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Critiques de Pajtim Statovci (31)
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Bolla

Nous sommes en 1995, à Pristina au Kosovo. Arsim est jeune albanais qui vit avec sa femme et leur premier enfant, il fait la rencontre de Milos, jeune serbe alors étudiant en médecine, et toute sa vie est chamboulée par la relation clandestine qu'il vont débuter ensemble. Aussi secrète qu'incandescente, leur passion amoureuse est mise à mal par une guerre fratricide qui oppose serbes et albanais et qui va bientôt pousser Arsim à l'exil avec sa femme de nouveau enceinte. Des années plus tard, Arsim tentera de retrouver celui qu'il aime, mais les ravages de la guerre et de la haine des hommes le mettront face à une douloureuse réalité. Un roman tendrement douloureux sur l'impossibilité d'une vie heureuse, merci Les Argonautes d'avoir fait traduire ce texte.



📖 Bolla de Pajtim Statovci a paru le 3 février 2023 chez Les Argonautes Éditeurs dans une traduction de Claire Saint-Germain. 250 pages, 22€.



🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
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Bolla

L’amour peut-il triompher de tout ? Si les romans nous conduisent, parfois, à penser que oui, la réalité est malheureusement beaucoup moins optimiste.



Pourtant, c’est un feu dévorant qui consume Arsim et Milos. Leur rencontre, un hasard, a la saveur d’une évidence.



Pourtant, rien ne peut-être simple entre eux. Ils sont homosexuels, ce qui doit rester un secret. L’un est marié, père de famille. L’autre est un étudiant en médecine. Arsim est albanais, et Milos, serbe, et le Kosovo s’embrase d’une guerre qui ne saurait les laisser indemnes.



Ce roman plonge le lecteur dans la vie, dans ses ratés, dans ces moments fugaces de bonheur, vite gâchés par l’homme, la société, la guerre.



C’est le récit des hommes qui, petit à petit, deviennent méchants, s’éloignant irrémédiablement de ce qui aurait pu être leur vie s’ils étaient nés ailleurs, à un autre moment, dans un autre pays.



L’auteur utilise le passé et le présent pour nous raconter cette mélancolie du temps qui passe, de ce qui ne peut être rattrapé. De cette lutte perdue d’avance.



Ce roman est très réussi. L’auteur nous dépeint avec brio la passion et l’égoïsme qu’elle comporte. Des souffrances causées à l’entourage, de la violence qu’ils doivent subir, victimes collatérales d’un bonheur gâché.



Une lecture exigeante et pesante mais qui m’a emporté, par sa noirceur.
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Bolla

COUP DE COEUR pour BOLLA le roman de Patjim Statovci Bolla traduit du finnois par Claire-Saint Germain aux éditions Les Argonautes.



J’ai découvert ce livre lors des rencontres VLEEL de janvier. Tout de suite je suis tombé sous le charme de la couverture. Le résumé, dressé par l’éditrice, a titillé ma curiosité. Ma lecture à achever de me convaincre.



Ce récit bouleversant nous plonge au coeur du Kosovo, en 1995, durant les guerres de Yougoslavie. Dans ce contexte, Arsim, un jeune étudiant albanais, rencontre Milos, un étudiant serbe. Tous les deux tombent amoureux.



Malgré les tabous, ils vivent leur passion interdite et se retrouvent face à leurs désirs, leurs choix et leurs aspirations. Leur amour est mis à l'épreuve lorsqu' Arsim est obligé de fuir le Kosovo avec sa famille pour échapper à la guerre.



Un jour, Arsim est déterminé à retrouver son amour perdu, mais lorsqu'il le retrouve, il doit faire face à la réalité de ce que la guerre a fait à Milos.



La narration de l'auteur alterne entre le passé et le présent. Le roman montre comment, même après la guerre, les traumatismes laissés par le conflit sont encore profondément ancrés dans la société. Statovci aborde des thèmes universels tels que la liberté, l'identité, l'acceptation de soi et de l'autre, ainsi que la résilience face à l'adversité. Bref, je recommande !

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Bolla

En cours de physique on nous apprend que les contraires s’attirent. Arsim et Milos en sont la preuve: deux pôles antagoniques.

L’un est Albanais, l’autre Serbe à l’aube d’une terrible guerre entre leurs deux peuples.

L’un est marié et attend un enfant. L’autre vit seul et étudie assidument.

