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Citations de Su Shi (23)


Le vent clair sur quoi se fixe-t-il ?
On peut l'aimer, sans pouvoir le saisir.
Il arrive comme un prince,
Les plantes et les arbres vibrent de ses louanges.
Je me promène sans but ;
Mon bateau solitaire à sa guise se met en travers.
Au milieu du courant, allongé, les yeux au ciel,
Le vent justement vient à ma rencontre.
Je lève ma coupe à la vastitude,
Heureux qu'il n'y ait aucun sentiment entre nous !
Je reviens en passant par deux vallons, nuages et eau dans la nuit s'éclairent.
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En regardant une partie de Go.

En face du sommet des cinq sages,
Dans un endroit délaissé par la grue blanche.
L’ombre des grands pins se répandait sur la cour,
Ainsi que la pureté du vent et des rayons du soleil.

Je me promenais seul, et n’avais rencontré personne.
Dehors, devant la porte, deux paires de chaussures…
Qui donc était là, en train de jouer au go ??

Je n’entendais aucun son de voix humaine.
Cependant, je percevais, par moments,
Le léger bruit du claquement d’une pierre[1].

Les joueurs étaient assis, de part et d’autre du plateau quadrillé…
Qui d’autre qu’eux-mêmes, pouvait apprécier la saveur de l’instant ?
Espère-t-on pêcher des poissons, avec un hameçon sans appât ?

Mon fils se rapproche de la voie,
Mais les pierres qu’il pose sont encore éparses.

S’il est agréable de gagner,
On peut aussi apprécier, une belle partie perdue.

Tranquillement… sans hâte…
En profitant de l’échange, et du moment présent.


Traduction : Laurent Lamôle (2020-2021) pour Wikisource

1. Les pierres sont les pions (noirs et blancs) du jeu de go qui sont posés alternativement par les deux joueurs sur le plateau de jeu quadrillé, appelé goban.
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Alors que j'habitais dans le Monastère de la Protection Céleste à Huizhou, un jour, je suis allé me promener au hasard au bas du Pavillon du Vent dans les Pins. N'ayant plus de force dans les jambes, je souhaitais passer par la forêt et m'y rendre pour me reposer. Mais en levant la tête, je vis que ce pavillon était encore en haut des arbres. Je me suis dit : "Comment y parviendrai-je ?" Puis, au bout d'un bon moment, me vint soudain cette pensée : " Qu'est-ce qui m'empêche de me reposer ici même ?" Alors je devins comme le poisson accroché à un hameçon qui soudain arrive à se libérer. Si les hommes prennent conscience de cela, même s'ils font face à un camp ennemi, que les tambours de la guerre résonnent comme le tonnerre, que s'avancer c'est se faire tuer, que reculer c'est être exécuté par une cour martiale, même en un tel moment, rien ne les empêche de bien se reposer.

Ecrit en 1094, p. 68.
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En tout, il y a quelque chose qu'on peut apprécier, et ce qui donne du plaisir n'est pas forcément extraordinaire ou beau. En étendant ce principe, où ne trouverais-je pas du plaisir ?
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Ce qui est difficile, ce n'est pas d'avoir du talent, mais de savoir s'en servir.

Essai sur Jia Yi, p. 158.
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Tandis que je traversais de nuit le confluent des fleuves dans les aveugles cris à pied et en voiture de mes hommes, dans les feux des torches de pin où nous cherchions les basses eaux, dans les étoiles éparses stationnaires sur la grève, dans le dense parfum des fumées sous le vent, il me sembla entendre le malheur et la voix des rencontres déçues.
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Il a su admirablement tirer parti de ses échecs apparents pour élaborer un art de vivre sur lequel il s'est expliqué dans des poèmes , des essais , des lettres. Il eut d'autant plus de mérite à acquérir cette sagesse qu'il a su la trouver dans des malheurs qui lui tombèrent dessus et non par une recherche délibérée.
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En revenant de nuit à Lingao (1082).
Sur l'air de "L'immortel près de la rivière".

