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Critiques de Pajtim Statovci (31)
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La traversée

L’exil de deux ados albanais dans différents pays. Fuir la misère mais aller vers le racisme, la violence et toujours la pauvreté. Se demander si on est homme ou femme, taire d’où l’on vient mais ne pas y arriver et revenir aux légendes albanaises. Des passages Intéressants mais pas toujours facile de savoir qui est le narrateur et de ne pas se perdre dans une construction un peu particulière. De par sa belle écriture, de son jeune âge et de son parcours, je l’associe à Édouard Louis.
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La traversée

Comment construire son identité lorsqu'on est un adolescent albanais, que l'on fuit son pays et qu'on cherche en même temps aussi à cerner son orientation sexuelle? C'est avec ces thématiques que l'on fait connaissance ici avec Agim et Bujar dans leur parcours migratoire, en Italie, en Espagne, aux Etats Unis et en Finlande.

L'ecriture est belle mais le récit parfois complexe car non linéaire avec des aller-retours réguliers dans le temps et un narrateur pas toujours bien énoncé.

De nombreuses situations et questionnements sont touchants, interrogent le lecteur.

Ce fut donc pour moi une lecture enrichissante, mais pas inoubliable.
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La traversée



Butar et Ajim, deux adolescents albanais décident de s'échapper de leur miseres pour partir dans un périple périlleux et tourmenté.



Ces deux copains choississent de rompre avec leur vie de misère et tenter l'aventure d'un quotidien totalement inconnu et qui sera bien différents pour les deux compagnons d'infortune



Mais peut-on se construire en se coupant de ses racines qui nous ont vu être ce que nous sommes ?



Au cours de leur périple, Bujar et Agim se verront durement confrontés au racisme, à la discrimination, à la violence et devront continuellement expliquer d'où ils viennent et qui ils sont.



Le romancier finlandais né au Kosovo Patim Statovci rassemble ses souvenirs de jeune déraciné.



"Je ne comprendrais pas encore non plus que le mieux, pour moi, serait de rester ici, suspendu au bord de mon désir, ardent, aspirant stupidement à obtenir ce qui m'échappera toujours."



Il nous livre un récit tout aussi lucide qu'éprouvant avec une question qui sert de fil rouge à ce périple : Comment se faire un chez soi quelque part?".



Emouvant et sincère et belle traduction du finois par Claire Germain.
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La traversée

Dans les années 90, Bujar et Agim vivent à Tirana, en Albanie, leur pays natal. Ils sont amis et deviennent inséparables. Mais la vie qui les attend ne leur fera pas de cadeau : Bujar comprend que son père est gravement malade et va bientôt mourir ; Agim qui aime s'habiller en fille est rejeté par sa famille.

A la mort de son père, alors qu'Ana sa sœur disparaît mystérieusement et ne revient pas à la maison, que sa mère tombe dans la dépression et que rien ne va plus dans le pays, Bujar accepte de tout quitter pour s'enfuir avec Agim. Les deux jeunes adolescents, âgés seulement de 15 et 16 ans, s'installent ensemble en ville, puis, devant les difficultés qui s'accumulent, ils décident de partir à Durrës pour pouvoir enfin, quitter définitivement le pays, pour l'Italie.

C'est le début d'une véritable galère et de drames successifs.

Est-on libre de choisir sa vie ?

Suffit-il de changer de lieu pour changer de vie ?

Comment faire table rase du passé sans renier totalement ses racines ?

Comment se sentir chez soi quand on est déraciné, et dans son propre corps, quand on a du mal à trouver sa propre identité ?



Le roman débute à Rome mais, en plus de l'Italie, il nous fera voyager, de l'Albanie, pays natal des deux adolescents, à l'Espagne, aux États-Unis puis à la Finlande.

L'histoire nous est révélée par bribes par Bujar, le narrateur. C'est le lecteur qui devra la reconstituer dans sa chronologie, une fois arrivé aux toutes dernières pages. Mais des dates sont mises en début de chapitres afin de nous permettre de mieux nous repérer dans les nombreux retours en arrière.

Bujar et Agim sont confrontés au racisme, à la discrimination, à la violence, à la mesquinerie des autres et doivent sans cesse expliquer d'où ils viennent, qui ils sont. Ils finissent donc par s'inventer une autre vie, ou par la vivre par personne interposée, et ils mentent donc continuellement aux autres, même à ceux qui vont leur faire confiance.



J'ai aimé en apprendre davantage sur l'Histoire de l'Albanie dans les années 90. Je savais peu de chose de cette période. Le pays a été un des derniers pays communistes à être sorti de son isolement. Suite à la mort de son dirigeant Hoxha, en 1985, l'Albanie est alors considéré comme le pays le plus pauvre et le plus sous-développé de tous les pays d'Europe.

