j'imaginais l'amitié, la dépendance entre une femme enceinte et sa sage-femme , un peu sorcière. Certes , il y a de cela, mais ce n'est pas ce que je retiendrai. Ce n'est pas ce qui m'a fait frémir.



En 1612, cela fait quatre ans que Fleetwood est mariée. Elle a dix-sept ans. Oui, vous ne rêvez pas, elle a été mariée à treize ans .. une "épouse-enfant", comme l'a surnommée un des domestiques. Lorsqu'on fait sa connaissance, elle est enceinte...enceinte pour la quatrième fois. Les trois autres grossesses s'étant terminées par des fausses-couches, on comprend qu'en tombant sur une jeune-femme se prétendant sage-femme, elle ait envie de la faire venir à demeure, chez-elle. Une amitié naîtra entre elles, et Fleetwood tout naturellement la défendra lorsque cette dernière sera accusée de sorcellerie.



Des procès pour sorcellerie survenus à Pendle, je ne retiendrais rien, parce qu'ils sont loin d'occuper la première place dans ce roman.



De cette amitié, rien non plus ; curieusement tous ces thèmes ne m'ont ni interpellé, ni passionné.



Moi ce qui m'a fait frémir dans ce roman , c'est la façon dont les femmes étaient traitées...



On est en 1612, et il ne fait pas bon être une petite-amie, une épouse, une épouse inféconde , une maîtresse ou une femme qui s'intéresse d'un peu trop prés aux plantes. On a vite fait de se débarrasser de vous à la moindre contrariété.



Votre héritage, vos biens, la maison de votre père, tout cela appartient à votre mari, qui peut l'utiliser selon son bon plaisir, parfois, au détriment de votre bonheur.



C'est cela que je retiendrai de ce roman très mystérieux, opaque, ( un peu trop "opaque" parfois...) , un roman historique qui dénonce la condition des femmes.





Oui, tous les ingrédients étaient réunis pour que j'apprécie cette lecture, et pourtant je n'ai pas réussi à rentrer dans cette histoire, mais d'autres apprécieront...
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Les Sorcières de Pendle

Amis(es) Babéliotes, je vais être franche avec vous, j’adore les sorcières et tout ce qui a attrait à elles. Alors, lorsque Babelio m’a proposé en masse critique privilégiée «Les sorcières de Pendle», je me suis empressée de dire oui. J’aime beaucoup lire des romans sur ce sujet, en particulier lorsque ceux-ci sont tirés d’histoires vraies. Très enthousiaste à l’idée de le commencer, j’avoue malheureusement être très mitigée sur celui-ci.



L’histoire se déroule dans le Lancashire en 1612. Fleetwood Shuttleworth, châtelaine de 17 ans, est enceinte pour la quatrième fois. Ayant déjà par trois fois perdu un enfant à naître, elle est déterminée coûte que coûte à mettre au monde celui-ci afin de donner enfin un héritier à son mari.

Terriblement angoissée à l’idée de ne pas arriver au terme de cette grossesse, Fleetwood reprend espoir lorsqu’elle croise par hasard le chemin d’Alice Gray, jeune sage-femme connaissant parfaitement les plantes médicinales. Très vite, ces deux jeunes femmes issues d’un milieu totalement opposé, vont se trouver des affinités. Une réelle amitié va alors naitre entre elles.



Malheureusement pour les deux jeunes femmes, un procès pour sorcellerie s’ouvre à Pendle durant lequel Alice va être accusée avec dix autres femmes. Fleetwood n’aura alors de cesse d’arracher son amie à la potence qui l’attend, non seulement parce qu’elle est intimement persuadée qu’elle est innocente mais également pour se sauver elle-même…



Malgré certaines longueurs, l’autrice décrit parfaitement la société anglaise dans laquelle la condition des femmes, qu’elles soient issues de la haute société ou d’un milieu social peu élevé, était très peu enviable et surtout soumises à la suprématie masculine : pour les unes la procréation et uniquement cela, pour les autres trimer sans fin pour gagner si peu.



Par contre et c’est en cela que j’ai été quelque peu déçue, je m’attendais à un roman centré beaucoup plus sur l’histoire des sorcières de Pendle et de leur procès. Il n’en ait rien puisque tout le long du roman, nous suivons l’histoire de Fleetwood et de sa relation avec Alice et non pas le procès.



