Les filles du manoir Foxcote d'Eve Chase | Booktrailer
Soudain,un doute l'étreint : et si elle sous-estimait sa mère ? Et si celle-ci avait toujours été au courant d'une autre histoire,murmurant sous les Lapins noirs tel un ruisseau souterrain ? Cette idée la fait tressaillir.
Après tout, le panneau devant la maison devait avoir une signification. Sinon, pourquoi sa mère aurait-elle posé à côté ? Si, il doit y en avoir un ... La réponse se trouve forcément là, quelque part dans la maison.
Je pense aux sanglots qu'il pousse nuit après nuit depuis que maman est morte. Pour moi, il n'y a pas de pire son au monde que les pleurs de son père.
Je me rends compte que [ ma tante ] doit souffrir du fait que maman, qui porte si légérement sa maternité, a des filles à n'en avoir que faire alors qu'elle, qui a pris son rôle de mère très au sérieux a perdu son enfant unique.
" Heureusement le manoir se bat avec courage, gargouillant et fuyant, vomissant une eau brune dans la baignoire de Caroline, aidé par une colonie de souris--- ces bêtes la terrifient ------qui cavalent dans sa chambre la nuit ,...."
Notre quatuor n'est plus stable, il se disperse à tous vents. Je tente de combler le fossé entre mes soeurs et moi, spécialement entre Pam et Flora, mais c'est comme courir après des graines de pissenlit dans le pré.
Peut-être ne sommes-nous vraiment nous-mêmes que dans l'enfance, avant que la vie commence à mal tourner.
Lorna ne comprend rien à ce galimatias. Cela ne l'empêche pas de penser qu'on sous-estime beaucoup les vieux et que, bien souvent, la vérité sort autant de leur bouche que de celle des enfants. Il faut juste prendre le temps de les écouter.
Je n'ai encore jamais vu un garçon pareil : grand, mince, incroyablement dense, étoffé par endroits. Ses épaules tendent la laine de son blazer et sa posture voûtée ne parvient pas à cacher sa taille. Ses yeux, contrairement à ceux de sa mère, sont d'un noir de fumée, son visage tout en angles et en saillies - comme ceux des jeunes en blouson râpé qui traînent sur des motos, la cigarette aux lèvres, près de chez mamie à Chelsea. Des hommes, me prévient mamie, dont je ne dois pas attirer le regard . " Extrêmement mauvais genre. " Fascinant .
Je connais Helen. J'ai travaillé pour des tas d'Helen. Des femmes pour qui une maquilleuse semble, non pas un luxe, mais une nécessité. Il leur faut des coloristes, des visagistes, des manucures - en numérotation rapide sur leurs portables. Ces femmes sont dures à satisfaire, en manque d'affection, facilement meurtries et, trop souvent, elles vivent dans la crainte ( pas irrationnelle ) d'être bientôt remplacées par un sosie plus jeune.
Le jardin est devenu presque méconnaissable depuis janvier. Plus de trouées entre les branches nues et clairsemées, mais des murs de verdure poussant à toute vitesse. Dédale feuillu de crêtes, de départs et d’impasses, on dirait un jardin impénétrable, qui pourrait changer de forme lorsqu’on le traverse, vous transporter d’un siècle à l’autre.