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Critiques de Stefan Hertmans (173)
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Guerre et Térébenthine

Comme d'autres lecteurs, j'ai été saisi par la justesse des récits de guerre et la profonde inhumanité des officiers avec leurs hommes qui ne sont que la "chair à canon".

On apprécie également les descriptions des manières de vivre au travers des générations de cette famille.

Le milieu des peintres est un peu plus rébarbatif pour les non-initiés mais demeure très instructif.

Un ouvrage à recommander!
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Guerre et Térébenthine

Ce récit est une suite d'hommages constituée de fragments de vie et de portraits, de récits de guerre, de vie politique et sociale et bien sûr de peinture, d'images, de spectacles, de matières, d'odeurs.

Après la lecture des carnets de son grand-père, Sefan Hertmans décide de retranscrire l'ensemble des notes de celui-ci pour mettre au jour l'histoire des gens de sa famille, celle de ses arrières grands-parents et de ses grands-parents, celle de ses parents et la sienne même qui apparaît en filigrane à travers son travail d'écrivain et ses souvenirs d'enfance. L'Histoire y est évoquée dans un panorama constitué de tableaux, d'images, de fragments de souvenirs, d'odeurs retraçant la société ouvrière qui souffre de la misère, de la faim, de labeurs infernaux qui évoquent des peintres comme Emile Claus ou Constantin Meunier. Sur la trace du passé, l'auteur nous fait visiter la ville de sa famille, Gent, à travers l'univers pictural inhérent à son arrière grand-père et à son grand-père, souvent lié au spectacle de la mort et de la pourriture ou alors à celui des églises et des saints Ce livre est construit en trois parties : la première porte sur l'enfance et l'adolescence du grand-père, sa dure vie d'apprenti dans une fonderie et sa prise de conscience du désir d'être peintre. La seconde est consacrée à la guerre de 14-18, à l'héroïsme du grand-père et aux humiliations subies par les soldats flamands par les gradés francophones : "ces imbéciles de flamands ne comprennent rien". La troisième partie est consacrée au retour sur le présent de l'écriture de l'auteur et le vieillissement du grand-père jusqu'à sa mort. Les récits sont souvent jalonnés de reproductions photographiques ou picturales, d'extraits de notes non retouchées. En aucun cas misérabiliste, cette oeuvre est un véritable témoignage de l'histoire des hommes, celle dont on ne parle pas, ou peu, dans les livres d'Histoire.



Extrait 1 : Il est témoin d'un épouvantable accident du travail : le fils du forgeron tombe tête la première dans le four brûlant. Il voit le forgeron, qui à ce moment-là était occupé à donner des coups de marteau en tournant le dos au four et ne s'était rendu compte de rien, retirer son fils des flammes en jurant, mais il est trop tard. Ce qu'ils aperçoivent est un visage détruit, une boule noircie par le feu, aux traits vaguement humains où bouillonne un liquide glaireux, mélangé à de la salive ensanglantée. Les yeux calcinés sont blancs comme ceux d'un poisson cuit ; la bouche est un trou noir où billent les dents du haut à présent dégagées. Un jeune ouvrier entre, un seau dans les mains, et verse de l'eau sur la tête. Dans le sifflement et le gargouillement asphyxiants que produit l'eau qui s'infiltre en profondeur dans la peau brûlée, le jeune homme agonisant expulse un dernier gargarisme, tandis que le corps se tord et se convulse. […] Les ouvriers et les apprentis observent la scène fixement. […]

C'est le premier mort qu'a l'occasion de voir mon grand-père. Aucune assistance psychologique n'était prévue à l'époque ; il rentre chez lui et se tait pendant toute la soirée. […]

Puis tout va très vite. Après quelques semaines de recherches et de tâtonnements, il se retrouve à la fonderie. Dur labeur, un garçon de treize ans à peine qui les premiers jours déambule, perdu, dans un vacarme assourdissant […]



Extrait 2 : Aujourd'hui, j'aimerais entendre de nouveau leurs histoires en prêtant attention aux moindres détails car, à l'époque, je voyais sans voir et j'entendais sans entendre, moi le coupable qui, enfant, passait inaperçu dans la pièce et allait quelques années plus tard détruire la montre de leur père défunt. Bientôt, sous le "lanterneau", comme ils appelaient cette ouverture ménagée dans le toit dans laquelle étaient enchâssés des vitraux colorés, la pièce s'emplit de fumée de cigare et de pipe. La bouteille d'Elixir d'Anvers ne tarde pas à se vider, à la demande de Léontine on pose du genièvre sur la table […]. Clarisse a atteint, bredouillante et tremblotante, l'âge de cent six ans, aussi saine d'esprit et calme qu'elle l'avait toujours été ; Mélanie cent trois ans, mélancolique et élégante jusqu'à son dernier jour ; mon grand-père, énergique et sentimental, quatre-vingt-dix ans ; Jules et Emile dont morts à soixante-dix ans passés. Ils étaient tous des survivants, des personnes résistantes, endurcies par la pauvreté durant leur jeunesse et la rigueur des années de guerre, chrétiens jusqu'au tréfonds de l'âme, mais faisaient aussi preuve de pragmatisme, de sang-froid et d'ironie face aux circonstances concrètes de leur existence. Leur mesure du temps était aussi simple qu'efficace : il comptait en fonction de ce qui s'était passé "avant la Grande Guerre" ou "des années après la Grande Guerre". On ne parlait pas beaucoup de la Seconde Guerre mondiale […].

