Interview with Zhou Lingfei, Lu Xun's grandson
Ne croyez que ceux qui doutent.
Le désespoir a ceci de commun avec l'espérance qu'il est aussi une illusion.
A partir de ce moment-là je goûtai un ennui que je n'avais jamais éprouvé. A l'époque je n'en comprenais pas la raison ; ensuite il me sembla qu'il s'expliquait ainsi : si les propositions de quelqu'un rencontrent l'approbation, il sera encouragé à avancer, si elles rencontrent l'opposition, il sera encouragé à lutter, mais si ses cris, lancés parmi des inconnus, ne suscitent aucune réaction, dans un sens ou dans l'autre, il se retrouve impuissant au milieu d'une terre vaine infinie - quelle tristesse ! Alors, je donnai à ce que j'éprouvais le nom de solitude.
(préface de l'auteur)
Quand j'étais jeune, j'ai moi aussi fait beaucoup de rêves ; j'en ai plus tard oublié une bonne partie, ce qui ne me semble guère regrettable. Ce qu'on appelle se souvenir peut certes procurer du plaisir, mais parfois aussi inévitablement un sentiment de solitude, un attachement des fils de la pensée aux jours révolus de solitude - quel intérêt cela peut-il bien avoir ? Moi, je souffre justement de ne pouvoir tout oublier, et cette part de chose que je ne parviens pas à oublier complètement est maintenant devenue la source de "Cris".
(préface de l'auteur)
Ce matin, je suis resté assis tranquille un moment. Chen le Cinquième m'a apporté à manger : un bol de légumes, un bol de poisson à la vapeur. Les yeux de ce poisson, blancs et durs, sa bouche ouverte, étaient exactement identiques à ceux de cette bande de mangeurs d'hommes.
("Journal d'un fou")
J'ai compris que leurs paroles étaient du poison, leurs rires des couteaux.
("Journal d'un fou")
Je m'en souviens, un frisson m'a parcouru de la tête jusqu'aux pieds.
Ils sont capables de manger de l'homme, peut-être ne seraient-ils pas incapables de me manger.
("Journal d'un fou")
Voulant manger de l'homme et craignant d'être mangés par d'autres, tous se dévisagent, le regard empreint de la plus profonde méfiance.
("Journal d'un fou")
Ils estiment aussi que la population est trop nombreuse, reprit le premier discoureur. En réduire un peu la taille est probablement la voie du retour à la Grande Paix. Ils parlent bien sûr des gens du vulgaire, de ceux qui ne peuvent dominer leurs passions, ni n'ont comme les Sages les moyens des plus subtiles conjectures. La maîtrise des affaires de ce monde exige un haut degré de subjectivité. Ainsi, disait Shakespeare...
Je me dis : l'espoir existe et il n'existe pas. Il en est ainsi des routes. La terre n'avait pas de routes à l'origine, mais quand les hommes passent en grand nombre par un même endroit, une route finit par y être tracée. (Préface janvier 1921)