Pourtant, Stacey Halls s’est inspirée d’un évènement réel survenu en 1612 à Pendle, il aurait donc été intéressant d’exploiter plus en détail cet épisode judiciaire avéré en Angleterre.



Je remercie cependant Babélio et les éditions pocket pour cette masse critique privilégiée qui m’a permise d’en savoir un peu plus sur le traitement que l’on affligeait systématiquement à cette époque à ces femmes connaisseuses des plantes médicinales que l’on traitait systématiquement de sorcières alors qu’elles étaient seulement érudites avant l’heure.

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La Nurse du Yorkshire

Le résumé promettait un roman plein de mystères et de secrets et je n’ai pas été déçue. Il m’a beaucoup fait penser à Rebecca ou Ma cousine Rachel de Daphne du Maurier. L’atmosphère est sombre, la météo grise et pluvieuse, les secrets et les non-dits sont pesants dans cette maison.



On fait la connaissance de Ruby, une nurse engagée auprès de la famille England. Elles arrivent dans le nord de l’Angleterre encore très industriel en ce début du XXe siècle. Elle est en charge des 4 enfants mais très vite découvre que la mère de famille semble absente, distraite, déléguant beaucoup à son mari. Que cache-t-elle ?



La construction est habile et l’on ne voit absolument le dénouement final arriver. Le titre anglais est plus approprié selon moi, Mrs England, car c’est vraiment elle, le personnage central du roman.



L’histoire de Ruby est intéressante également et cela m’a permis de mieux comprendre sa détermination. J’ai beaucoup aimé son personnage et j’ai apprécié sa force de caractère. Souvent, ce qui me dérange dans les romans historiques, c’est la naïveté des jeunes filles ou femmes. Ici ce n’est pas le cas et c’est plaisant.



Un excellent roman qui m’a permis de découvrir l’auteure. Je suis conquise et bien tentée de lire les autres romans de Stacey Halls.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Les Sorcières de Pendle

439 pages en édition de poche pour une histoire inspirée de faits historiques qui laisse toutefois la part belle à la fiction.

Je la décrirai volontiers comme l’histoire de deux femmes que tout oppose, qui vont pourtant s’entendre et auront l’opportunité de se sauver mutuellement la vie… mais y parviendront-elles alors que tous les éléments sont contre elles ?

Nous sommes en 1612 dans le Lancashire. La condition féminine n’est guère appréciable y compris pour une châtelaine. Quand en plus elle ne parvient pas à mettre au monde des enfants vivants, sa situation n’est guère enviée. C’est sur cette base que commence l’intrigue qui nous offrira plusieurs rebondissements. Jusque dans les dernières pages je n’ai pas su comment allait se conclure ce récit prenant.

Tout ne m’a pas plu. J’ai par exemple été fortement agacée par Fleetwood que je trouve parfois trop nonchalante alors qu’à d’autres moments elle se montre volontaire et téméraire. Néanmoins son évolution est remarquable et sa psychologie assez bien rendue.

Le rythme du récit m’a paru chaotique. Est-ce parce que la narration se fait à la première personne ? La plongée constante dans les pensées, souvent répétitives, de Fleetwood pourrait expliquer cela.



Un récit prenant, des évènements pour le moins troublants, une immersion dans l’Angleterre du XVIIe et une part de fantastique font de ce roman un agréable moment de lecture.



Je remercie les éditions Michel Lafon (Pocket) pour cet envoi et Babelio pour l’organisation de la Masse Critique.

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Les Sorcières de Pendle

Août 1612, dans le Lancashire (nord de l'Angleterre) restera dans l'histoire de l'Angleterre comme l'une des dates les plus sombres : celui d'une douzaine de femmes accusées et pendues pour des faits de sorcellerie.

Cet évènement est certes moins connu que son équivalent américain (Salem, Massachusetts) mais pas moins terrible.



C'est dans ce contexte que Stacy Halls situe son histoire : Fleetwood Shuttleworth, est une châtelaine de 17 ans qui est enceinte pour la 4ème fois mais craint par-dessus tout une nouvelle fausse couche. Au début du roman, elle se présente comme une jeune femme peu sûre d'elle et on comprend vite qu'elle est très infantilisée par sa famille comme par son mari. C'est une jeune femme tout à fait conforme aux attentes de son époque : c'est-à-dire dans la retenue, très réservée et qui laisse la gestion de son domaine et des ses biens à son mari.

