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Citations de Steve Sem-Sandberg (52)


Vous ne pouvez que tuer en groupe : quand on est nombreux, ce n'est plus un être humain qu'on élimine mais une menace qu'on combat.
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Ca fait bientôt cinquante ans qu'il attend ça : le moment où j'oserais enfin revenir à l'endroit d'où je viens pour qu'il puisse annihiler l'erreur qui porte mon nom, me tuer comme on tue un animal infirme ou malformé
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Ces derniers jours, je me suis attelé pour de bon à la lecture des oeuvres posthumes de Kaufmann, pas seulement son journal, mais également les autres livres de sa bibliothèque,
que Sigrid Kaufmann, après la guerre, avait obligé Johannes à aller chercher à la ferme.
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Je me rends compte que je m'oriente dans la maison comme si j'étais encore un enfant. Je me précipite vers ma chambre, dans laquelle je me suis installé après cette longue nuit que Minna a passé à la ferme avant de nous quitter, comme ça, sans crier gare.
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Le cerveau est extrait du crâne et plongé dans la solution de formol adéquate. Puis les glandes y sont rattachées afin que la jeune fille, devenue objet anonyme, puisse être examinée autant de fois que nécessaire. Les morts ne meurent pas seulement une fois. Ils meurent éternellement.
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Il existe un phénomène d'oubli, explique Adrian Ziegler, qui dépasse le simple fait de ne pas se rappeler une chose mais est dû à une sorte de mutisme du cerveau. Croyez-moi, je connais bien ce type d'oubli. J'en ai souffert toute ma vie. Vous évoluez dans la vie comme dans des coulisses vides. Rien de ce que les autres vous disent ou vous font n'a de sens. Même les événements les plus terribles et les plus abjects ne s'impriment pas dans votre mémoire. On dit alors qu'on a oublié ou qu'on ne comprend pas le sens de ses propres actes. Mais est-il possible qu'un pays tout entier soit frappé de ce type d'amnésie ?
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J'ai l'impression d'avoir vécu plusieurs existences au cours de ma vie, mais aussi le sentiment que les autres – les précédentes deviennent de plus en plus irrégulières, qu'elles se fissurent et s'effondrent. Peut- être que tout ce qui est vieux doit se fissurer et s'effondrer pour que se révèle à nous la vie à laquelle nous sommes véritablement destinés.
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La maladie, déclare-t-il, est une chose qui vous frappe à l'aveuglette. Voilà ce que pensent la plupart des gens. La main vengeresse de Dieu s'abattant au hasard sur une brebis. Mais non : rien de ce qui touche le corps ne se produit à l'aveuglette. Les recherches en génétique ont clairement démontré qu'il n'existe aucune maladie affectant l'organisme - pas même une banale infection - qui ne comporte une composante héréditaire. Le mal est présent dans le corps bien avant l'apparition des premiers symptômes.
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La mère est alcoolique, elle l'a abandonné en voyant sa tête. On ne peut pas la blâmer ! Avec une sollicitude exagérée, le médecin aide le garçon malformé à se lever en tirant sur son bras droit. La fente est si large qu'on aperçoit l'intérieur de la gorge. Quand Gross prend la main du garçon, les gémissements se muent en un gargouillement plaintif, et Anna croise deux yeux bleus et brillants qui s'accrochent aux siens. Le regard pénétrant et intelligent l'effraie plus encore que le cri.
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Si je porte mon attention sur quelque chose, c’est toujours sous l’influence de Minna. Je marche dans son ombre. A l’époque, elle a déjà pris l’habitude de raconter à de parfaits inconnus qu’elle et son petit frère sont retenus prisonniers par un marin ivrogne, et que leurs vrais parents essaient de les délivrer en entrant secrètement en contact avec elle la nuit. Ils communiquent grâce à un code qu’ils frappent en lettres de pluie contre les tuiles du toit et le rebord en tôle des fenêtres. C’est aussi ce qu’elle me raconte lorsqu’elle vient se glisser dans mon lit et presse son corps lourd et moite contre le mien. - Tu entends? Tap-Tap-Tap, chuchote-t-elle, c’est maman qui nous parle.
