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Citations de Stéphane Guibourgé (26)


[années 80]
Nous avons seize ans, nous avons vingt ans.
Nous venons des mêmes banlieues. L'autre côté du périphérique. Des mères enfermées, femmes de ménage, caissières, ce genre de vie. Les horizons limités. Nos pères sont chômeurs. Le gouvernement évoque des demandeurs d'emploi. Ils n'ont jamais su demander quoi que ce soit, ne savent pas appeler à l'aide. Travailler, ils connaissent. Trimer. Des ouvriers, rien de plus. Les voilà contraints aux suppliques. A présent ils baissent les yeux devant leurs femmes, ils baissent les yeux devant leurs fils. Troisième dévaluation. Leurs camarades aussi sont à genoux. Rigueur. Nos pères ne comprennent pas. Ce pouvoir a des mots exsangues. Le vocabulaire est altéré. La réalité devra suivre bientôt. Elle change déjà.
La lutte des classes, ce n'est plus grand chose. C''est mon père qui a perdu son boulot. De nouvelles chaînes de télévision. Les variétés, le sport, la pornographie. Un gouvernement qui détourne l'attention du peuple en organisant la mise en scène de son action. Sac de riz sur l'épaule du ministre étranger, chute dans le spectacle, fête de la Musique.
(p. 14)
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Tu oublieras le passé,Alain.tu pardonneras.
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Parfois, je voudrais que les lumières s'éteignent, et repousser le monde autour de moi comme le ferait la nuit.
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Jim redevenait une proie facile. Il suffit d'une mélodie, et le passé s'engouffre, le laisse à la merci d'un visage. Pete, les frères Garrett, les plaines du Nebraska à la tombée du soir, les champs de maïs qui s'étendent à l'infini, si haut qu'ils bouchent l'horizon et envahissent le ciel au moment où le soleil se noie parmi les épis lumineux...
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Jacques voudrait que je l'accompagne en ville. Une manifestation est prévue pour bientôt devant la préfecture. Il dit à quel point son métier [garde forestier] a changé ces dernières années. Les suicides de ses compagnons à travers le pays. Vingt-cinq en sept ans. Quatre depuis le dernier printemps.
- A mes débuts, j'étais chargé d'un territoire de huit cents hectares, maintenant c'est mille cinq cents hectares que j'ai en charge. Je connaissais chacun de mes arbres, ce n'est plus le cas à présent. S'il y a une invasion de chenilles sur une parcelle, je passerai probablement à côté. Je n'aurai pas le temps d'y aller... [...]
Mon temps, je le fous en l'air avec la "démarche qualité" de la direction. Toutes nos tâches ont été répertoriées, standardisées, il faut en plus décrire ce que l'on fait et le transmettre aux types du ministère. Eux, ils font des tableaux avec nos "données". Ensuite, ils nous fixent des "objectifs"... (p. 52-53)
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Je gagne peu à peu la liberté. Mieux encore : l'indépendance. Je cherche à prolonger l'aube, à retenir la montée du soir. Quand les herbes se teintent d'Opale. Lorsque l'odeur de la tourbe me rattache à la vie. J'ai l'impression, pour une seconde, de naître au monde l'âme en jachère. Fragment de roc accroché aux collines. Simple écume au ressac. Feuille de sureau mâchée par l'animal. Seul sur cette terre et, cependant, sans souffrir de cette solitude.
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Lorsque tout le monde est parti, je me lève, rejoins la salle de bains. Je crains encore l'endroit. J'y suis seul, ne m'y habitue pas. Aucun homme à mes côtés. Nulle menace. J'ignore comment ne pas rester sur mes gardes. Peu à peu j'apprends. Se détendre, respirer. Désormais je reste longtemps sous la douche. Jusqu'à la brûlure d'abord. Puis l'eau glacée. Je voudrais que le jet pénètre jusqu'à la moelle. Qu'il récure, qu'il efface. La fosse, les combats, les bras tendus. Le sang, le corps, le coeur qui s'emballent, la Meute. Le meurtre. Et puis l'enfance.
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C'est triste quand il fait beau et que quelqu'un s'en va.
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Un récit…qui voyage dans le temps et dans l’espace.
La vie d’un homme, ses triomphes, ses faiblesses, ses émotions, ses bleus au coeur et le chemin sur lequel il se cherche et sur lequel il cherche l’amour.

J’ai aimé le style, la sensibilité de l’auteur.

J’ai moins aimé l’impression d’être parfois un peu perdue, sans repères dans le récit.