Puis elle rencontre Alice Gray, une jeune femme du peuple. Contrairement elle, elle n'est pas éduquée et n'a aucun des codes de la société dans laquelle Fleetwood évolue, mais elle a des connaissances très précieuses pour la future maman : elle connaît des remèdes à base de plantes qui aident à faciliter les grossesses notamment. L'amitié entre les deux femmes se développe, et au contact d'Alice, Fleetwood apprend à devenir une femme assurée au caractère plus affirmé.



J'ai été parfois décontenancée face à cette lecture car je m'étais imaginé lire un récit purement historique qui se déroulerait autour du procès, or c'est davantage une histoire de femmes et d'amitié - tout à fait plaisante par ailleurs.

Il m'a fallu m'y reprendre à plusieurs fois pour aller au bout de ce roman, le début assez brumeux et mystérieux ayant de quoi décontenancer le lecteur. Puis les quatre parties du roman suivant l'évolution de sa narratrice (Fleetwood), la première partie est plus lente, plus descriptive, dans l'observation alors que les suivantes sont plus dans l'action et donc plus dynamiques avec les dialogues qui prennent la plus grande part du récit.

J'ai donc aimé suivre sur chemin vers une plus grande assurance et une certaine forme d'émancipation du personnage de Fleetwood avec les épreuves qui lui permettent de se confronter à la réalité de l'époque dans laquelle elle vit et aussi aux dures réalités de la vie. En cela c'est un personnage que j'ai trouvé attachant et à qui on peut facilement s'identifier.

Il est vrai que j'ai été un peu déçue par l'aspect historique qui est surtout survolé et prétexte au développement des personnages - parfois sur un ton un peu trop moderne pour l'époque décrite. S'il est vrai qu'il n'y a ni la précision historique des romans de Paul Doherty ni la maîtrise de la narration comme chez Anna Hope ou le langage très imagé de Jessie Burton (pour citer des compatriotes auxquels son roman a été comparé), cela reste un premier roman fort sympathique à lire servi par une langue moderne et agréable(au-delà de sa superbe couverture!).
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Les Sorcières de Pendle

Nous sommes en 1612. Fleetwood est une très jeune chatelaine de 17 ans, mariée à Richard Shuttleworth. Enceinte pour la quatrième fois, elle redoute de perdre à nouveau son bébé, comme elle a perdu les trois premiers. Elle a trouvé une lettre plutôt inquiétante dans les affaires de son mari et subit le mépris de sa mère qui la voit incapable de mettre au monde un héritier.



Autant dire que l'époque n'est pas tendre pour les femmes, ce que confirme pour Fleetwood sa rencontre avec Alice, une jeune guérisseuse, qu'elle va choisir comme sage-femme, et qui va lui ouvrir les yeux sur Richard auquel elle faisait aveuglément confiance. A son contact et grâce à sa connaissance des plantes, sa santé s'améliore et la grossesse poursuit son cours. Mais Alice est considérée comme une sorcière et arrêtée. L'étroite amitié qui unit les deux jeunes femmes confrontées à un monde qui leur est hostile, va leur permettre de se sauver mutuellement.



Le roman de Stacey Halls est tiré d'une histoire vraie, celle des procès des sorcières de Pendle dans le Lancashire qui ont abouti à leur mise à mort, sauf une, Alice, qui a été acquittée. Un très beau roman, roman historique, roman d'amour, d'amitié, de suspense, mais aussi celui d'un combat contre l'injustice, l'obscurantisme, la suprématie masculine. Des personnalités attachantes et une réhabilitation de ces fameuses sorcières qui habitent encore l'imagination collective sous la forme d'êtres maléfiques qui font peur aux petits enfants...Or si c'était tout simplement le savoir et la sagesse de ces femmes qui faisait peur, remettant en question la toute puissance des hommes et l'arrogance des rois ?
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Les Sorcières de Pendle

J'ai adoré et je tiens à remercier Babelio et l'édition pocket pour cette Masse critique privilégiée. Je l'attendais avec tellement d'impatience et il n'a déçu aucune de mes attentes.