Ils restent assis, se taisent, soupirent, rient, toussent, avalent, prennent tout compte fait encore une petite gorgée, disent : oui, oui, mon vieux, c'est quelque chose, la vie. Je les vois devant moi, les mains posées sur leurs genoux, les unes noueuses avec les pourtours des ongles sales, les autres fines ou pâles. Mais je ne peux les dessiner comme mon grand-père en était capable. Une curieuse lumière surnaturelle éclaire leurs sombres silhouettes, la lumière tenace de ce qui ne reviendra plus.
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Guerre et Térébenthine

J’ai refermé ce roman avec beaucoup d’émotion…



Ce livre dense est divisé en trois parties : la partie centrale est constituée du cahier de mémoire de la guerre 14-18 écrit par Urbain Martien (« Mon nom se prononce ‘Martine’, pas ‘Martien’.C’est l’équivalent de Martinen Flamand, à vos ordres. ») et elle est entourée du récit que fait Stefan Hertmans sur la vie de son grand-père avant et après cette guerre. Le carnet de souvenirs personnels a la place centrale car c’est cette guerre qui détermine toute la vie de cet homme.



Mais avant, il y a la naissance en 1891 et l’enfance dans un quartier pauvre de Gand, Céline la mère venue d’un milieu bourgeois, qui s’est « déclassée » en épousant l’homme qu’elle aime, Franciscus, le peintre de fresques à la santé délicate, employé par des institutions religieuses. Le catholicisme marque profondément cette famille, Urbain en particulier, dans cette ville de Gand où on parle français (car à ‘époque, les francophones étaient dominants en Belgique, le flamand parlé dans les couches populaires n’était pas reconnu à égalité avec le français). L’enfance et l’adolescence d’Urbain sont marquées par son amour fervent pour ses parents, sa mère digne, maîtresse femme, son père avec qui il passe de longues heures à l’observer en train de peindre et dont il voit la santé se dégrader progressivement jusqu’à une mort prématurée. Ses rêves de devenir peintre à son tour s’effacent devant la nécessité du travail, très rude dans une fonderie, et finalement une formation militaire qui l’amènera aux portes de la guerre avec le grade de caporal.



Urbain raconte ensuite sa guerre : la résistance de l’armée belge démolie par la puissance de feu allemande, la déroute qui accule les Belges sur la rive gauche de l’Yser, l’inondation de la plaine et l’enterrement dans les tranchées avec toute la misère et le danger que l’on sait. Urbain est un personnage emblématique de la Belgique de l’époque : il a le sens de l’honneur et du sacrifice, des valeurs balayées par les exactions allemandes et l’horreur des tranchées ; mais le jeune homme fait obstinément son devoir, il se distingue courageusement et est blessé à trois reprises. (Il passera deux séjours de convalescence en Angleterre, où il découvrira par hasard le travail de son père lors d’un séjour à Liverpool.). Les années 1917 et 1918 sont marquées par des mouvements de rébellion dans les armées, d’autant que les « troufions » flamands sont souvent méprisés par les officiers francophones et que la bravoure flamande n’est pas reconnue à sa juste valeur. Et pourtant Urbain Martien (devenu premier sergent-major) vivra tout le reste de sa vie dans les valeurs et le sens du devoir d’avant 1914.



Après la guerre, il y a enfin la rencontre avec celle qui sera le grand amour de sa vie après sa mère, Maria Emelia elle aussi bien trop tôt partie. Et puis c’est une vie de devoir, de rigueur, de dignité, marquée notamment par le port du même costume noir strict et de la lavallière, et en même temps d’une vie intérieure, intime tellement secrète, impossible à exprimer sauf peut-être dans la peinture, dans les nombreuses copies de tableaux célèbres où Urbain excelle. Bien des années après sa mort, le petit-fils Stefan se mettra sur les traces de ce grand-père tant aimé en observant les toiles, en en trouvant de cachées, en se promenant sur les lieux où a vécu et combattu le jeune homme, en évoquant ses souvenirs les plus marquants (notamment celui de la montre du grand-père) et en leur donnant du sens.