Seuls la littérature, la chambre de Milos et leur dévorant désir l’un pour l’autre unissent ces deux amants aimants.



Je suis ressortie de cette lecture le cœur en pagaille, lessivé, submergé par un tourbillon d’émotions.

Quel texte! De ceux qui remuent le lecteur et le bousculent d’une force inouïe.

Du cœur serré au malaise, à la colère, en passant par le dégoût voire l’écœurement face à la violence, maintes fois j’ai eu le cœur suspendu, incapable d’en relâcher la tension.



De l’incipit saisissant au réalisme discret et efficace, jusqu’au dénouement déchirant… qui n’est finalement que l’écho de toutes les autres déchirures… celles de ces deux vies sacrifiées sur l’autel de la violence inouïe d’un conflit, de l’exil, et des traumatismes irréversibles sur l’âme humaine… rares sont les pauses pour respirer.



Une lecture souvent éprouvante qu’on peut avoir parfois envie de poser pour en fuir la violence, la crasse et la noirceur.

Mais chaque fois on y revient car on se dit que ça doit bien finir un jour… retrouver la paix après la guerre,

après les guerres qu’on se fait,

retrouver une autre vie après la mort,

se souvenir de la vie d’avant

comme d’une autre vie qui aurait été celle de quelqu’un d’autre…



Un texte sombre mais résilient autant que possible, qui laisse se glisser sournoisement la créature reptilienne de la légende albanaise du Bolla jusqu’à enserrer le lecteur, silencieusement et puissamment, pour lui conter l’histoire de Milos et Arsim,

une histoire d’amour empêchée,

une histoire de vies et de guerres,

qui doit laisser le temps passer

pour enfin panser les blessures qui peuvent encore l’être…
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Bolla

« Bolla est une réalisation splendide, et Statovci un talent majeur »

New York Times



Vertigineux, sombre, terriblement humain, « Bolla » est d'une puissance inouïe. Pajtim Statovci est le maître en littérature.

Magnétique, solaire, viril, « Bolla » se lit en direct, sans recul, il le mérite.

« La première fois, je le vois traverser la route. Je suis assis à l'ombre en terrasse d'un café et il avance dans ma direction, le soleil dans la nuque, homme adulte dans un corps d'adolescent ».

L'écriture est dans cette orée où rien n'échappe au lecteur. La plongée dans une trame au réalisme fou. Tant le Kosovo coopère au tremblement, à l'émotion d'une contemporanéité hors norme.

Ils sont ici, en plein soleil. Arsim, albanais, le souffleur de cette histoire qui fait monter l'enchère. Miloš, serbe, étudiant en médecine à l'université de Pristina. L'attirance fébrile, envoûtante, la sensualité complice. L'immense trou noir qui les happe, l'aura sublimée. Voluptueux, pudiques, dans ce pays où le moindre écart est sens interdit. L'homosexualité bannie, le courroux des diktats, hommes incendiés, ils se savent.

« Cela semble naturel ; en anglais nous ne sommes pas albanais et serbe mais détachés d'ici, des pages arrachées à un roman ».

Arsim est marié. Ce dernier, quasiment arrangé, triste comme un lac gelé en pleine nuit noire. Il ne l'aime pas, même s'il sait sa beauté lumineuse et ses capacités de mimétisme sans faille.

« Alors je m'enfonce dans le chagrin et je comprends qu'elle est trop bien pour moi, pour vivre cette vie-là avec moi. le pire est de savoir qu'Ajshe n'osera jamais me dire qu'elle voudrait vivre à l'encontre des décisions que je prends ».