L'édition poche reprend la couverture de l'édition grand format. Un choix judicieux à mon sens puisqu'elle nous met immédiatement dans une certaine ambiance : celle d'une auteur époque, à la campagne, où les superstitions vont bon train... En effet, à Pendle, un magistrat cherche à se faire bien voir du roi. Son ambition le pousse à interpellé bon nombre de femmes, soupçonnées de sorcellerie. Parmi elles est accusée à tort Alice Grey, sage-femme sans le sou mais ayant une alliée puissante : la châtelaine du coin, Fleetwood Shuttleworth. Cette dernière en est à sa quatrième grossesse. Aucune avant celle-ci n'a pu être menée à son terme. Or, celle-ci pourrait lui être fatale. C'est là que son chemin croise celui d'Alice.



Avec un tel titre, on pourrait penser que la narration se focaliserait sur Alice. Il n'en est rien. L'héroïne reste Fleetwood : sa grossesse, son mariage, son passé. Pour autant, le destin de cette châtelaine est lié au devenir de ces sorcières de Pendle. Je suis ravie de voir que l'autrice s'est inspirée de personnages réels, de faits réels pour tisser une histoire d'une grande rigueur historique et très prenante. On peine à lâcher le livre. Le rythme est très bien dosé et nous offre une forme de féminisme qui ne détonne pas dans cette société du XVIIe siècle.

Pour ce qui est de la dose de fantastique, qu'on pourrait légitimement attendre ou au contraire ne pas attendre selon les attendus vis-à-vis de ce récit, elle est astucieusement dosée pour ne rester que suggérée : au lecteur de faire son choix.

Pour la fin, j'ai essayé de me tempérer, de n'imaginer aucune fin afin de ne pas être déçue. Il est vrai qu'arrivée à un certain stade, on se dit que toutes les fins sont possibles allant du happy end au tragique. . La fin apparaît, du moins à mes yeux, comme réussie. Une conclusion en accord avec l'ensemble du récit et le parti-pris de l'autrice.



Je finis en recommandant vivement cette lecture, d'autant plus si vous êtes dans le mood automnal. L'ambiance est garantie.



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Les Sorcières de Pendle

Un peu dans la veine de La petite boutique aux poisons de Sarah Penner , il est question ici d'une histoire de femmes qui veulent un peu s'émanciper du joug patriarcal (go my girls!)

Évidemment en 1612, c'est encore moins facile d'y arriver qu'en 2022 🙄



🧙

Fleetwood, 17 ans , essaie de donner un héritier à son Richard de mari. Malheureusement, après 3 fausses couches, sa 4eme grossesse risque d'être fatale...



🧙

Elle rencontre fortuitement Alice, sage femme de son état, l'alchimie passe bien entre elles, et Alice semble pouvoir peut-être l'aider à mener sa grossesse à terme...



🧙

C'était sans compter le procès à venir de Sorcières (comme ainsi nommées par les gros beaufs de justiciers imbus de pouvoir) et Alice est vite menacée par cet événement...



🧙

Une belle histoire d'amitié envers et contre tout, de femmes qui tentent de vivre par elles-mêmes... Mais pas du tout de sorcellerie ou de magie comme on pourrait s'y attendre



🧙

Mention spéciale à cette couverture absolument magnifique, avec de jolis détails à découvrir



Une belle lecture pour moi, sans être un coup de coeur



Bon weekend ❤️

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Les Sorcières de Pendle

Une histoire de sorcières qui se passe au XVIIe siècle, voici qui promet d’être intéressant… Sabbat, conversations avec le diable et chasse aux sorcières. S’il est question de ce dernier sujet, le roman s’inspirant d’un procès qui a eu réellement lieu, cela ne sera jamais traité qu’en arrière-fond. Si pour certains cela a été particulièrement déceptif, pour ma part j’ai bien aimé ce roman malgré quelques maladresses.



Lancashire, 1612. Fleetwood Shuttleworth est mariée à Richard depuis quelques années et leur bonheur serait complet si elle parvenait à mettre au monde un enfant. Trois grossesses se sont soldées par autant de fausses couches, et pour cette quatrième, rien n’est gagné depuis que Fleetwood a trouvé une lettre de son obstétricien informant Richard qu’elle ne survivrait pas à une nouvelle grossesse. C’est pourquoi, lorsqu’elle fait la rencontre d’Alice Gray, une sage-femme taciturne qui sera accusée de sorcellerie, elle fera tout pour la sauver… on peut aisément imaginer qu’en 1612, il est difficile pour une femme, même bourgeoise et mariée au futur shérif du comté, de pouvoir remuer ciel et terre. Hé bien, pas dans ce roman, qui fait un peu fi de la réalité d’alors : Fleetwood va par monts et par vaux à cheval, dans tous les milieux, frappe à toutes les portes que le réseau de son mari peut lui ouvrir. Et tant pis si elle vit une grossesse à risque, souci qui est relégué au fin fond de son esprit courageux, sans que jamais il ne soit un obstacle. Et pourtant, comme l’annonce la quatrième de couverture, « Être une femme est le plus grand risque qui soit » (merci Michel Lafon pour cette phrase profonde sans aucune once de cliché !).