C’est un roman de mémoire, d’amour familial, le roman d’un grand-père et de son petit-fils, le roman d’un petit homme aux yeux de l’Histoire mais qui s’y est inséré avec grandeur, le roman d’une région, la Flandre, de ses traditions sociales et religieuses, de ses combats qui marquent toujours aujourd’hui le paysage politique belge, un roman de guerre, de peinture et de musique. C’est aussi un roman magnifiquement écrit (et traduit, forcément), avec ses phrases amples, ses évocations sensibles, sa pudeur émouvante. C’est un grand roman flamand. Un grand roman belge.
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Guerre et Térébenthine

Des années que Stefan Hertmans détenait ces cahiers. Six-cent pages de souvenirs consignés sur le tard par Urbain Martien, son grand-père maternel.



Romancier, poète et essayiste flamand, Stefan Hertmans s'est décidé, tardivement lui aussi, à relater le parcours de son grand-père dans une oeuvre entrelaçant les témoignages écrits dont il disposait et ses propres réminiscences quant à cet aïeul discret qu'il aura côtoyé pendant près de trente ans.



Ce portrait tout en mélancolie gracile dévoile un personnage humble et digne, artiste peintre dans l'âme, aussi réservé en paroles que prolixe à l'écrit ou en peinture. Il aura traversé la presque totalité du vingtième siècle, marqué par une enfance démunie, une mère adorée, un unique amour irrémédiablement perdu et deux guerres dont il évoquera essentiellement la première, la Grande, meurtrissure fondamentale de son existence comme de toute une époque.



Ce récit à multiples sources se lit ainsi à différents niveaux, journal intime, fresque familiale et chronique historique, interpellant chaque lecteur selon sa sensibilité.



Pour ma part j'ai été touchée par le destin et la douleur silencieuse de ce personnage d'un autre temps, et captivée par ses déchirants mémoires de guerre. J'avoue en revanche m'être ennuyée parfois dans la longueur de souvenirs très personnels, comme si appréhender l'intimité de cette famille impliquait également de subir certains détails qui n'ont finalement d'intérêt que pour elle seule.



Guerre et Térébenthine (Guerre parce que 14-18, Térébenthine rapport à la peinture… ça c'est pour ceux qui auraient sauté directement à la fin de ce commentaire pour savoir de quoi ça cause en gros), Guerre et Térébenthine donc n'en reste pas moins un témoignage très émouvant et superbement écrit, couronné à sa sortie aux Pays-Bas par le prix du meilleur livre de l'année 2014 et traduit dans dix-sept langues à ce jour, c'est quand même pas rien.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Guerre et Térébenthine

Honte à moi ,bien que belge ,je ne connaissais pas Stefan Hertmans avant d avoir lu des critiques très élogieuses de son roman dans la presse anglo saxonne .

Il faut lire le roman jusqu à la fin ,un véritable petit bijou de sensibilité !

La trame est bien connue :l auteur écrit un roman à partir des carnets que lui à confié son grand père.



J avoue que dans les premiers chapitres je n ai pas été emballée( bien que reconnaissant l excellente facture classique de l ouvrage ) par la relation que fait l auteur de la jeunesse misérable de son grand père ,aîné de 5 enfants dans le prolétariat gantois de la fin du 19 eme siècle : je ne compte plus les récits d enfances misérables qui me sont tombés entre les mains ,toutes à fendre le coeur...et émaillées ici de passages assez « gore «  (le jeune fils du forgeron dont la tête est brûlée vive ds le four...etc ...)

Qu apporte ce roman de nouveau ou de plus?me demandais- je ...

Malgré toute cette noirceur et cette misère , on est frappé par la force Tendre des liens familiaux .

L auteur a une admiration certaine pour ce grand père ,(soit l’auteur des carnets qui inspirent ce roman),dont le sens du devoir (même ds la sphère intime vous verrez ) la droiture et l honnêteté semblent aujourd'hui complètement désuets ou risibles aux yeux des jeunes Générations narcissiques biberonnées à l Instagram et au « moi je » .

Tendresse aussi de ce grand père ,Urbain Martien envers sa mère si belle et si courageuse et envers son père un homme doux ;peintre d église,qu on devine un peu poète et qui mourra prématurément de la tuberculose.

Urbain ,le grand père de l'auteur étudiera ,lui aussi,le dessin et la peinture envers et contre tout ,(il doit travailler dès le plus jeune âge )



Suit la relation des horreurs de la guerre 14-18,maintes fois décrites ds la littérature ,on ne peut qu être frappé à nouveau par l absurdité de cette grande boucherie:

Côté belge

des officiers flamands,bourgeois issus de la haute société -francophones -du moins à l epoque-donnaient des ordres absurdes aux soldats ,hommes du peuple néerlandophones qu ils méprisaient copieusement

-1917 et l idée de lutte des classes ,bien qu en germe n était pas encore advenue-

Ce triste épisode de l histoire belge a été récupéré par les extrémistes flamands belges qui font de l’oppression pendant la grande guerre ,des pauvres types flamands par les méchants francophones ,un de leurs mythes fondateurs ;

C est occulter le fait qu ‘il y avait des hommes du peuple wallon ds les tranchées au côté des flamands et l exploitation des uns par les autres tenait plus du racisme social qu’ ethnique ou linguistique.

