Stéphane Levallois

J'ai fui la compagnie des hommes, celle des femmes aussi. Je ne vis pour personne, la plupart du temps on ne me remarque pas. Je m'appelle Virgil Gautier. Depuis trente ans, je suis le gardien du musée d'Orsay et je suis un fantôme. (p. 3)

Émerveillement de ce qu’un esprit ait su s’approprier le dessin léonardien au point de le réinventer en toute liberté et de donner, comme Léonard le fit voici plus de cinq cents ans, la vie et le mouvement à ses figures. Émerveillement qu’à la science du relief, capable de réengendrer les formes dans l’élément de l’espace, l’auteur de ce livre extraordinaire ait ajouté l’intuition, en adéquation profonde avec la rêverie de son grand prédécesseur, du noir.

Le capitalisme est le racket légitime organisé par la classe dominante.

Je n'ai pas connu mon grand-père.
Pourtant l'évocation de Bernard, qui est aussi mon deuxième prénom, revêt pour moi une dimension presque mythique.
Ma mère me disait souvent que je lui ressemblais beaucoup, que nous avions des traits de caractère en commun.
[...]
Je ressentais tout le poids de cet héritage avec une certaine fierté. Il me valorisait aux yeux de ma mère...Me rendait plus précieux.
Je m'effaçais derrière cette image d'autant plus forte qu'elle était phantasmée. Fruit de la mémoire pour elle...de l'imagination pour moi.

Vous êtes rêvé une vie d'homme ...mais vous n'êtes qu'une image ...

(page 63)

Mon papa, c'est Degas. Il m'a mise dans une boite en verre et il est parti avec une danseuse. Une grande.

(page 29)

La blancheur de sa peau, luisante de sueur, ce soir-là, lui donnait l'aspect d'une porcelaine fine.
On aurait pu croire celle-ci parfaite...
S'il n'y avait eu ce détail infime, cette petite ride tombante au coin droit de la bouche...
Comme une fêlure discrète qui ébréchait silencieusement sa beauté.

Le poète est semblable au prince des nuées qui hante les tempêtes et se rit de l'archer.

(page 65)

De tous ceux qui aiment les femmes, à l'origine, il y a Courbet. Mais comme il s'aime plus qu'elles ...
Gauguin, il est comme moi ... C'est un jouisseur ... Les jambes en plus. Et en caleçon s'il vous plait.

(page 32)

Comment représenter une intelligence artificielle dans un futur lointain et imaginer une technologie tellement avancée qu’elle n’aurait plus aucun rapport avec nos ordinateurs actuels ou les machines clignotantes qui peuplent les films de science-fiction ?
Quel dessin de Léonard pouvait relever ce défi et faire office d’« ordinateur » du futur ? C’est ce détail de nuage, sur cette feuille d’études, qui s’est finalement imposé à moi comme parfait compagnon pour Léonard. Quand plus tard j’ai soumis la planche fi nie à un ami, celui-ci m’a rétorqué très justement à la vue de cette entité pensante à l’état gaezeux : « Et bien oui, c’est le Cloud ».
(Cf planche P.35)

QQ commentaires de Stéphane Levallois en fin d'album sur certaines de ses planches :
-Saint Jean Baptiste vers 1508: p.30, j'ai sans cesse cherché dans ce livre à établir des correspondances entre les images peintes et dessinées de Léonard de Vinci et ses propres écrits. J'ai par exemple remarqué que le thème de l'androgynie dévient récurrent pour lui à la fin de sa vie.
-Étude d'une tête de femme vers 1490: p.30, parmi tous les dessins de Léonard, celui-ci représente pour moi la quintessence de la grâce et de la douceur.
-Ornithogale en ombelle entre renoncule rampante et anémone Sylvie vers 1506: p.28, quand on y regarde de plus près, on se rend compte que les inventions et dessins de Léonard constituent un véritable répertoire de formes dignes de la science-fiction.

-Léonard 2, approche. Le grand conseil a décidé de te révéler le pourquoi de ton clonage.
Notre vaisseau, le Renaissance abritant les derniers hommes, est traqué depuis les confins du cosmos par une flotte armée dont voici l'image.
Notre seul espoir fut de retrouver ce qui reste de notre terre et de parvenir à cloner celui qui fut le plus grand génie inventeur et visionnaire de tous les temps, l'homme universel: Léonard de Vinci.

- Souvenez-vous des paroles d'Ovide, Maître V.A.S.A.R.I. Toute image est une forme errante. (p.47)

Je suis tombé amoureuse de cette BD. Le dessin son vraiment magnifique, l'histoire de sciences fiction est originale. Le tout est très poétique et m'a transporté. Ça m'a donné envie de lire d'autres œuvres de cet auteur

- On a loué des costumes années "30" pour le jeu de rôle...
- Maman ça va ?
- J'ai cru voir Bernard ... ton grand-père.

Ah ma tête... Mon pauvre Seurat, ils t'ont bien arrangé!
Voilà que je ne distingue plus que des couleurs et des petits points...
Hé mais...
Attends voir.
C'est pas inintéressant!

Tiens? la muse de "la source" n'est plus là...
...
Comment ça, la muse de "la source" n'est plus là?