Bon d’accord je prends cette phrase au premier degré. Et pourtant, malgré son côté ridicule, elle souligne un point que j’ai aimé dans le roman : le fait qu’il était grandement facile à cette époque pour une femme (puisque c’est à celles-ci que revenait cet honneur) d’être accusée de sorcellerie. Il suffisait d’être plus ou moins en dehors de la société, d’être trop proche de la nature et notamment d’avoir une solide connaissance des plantes médicinales, ou tout simplement d’être l’objet de rumeurs, d’envieux ou d’une simple méchanceté… cela pouvait aller très vite, et une fois dans le collimateur de la justice, ici d’un shérif ambitieux qui souhaite plaire au Roi et assurer sa retraite, c’était fini… Donc oui, il n’y a pas beaucoup de sorcières malgré le titre et sa promesse, mais le thème me paraît malgré tout respecté, sous un angle intéressant.



Ce qui donne un curieux mélange entre ce cadre historique ancien et les pensées plutôt modernes de Fleetwood : cette jeune fille (elle n’a que dix-sept ans) d’un courage hors normes, s’entiche d’Alice et tiendra tête à tout le monde pour la sauver : Richard, sa mère, etc. Alice, la seule amie qu’elle eut dans sa vie, traumatisée qu’elle par un événement marquant (on ne pourra que deviner ce dont il s’agit) et par le manque d’amour de sa mère, puis celui, malgré tout temporaire, de son mari. Je ne sais pas si à cette époque, une femme ayant fait un mariage arrangé, se souciait tellement de l’amour de son mari, ni pouvait se mouvoir aussi librement que le fait Fleetwood. Je me suis laissé guider malgré tout dans cette lecture avec un certain plaisir.

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Les Sorcières de Pendle

Cette lecture à l’ambiance forestière, familiale et maléfique, dans laquelle une très jeune châtelaine se débat pour mettre au monde un héritier sied parfaitement à la saison automnale.



Fleetwood s’est réfugiée dans les bois pour y relire la lettre adressée à son mari lui révélant le danger mortel d’une future grossesse pour sa femme. Ses nausées qui se manifestent violemment montrent que le danger qu’elle encourt est déjà là, tapi au fond d’elle pour la quatrième fois. Les trois tentatives précédentes se sont soldées par des fausses couches à différents termes. Dans ces bois qui environnent le manoir de Gawthorpe, elle rencontre Alice Gray, une femme aux vêtements crasseux. Son regard et son attitude brillent d’intelligence et de fierté et elle laisse dans son sillage de subtils effluves de lavande. Fleetwood, du haut de ses dix-sept ans adopte le ton hautain de la châtelaine pour s’adresser à celle qu’elle prend pour une braconnière mais une seconde rencontre lui révèlera qu’Alice, en tant que sage-femme, peut lui être d’une aide précieuse.



Le fait historique et bon nombre des protagonistes de ce roman ont bel et bien existé en cette année 1612 mais il ne faut pas s’attendre pour autant à lire un roman réellement ancré dans cette période de l’Histoire anglaise. Alors que le titre me laissait présager une lecture autour des femmes jugées et condamnées en tant que sorcières à cette époque, c’est essentiellement la vie de la très jeune Fleetwood qui occupe la quasi totalité du roman, avec notamment ses problèmes de couple. Bien sûr, il gravite autour de sa grossesse une des sorcières concernées par les arrestations orchestrées dans le Lancashire mais les autres sont très lointainement évoquées. Alors si l’on considère que c’est l’histoire de notre narratrice qui est au centre du roman, celui-ci est agréable à lire si l’on accepte également que les dialogues ont des accents et des propos bien trop contemporains. Heureusement que l’atmosphère qui enveloppe ces échanges renvoient davantage à l’époque avec les manoirs aux cheminées omniprésentes, les déplacements à cheval ou en calèche, les tenues vestimentaires et les croyances autour du diable.