Il semblerait tout de même que les wallons (francophones)étaient plus souvent récompensés que les flamands ,d après l auteur .

Dans toutes ces horreurs de pauvreté et de guerre ,l omniprésence de la nature ,de la force de l'amour filial et de l'amour tout court nous font mesurer la dualité de l existence :l homme est capable du meilleur et du pire dans une nature (à l époque on n avait pas encore tout cassé et pollué)à la beauté indifférente ...
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Guerre et Térébenthine

En se servant des apparences… la vérité



Souvenirs des hommes, souvenirs du petit-fils sur son grand-père et sa femme, « une extrême frivolité chez ces deux personnes éternellement vêtues de noir, de gris ou de bleu marine », souvenirs des récits de la première guerre mondiale…



Le grand père peintre-copiste, sa chambre à l’entresol qui lui servait d’atelier, le grand père et son père Franciscus.



« Pendant plus de trente ans, j’ai conservé sans les ouvrir les cahiers où soigneusement, de son écriture incomparable d’avant-guerre, il a consigné ses souvenirs ; il me les a donnés quelques mois avant sa mort en 1981. »



Une remontée dans le temps, les souvenirs, un journal pour dire entre autres « mon épouvante », des détails, l’histoire sur plusieurs générations, des réflexions sur la peinture, comme cette toile où « la peinture hurle un silence de glace »…



Franciscus, Céline, Gabrielle, les lieux, « Les lieux ne sont pas qu’un espace, ils sont aussi associés à une époque »…



Le « mystère » d’une fresque, transmission de mémoire. Avant.



La guerre 1914-1918, « Martien ! », des actes et des situations, coté belge, belge flamand méprisé, des actes et des médailles, le quotidien, des images sanglantes, les blessures et les soins en Grande-Bretagne, ceux qui sont morts « au champ d’honneur », la fuite des animaux à travers le fleuve, le gaz moutarde, l’écriture… « Le temps devient une durée monotone, la durée perd se direction, la direction fait place à l’immobilisme et à l’ennui, l’ennui rend indifférent et las, les jours filent à travers les doigts ».



La libération, les histoires, les cauchemars, « Nous nous taisons, luttons contre nos cauchemars, éclatons parfois en sanglots sentant l’odeur du linge fraîchement repassé ou d’une tasse de lait chaud »…



Une autre histoire, une autre amour, Maria Emelia, « j’ai compris qu’en réalité je comprenais très peu », une copie et la « clé de la vie affective secrète de mon grand-père »… La mémoire, la peinture, la création, l’écriture et cette guerre qui transforma le monde occidental (mais pas seulement) et les vies d’hommes et de femmes, ceux qui survécurent, celles et ceux qui survécurent à la grippe dite espagnole. Derrière le fracas de la guerre, l’odeur de térébenthine et une copie…



La tendresse et l’amour…




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Guerre et Térébenthine

Un portrait tout en sensibilité du grand père de l’auteur et la photo d’une Belgique un peu oubliée parfois pour le meilleur parfois pour le pire.
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Guerre et Térébenthine

Nostalgie et émotion dans ce récit de Stefan Hertmans, personnage jovial et passionné de la littérature belge que j’ai eu le bonheur de rencontrer à la bibliothèque de ma commune.



Hertmans rend un bel hommage à son grand-père, le héros de son enfance. On y retrouve une Flandre aujourd’hui disparue, extrêmement pauvre, industrieuse et sans cesse humiliée par la bourgeoisie.



Le roman est composé de trois parties, avant-pendant-après la Première Guerre Mondiale, et je dois avouer un certain ennui pour la seconde partie, assez riche en faits de guerre et en batailles. La troisième partie évoque avec beaucoup de pudeur la vie sentimentale du grand-père. La première partie est, selon moi, la plus réussie : Hertmans dépeint de très beaux tableaux, colorés, olfactifs et vivants, de la vie ouvrière au début du XXème siècle, comme celui de la forge, ou celui de la fonderie, sans oublier le mémorable (en tout cas je m’en souviendrai longtemps) épisode de la visite à l’usine de gélatine …