Elle, soumise et effacée, intègre et ignorée du monde dans le plein jour où gravitent les opportunités et les hasards chanceux. Elle fait comme si. Nettoie sa maison comme si elle purifiait son propre corps. Ajshe, enceinte et abandonnée nuit et jour par Arsim dévoré d'amour pour Miloš, lui, qui croque des pommes à longueur de temps. Un rituel frugal, Bolla qui s'agite en lui. Se nourrir d'Arsim, lui offrit l'aérienne posture, la rectitude des rencontres où pas une minute n'est ignorée, où la cartographie des corps est réinventée à cris et à émois, à souffrances et à l'éclat de lumière. Ils vivent l'urgence de l'instant. L'architecture d'une relation qui se cogne comme un moustique sur une lampe brûlante. Ils pressentent que demain ne sera pas. Pas dans ce pays où le cosmopolite est du papier déchiré et de la poussière dans les yeux. le kosovo, frères un jour, ennemis le lendemain. le pain retiré aux enfants, les persiennes baissées, les méfiances et délations prêtes à mordre. « Bolla » le mythe, la légende albanaise, la parabole de l'étouffement. Les rêves peinture qui dégorge sous les pluies des impossibilités. L'averse des interdits. Ils sont le symbole des terres qui savent les lucidités dévorantes. Plus aucune vision, ni mirage, mais l'arme pointé sur l'amour. La guerre fraticide, le linceul noir sur les coeurs. Arsim s'enfuit avec Ajshe et leur enfant. Elle est de nouveau enceinte et il fait acte de devoir. Les ténèbres se révoltent. L'exil est un gouffre. Arsim et Miloš séparés, chemin de traverse. Bolla jubile, Bolla est machiavélique. le récit est l'épreuve des peuples et des hommes. Des litanies noyées dans les boues intestines. Les désirs, les libertés, les choix sont des perles fracassées sur la terre. Rien ne résiste au champ de mine sur les consciences et l'appartenance à une ethnie à la vie à la mort. « Bolla » le choc d'un patriotisme qui pleure les siens sur les barbelés. « Bolla » l'homosexualité sublimée, charnelle dont on admire ses héros. Il y a le démoniaque d'un homme égaré dans ses limbes : Arsim. Miloš : fidèle à son pays, la Serbie, jusqu'au paroxysme. Ajshe : le délitement des résistances. « Bolla » est un grand livre, déchirant, fondamental. Un triptyque à plusieurs degrés. Dans un langage surdoué, hypnotique, il est un choc de lecture, une lecture résolument poignante et magistrale. Traduit du finnois par Claire Saint-Germain, publié par les majeures Éditions Les Argonautes.











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Bolla

Bolla est le troisième roman de Pajtim Statovci à être traduit en français. Je les ai tous lus ; le premier ne m'avait pas tellement plu, le deuxième m'avait nettement plus intéressé, et celui-ci est un coup de cœur ! De deux choses l'une : soit je suis devenu sensible à son univers, soit l'auteur peaufine peu à peu son œuvre. On retrouve évidemment des thèmes communs dans chacun de ses romans (le Kosovo, l'homosexualité), car ils sont les nerfs qui sous-tendent l'œuvre en cours de construction, mais chaque roman, pour l'instant, part dans une direction différente. Ce roman n'est pas un roman sur l'homosexualité, c'est un roman sur le bonheur, sur les choix qu'il faut faire, ou ceux que l'on fait pour vous, sur la guerre, sur l'amour, sur l'impossible réconciliation entre Serbes et Albanais, et ah oui, c'est vrai, c'est une histoire d'amour entre deux hommes. Certes, cela complique sérieusement les choses mais à mon sens, ce n'est pas le cœur du roman. C'est le parcours d'Arsim, ses doutes, ses erreurs qui forment l'ossature du roman. Arsim qui ne parvient pas à se réaliser, à faire exister la personne qu'il est réellement, et qui de ce fait, détruit ce qu'il possède. Si ce jeune prodige de la littérature finlandaise continue sur cette voie, nul doute que ses prochains romans sauront me toucher.
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Bolla

L’écrivain finlandais d’origine kosovare livre le roman d’un retour d’exil désillusionné.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Bolla

Si je m'attendais à un roman sombre, je ne m'attendais pas à ce qu'il le soit autant, et surtout à ce qu'il ait une dimension aussi mélancolique. Porté par une plume fine et incisive, ce récit aux personnages poignants oscille entre espoir et désillusion, entre amour et haine (de soi et des autres), et incite à s'interroger sur de nombreux sujets de société encore omniprésents aujourd'hui.

C'est un texte marquant, qui prend place dans un contexte géopolitique trop peu évoqué en littérature, et que je ne peux que recommander à ceux qui ont le coeur bien accroché.
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La traversée

Bujar a grandi à Tirana, en Albanie. Après la mort de son père, il décide de quitter le pays avec son meilleur ami, Agim. Les deux adolescents passent plusieurs mois à dormir dans la rue et à survivre grâce à des petits boulots, puis se lancent dans la traversée vers l’Italie. Le parcours migratoire de Bujar le conduit, quelques années plus tard, en Allemagne, en Espagne, aux États-Unis puis en Finlande. À chaque étape de son parcours, il s’invente une nouvelle vie : il est tantôt un jeune Italien dont les parents sont morts, tantôt une femme trans venant de Turquie, ou une Bosniaque qui étudie la médecine.