J’ai vibré cependant. Qu’il est beau cet homme qui se conte à celle qu’il aime, qu’il est beau cet homme qui, confronté à une ultime perte , tente de tisser les liens entre épisodes épars de sa vie.
Celui qui cherche à combler une fêlure dans une course éperdue autour du monde, dans les paysages contemplés, le corps caressés et les ivresses recherchées.

Je chercherai le nom de l’auteur dans les rayons des bibliothèques et des librairies car il est de ceux dont les mots éveillent un écho.

Merci à la masse critique Babelio d'avoir permis cette découverte.

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Chaque fois que l'on se détache de quelque chose, on se retrouve plus léger, mais plus vide aussi.Ce vertige.Elle l'apprend, l'accepte dans un frisson.
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« J’ai 48 ans, j’ai 49 ans, j’ai laissé une existence derrière moi, une vie passée à séduire, à briser, à délaisser. B. fut ma première victime. L’amour, l’engagement,
la famille, cette imposture. Mon cœur est trop petit – c’est ce que je crois. La douceur, la lumière, le bonheur, cela aussi ce n’est pas pour moi. Une vie pareille à la peau d’un lézard, d’un serpent, qu’on abandonne asséchée au bout d’un chemin. Une lettre que l’on tire de l’enveloppe et qu’on lira peut-être au soir.
Aujourd’hui, mon rêve a passé. La liberté n’a pas tant de sens – hors limite, elle est l’autre nom de la mélancolie. Alors je me penche un instant sur cet été-là, août 1989, comme si, en revenant au point de départ, là où j’ai dérapé pour la première fois, je pourrais reprendre le contrôle, garder le cap, tenir ma ligne. C’est aussi la seule manière de demander pardon. » (p. 26)
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Dans les mois qui suivent ma sortie de prison, je pense à me supprimer. Je revois chaque jour l'homme que j'ai tué. Son visage est calme malgré la sueur, le sang qui coule des lèvres et des arcades. Il renonce d'un coup à la peur, il ne subit rien. Il ne se vengera pas, personne ne le vengera. Il ne se débat plus. Le lis seulement dans ses yeux une sorte de chagrin qui m'est adressé. Il me regarde avec douleur et attention, et il a honte pour moi. Alors je l'abats. Je revois chaque jour l'homme que j'ai tué.
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Vous me montrerez un ciel pur, des arbres et des maisons,des hommes qui parlent,boivent,chantent,des femmes qui dansent et des chevaux qui galopent.
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je ne t'ai pas aimé,Vincent,en remplacement de mon fils.Mais parce que tu étais digne d'être aimé.
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Un accès de lumière, une nuance de vert, une catégorie du bronze ,et puis le noir.
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Ils dégagent cette sorte de calme des hommes qui se savent à leur place, que le travail en plein air fatigue sans corrompre.Le soir,ils s'écroulent,le sommeil les protègent jusqu'au matin.Leur partie animale ne les ronge pas, elle s'exprime chaque jour dans les tâches lourdes,qui demandent force et concentration.Ces hommes là,elle les respecte,elle les aime.Jamais,elle n'a peur auprès d'eux.
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Les souvenirs, les blessures,les problèmes n'assiègent pas seulement l'esprit, ils encombrent la poitrine,épaississent le sang,ralentissent l'oxygène.La montagne exige un homme dénoué.
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Exilé de mon pays après la taule.Je n'avais pas eu le choix à cette époque, je devais partir, aucune alternative.Je n'avais pas gagné l'indépendance pour perdre la liberté.
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Il est mince comme une fille dans la lumière rasante.Les hanches étroites, les jambes longues,la finesse de ses pieds,leur cambrure.Dix années d'escalades, elle aime les suivre des yeux, les sentir sous sa main, les effleurer de ses lèvres lorsqu'ils se retrouvent. "Tu te laisses libre", dit-elle.
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Ronsard a écrit trois volumes de vers pour trois femmes différentes. La première et la dernière, Cassandre et Hélène, ne l’approchèrent point ; l’une parce qu’elle était trop belle et l’autre parce qu’elle était hideuse. C’est du moins ce qu’en disent ceux qui les ont connues ; mais Ronsard, ne voulait rien d’elles que leurs noms à mettre en sonnets, fit Cassandre plus belle encore que Cassandre, et daigna donner à Hélène tout ce que Dieu lui avait refusé. Aussi nous les voyons toutes deux incomparables.

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