Cet épisode sera tellement marquant qu’il révèlera au grand-père de sa vocation, la peinture, cet art qu’il aura pratiquée toute sa vie sans vraiment devenir l’artiste qu’il aurait pu être … Du coup, on ne peut qu’être interpellé par l’affirmation qu’il fait à son petit-fils « Tu peux tout faire, du moment que tu en as envie ». Douloureux mensonge ? Non, je crois plutôt que ces mots sont ceux de l’espoir fou, et totalement compréhensible, de voir nos enfants s’épanouir et réaliser leurs rêves, là où nous avons dû abandonner les nôtres…

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Guerre et Térébenthine

Impressionnant! Tout est basé sur le journal intime du grand-père de l'auteur, et la "petite" histoire de l'homme (ses origines, son enfance, son vécu comme soldat dans les tranchées de l'Yser, son histoire d'amour tragique) s'imbrique dans la "grande" histoire, celle de la guerre 14-18 et on voit bien comment cette guerre a marqué (détruit?) toute une génération et la vie des milliers de familles. J'étais un peu sceptique au début mais cela se lit quasiment d'une traite.
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Guerre et Térébenthine

Une de mes premières visites à Gand avait un objectif précis : j’avais demandé à ma mère de m’emmener voir la cathédrale Saint-Bavon pour découvrir le polyptique de l’Agneau Mystique peint par les frères van Eyck. J’avais 14 ou 15 ans et j’avais choisi ce chef d’œuvre de l’art primitif flamand comme sujet d’une présentation orale à l’école. Je garde un merveilleux souvenir de cette visite. C’était sans doute une des premières fois que j’étais aussi attentif et curieux à l’histoire et aux détails d’une œuvre d’art.

« Guerre et térébenthine (Oorlog en terpentijn) » de Stefan Hertmans m’a rappelé avec délices cette association entre la peinture et Gand, cette superbe ville flamande au confluent de la Lys et de l’Escaut. Le livre, que je n’ai malheureusement pas lu dans le néerlandais original, a été directement inspiré par des carnets laissés par son grand-père à l’auteur. Il a attendu trente ans pour les ouvrir, mais le résultat est un splendide triptyque : une jeunesse pauvre avant 1914 dans un monde aujourd’hui disparu, la guerre et l’inanité de ses actes d’héroïsme, et enfin les longues années qui ont suivi, vécues dans la demi-teinte d’un amour inabouti.


Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Guerre et Térébenthine

C’est un des grands romans de la littérature flamande contemporaine qui est enfin traduit en français.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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Guerre et Térébenthine

Dans ce récit sensible qui est aussi une enquête familiale, Stefan Hertmans nous plonge au début du vingtième siècle sur les traces de son grand-père maternel.

Né à la fin du dix-neuvième siècle dans une famille gantoise, Urbain Martien (« prononcez Martine », comme il le répète souvent aux officiers francophones), subvient très jeune aux besoins de sa famille après la mort précoce de son père qu’il admirera toute sa vie.

Le titre « Guerre et térébenthine » résume parfaitement deux sujets essentiels du roman. De son père, Urbain hérite la passion de la peinture (la térébenthine sert à nettoyer les pinceaux et intervient dans certains mélanges de couleurs) ; et, par l’implacable fatalité de l’histoire, il se retrouve, jeune soldat, dans l’enfer des combats et des tranchées durant les quatre années de la Première Guerre Mondiale.

En 1919, la grippe espagnole emporte sa fiancée adorée, Maria Emelia. Plus tard, il épousera Gabrielle, la sœur de celle-ci, aussi réservée que Maria Emelia devait être passionnée.

La deuxième partie du livre reprend le récit de guerre qu’Urbain écrit à la fin de sa vie. Ces pages nous plongent dans l’horreur de la mort quotidienne, de la peur constante au cœur d’une attente souvent interminable, de la faim et des privations essentielles, des maladies, des blessures, de la saleté, des rats… C’est aussi la terrifiante révélation du recours à toutes les ruses visant à tuer et à démoraliser l’ennemi – une terrible révélation pour Urbain, encore un homme intérieur du dix-neuvième siècle, croyant en Dieu, en l’humilité, en l’honneur, respectueux des ordres donnés (tout en ayant conscience de la fréquente absurdité meurtrière de ceux-ci) – ordres donnés en français par des gradés francophones.

Outre cette partie plus immersive et intense, Stefan Hertmans nous relate son enquête familiale menée à l’aube du centenaire de la Grande Guerre. Il y entremêle souvenirs personnels, souvenirs glanés chez quelques proches, découvertes de photos dans un grenier et de pierre tombale dans un jardin. Il écrit aussi le roman de la première jeunesse d’Urbain, celle d’avant la guerre : ses métiers épuisants et dangereux, gagne-pain indispensable à la subsistance de la famille, mais aussi sa passion pour le dessin.

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Guerre et Térébenthine

J’ai lu il y a peu un roman de Stefan Hertmans qui m’a beaucoup plu et bien sûr cela m’a donné envie de lire son livre précédent, ni essai, ni autobiographie, ni roman, c’est un peu des trois à la fois.