J'ai aimé le fait que l'auteur s'appuie sur le folklore albanais et sur de nombreuses références littéraires, comme des récits de voyage ou d'aventure, pour étayer son roman et faire réfléchir le lecteur.

J'ai aimé le dynamisme du roman qui se lit très vite et est découpé en quatre parties, puis en chapitres courts.

J'ai aimé aussi le ton juste et sans pathos, avec lequel l'auteur aborde le sujet de l'immigration et de ses conséquences, mais aussi celui non moins important dans ce roman, du genre, de la sexualité et de l'acceptation de soi.



Je n'ai pas aimé le fait de ne m'attacher à aucun des deux personnages, pourtant leur histoire est poignante.

Je le reconnais, dans la seconde partie du roman, qui se déroule en Italie, j'ai été perturbée pendant quelques pages de ne pas savoir lequel des deux garçons parlait...Puis j'ai accepté que l'un finalement puisse se substituer à l'autre pour raconter leur histoire, qu'ils puissent être tous deux, les deux faces d'une seule et même personne.

C'est donc un roman assez déroutant par sa construction, mais intéressant par son sujet et la façon tout à fait cinématographique dont la narration est menée.



Je remercie l'éditeur et la dernière Masse critique de Babelio, de m'avoir permis de découvrir ce jeune auteur, dont je n'avais encore jamais rien lu.


Lien : https://www.bulledemanou.com..
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La traversée

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué : nouvel exemple ! Le finlandais Pajtim Statovci livre dans La traversée un roman sur les thèmes de la quête identitaire et de la recherche d'un endroit où se sentir chez soi qui brouille les cartes et entretient une certaine confusion. Bujar, son héros adolescent, a quitté l'Albanie du début des années 90, en compagnie d'un ami, et va se retrouver en Italie, pour commencer. Et plus tard à Madrid, à Berlin, à New York et à Helsinki, au gré de chapitres où l'on doute souvent du narrateur, qui n'est pas nécessairement toujours Bujar mais peut-être son compagnon de route. Le récit ne manque pas d'intérêt, notamment quand il évoque l'Albanie de l'après Hoxha et les mythes très virils qui contribuent à la fierté du pays. Chaque chapitre, pris isolément, a du caractère et témoigne d'une grande lucidité vis-à-vis du statut de migrant mais l'ensemble est volontairement insaisissable, à l'image de Bujar (ou son camarade) qui entretient l'ambigüité sur son sexe et ment copieusement à ceux qu'il rencontre, n'avouant jamais qu'il vient du "pays des aigles." Il n'y a pas de leçons à donner à l'auteur, manifestement doué, qui ne raconte pas ici sa propre histoire (il est arrivé en Finlande à l'âge de 2 ans) mais simplifier et domestiquer ses récits ne nuirait sans doute pas à la qualité de son œuvre. Ceci dit, son audace narrative et sa force d'évocation restent des évidences.
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Bolla

« Bolla est une réalisation splendide, et Statovci un talent majeur »

New York Times



Vertigineux, sombre, terriblement humain, « Bolla » est d'une puissance inouïe. Pajtim Statovci est le maître en littérature.

Magnétique, solaire, viril, « Bolla » se lit en direct, sans recul, il le mérite.

« La première fois, je le vois traverser la route. Je suis assis à l'ombre en terrasse d'un café et il avance dans ma direction, le soleil dans la nuque, homme adulte dans un corps d'adolescent ».

L'écriture est dans cette orée où rien n'échappe au lecteur. La plongée dans une trame au réalisme fou. Tant le Kosovo coopère au tremblement, à l'émotion d'une contemporanéité hors norme.

Ils sont ici, en plein soleil. Arsim, albanais, le souffleur de cette histoire qui fait monter l'enchère. Miloš, serbe, étudiant en médecine à l'université de Pristina. L'attirance fébrile, envoûtante, la sensualité complice. L'immense trou noir qui les happe, l'aura sublimée. Voluptueux, pudiques, dans ce pays où le moindre écart est sens interdit. L'homosexualité bannie, le courroux des diktats, hommes incendiés, ils se savent.

« Cela semble naturel ; en anglais nous ne sommes pas albanais et serbe mais détachés d'ici, des pages arrachées à un roman ».

Arsim est marié. Ce dernier, quasiment arrangé, triste comme un lac gelé en pleine nuit noire. Il ne l'aime pas, même s'il sait sa beauté lumineuse et ses capacités de mimétisme sans faille.

« Alors je m'enfonce dans le chagrin et je comprends qu'elle est trop bien pour moi, pour vivre cette vie-là avec moi. le pire est de savoir qu'Ajshe n'osera jamais me dire qu'elle voudrait vivre à l'encontre des décisions que je prends ».