Ce roman, écrit par un jeune auteur kosovar qui a émigré à l’âge de deux ans en Finlande, traite de la migration, mais surtout de la recherche d’une place dans le monde. Le héros souhaite être accepté dans les pays qu’il traverse, mais toutes ses aspirations sont contrariées : il est sans cesse renvoyé à son statut d’étranger et il subit racisme et homophobie. La réflexion porte surtout sur ce qui définit un migrant, entre son existence passée et celui qu’il souhaite être une fois arrivé à destination, et sur la difficulté à être soi-même quand la population autochtone ne le permet pas.
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La traversée

Un garçon qui est aussi bien une fille : il s'appelle Bujar, et il peut être une jeune fille de Sarajevo courtisée par des hommes de tous âges ou un charmant Espagnol qui fait tomber amoureux les filles dont il ne peut s'éprendre. Bujar invente continuellement sa propre histoire, comme un imposteur qui s'approprie des fragments de la vie des autres, le passé des personnes qu'il a aimées ou encore leurs noms, car il peut ainsi choisir qui il veut être, le pays dont il vient, les détails de son existence, simplement en le racontant à un ami ou à un inconnu. Il transforme ainsi à sa guise le récit d'une vie passée à voyager et à fuir, de l'Albanie à l'Amérique, en passant par Rome, Madrid, Berlin, Helsinki. Car, comme il le dit lui-même : "personne n'est obligé de rester celui qui est né, on peut se reconstituer comme un nouveau puzzle".

Partant d'une adolescence très pauvre à Tirana, "le dépotoir de l'Europe, fermant la marche de l'Europe, la plus grande prison à ciel ouvert d'Europe", Bujar raconte son histoire à la première personne. Ses parents, sa sœur, son amitié avec Agim, un garçon du même âge et voisin, rejeté par sa famille à cause de son orientation sexuelle. Tous deux dépaysés dans un pays dévasté, de plus en plus dépendants l'un de l'autre, ils décident de se lancer vers un avenir qui leur appartient. Ils s'enfuient de chez eux , s'en vont vivre dans les rues de Tirana, puis sur la côte, jusqu'à ce qu'ils entreprennent un voyage en tant qu'immigrants illégaux vers l'Italie à travers l'Adriatique. De l'isolement et de l'humiliation, de la honte de la solitude, un Bujar différent se dessine peu à peu, une nouvelle créature qui n'a plus d'origines ni de nationalité, et qui est prête à défier et à habiter le monde entier.

Passionnante réflexion littéraire sur l'identité menée avec une sensibilité novatrice et troublante, écrite dans un langage capable d'exprimer la colère, le désir ou la mélancolie en détail et dans une seule phrase. C'est le roman d'un très jeune auteur talentueux qui parle d' appartenance à un pays, à une langue et d'exclusion, d'amour et de cruauté. Ainsi qu'une passionnante réflexion littéraire sur l'identité de genre menée avec une sensibilité novatrice et troublante.
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La traversée

Alors que le précédent roman traduit en français de ce jeune auteur finlandais ne m'avait pas vraiment convaincu, La traversée m'a nettement plus intéressé, même s'il s'est avéré être assez différent de ce que j'avais imaginé à la lecture de la 4ème de couverture : loin d'être le "simple" récit d'un périple sur les routes des Balkans de garçons qui rêvent d'une vie meilleure, ce roman aborde et mêle de façon surprenante des thèmes très différents : amitié, fidélité, identité, exil... Le lecteur est balloté entre différents lieux et différentes époques, et l'auteur s'amuse délibérément à le perdre. La scène finale des retrouvailles avec la mère est particulièrement touchante.
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La traversée