« Mon enfance a été envahie par ses récits sur la Première Guerre mondiale, toujours et encore la guerre; les vagues actes d’héroïsme dans les plaines boueuses sous une pluie de bombes, le claquement des fusils, les ombres criant dans l’obscurité »

Urbain Martien a survécu à la Grande guerre et à l’horreur des tranchées. Il lègue trois cahiers à son petit fils, Stefan Hertmans va écrire grâce à eux le livre de mémoire de sa famille, un roman sur la guerre, sur les liens familiaux. Tout cela et un peu plus encore.

Ces récits sont nous dit l’auteur « mélange d’élégance désuète, de maladresse et d’authenticité »

Ce grand-père fut un homme courageux qui retourne au front après ses blessures, un courage jamais reconnu par les autorités et qui trouvera un épanouissement dans l’art : musique et peinture

Au-delà de la personnalité du grand-père c’est toute la famille qui est mise en scène, avec précision parfois, grâce à des anecdotes souvent très touchantes comme le cadeau de cette montre à douze ans.

On remonte le temps pour découvrir la vie des quartiers pauvres de Gand, une région dans laquelle l’Eglise tient une place majeure imprimant son empreinte sur les familles et les consciences.

Le travail de l’arrière grand-père magnifier superbement par le récit, le lien filial entre Urbain et Franciscus qui restaurant peintures et statues donnait au Christ le visage de son fils.

Le travail très jeune dans une fonderie qui a tout d’un petit enfer. C’est la misère de Germinal ou chez Dickens

J’ai ainsi découvert, grâce à ce livre, cette région des Flandres, rencontrée au hasard des lectures, qui ici a pris un relief particulier.



Pendant la Première guerre les ordres aux troupes étaient donnés en français uniquement, ce qui conduisait à des quiproquos parfois dramatiques pour les combattants de langue flamande et surtout à une humiliation perpétuelle qui finira par engendrer la révolte.

Les combats désespérés de cette armée belge en déroute devant la force de frappe allemande sont évoqués avec sensibilité, pudeur, et un brin de colère.

L’auteur recherche des traces avec un souci constant d’objectivité, il revisite les lieux.

Ainsi il nous décrit l’inondation de la plaine de l’ Yser, inondation volontaire pour arrêter les troupes allemandes, une scène effrayante qui prend vie grâce aux écrits d’Urbain.



« Cependant, le spectacle qui s’offrit à nos yeux le lendemain matin dans la pénombre nous fit froid dans le dos : des chiens, des lapins, des chats, des belettes, des putois et des rats traversaient le fleuve en masse comme une armée irréelle en traçant, de leurs museaux sensibles à fleur d’eau, d’innombrables triangles sur la surface lisse et noire ; les écluses à Nieuport avaient été ouvertes, et jusqu’à Stuivekenskefke, Pervijze, Tervate et Schoorbakke, le pays se couvrait d’eau peu à peu. Nous prîmes lentement conscience que la marche de l’ennemi serait peut-être ainsi interrompue. Le cœur battant, nous regardions. Il fut strictement interdit de tirer sur les animaux, pour ne pas trahir notre position. Nous les vîmes par conséquent, ces messagers au nez fin d’un monde maudit, prendre la fuite face à cet incompréhensible Armageddon, arriver à terre, secouer l’eau de leur fourrure, courir sans se soucier de rien le long de nos tranchées, fuyant à l’aveuglette comme des Lemmings. Personne ne chercha à s’emparer des animaux, personne ne voulait en tuer pour les manger, même si nous avions faim. Tels des anges du Jour du Jugement dernier déguisés, ces créatures fantomatiques trempées disparurent de notre champ de vision, traversant en bondissant la plaine boueuse noire et brillante dans la lumière grise du matin. »



Ce passage à lui seul dit à la fois le désespoir des combattants, leur attente, leur crainte devant ce spectacle halluciné et tout cela sans le moindre effet de manche, sans aucun pathos.

J’ai tout aimé de ce livre, les rappels historiques, l’évocation de la guerre, l’évocation des métiers, des amours, des liens filiaux.

Je vais faire une place à ce livre dans ma bibliothèque.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Guerre et Térébenthine

Ce livre imprègne le lecteur. Le temps qu'il raconte est si lointain que les jeunes générations ont peine à imaginer que cela a pu être, une telle guerre, un homme touchant, serviable et si pieux, si pudique, tellement suranné avec le Borsalino et la lavallière. Né la même année que l'auteur (1951), j'ai un peu connu mes grands-parents, beaucoup grâce aux souvenirs de mes père et mère et tout ce que l'auteur raconte de son grand-père me paraît faire partie d'une période qui m'englobe.