Nous sommes à une époque où les femmes ne peuvent avoir de connaissances, quel que soit leur milieu social. Lorsqu’une mort intervient, il est plus jouissif d’accuser la sorcellerie dont font preuve celles jugées actrices du diable que de l’imputer à la perversité de l’homme. Le Lancashire est ici une terre qui inquiète la Couronne avec ses habitants sans foi, ni loi et surtout ses sorcières qui doivent être éliminées pour redorer le blason de cette région. Il faut se défaire de ces « mauvaises graines ».

Du côté de la noblesse, le mari se préoccupe d’un héritier mais est-il réellement inquiet pour sa femme ? Celle-ci reste dans une complète ignorance des affaires de la famille. Son rôle se cantonne à poursuivre la lignée et sa mère, en donneuse d’ordres, ne se prive pas de lui rappeler sévèrement où se situent ses devoirs.



J’ai aimé la décision de l’auteure d’introduire, avec une légère sensation de surnaturel, les apparitions d’un renard, un roux chatoyant comme messager d’évènements qui vont brusquement modifier la trajectoire du destin. Un présage inscrit dans un regard échangé. Il y a aussi la présence de Puck, un mastiff français, un doux mastodonte aux effusions réconfortantes.

Mais je déplore le manque d’approfondissements autour du personnage d’Alice qui aurait mérité occuper une place bien plus importante dans cette relation qui s’est tissée entre les deux femmes, une très belle relation d’ailleurs de sauvetage réciproque.

Quant à la fin, elle m’a malheureusement exaspérée et je ne pense pas qu’absoudre les méprisables comportements de certains étaient nécessaires pour balayer leurs trahisons et les montrer finalement sous un jour bien trop favorable pour être crédible.



Avec la sensation d’un mélange à part égale de points positifs et négatifs, je remercie les éditions Pocket et Babelio pour cette lecture.

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Les Sorcières de Pendle

Un coup de cœur !



L'auteure précise dans une lettre aux lecteurs, que l'inspiration pour ce roman lui est venue lorsqu'elle a visité Gawthrope Hall à Padiham dans le Lancashire ; elle a décidé d'écrire un roman sur les évènements de 1612 raconté du point de vue d'une jeune bourgeoise.



Nous voici donc en 1612 dans la région de Pendle Hill, dans le comté du Lancashire.

Nous suivons la vie de la jeune Fleetwood Shuttleworth, châtelaine ; elle désespère avoir un enfant de son mari Richard, après plusieurs fausses couches. Elle va rencontrer Alice Gray, une jeune fille exerçant le métier de sage-femme et sa vie va être transformée.



Entre découvertes de la campagne, des forêts, des villages et des masures, rencontres entre gentilhommes et femmes énigmatiques, Fleetwood va découvrir bien des secrets et reprendre sa vie en main.



Rédigé à la première personne, on se sent très vite impliqué dans cette histoire rédigée dans un style fluide et très bien imagé.



Un superbe roman ponctué de très belles descriptions, qui nous immerge dans ce XVIe siècle en Angleterre, violent, secret, mystérieux, et dans cette région de tradition catholique où les ambitions des uns vont entrainer ce procès d'une dizaine de personnes pour sorcellerie.



De nombreux personnages ont vraiment existé, comme Fleetwood et Alice !

Je vous conseille pour en savoir plus, d'aller visiter la page Wikipédia "Sorcières de Pendle" qui outre le fait de retranscrire l'affaire, dévoile de très belles photos de cette région anglaise !
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Les Sorcières de Pendle

Waouh !



Pendle Hill, au nord de l’Angleterre, région pauvre, paysans incultes où rien n’a remplacé l’enseignement des religieux après la destruction de l’Abbaye.

Pendle Hill, région aux forêts profondes, aux grisailles tenaces, aux températures fraîches où les légendes, les sorcières et les guérisseuses arrivent à peine à survivre.

Pendle Hill, région idéale pour un notable ivre de pouvoir, ivre de plaire à son roi hanté par les adeptes du démon et qui demande à tous de les pourchasser.

Pendle Hill, 1612, un nid est découvert, les dénonciations vont bon train, une gamine avide est bien bavarde et surtout bien guidée et le procès sera vite bouclé.

Pendle Hill, douze accusés, une pauvre femme mourra en détention, une sera jugée non coupable, les dix autres seront pendus et le notable ambitieux verra de nombreuses portes se fermer.