Elle, soumise et effacée, intègre et ignorée du monde dans le plein jour où gravitent les opportunités et les hasards chanceux. Elle fait comme si. Nettoie sa maison comme si elle purifiait son propre corps. Ajshe, enceinte et abandonnée nuit et jour par Arsim dévoré d'amour pour Miloš, lui, qui croque des pommes à longueur de temps. Un rituel frugal, Bolla qui s'agite en lui. Se nourrir d'Arsim, lui offrit l'aérienne posture, la rectitude des rencontres où pas une minute n'est ignorée, où la cartographie des corps est réinventée à cris et à émois, à souffrances et à l'éclat de lumière. Ils vivent l'urgence de l'instant. L'architecture d'une relation qui se cogne comme un moustique sur une lampe brûlante. Ils pressentent que demain ne sera pas. Pas dans ce pays où le cosmopolite est du papier déchiré et de la poussière dans les yeux. le kosovo, frères un jour, ennemis le lendemain. le pain retiré aux enfants, les persiennes baissées, les méfiances et délations prêtes à mordre. « Bolla » le mythe, la légende albanaise, la parabole de l'étouffement. Les rêves peinture qui dégorge sous les pluies des impossibilités. L'averse des interdits. Ils sont le symbole des terres qui savent les lucidités dévorantes. Plus aucune vision, ni mirage, mais l'arme pointé sur l'amour. La guerre fraticide, le linceul noir sur les coeurs. Arsim s'enfuit avec Ajshe et leur enfant. Elle est de nouveau enceinte et il fait acte de devoir. Les ténèbres se révoltent. L'exil est un gouffre. Arsim et Miloš séparés, chemin de traverse. Bolla jubile, Bolla est machiavélique. le récit est l'épreuve des peuples et des hommes. Des litanies noyées dans les boues intestines. Les désirs, les libertés, les choix sont des perles fracassées sur la terre. Rien ne résiste au champ de mine sur les consciences et l'appartenance à une ethnie à la vie à la mort. « Bolla » le choc d'un patriotisme qui pleure les siens sur les barbelés. « Bolla » l'homosexualité sublimée, charnelle dont on admire ses héros. Il y a le démoniaque d'un homme égaré dans ses limbes : Arsim. Miloš : fidèle à son pays, la Serbie, jusqu'au paroxysme. Ajshe : le délitement des résistances. « Bolla » est un grand livre, déchirant, fondamental. Un triptyque à plusieurs degrés. Dans un langage surdoué, hypnotique, il est un choc de lecture, une lecture résolument poignante et magistrale. Traduit du finnois par Claire Saint-Germain, publié par les majeures Éditions Les Argonautes.











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Bolla

L’amour peut-il triompher de tout ? Si les romans nous conduisent, parfois, à penser que oui, la réalité est malheureusement beaucoup moins optimiste.



Pourtant, c’est un feu dévorant qui consume Arsim et Milos. Leur rencontre, un hasard, a la saveur d’une évidence.



Pourtant, rien ne peut-être simple entre eux. Ils sont homosexuels, ce qui doit rester un secret. L’un est marié, père de famille. L’autre est un étudiant en médecine. Arsim est albanais, et Milos, serbe, et le Kosovo s’embrase d’une guerre qui ne saurait les laisser indemnes.



Ce roman plonge le lecteur dans la vie, dans ses ratés, dans ces moments fugaces de bonheur, vite gâchés par l’homme, la société, la guerre.



C’est le récit des hommes qui, petit à petit, deviennent méchants, s’éloignant irrémédiablement de ce qui aurait pu être leur vie s’ils étaient nés ailleurs, à un autre moment, dans un autre pays.



L’auteur utilise le passé et le présent pour nous raconter cette mélancolie du temps qui passe, de ce qui ne peut être rattrapé. De cette lutte perdue d’avance.



Ce roman est très réussi. L’auteur nous dépeint avec brio la passion et l’égoïsme qu’elle comporte. Des souffrances causées à l’entourage, de la violence qu’ils doivent subir, victimes collatérales d’un bonheur gâché.



Une lecture exigeante et pesante mais qui m’a emporté, par sa noirceur.
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La traversée

Ce roman du jeune auteur Pajtim Statovci, né au Kosovo avant que sa famille ne s'installe en Finlande, est plus que déprimant.



On y suit les errances de Bujar et de son meilleur ami Agim dans les rues de Tirana et de Durrës, puis leurs tentatives pour rejoindre l'Italie et une longue traversée du désert à Berlin, New York, Helsinki.



Très dur, puisqu'il raconte la fuite de deux jeunes garçons livrés à eux-mêmes dans un des pays les plus pauvres d'Europe, et la misère qui leur colle à la peau où qu'ils soient, La Traversée est également emprunte d'une solitude écrasante où le narrateur est en perpétuel questionnement sur son identité, sa nationalité.



J'ai trouvé certains sujets abordés très intéressants : la relation qu'entretiennent les Albanais du Kosovo avec les Albanais d'Albanie, l'impressionnant rejet de Bujar et d'Agim envers leur pays de naissance et leur nationalité, la question de l'identité sexuelle et du genre et sa déclinaison "par pays", ou encore le regard qui pèse sur celui qui est immigré.