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué : nouvel exemple ! Le finlandais Pajtim Statovci livre dans La traversée un roman sur les thèmes de la quête identitaire et de la recherche d'un endroit où se sentir chez soi qui brouille les cartes et entretient une certaine confusion. Bujar, son héros adolescent, a quitté l'Albanie du début des années 90, en compagnie d'un ami, et va se retrouver en Italie, pour commencer. Et plus tard à Madrid, à Berlin, à New York et à Helsinki, au gré de chapitres où l'on doute souvent du narrateur, qui n'est pas nécessairement toujours Bujar mais peut-être son compagnon de route. Le récit ne manque pas d'intérêt, notamment quand il évoque l'Albanie de l'après Hoxha et les mythes très virils qui contribuent à la fierté du pays. Chaque chapitre, pris isolément, a du caractère et témoigne d'une grande lucidité vis-à-vis du statut de migrant mais l'ensemble est volontairement insaisissable, à l'image de Bujar (ou son camarade) qui entretient l'ambigüité sur son sexe et ment copieusement à ceux qu'il rencontre, n'avouant jamais qu'il vient du "pays des aigles." Il n'y a pas de leçons à donner à l'auteur, manifestement doué, qui ne raconte pas ici sa propre histoire (il est arrivé en Finlande à l'âge de 2 ans) mais simplifier et domestiquer ses récits ne nuirait sans doute pas à la qualité de son œuvre. Ceci dit, son audace narrative et sa force d'évocation restent des évidences.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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La traversée

Dans les années 90, à Tirana, en Albanie, Bujar et Agim sont deux amis inséparables. Le père de Bujar est très malade et va bientôt mourir, laissant son fils de 14 ans, sa fille Ana et son épouse dépressive. Lorque le père d’Agim découvre son fils habillé en femme, Agim est rejeté par sa famille. Ainsi lorsque Ana quitte la maison sans prévenir, Bujar accepte alors de tout quitter pour partir avec Agim. Pendant quelques temps, ils restent dans la capitale, à la rue et sans-abris, vivant de vols ou de petits boulots, puis ils partent à Durrës afin de quitter définitivement l’Albanie pour l’Italie.

A tour de rôle Bujar et Agim sont les narrateurs de cette histoire, mais souvent il faut un peu de temps au lecteur pour deviner lequel des deux…

J’ai eu du mal à lire ce livre « patchwork » qui commence avec un premier chapitre, en 1998 à Rome, le narrateur est sur le point de ce donner la mort… Puis c’est la première partie qui est un flashback, durant les années 1990-1991 à Tirana (Albanie), le narrateur a quatorze ans, il se promène dans la vieille ville avec son père et son dernier lui raconte l’histoire de l’Albanie, lui offre des billes puis lui annonce qu’il est très malade… La deuxième partie commence à Rome en 1998, puis nous nous retrouvons à Berlin 1998-1999, Madrid 1999-2000, New-York 2000-2001… Pour la troisième partie, retour en 1991 et 1992 à Tirana puis Durrës… Enfin pour la quatrième partie, le lecteur se retrouve en 2003 à Helsinki en Finlande !

Tout au long de leur périple, Bujar et Agim sont confrontés à la discrimination, à la violence… Il est également question de choix de vie, d’identité…

Je suis passée à côté de cette histoire qui se lit pourtant plutôt bien mais la construction du livre m’a perdu et ne pas savoir qui est qui a également perturbé ma lecture… J’ai cependant été intéressée par les passages concernant l’Histoire de l’Albanie, ses contes et légendes…
Lien : https://aproposdelivres.word..
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La traversée

Via la question de l'exil et de l'accueil des migrants, le Finnois Pajtim Statovci débrouille les frontières et les genres pour un droit à l'auto-définition.
Lien : https://focus.levif.be/cult..
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La traversée

Comment construire son identité lorsqu'on est un adolescent albanais, que l'on fuit son pays et qu'on cherche en même temps aussi à cerner son orientation sexuelle? C'est avec ces thématiques que l'on fait connaissance ici avec Agim et Bujar dans leur parcours migratoire, en Italie, en Espagne, aux Etats Unis et en Finlande.

L'ecriture est belle mais le récit parfois complexe car non linéaire avec des aller-retours réguliers dans le temps et un narrateur pas toujours bien énoncé.

De nombreuses situations et questionnements sont touchants, interrogent le lecteur.

Ce fut donc pour moi une lecture enrichissante, mais pas inoubliable.
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La traversée

Ce roman du jeune auteur Pajtim Statovci, né au Kosovo avant que sa famille ne s'installe en Finlande, est plus que déprimant.



On y suit les errances de Bujar et de son meilleur ami Agim dans les rues de Tirana et de Durrës, puis leurs tentatives pour rejoindre l'Italie et une longue traversée du désert à Berlin, New York, Helsinki.