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Je me souviens d’avoir pensé un soir que si toute cette déliquescence autour de nous - Johannes qui se soûlait à longueur de journée et dormait dans ses couvertures souillées d’urine, le jardin en friche, la maison qui moisissait, la façon qu’avait Minna de perturber le voisinage avec ses hurlements stridents d’adolescente -, si toute cette vie chaotique que nous menions ensemble pouvait être échangée contre un seul instant de calme et de paix, ce serait celui-là. Alors que, debout, dans la nuit silencieuse, nous observions les étoiles immobiles dans le ciel. Si notre vie pouvait s’imprégner de cette tiède obscurité au dessus de nous. Nuit après nuit. Ce même sentiment de sécurité, ces mêmes constellations constantes et immuables. Voilà ce que j’ai pensé. Voilà comment pense un enfant.
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DECURSUS Il y a en toi un monde qui grandit en vain.Dans ta poitrine, l'herbe a poussé jusqu'au ciel.Il faut y remédier.Se débarrasser de tout ce qui croît. Ce qui reste doit tenir dans une feuille de papier,une seule feuille ,une moitié de feuille,un voile fiévreux,rien du tout.Alors l'infirmière frotte ton front,comme si elle frottait une vitre pour en ôter la buée et voir au travers.Mais de l'autre côté l'obscurité est telle qu'on ne peut rien voir ,car si on le pouvait,c'est le genre d'obscurité qui nous engloutirait.
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1 ,Enfant adoptif ,
L'ÉTABLISSEMENT La première fois qu'on l'emmèna au Spiegelgrund, c'était en janvier 1941,par un clair matin baigné d'une lumière au ras d'un sol étincelant sous son manteau de givre.
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Quatre jours après le Nouvel An, le lundi 4 janvier 1943, Adrian fut finalement convoqué devant la commission. L’entretien eut lieu au pavillon 1. C’était dans ce même pavillon qu’un autre jour de janvier, deux ans plus tôt, le docteur Gross avait pris les mesures de toutes les infirmités dont le garçon avait l’audace de souffrir. Adrian dut se mettre en Habt-acht au milieu de la pièce, devant des tables disposées en demi-cercle autour de lui et derrière lesquels siégeaient une demi-douzaine de personnes. Au centre, le directeur de l’établissement, le docteur Krenek, présidait l’interrogatoire. À sa droite et sa gauche, assis derrière des piles des documents, des hommes et des femmes affichaient une mine fermée et résolue. Adrian ne reconnut aucun autre. Il supposa qu’il s’agissait « d’experts » pédagogues des services sociaux appelés pour assister à l’entretien. Il reconnut toutefois la psychologue, Edeltraud Baar, ainsi que l’instituteur du pavillon scolaire, Hackl. Le portrait du Führer était accroché au mur au-dessus du professeur.
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Le brouillard me rappelle le morceau d'étoffe blanche dont Johannes recouvrait les cerisiers pour les protéger des oiseaux. Derrière la brume, les arbres sont encore nus et, dans l'eau, seuls se reflètent leur branchage noueux et les rochers.
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Mais non : rien de ce qui touche le corps ne se produit à l’aveuglette. Les recherches en génétique ont clairement démontré qu’il n’existe aucune maladie affectant l’organisme – pas même une banale infection – qui ne comporte une composante héréditaire. [….] Pour être efficace une anamnèse ne doit pas se limiter à déterminer si tel patient a déjà eu telle manifestation d’une maladie par le passé. Pour être efficace, une anamnèse doit prendre en compte toute l’histoire pathologique du patient, y compris son origine sociale et raciale. 
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Les enfants,ils sont plus petits et faciles à traiter.Le dr Illing répète toujours qu'il faut les considérer comme des sortes d'abcès vivants et que le "traitement"prescrit par Berlin n'est qu'une simple mesure hygiénique,un processus de désinfection naturelle.
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La décision finale n'est pas prise par nous,mais par ceux de Berlin.Nous devons nous y conformer.Aucun d'entre nous ne peut être tenu personnelement pour responsable.Nous avons l'obligation de suivre les lois en vigueur.Nous n'avons aucune raison de nous sentir coupable.
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Pourquoi croyez-vous qu'il était si important pour eux de se débarrasser de nous ? Nous ne prenions pas de place, nous n'apparaissions sur aucune de leurs cartes. Seulement nous empêchions leur sang de circuler librement. Du simple fait de notre existence, nous faisions planer l'ombre d'un doute quant à l'espèce humaine docile et obéissante qu'ils se croyaient capables de créer. Des hommes-souverains voulant enfanter des hommes-esclaves. Ils y échouèrent.
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Les enfants : ils sont plus petits et faciles à traiter. Le docteur Illing répète toujours qu'il faut les considérer comme des sortes d'abcès vivants et que le "traitement" prescrit par Berlin n'est qu'une simple mesure hygiénique, un processus de désinfection naturelle.
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