A noter également le style particulier de narration : on comprend que Bujar est le narrateur, mais l'on n'en est plus certain à la lecture de chapitres spécifiques, sans que l'on n'ait plus d'indice ; le genre du narrateur change, et l'on ne sait plus vraiment à la fin qui de Bujar ou d'Agim est le conteur du récit. C'est à la fois extrêmement déroutant et plutôt habile au vu de la tendance d'un des protagonistes à se travestir.



Les bas-fonds de Tirana et de New York m'ont en revanche fait franchement déprimer ; certains passages m'ont fait penser au livre Le Pain Nu de Mohamed Choukri. Une lecture pas vraiment agréable donc, mais qui fait découvrir un auteur au style singulier...à suivre !
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Mon chat Yugoslavia

Double récit, d'une part , le mariage d'Eminé, mariage traditionnel, dans une société figée, au Kosovo alors que n'existait encore que la Yougoslavie et d'autre part la vie de Bekim, fils d'immigrés Kosovars, en Finlande.



Les deux récits vont se croiser et chacun va donner plus de force au récit de l'autre.



La partie qui raconte le Kosovo traditionnel est une grande réussite, un éclairage réussi sur une société assez figée, aux codes rigides.



L'histoire de Bekim est, à mon avis plus embrouillée. Les métaphores autour du serpent et du chat m'ont échappée et alourdissent le récit.



Tout ce qui raconte les difficultés d'adaptation d'une famille immigrée qui se heurte à des codes totalement différents des siens est extrêmement bien rendue. Le décalage du père qui ne veut rien lâcher et croire à son projet de retour. La mère qui ressent les changements chez ses enfants mais n'arrive pas à sortir de son rôle pour lequel elle a été formatée depuis sa naissance. Les enfants, qui en gros ne connaissent pas grand chose du Kosovo, optent pour la Finlande et l'incompréhension qui se noue entre enfants et parents.



Au final, un roman, un premier roman pour ce jeune auteur, qui vaut d'être lu même si certains choix littéraires me semblent hasardeux.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Bolla

COUP DE COEUR pour BOLLA le roman de Patjim Statovci Bolla traduit du finnois par Claire-Saint Germain aux éditions Les Argonautes.



J’ai découvert ce livre lors des rencontres VLEEL de janvier. Tout de suite je suis tombé sous le charme de la couverture. Le résumé, dressé par l’éditrice, a titillé ma curiosité. Ma lecture à achever de me convaincre.



Ce récit bouleversant nous plonge au coeur du Kosovo, en 1995, durant les guerres de Yougoslavie. Dans ce contexte, Arsim, un jeune étudiant albanais, rencontre Milos, un étudiant serbe. Tous les deux tombent amoureux.



Malgré les tabous, ils vivent leur passion interdite et se retrouvent face à leurs désirs, leurs choix et leurs aspirations. Leur amour est mis à l'épreuve lorsqu' Arsim est obligé de fuir le Kosovo avec sa famille pour échapper à la guerre.



Un jour, Arsim est déterminé à retrouver son amour perdu, mais lorsqu'il le retrouve, il doit faire face à la réalité de ce que la guerre a fait à Milos.



La narration de l'auteur alterne entre le passé et le présent. Le roman montre comment, même après la guerre, les traumatismes laissés par le conflit sont encore profondément ancrés dans la société. Statovci aborde des thèmes universels tels que la liberté, l'identité, l'acceptation de soi et de l'autre, ainsi que la résilience face à l'adversité. Bref, je recommande !

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Bolla

Nous sommes en 1995, à Pristina au Kosovo. Arsim est jeune albanais qui vit avec sa femme et leur premier enfant, il fait la rencontre de Milos, jeune serbe alors étudiant en médecine, et toute sa vie est chamboulée par la relation clandestine qu'il vont débuter ensemble. Aussi secrète qu'incandescente, leur passion amoureuse est mise à mal par une guerre fratricide qui oppose serbes et albanais et qui va bientôt pousser Arsim à l'exil avec sa femme de nouveau enceinte. Des années plus tard, Arsim tentera de retrouver celui qu'il aime, mais les ravages de la guerre et de la haine des hommes le mettront face à une douloureuse réalité. Un roman tendrement douloureux sur l'impossibilité d'une vie heureuse, merci Les Argonautes d'avoir fait traduire ce texte.



📖 Bolla de Pajtim Statovci a paru le 3 février 2023 chez Les Argonautes Éditeurs dans une traduction de Claire Saint-Germain. 250 pages, 22€.



🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
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Bolla

Bolla est le troisième roman de Pajtim Statovci à être traduit en français. Je les ai tous lus ; le premier ne m'avait pas tellement plu, le deuxième m'avait nettement plus intéressé, et celui-ci est un coup de cœur ! De deux choses l'une : soit je suis devenu sensible à son univers, soit l'auteur peaufine peu à peu son œuvre. On retrouve évidemment des thèmes communs dans chacun de ses romans (le Kosovo, l'homosexualité), car ils sont les nerfs qui sous-tendent l'œuvre en cours de construction, mais chaque roman, pour l'instant, part dans une direction différente. Ce roman n'est pas un roman sur l'homosexualité, c'est un roman sur le bonheur, sur les choix qu'il faut faire, ou ceux que l'on fait pour vous, sur la guerre, sur l'amour, sur l'impossible réconciliation entre Serbes et Albanais, et ah oui, c'est vrai, c'est une histoire d'amour entre deux hommes. Certes, cela complique sérieusement les choses mais à mon sens, ce n'est pas le cœur du roman. C'est le parcours d'Arsim, ses doutes, ses erreurs qui forment l'ossature du roman. Arsim qui ne parvient pas à se réaliser, à faire exister la personne qu'il est réellement, et qui de ce fait, détruit ce qu'il possède. Si ce jeune prodige de la littérature finlandaise continue sur cette voie, nul doute que ses prochains romans sauront me toucher.
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Mon chat Yugoslavia

Mais bien sûr, vous allez me dire ?



Qu'est ce qu'il peut encore me pousser à lire de la littérature contemporaine en me disant que je vais y prendre du plaisir ? La section des Editions Denoël et d'ailleurs bien entendu ? Vous avez de ces questions parfois ! Alors vous allez me dire que c'est pas juste, que c'est une Edition partenaire, toussa toussa. Ouep. Mais cela fait des années que je les lis et je fais confiance entièrement en leur sélection. Alors, quand ils me proposent quelque chose qui sort entièrement de mes sentiers battus et que je me sens comme Indiana Jones, et bien je prends un Editions Denoël et d'ailleurs.



Et cela le fait ! Mieux que un Les gens heureux ou quoi qu'est ce. Et pourtant, c'était pas gagné entre l'auteur au nom un peu bizarre, la couverture qui pique les yeux et le résumé où on se dit que tout le monde a vu la drogue et pas celle qu'on prend nous les gens normaux. C'est totalement décalé, c'est une écriture assez audacieuse, je dois dire et cela me fait dire que ouai. J'ai passé un bon moment dimanche avec Statovci Pajtim.





La découverte de deux cultures ? Deux vies ? Deux univers ?



C'est un peu tout ça en effet. On a d'un côté Emine qui est une jolie fille. Elle est tellement jolie qu'elle va se marier et elle imagine déjà au fur et à mesure de ses trois jours de mariage que sa vie va être paisible, que son mari va être beau et sympa et que sa vie va être cool. On suit toute sa préparation et on se dit la même chose sauf que le mari est pas si bien que cela en fin de compte. Ce n'est pas le Prince Charmant et de ce point idyllique du départ, on retombera petit à petit.



Et de l'autre, on a Bekim, qui est une jeune étudiant homosexuel qui adopte un boa et qui se met en couple avec un chat (c'est là que j'ai demandé quelle drogue c'était). Et en fait, de cette relation qui aurait pu être idyllique aussi, on tombe sur un fiasco total qui ébranlera le jeune homme et qui le poussera à retourner vers ses origines. Ce sont ces destins, ces petites histoires qui feront la beauté de ce texte. Ce sera aussi le chat, enfin les chats qu'on voit, ce sera la plume toute légère de l'auteur qui vous fera avaler tous ces évènements tragiques de ce livre et qui vous feront lire des moments légers, en fin de compte.
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Bolla

Si je m'attendais à un roman sombre, je ne m'attendais pas à ce qu'il le soit autant, et surtout à ce qu'il ait une dimension aussi mélancolique. Porté par une plume fine et incisive, ce récit aux personnages poignants oscille entre espoir et désillusion, entre amour et haine (de soi et des autres), et incite à s'interroger sur de nombreux sujets de société encore omniprésents aujourd'hui.

C'est un texte marquant, qui prend place dans un contexte géopolitique trop peu évoqué en littérature, et que je ne peux que recommander à ceux qui ont le coeur bien accroché.
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La traversée

Dans les années 90, à Tirana, en Albanie, Bujar et Agim sont deux amis inséparables. Le père de Bujar est très malade et va bientôt mourir, laissant son fils de 14 ans, sa fille Ana et son épouse dépressive. Lorque le père d’Agim découvre son fils habillé en femme, Agim est rejeté par sa famille. Ainsi lorsque Ana quitte la maison sans prévenir, Bujar accepte alors de tout quitter pour partir avec Agim. Pendant quelques temps, ils restent dans la capitale, à la rue et sans-abris, vivant de vols ou de petits boulots, puis ils partent à Durrës afin de quitter définitivement l’Albanie pour l’Italie.