Très dur, puisqu'il raconte la fuite de deux jeunes garçons livrés à eux-mêmes dans un des pays les plus pauvres d'Europe, et la misère qui leur colle à la peau où qu'ils soient, La Traversée est également emprunte d'une solitude écrasante où le narrateur est en perpétuel questionnement sur son identité, sa nationalité.



J'ai trouvé certains sujets abordés très intéressants : la relation qu'entretiennent les Albanais du Kosovo avec les Albanais d'Albanie, l'impressionnant rejet de Bujar et d'Agim envers leur pays de naissance et leur nationalité, la question de l'identité sexuelle et du genre et sa déclinaison "par pays", ou encore le regard qui pèse sur celui qui est immigré.



A noter également le style particulier de narration : on comprend que Bujar est le narrateur, mais l'on n'en est plus certain à la lecture de chapitres spécifiques, sans que l'on n'ait plus d'indice ; le genre du narrateur change, et l'on ne sait plus vraiment à la fin qui de Bujar ou d'Agim est le conteur du récit. C'est à la fois extrêmement déroutant et plutôt habile au vu de la tendance d'un des protagonistes à se travestir.



Les bas-fonds de Tirana et de New York m'ont en revanche fait franchement déprimer ; certains passages m'ont fait penser au livre Le Pain Nu de Mohamed Choukri. Une lecture pas vraiment agréable donc, mais qui fait découvrir un auteur au style singulier...à suivre !
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La traversée

La traversée est le second roman de l'auteur de Mon chat Yugoslavia : Pajtim Statovci. Le jeune auteur finlandais, né au Kosovo, met en scène Agim et Bujar. Ils sont nés en Albanie, ils sont meilleurs amis. Mais leur vie va changer quand le père de Bujar va mourir et celui d’Agim découvrir que son fils aime revêtir les vêtements et les bijoux de sa mère. Les deux amis décident de partir, quitter l’Albanie. C’est le début d’un nouveau départ (mais pas la fin des galères). Jusqu’où peut-on aller pour avoir droit à une nouvelle vie ? Combien d’endroits, combien de rencontres pour être complètement détruit ?

La traversée est un livre étrange. C’est un livre qui se lit en même temps très rapidement (c’est fluide, c’est bien construit), et qui est cependant assez obscur. On est parfois confus : qui nous parle ? Bujar ou Agim ? On a envie de tourner les pages de plus en plus rapidement pour comprendre enfin ce qu’il s’est passé. De ce point de vue, c’est un livre génial à mon avis : jusqu’à la fin, on se demande où l’on va.

Mais c’est également un livre étrange, voire dérangeant, parce que ses personnages sont ambivalents. Ils sont loin d’être parfaits, on a beaucoup de mal à s’identifier à quiconque et surtout pas au personnage principal, qui nous ment et qui se cache de nous, dont certaines actions nous gênent. Et là encore ça fonctionne : ça donne à réfléchir, en lisant les aventures de Bujar et Agim, à nos propres actions. À quel point nos remarques et nos avis sur les autres les changent. Et si ce qui nous dérangeant chez les autres, c’était finalement ce que nous projetions sur elles et eux ?
Lien : https://ledevorateur.fr/la-t..
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La traversée

Dans les années 90, Bujar et Agim vivent à Tirana, en Albanie, leur pays natal. Ils sont amis et deviennent inséparables. Mais la vie qui les attend ne leur fera pas de cadeau : Bujar comprend que son père est gravement malade et va bientôt mourir ; Agim qui aime s'habiller en fille est rejeté par sa famille.

A la mort de son père, alors qu'Ana sa sœur disparaît mystérieusement et ne revient pas à la maison, que sa mère tombe dans la dépression et que rien ne va plus dans le pays, Bujar accepte de tout quitter pour s'enfuir avec Agim. Les deux jeunes adolescents, âgés seulement de 15 et 16 ans, s'installent ensemble en ville, puis, devant les difficultés qui s'accumulent, ils décident de partir à Durrës pour pouvoir enfin, quitter définitivement le pays, pour l'Italie.

C'est le début d'une véritable galère et de drames successifs.

Est-on libre de choisir sa vie ?

Suffit-il de changer de lieu pour changer de vie ?

Comment faire table rase du passé sans renier totalement ses racines ?