Le succès du récit à partir des mémoires écrites de l'aïeul Urbain Martien est assuré par la narration bien distribuée de ses différentes facettes : la vie familiale de l'enfant pauvre à l'époux, le soldat en guerre blessé trois fois qui perd les illusions et l'auteur lui-même, le petit-fils pourvu des cahiers manuscrits, de quelques toiles peintes, photos et objets-souvenirs, sur les traces le plus souvent effacées de ce qui fût le paysage d'une vie. Bouleversante plongée dans un monde révolu exceptionnellement ravivé, qui imprègne de peinture à l'huile et de la boue des tranchées.
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Guerre et Térébenthine

Stefan Hertmans rend hommage à son grand-père en reconstituant sa vie à partir de ses cahiers et ses souvenirs.

1ère partie : "térébenthine" où il raconte son enfance très pauvre à Gand, avec un père , peintre d'église, asthmatique et une mère qu'il adore. Partie très intéressante sur la vie de l'époque, la dureté du travail, la précarité de l'existence et la place du religieux.

2ème partie : "guerre" avec les horreurs des tranchées et en plus l'arrogance et le mépris des officiers francophones pour les Flamands.

Dans la 3ème partie l'auteur revient sur les tableaux "copiés" de son grand-père et les secrets qu'ils dévoilent.

Biographie touchante par le lien qui unit le petit-fis à son grand-père maternel , un siècle d'histoire dans une langue classique fort agréable à lire.
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Guerre et Térébenthine

Beau roman de Stefan Hertmans. Ce dernier découvre les notes laissées par son grand père sur sa vie: son enfance pauvre à Gand, l'enfer de la première guerre mondiale, son envie de désir peintre et la perte de son grand amour. Il va suivre son aïeul, reconstruire sa vie, le redécouvrir sous le bruit des balles et l'odeur de la peinture qui sèche. Il réconcilie l'Histoire avec un grand H et celle des hommes des individus qui l'ont vécu et qu'elle n'a pas épargné. Il apprend à connaître l'homme et non son image.





Le roman se lit très aisément, l'écriture agréable facilite la lecture. On y prend plaisir, on admire, on sourit et on pleure. L'auteur n'épargne pas nos sentiments mais n'est ce pas les meilleurs romans: ceux qui ne nous laissent pas indifférents?

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Guerre et Térébenthine

Stefan Hertmans nous faut revivre ici les figures de son arrière-grand-père et de son grand-père, l'un et l'autre artistes, âmes sensibles, chrétiens ancrés dans la tradition, l'un et l'autre en prise avec la dureté du monde, la misère sociale pour l'un, la guerre de 1914 – 1918 sur le front belge pour l'autre.

Si d'une façon générale le livre est écrit dans une style fluide et délicat, que la traduction rend apparemment bien, la description de la guerre qui est faite ici est réaliste, sans pathos excessif. Le grand-père de l'auteur fait preuve d'un courage hors du commun, et ne s'interroge jamais sur le sens de cette guerre. Ce qui m'étonnera toujours.

Un livre superbe.
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Guerre et Térébenthine

Hertmans ne se livre pas à un simple exercice de piété familiale. Il exhausse le genre, en inscrivant cette vie minuscule dans le temps et en en faisant le socle d'une méditation sur la fausse atonie des existences ordinaires.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Guerre et Térébenthine

En lisant le billet de Dominique je m’étais fait une promesse, mettre ce livre dans ma liste, puis dans ma pile à côté de mon lit, et puis finalement de le lire. Promesse tenue. J’ai bien aimé cette lecture dont un bon tiers est occupé par le récit de la guerre 14⁄18 vu du côté des Belges. Stefan Hertmans a voulu redonner vie à un grand-père très digne et très pieux. Il a voulu aller plus loin que son apparence d’homme sévère habillé en costume et portant tous les jours une lavallière noire et un borsalino. Il a trouvé un homme meurtri par la guerre et qui ne s’est jamais remis des souffrances qu’il a ressenties dans son corps et celles qui ont blessé et tué de façon horrible ses compagnons. La force avec laquelle sont racontés ces combats m’ont permis de me rendre compte de l’héroïsme de cette armée dont je savais si peu de chose avant de lire ce roman. Un autre aspect que j’ai découvert, c’est la domination à l’époque du français sur le flamand (les temps ont bien changé !). Les pauvres soldats flamands non gradés devaient donc obéir à des ordres parfois absurdes et qui, surtout, pouvaient les emmener à la mort donnés par des officiers qui ne s’exprimaient qu’en français d’un ton le plus souvent méprisant. Plusieurs fois, dans ce récit on ressent la langue française comme une façon de dominer les flamands. Comme ce lieutenant qu’il entend dire derrière son dos



Ils ne comprennent rien, ces cons de Flamands



Au delà des récits de guerre, on découvre un homme Urbain Martien (prononcez Martine) qui a aimé et a été aimé par ses parents. Son père, grand asthmatique, lui a donné le gout du dessin mais malheureusement, il laissera trop tôt sa femme veuve avec ses quatre enfants. Urbain connaîtra la misère celle où on a faim et froid et pour aider sa mère il travaillera dans une fonderie sans aucune protection et dans des conditions effroyables. Finalement il s’engagera à l’armée et sera formé au combat ce qui le conduira à être un cadre sous officier pendant la guerre.