A tour de rôle Bujar et Agim sont les narrateurs de cette histoire, mais souvent il faut un peu de temps au lecteur pour deviner lequel des deux…

J’ai eu du mal à lire ce livre « patchwork » qui commence avec un premier chapitre, en 1998 à Rome, le narrateur est sur le point de ce donner la mort… Puis c’est la première partie qui est un flashback, durant les années 1990-1991 à Tirana (Albanie), le narrateur a quatorze ans, il se promène dans la vieille ville avec son père et son dernier lui raconte l’histoire de l’Albanie, lui offre des billes puis lui annonce qu’il est très malade… La deuxième partie commence à Rome en 1998, puis nous nous retrouvons à Berlin 1998-1999, Madrid 1999-2000, New-York 2000-2001… Pour la troisième partie, retour en 1991 et 1992 à Tirana puis Durrës… Enfin pour la quatrième partie, le lecteur se retrouve en 2003 à Helsinki en Finlande !

Tout au long de leur périple, Bujar et Agim sont confrontés à la discrimination, à la violence… Il est également question de choix de vie, d’identité…

Je suis passée à côté de cette histoire qui se lit pourtant plutôt bien mais la construction du livre m’a perdu et ne pas savoir qui est qui a également perturbé ma lecture… J’ai cependant été intéressée par les passages concernant l’Histoire de l’Albanie, ses contes et légendes…
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Mon chat Yugoslavia

Pajtim Statovci est né au Kosovo en 1990 avant que ses parents décident de déménager en Finlande, deux ans plus tard, un an après que le petit état de 11 000 km² environ ait proclamé son indépendance, ouvrant alors la voie à des conflits interethniques et à la tragédie de 1999. Étudiant la littérature comparée à l’université d’Helsinki et l’écriture de scénarios pour le cinéma et la télévision à l’École supérieure Aalto d’art et design, Pajtim Statovci surgit sur la scène littéraire avec un premier roman loufoque et empreint de gravité, dans lequel il rend hommage à ses racines.



Mon chat Yugoslavia est un roman qui se compose de deux voix, la première, celle qui ouvre le roman d’une manière assez abrupte, est celle de Bekim, un étudiant à Helsinki. Fils d’immigrés kosovars, Bekim est aussi un homosexuel qui cherche à s’intégrer dans la société finlandaise, lassé par les études et vivant avec un boa constricteur. Son quotidien se voit chamboulé lorsque, un jour, il rencontre un « chat », rapidement décrit comme un être humain. L’attitude de ce dernier est une alternance de crises, de disputes et d’amour.



La deuxième voix est celle d’Eminè. Elle nous emmène dans la Yougoslavie du printemps 1980. Alors qu’elle part pour l’école, son chemin croise la route d’un conducteur, Bajram, qui tombe immédiatement amoureux d’elle, au point de demander sa main à son père. C’est une nouvelle vie qui se prépare alors pour Eminè : entre les différents préparatifs pour le mariage et son amour pour Bajram, la petite fille quitte peu à peu le monde idéalisé de l’enfance pour entrer dans celui brutal et sans concession des adultes.



Peu à peu, les deux histoires vont se rejoindre : tandis que la partie consacrée à Eminè égrène le temps et que l’on assiste aux désillusions de la jeune femme, Bekim, lui, va opérer un retour en arrière, à la recherche de ses racines dans un pays meurtri par les conflits récents, une recherche indispensable pour soigner son mal-être.



Le roman reste, toutefois, assez bancal : bien que le découpage en deux voix est efficace, les chapitres consacrés à Eminè sont toutefois les plus intéressants, notamment dans la description des us et coutumes kosovars et de cette guerre qui se dessine en filigrane. Eminè reste particulièrement touchante et la force du personnage réside dans cette combativité qui la détermine. Les chapitres sur Bekim, bien qu’originaux avec la présence de ce « chat » qui prend immédiatement la symbolique du patriarche absolu, pêche par le manque d’enjeux : l’indolence du personnage est complètement irritante et il est assez regrettable d’assister au « réveil » de Bekim seulement dans le dernier tiers de l’ouvrage.



Il n’en demeure pas moins que Mon chat Yugoslavia reste original, non seulement dans le fait qu’une partie du roman se déroule au Kosovo, mais aussi avec cette distanciation des différentes voix du livre : Eminè, grave et terre-à-terre, semble comme répondre à Bekim, dont les passages restent assez loufoques, notamment avec ce « chat » humanisé et ce boa constricteur qui trouve son habitat sous le canapé. Le roman reste une très bonne surprise et inscrit Pajtim Statovci comme un auteur doué et ambitieux dont on a hâte de découvrir un nouveau roman.
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Mon chat Yugoslavia

Merci à Babelio et aux éditions Denoël pour m’avoir fait découvrir ce roman.