Dongpo, la "pente de l'est", est le lieu-dit où Su Dongpo installa sa demeure à Huangzhou et dont il reprit le nom pour en faire un surnom. A cause des deux derniers vers de ce poème, le bruit courut que Su Dongpo avait disparu, et même l'empereur en fut informé. Le fonctionnaire chargé de veiller à ce qu'il reste en résidence dans la région accourut chez lui et le trouva couché en train de ronfler.

La nuit à Dongpo, je bois, m'éveille, et de nouveau m'enivre.
Me voici de retour, il doit être minuit.

Les ronflements de mon serviteur résonnent déjà ;
Je frappe à la porte, aucune réponse.
Appuyé sur ma canne, j'écoute le bruit du fleuve.

Depuis longtemps je regrette de ne plus m'appartenir.
Quand oublierai-je les soucis de mes activités ?
Le vent nocturne est calme et l'eau frémit à peine.

Partir d'ici sur un petit bateau,
Que le fleuve et la mer emmènent ce qui me reste à vivre.

p. 100
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Je dis souvent que, parmi les bonheurs humains suprêmes, aucun n'égale l'absence de maladie dans le corps et l'absence de souci dans l'esprit. Quand quelqu'un, affligé de l'un ou de l'autre, se trouve en présence de moi, je me demande comment lui rendre le bonheur. C'est pourquoi partout où je vais, je prépare de bons médicaments pour en donner à qui en a besoin, et je fais fermenter du bon vin pour en offrir à mes visiteurs. "Vous n'êtes pas malade, me disent certains, et vous avez tout un stock de médicaments. Vous ne buvez pas et vous fabriquez beaucoup d'alcool. Pourquoi vous donner tant de mal pour les autres ?
- Quand les malades, je réponds, obtiennent des médicaments, mon corps se sent plus léger et, quand les buveurs se sentent ivres, je me sens tout guilleret. C'est par égoïsme que j'agis ainsi."

Postface à la biographie de Dong Gaozi, p. 51
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Su Shi
Les plus pessimistes d'aujourd'hui ont été les plus optimistes autrefois. Ils poursuivaient de vaines illusions. L'échec les a découragés.
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Avec les frères Wang et mon fils Mai nous avons fait le tour de la ville pour regarder les fleurs de lotus, nous sommes montés au pavillon sur le mont Xian ; le soir, nous sommes entrés au monastère Feiying, et nous nous sommes distribué les rimes. De celles qui me furent attribuées, j'ai composé quatre poèmes (1079) :

II.

Le vent clair sur quoi se fixe-t-il ?
On peut l'aimer, sans pouvoir le saisir.
Il arrive comme un prince,
Les plantes et les arbres vibrent de ses louanges.
Je me promène sans but ;
Mon bateau solitaire à sa guise se met en travers.
Au milieu du courant, allongé, les yeux au ciel,
Le vent justement vient à ma rencontre.
Je lève ma coupe à la vastitude,
Heureux qu'il n'y ait aucun sentiment entre nous !
Je reviens en passant par deux vallons,
Nuages et eau dans la nuit s'éclairent.

p. 103
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C'est parce que des formes ne sont pas constantes qu'on ne peut pas ne pas être très attentif à leur nature intérieure.
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Reprenant les rimes de "En buvant du vin" de Tao Yuanming (1092)

Je bois peu, mais j'apprécie toujours d'avoir une coupe de vin à ma disposition et souvent je m'endors sur mon siège. On me croit ivre alors que j'ai l'esprit clair. Il est difficile de dire si je suis ivre ou à jeun. Ici à Yangzhou, je continue à boire, mais je m'arrête à midi. Mes visiteurs à peine partis, je déboutonne mes vêtements, me détends et reste assis le reste de la journée. Ce jour-là, je n'avais pas assez bu pour être vraiment heureux, mais je ressentais une sorte d'excitation. Aussi ai-je décidé d'écrire des poèmes en reprenant les rimes de Tao Yuanming dans sa série "En buvant du vin" afin d'exprimer, en quelque sorte, ces sentiments indéfinissables. Je les ai montrés à mon frère Ziyou et au lettré Cao Buzhi :

Je ne vaux pas Tao Yuanming,
Les affaires officielles m'enferment dans leurs filets
Et je me dis parfois comment m'en libérer
et obtenir enfin une vie telle que lui :
Un terrain minuscule sans ronces ni épines,
un endroit agréable, semblable à celui-ci.
Que l'esprit sans entraves suive le cours des choses,
Que là où il réside il n'y ait plus de doute,
Obtenir par hasard du plaisir dans le vin,
Et m'accrocher souvent à une coupe déjà vide...