Comment se sentir chez soi quand on est déraciné, et dans son propre corps, quand on a du mal à trouver sa propre identité ?



Le roman débute à Rome mais, en plus de l'Italie, il nous fera voyager, de l'Albanie, pays natal des deux adolescents, à l'Espagne, aux États-Unis puis à la Finlande.

L'histoire nous est révélée par bribes par Bujar, le narrateur. C'est le lecteur qui devra la reconstituer dans sa chronologie, une fois arrivé aux toutes dernières pages. Mais des dates sont mises en début de chapitres afin de nous permettre de mieux nous repérer dans les nombreux retours en arrière.

Bujar et Agim sont confrontés au racisme, à la discrimination, à la violence, à la mesquinerie des autres et doivent sans cesse expliquer d'où ils viennent, qui ils sont. Ils finissent donc par s'inventer une autre vie, ou par la vivre par personne interposée, et ils mentent donc continuellement aux autres, même à ceux qui vont leur faire confiance.



J'ai aimé en apprendre davantage sur l'Histoire de l'Albanie dans les années 90. Je savais peu de chose de cette période. Le pays a été un des derniers pays communistes à être sorti de son isolement. Suite à la mort de son dirigeant Hoxha, en 1985, l'Albanie est alors considéré comme le pays le plus pauvre et le plus sous-développé de tous les pays d'Europe.

J'ai aimé le fait que l'auteur s'appuie sur le folklore albanais et sur de nombreuses références littéraires, comme des récits de voyage ou d'aventure, pour étayer son roman et faire réfléchir le lecteur.

J'ai aimé le dynamisme du roman qui se lit très vite et est découpé en quatre parties, puis en chapitres courts.

J'ai aimé aussi le ton juste et sans pathos, avec lequel l'auteur aborde le sujet de l'immigration et de ses conséquences, mais aussi celui non moins important dans ce roman, du genre, de la sexualité et de l'acceptation de soi.



Je n'ai pas aimé le fait de ne m'attacher à aucun des deux personnages, pourtant leur histoire est poignante.

Je le reconnais, dans la seconde partie du roman, qui se déroule en Italie, j'ai été perturbée pendant quelques pages de ne pas savoir lequel des deux garçons parlait...Puis j'ai accepté que l'un finalement puisse se substituer à l'autre pour raconter leur histoire, qu'ils puissent être tous deux, les deux faces d'une seule et même personne.

C'est donc un roman assez déroutant par sa construction, mais intéressant par son sujet et la façon tout à fait cinématographique dont la narration est menée.



Je remercie l'éditeur et la dernière Masse critique de Babelio, de m'avoir permis de découvrir ce jeune auteur, dont je n'avais encore jamais rien lu.


Lien : https://www.bulledemanou.com..
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La traversée

L’exil de deux ados albanais dans différents pays. Fuir la misère mais aller vers le racisme, la violence et toujours la pauvreté. Se demander si on est homme ou femme, taire d’où l’on vient mais ne pas y arriver et revenir aux légendes albanaises. Des passages Intéressants mais pas toujours facile de savoir qui est le narrateur et de ne pas se perdre dans une construction un peu particulière. De par sa belle écriture, de son jeune âge et de son parcours, je l’associe à Édouard Louis.
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La traversée



Butar et Ajim, deux adolescents albanais décident de s'échapper de leur miseres pour partir dans un périple périlleux et tourmenté.



Ces deux copains choississent de rompre avec leur vie de misère et tenter l'aventure d'un quotidien totalement inconnu et qui sera bien différents pour les deux compagnons d'infortune



Mais peut-on se construire en se coupant de ses racines qui nous ont vu être ce que nous sommes ?



Au cours de leur périple, Bujar et Agim se verront durement confrontés au racisme, à la discrimination, à la violence et devront continuellement expliquer d'où ils viennent et qui ils sont.



Le romancier finlandais né au Kosovo Patim Statovci rassemble ses souvenirs de jeune déraciné.



"Je ne comprendrais pas encore non plus que le mieux, pour moi, serait de rester ici, suspendu au bord de mon désir, ardent, aspirant stupidement à obtenir ce qui m'échappera toujours."



Il nous livre un récit tout aussi lucide qu'éprouvant avec une question qui sert de fil rouge à ce périple : Comment se faire un chez soi quelque part?".



Emouvant et sincère et belle traduction du finois par Claire Germain.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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