Quand je choisis un roman pour la masse critique, j’ai parfois de super critères : l’auteur est d’origine yougoslave et écrit en finnois (super des pays pour mon challenge découverte), y’a le mot « chat » dans le titre et un serpent et un chat sur la couverture (même si le reptile a une tête bizarre). Et quand j’ai ouvert le livre (sans savoir de quoi ça parlait, du coup), j’ai été très surprise (j’y reviendrais plus tard), mais au final c’était une découverte plutôt sympa. On suit en parallèle le destin d’un jeune homme Bekim, étudiant à Helsinki, originaire du Kosovo. Il est un peu perdu dans la vie, entre ses origines complexes et son homosexualité qu’il ne gère pas toujours facilement. Un jour dans un bar gay, il rencontre un « chat » personnage mystérieux entre le chat et l’humain, prenant le pire du chat (égocentrisme, paresse, méchanceté). Pourtant le héros semble trouver quelque chose dans cette relation (pourtant compliquée, d’autant plus que le chat n’aime pas le serpent domestique)…



Dans les années 80, Emine doit se marier à un homme qu’elle ne connaît pas. S’il a l’air gentil, poli et beau, elle déchantera vite. D’autant plus que la guerre les menace !



J’ai beaucoup aimé toute la partie qui concernait Emine, je l’ai trouvé bien écrite, l’histoire est intéressante, je connais assez peu cette période et ces guerres, c’était donc vraiment intéressant.



En revanche, j’ai beaucoup moins accroché avec Bekim. Premièrement, l’ouverture du livre avec un chat de rendez-vous « plan cul » et une scène de sexe gay juste après; je pense que ce n’est pas la meilleure façon de commencer un roman, beaucoup peuvent être effrayés par ce début. Mais heureusement on ne retrouve pas ce style dans la suite. Deuxièmement le personnage du chat est antipathique au possible, c’est exprès, je sais. Mais quand même. Dans le roman on retrouve beaucoup ces deux animaux, chat et serpent, sans que je sache s’ils ont une signification particulière dans les pays slaves ou simplement dans l’imaginaire de l’auteur. En tout cas, ce sont deux figures importantes et chargées de symboles sur la psyché du héros.



Donc une lecture un peu en demie-teinte, j’ai bien aimé certains passages, le côté historique, un peu moins toute la partie plus contemporaine, une quête de sens et de racine, mais racontée pour moi de façon trop étrange pour apprécier pleinement le personnage.
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Mon chat Yugoslavia

Eh bien quel roman! Voici un livre que j'ai beaucoup , beaucoup aimé et je salue le talent de son jeune auteur. Je ne suis vraiment pas passée loin du coup de coeur!



La narration alterne entre Eminè et son fils Bekim. Eminè nous conte son histoire, de son enfance albanaise, jusqu'à sa fuite en Finlande, avec mari et enfants. Bekim, lui, est un étudiant un peu à part, pratiquement asocial, qui cherche à se construire.



Je vais commencer par les petits défauts, qui m'ont empêché de ressentir un gros coup de coeur qui aurait pourtant pu être. Bekim est quelqu'un de tellement atypique et barré qu'il faut réussir à saisir ce qu'il veut nous dire. Et ce n'est pas facile du tout. Le roman commence par un tchat gay, on comprend qu'il ne parvient pas à trouver une relation stable. Puis il rencontre le "chat". Bien entendu, c'est une métaphore, on se doute qu'il ne faut pas prendre cela au premier degré; Bekim ne se met pas réellement en couple avec un chat mais utilise cette image. Ce qui entraîne des situations loufoques et des dialogues truculents, parce qu'on imagine réellement un chat. Si bien que finalement, on ne sait plus trop où on en est, ni ce qu'on doit en penser. Le passage du chat terminé, Bekim part donc pour son pays d'origine, dans une sorte de pèlerinage. Finalement, ce passage n'est pas ce qu'on en attend et on retrouve cette obsession inexpliquée pour les chars et les serpents.



Par contre, j'ai franchement vibré pour le reste du récit. J'y ai découvert les montagnes kosovares et la ville Pristina, avant et après les ravages de la guerre. La mort de Tito, chef qui maintenait les états yougoslaves dans une paix relative, a précipité ce monde dans le chaos le plus total. C'est un pan de l'histoire de cette région que l'on apprend, ainsi que les souffrances endurées par les populations, sans pourtant jamais tomber dans le voyeurisme.



C'est à travers les yeux d'Eminè que nous vivons la fin de la Yougoslavie. Son père décide de la marier à un jeune homme qui a eu le coup de foudre pour elle. C'est ainsi que j'ai découvert les traditions rurales kosovares, à des années lumière de tout ce que l'on connaît. Eminè et sa famille sont, dans le récit, des montagnards qui acceptent la vie comme elle est et vivent résignés. Jusqu'à ce que la guerre éclate.