... Ce n'est que dans l'ivresse que l'on est vraiment soi-même ;
Etre une grotte vide sans plus d'incertitude,
Tomber de voiture sans jamais se blesser ;
Le vieux sage Zhuang Zi ne nous a pas trompés ...

(Zhuang Zi explique pourquoi un ivrogne peut tomber d'un char sans se blesser, car l'ivresse du vin le protège).

p. 112
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Souvent des ivrognes me bousculent et m'insultent, et je me réjouis toujours de passer peu à peu incognito. D'habitude, personne ne m'écrit et quand, par hasard, je reçois une lettre, je n'y réponds même pas. J'ai la chance d'avoir coupé presque toute relation avec le monde. Or voici que vous vous remettez à faire mon éloge, mais ce n'est pas du tout ce que je souhaite.
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Essai sur Chao Cuo (200 - 154 av. J.C.)
Parmi les malheurs dans un empire, le plus insurmontable est quand on s'accorde pour dire que la paix règne, qu'il ne se passe rien, alors qu'en fait il y a des dangers qu'on ne jauge pas. Si l'on reste assis à regarder les changements sans rien faire, il est à craindre qu'on en arrive à l'irréparable. Si l'on se dresse et qu'on s'efforce d'agir, comme l'empire est supposé être en paix, on ne vous croit pas. Seuls des hommes de bien empreints de droiture et des responsables héroïques peuvent alors se manifester pour faire face aux grandes difficultés qui s'annoncent et essayer de faire preuve de grands mérites. Mais ce n'est certes pas ceux qui s'efforcent à tout prix en un temps très court de se faire un nom qui en sont capables.

p. 163
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Si un homme ivre tombe d'une voiture, bien que contusionné, il ne sera pas tué. Ses os et ses articulations sont semblables à ceux des autres hommes, mais le mal qu'il subit diffère, car son esprit est intact. Il monte en char sans en être conscient, et tombe sans en être conscient. La peur de la mort et de la vie n'entre pas en lui. C'est pourquoi il heurte les choses sans frayeur. Il obtient cette préservation de son intégrité grâce au vin. Alors s'il en est ainsi, à plus forte raison s'il obtient de préserver son intégrité grâce au Ciel.

Zhuang Zi, chapitre XIX, note 1 p. 113, pour éclairer un passage de Su Dongpo.
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Il fut donc un parfait modèle du lettré chinois: poète, essayiste, peintre, calligraphe, amateur de musique, le contraire du spécialiste.
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Il n'y a que les livres pour convenir aux sens et avoir une utilité, pour ne pas s'abîmer quand on les utilise, ne pas s'épuiser quand on y puise, où les sages et les incapables obtiennent quelque chose, chacun en fonction de ses talents, où les êtres bons et intelligents trouvent quelque chose, chacun suivant ses dons, où quelles que soient les différences de talent et de don, chacun retire un gain quand il y a recours.
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En peinture, je considère que les hommes, les animaux, les bâtiments, les objets utilitaires ont tous une forme permanente, alors que les montagnes, les pierres, les bambous, les arbres, l'eau, les vagues, la fumée n'ont pas de formes constantes, mais une nature intérieure permanente.
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La pensée de Xun Kuang (qui a voulu innover par rapport à Confucius, en élaborant des idées originales et abstruses pour faire montre de son intelligence), conclut Su Dongpo, est faite pour étonner les imbéciles et plaire à ceux qui visent leurs intérêts.
(P16)
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