Une écriture fluide et bien documentée pour raconter au travers les vicissitudes et les interrogations d’une jeune épousée en manque d’enfant cette histoire qui reste dans les annales comme le plus célèbre des procès pour sorcellerie de l’histoire anglaise. Si on ajoute à cela des personnages complexes et attachants et une couverture magnifique, eh bien c’est un vrai coup de cœur :-)



Une toute belle découverte que cette auteure et du coup, j’attends avec impatience la sortie en format poche de son prochain roman : « L’Orpheline de Foundling ».
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Les Sorcières de Pendle

Ce roman m’a remis en mémoire l’excellent ouvrage de Yannick Grannec : Les simples. Tous deux ont inscrit leur intrigue en un 16ème siècle où la guérison d’un malade tenait du miracle. Miracle dont la religion officielle ne voulait surtout pas se faire voler le bénéfice par quelque savoir empirique concurrent de la croyance imposée. Un guérisseur par les plantes avait tôt fait d’être qualifié de sorcier si d’aventure sa science remettait sur pieds un malade dont la toute puissante institution avait déjà fait un client au jugement dernier. Et bien entendu, cette qualification avait d’autant plus de chance d’être retenue si le guérisseur était une guérisseuse. Haro sur la sorcière.



« Etes-vous comme le roi, à penser que toutes les guérisseuses et les sages-femmes exécutent l’œuvre du diable ? ». Le roi en question c’est Jacques 1er d’Angleterre- conjointement 4ème du nom en Ecosse. Il avait fait de la chasse aux sorcières une obsession, y compris en écrivant un traité de démonologie lequel laissait aux accusées bien peu de chance d’échapper à la vindicte royale, sous légitimation de volonté divine bien évidemment. Le drame étant que pour être accusée point n’était besoin de preuve. Une simple dénonciation suffisait et peu importe si celle-ci était dictée par quelque rancœur ou jalousie.



A l’instar de celui de Yannick Grannec, on retrouve dans cet ouvrage des femmes douées de la connaissance des plantes - l’écorce de saule notamment dont on sait qu’elle sera à la base de l’aspirine quelques siècles plus tard. Ce pouvoir donné à des femmes est aux yeux de la gent masculine une source de suspicion quant à une velléité d’émergence de la condition dans laquelle elles sont entretenues. Condition qui s’apparente à celle du bétail selon l’héroïne de cet ouvrage, faisant référence au rôle qui les cantonnait à la reproduction de l’espèce. Chaque naissance suscitant au passage l’espérance d’une descendance mâle, au point de faire dire à l’héroïne des Sorcières de Pendle : « Je ne souhaite de fille à personne ».



On aura compris que ce roman est aussi et surtout un roman féministe. Fleetwood Shuttleworth, l’héroïne de cet ouvrage se bat pour extirper des griffes d’une justice aux ordres, arbitraire et expéditive des femmes accusées de sorcellerie, dont sa propre sage-femme. Mais le propos est plus général quant à la condition de la femme. Stacey Halls se joint à sa compatriote Virginia Woolf (*) pour regretter, du fait de ce statut avilissant « d’objet décoratif » dont elles sont affublées dans la société contemporaine de Shakespeare, de savoir ses consœurs avoir été empêchées d’écrire. Stacey Halls participe au rattrapage avec bonheur avec cet ouvrage.



Les sorcières de Pendle est ouvrage intéressant, fondé sur des faits historiques. J’ai regretté toutefois le vocabulaire et les tournures syntaxiques quelque peu anachroniques qui ôte à cet ouvrage une part de sa teinte séculaire. Stacy Halls a toutefois le mérite d’avoir défendu avec ferveur la mémoire de ces pauvres femmes sans produire une diatribe enflammée contre une misogynie institutionnalisée. On ne refait pas l’histoire avec des colères rétrospectives. Mais on peut en tirer des enseignements …



Même si l’eau qui a coulé sous les ponts depuis Jacques 1er n’a pas encore lavé toute l’avanie d’un rapport de force déséquilibré, les sorcières modernes ont aujourd’hui pignon sur rue. Mais un maléfice ne pouvant être annulé que par celui qui l’a infligé, il reste encore du travail pour que le mâle concède le rééquilibrage des genres. Si l’on en croit ce qu’on nous assène régulièrement à nous qui nous accrochons à notre piédestal.



(*) Une chambre à soi – Virginia Woolf





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