Eminès, son mari et ses enfants partent donc pour la Finlande, afin d'échapper aux massacres. Ils rêvent de ce pays occidental comme d'un eden. Evidemment, la réalité est toute autre. Il est difficile pour les immigrés, les réfugiés politiques, de se faire une situation. Comme le résume le père de Bekim, on veut que les immigrés s'intègrent, mais on ne fait rien pour que cela arrive, les toisant de haut, les insultant. Le racisme est bien présent et toute la famille en souffre, dans un pays (là, c'est la Finlande qui est prise en exemple mais c'est partout pareil, bien sûr) où on scrute le moindre faux pas pour le mettre sur le compte du pays d'origine. C'est aussi un choc des cultures pour Eminè et sa famille. Eux, montagnards qui se contentent de ce que la terre peut leur offrir, se trouve soudain face à des citadins qui surconsomment et se sentent pourtant lésés.



" Ils ont plus que ce dont ils ont besoin. Pourquoi ne voudraient-ils pas de nous ici? Qu'est-ce qui pourrait bien leur manquer, qu'ils n'auraient pas déjà?".



C'est un roman qui a su me happer par sa force, une histoire saisissante et criante de réalisme, une belle réussite malgré les petits reproches que j'ai fait au début; j'ai trouvé bizarre le mélange de loufoquerie et de gravité, en fait. Mais pour moi, c'est un roman nécessaire si on veut faire l'effort de se mettre dans la peau d'un immigré. C'est un roman également instructif à travers l'évocation des traditions musulmanes kosovares et la période tourmentée des années 90 dans ces contrées. Un roman qui m'a beaucoup marquée.
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Bolla

En cours de physique on nous apprend que les contraires s’attirent. Arsim et Milos en sont la preuve: deux pôles antagoniques.

L’un est Albanais, l’autre Serbe à l’aube d’une terrible guerre entre leurs deux peuples.

L’un est marié et attend un enfant. L’autre vit seul et étudie assidument.

Seuls la littérature, la chambre de Milos et leur dévorant désir l’un pour l’autre unissent ces deux amants aimants.



Je suis ressortie de cette lecture le cœur en pagaille, lessivé, submergé par un tourbillon d’émotions.

Quel texte! De ceux qui remuent le lecteur et le bousculent d’une force inouïe.

Du cœur serré au malaise, à la colère, en passant par le dégoût voire l’écœurement face à la violence, maintes fois j’ai eu le cœur suspendu, incapable d’en relâcher la tension.



De l’incipit saisissant au réalisme discret et efficace, jusqu’au dénouement déchirant… qui n’est finalement que l’écho de toutes les autres déchirures… celles de ces deux vies sacrifiées sur l’autel de la violence inouïe d’un conflit, de l’exil, et des traumatismes irréversibles sur l’âme humaine… rares sont les pauses pour respirer.



Une lecture souvent éprouvante qu’on peut avoir parfois envie de poser pour en fuir la violence, la crasse et la noirceur.

Mais chaque fois on y revient car on se dit que ça doit bien finir un jour… retrouver la paix après la guerre,

après les guerres qu’on se fait,

retrouver une autre vie après la mort,

se souvenir de la vie d’avant

comme d’une autre vie qui aurait été celle de quelqu’un d’autre…



Un texte sombre mais résilient autant que possible, qui laisse se glisser sournoisement la créature reptilienne de la légende albanaise du Bolla jusqu’à enserrer le lecteur, silencieusement et puissamment, pour lui conter l’histoire de Milos et Arsim,

une histoire d’amour empêchée,

une histoire de vies et de guerres,

qui doit laisser le temps passer

pour enfin panser les blessures qui peuvent encore l’être…
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La traversée

Bujar a grandi à Tirana, en Albanie. Après la mort de son père, il décide de quitter le pays avec son meilleur ami, Agim. Les deux adolescents passent plusieurs mois à dormir dans la rue et à survivre grâce à des petits boulots, puis se lancent dans la traversée vers l’Italie. Le parcours migratoire de Bujar le conduit, quelques années plus tard, en Allemagne, en Espagne, aux États-Unis puis en Finlande. À chaque étape de son parcours, il s’invente une nouvelle vie : il est tantôt un jeune Italien dont les parents sont morts, tantôt une femme trans venant de Turquie, ou une Bosniaque qui étudie la médecine.

Ce roman, écrit par un jeune auteur kosovar qui a émigré à l’âge de deux ans en Finlande, traite de la migration, mais surtout de la recherche d’une place dans le monde. Le héros souhaite être accepté dans les pays qu’il traverse, mais toutes ses aspirations sont contrariées : il est sans cesse renvoyé à son statut d’étranger et il subit racisme et homophobie. La réflexion porte surtout sur ce qui définit un migrant, entre son existence passée et celui qu’il souhaite être une fois arrivé à destination, et sur la difficulté à être soi-même quand la population autochtone ne le permet pas.
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