Il connaîtra l’amour et sera passionnément amoureux d’une jeune femme qui ne survivra pas à la grippe espagnole ; il épousera sa sœur et ensemble, ils formeront un couple raisonnable.



J’ai eu quelques réserves à la lecture de cette biographie, autant le récit de la guerre m’a passionnée car on sent à quel point il est authentique : nous sommes avec lui sous les balles et les des canons ennemis, on patauge dans la boue et on entend les rats courir dans les tranchées. Autant la vie amoureuse de son grand-père m’a laissée indifférente. En revanche, sa jeunesse permet de comprendre cet homme et explique pourquoi la religion tient tant de place dans sa vie. Pour la peinture puisque c’est l’autre partie du titre disons que le talent d’un copiste même merveilleux n’est pas non plus très passionnant, la seule question que je me suis posée c’est pourquoi il n’a que copié des tableaux et n’a pas cherché exprimer ses propres émotions.
Lien : http://luocine.fr/?p=10823
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Guerre et Térébenthine

Une amie m'a conseillé ce livre... Qu'elle a bien fait! J'ai vraiment aimer ce roman de Stefan HERTMANS, auteur belge, flamand qui a une jolie plume si j'en juge par la traduction française qui ne pourrait être aussi bonne sans un matériau de départ d'une grande qualité d'écriture.

Rédigé en flamand, mais depuis traduit dans de nombreuses langues, "Guerre et térébenthine" est l'histoire d'un Grand-Père, racontée par son petit-fils sur base de récits, de notes, de documents divers retrouvés par cet homme qui réalise, en 2014, combien la vie de son Grand-Père vaut la peine d'être contée.



Sans jamais le rendre compliqué et impossible à suivre, il y a de multiples portes d'entrée, dans ce livre. On peut l'aborder sous l'angle de la filiation et des transmissions de savoir et savoir-être qui passent de générations en générations. L'auteur (le petit-fils) nous parle d'un Grand-Père qui, en 1914 n'était qu'un enfant de quelques 17-19 ans, devenu brusquement adulte par sa confrontation à l'engagement au front de la Grande Guerre. Pas du tout inintéressant de réaliser qu'à l'époque, l'adolescence n'avait pas encore été inventée. Prenant et dérangeant de réaliser combien fut brutal l'entrée en âge adulte pour ces mômes envoyés à la boucherie, au nom d'un patriotisme continuellement rappelé par les officiers qui donnaient des ordres... parfois de très loin et sans grands risques pour eux.

Une autre entrée est ce regard sur le mépris avec lequel les officiers francophones donnaient des ordres aux fantassins flamands, les moquant, les humiliants et donnant, par là, une raison valable au flamandisme qui allait se développer jusqu'au radicalisme actuel de certains de nos chantres politiques belges. Nos querelles, bien belges, entre certains 'Flamands et Wallons' ont des racines trempées dans cet humus humain qui a été enseveli dans les tranchées des plaines flamandes et des eaux croupissantes de l'Yser.

Un troisième porte d'entrée, royale celle-là, est l'évolution des techniques et modes de vie des peintres, restaurateurs de fresques ou copistes, ou encore, artistes créateurs picturaux. Les descriptions des métiers du pinceau et de la capacité des peintres à appréhender le monde, dans ses joies comme dans ses peines, occupe une belle place dans ce récit.

Encore plus grande est la place réservée à la description détaillée des conditions de vie dans les tranchées, de l'âpreté des combats, la désuétude des soins et les convalescences qui n'étaient que des intermèdes entre deux retours au front, deux retours en enfer!



Bref, un livre comme je les aime. On y apprend autre chose que la face policée des combats qu'on m'a inculquée au début de ma scolarité. On y perçoit la pénibilité de la vie en ces temps-là, l'art difficile des artisans (je ne regarderai jamais plus une fresque peinte au plafond d'une église sans m'imaginer l'inconfort dans lequel l'artiste, le plus souvent méconnu, a donné tant et tant de son temps juste pour (presque) pouvoir en vivre). Un beau et bon livre d'histoires sur lesquelles s'est fondée l'Histoire moins juste, moins vraie et moins dense que celles de ces récits du vécu des petites gens! Un livre qui ouvre à une réflexion et, cependant, offre un moment de détente, de bonheur au lecteur.



Stefan HERTMANS, un auteur belge à suivre!
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