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Critiques de Sue Monk Kidd (119)
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L'invention des ailes



Pourquoi ce livre ? :



Je remercie Babelio et sa Masse critique pour l'envoi de ce livre. Il me faisait très envie depuis que Fiona (et oui toujours ;) ) l'a lu ...



L'histoire en deux mots :



L'esclavage est monnaie courante en cette période en Amérique. La famille Grimké en "possède" comme dans toutes les familles respectables de la ville. Le père de famille est un juge reconnu et Sarah sa fille de 11 ans, rêve de marcher dans les pas de son père. Elle a des idées bien tranchés.

Alors que son effroyable mère lui offre à son anniversaire une "esclave"de son âge, Sarah va tout faire pour lui rendre la vie plus facile, facile étant un bien grand mot pour cette époque ...



Pourquoi ce livre m'a tant touché ?



Fiona a raison, on ne ressort pas de cette histoire pareille.



La Couleur des Sentiments, m'avait tellement touché avec ce sujet si sensible/horrible/touchant, et s'en est de même pour L'invention des Ailes.

Ce n'est pas un sujet que l'on traite à la légère et Sue Monk Kidd m'a donné des frissons, m'a donné les larmes aux yeux, m'a arraché le coeur.

Elle donne la parole à Sarah, mais aussi à Handful la petite fille noire qui n'a pas choisi de naître avec une certaine couleur de peau.

Les deux petites filles, vivent des choses différentes, mais Sarah considère Handful et c'est beau de voir ceci de la part de cette fillette à qui on inculque des principes totalement différents. La mère de Sarah m'a donné froid dans le dos, elle m'a dégoutée ...

L'histoire d'Handful m'a particulièrement touché, les atrocités qu'elle et sa mère subissent m'ont arraché le coeur un grand nombre de fois.



J'aurais voulu fermer les yeux parfois, comme dans un film au passage qui fait le plus peur, mais c'est la réalité, ces personnes ont subi des atrocités pour une couleur de peau, et je pense qu'il faut que l'on sache tout ce que ces personnes ont vécu pour qu'aujourd'hui (et je suis consciente que ce n'est pas fini) nous soyons tous égaux.



C'est plus qu'un livre que j'ai découvert, c'est une leçon de vie. J'ai aimé découvrir les récits de la maman d'Handful, cette mère battante qui rend fière de ses actions.

J'aurais aimé avoir la force de Sarah de revendiquer ces idées et de faire des choix importants.

J'ai découvert des personnages forts, que j'aurais aimé rencontrer dont j'ai eu l'impression de partager une page de l'histoire.

J'aurai aimé pouvoir leur dire que maintenant c'est différent et que c'est une personne Afro-Américaine qui dirige leurs pays. Mais ça Sue Monk Kidd a du leur dire lorsqu'elle a quitté ces personnages.



Je n'ai pas eu ded éceptions en lisant ce récit, on ne peut en avoir je pense en lisant un livre d'une telle intensité.



Le mot de la fin ? :



Si vous voulez lire une très belle histoire, qui changera certainement votre façon de voir de la vie,

découvrir une histoire poignante, je vous conseil ce livre.

Alors merci Fiona et merci Babelio de m'avoir donné la chance de découvrir ce livre.


Lien : http://livresdefilles.blogsp..
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L'invention des ailes

Ce roman relate avec beaucoup d’émotions l’amitié impossible entre deux jeunes filles : Sarah et Hetty.



- Sarah est une jeune fille timide mais révoltée, issue d’une famille respectée de Charleston, propriétaire de terres et d’esclaves. Cette dernière exècre l’esclavage et rêve secrètement de devenir la première femme juriste dans le but de mettre un terme à cette abomination ;



- Hetty, quant à elle, est une jeune esclave intrépide avec une force de caractère à toute épreuve.



Les deux jeunes filles se rencontrent lorsque Sarah se voit « offrir » Hetty comme cadeau d’anniversaire ! La complicité entre les deux filles est presque immédiate. Cependant, Sarah et Hetty vont être confrontées à de nombreux obstacles au fur et à mesure qu’elles prennent de l’âge. En effet, les utopies enfantines éclatent comme des bulles de savon et laisse place à la froide réalité : elles ne seront jamais du même monde…



On suit ainsi le destin de ces deux filles attachantes, de leur adolescence à leur vie de femmes mures. Chacune cherche à acquérir une forme de liberté : Hetty veut se défaire de ses chaînes et défend son statut d’être humain à part entière ; tandis que Sarah cherche à s’émanciper des carcans dans lesquels la société et sa propre famille l’enferment.



On assiste à leur quête, on est horrifiés par les mauvais traitements subis par les esclaves, on prie pour une rébellion de ces derniers, pour un changement des mentalités, et ce même si on connaît déjà le cours de l’Histoire.



Le personnage d’Hetty est, selon moi, une incarnation de force et de résilience. Je me suis beaucoup attachée à elle.



Le destin de Sarah (et de sa jeune soeur Angelica) est tout aussi fascinant, dès lors qu’elle va lutter de toutes ses forces, sur les scènes religieuse et politique, en faveur de l’abolition de l’esclavage et de la condition des femmes. Sarah et Angelica Grimké deviendront finalement les premières oratrices au féminin à faire entendre leur discours humanistes dans tous les Etats américains. Il s’agit, en effet, d’une histoire vraie qui relate leur parcours hors du commun. Seules les parties sur Hetty relèvent de la fiction. A ce titre, je vous suggère de lire la postface de Sue Monk Kidd à ce sujet. Il est très intéressant de comprendre la démarche de l’autrice et ce qui l’a motivé à écrire sur ces deux femmes Grimké.



Un dernier mot sur Sue Monk Kidd : j’ai adoré son style littéraire et notamment les images qu’elle convoque grâce à sa plume. La lecture est poétique malgré le thème très difficile qui y est abordé.



En bref : J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce roman inspirant et riche en émotions. La plume de l’autrice a fini de m’emporter et je lirai avec joie d’autres oeuvres de sa bibliographie. Je recommande cette lecture !
Lien : https://thecosmicsam.com
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L'invention des ailes

Un magnifique plaidoyer contre l'esclavage!! Ce livre est juste magnifique, grandiose! Un livre à lire impérativement!! Pour ne pas oublier...

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L'invention des ailes

4e de couverture : Caroline du Sud, 1803. Fille d'une riche famille de Charleston, Sarah Grimké sait dès le plus jeune âge qu'elle veut faire de grandes choses dans sa vie. Lorsque pour ses onze ans sa mère lui offre la petite Handful comme esclave personnelle, Sarah se dresse contre les horribles pratiques de telles servilité et inégalité, convictions qu'elle va nourrir tout au long de sa vie. Mais les limites imposées aux femmes écrasent ses ambitions.

Une belle amitié naît entre les deux fillettes, Sarah et Handful, qui aspirent toutes deux à s'échapper de l'enceinte étouffante de la maison Grimké. À travers les années, à travers de nombreux obstacles, elles deviennent des jeunes femmes avides de liberté et d'indépendance, qui se battent pour affirmer leur droit de vivre et se faire une place dans le monde.

Ce livre m’a été prêté. Quand j’ai juste lu la première phrase du résumé, je me suis dit que j’allais adorer.

Et bien oui !

C’est une belle histoire d’amitié entre une fille riche et son esclave. Sarah n’a jamais voulu avoir une esclave mais les traditions, les lois même, l’y obligent.

Elle voulait être juriste ou avocate, mais une femme n’avait pas le droit à cette époque.

Sarah devient Quaker (les quaker sont abolitionnistes) et sa ténacité lui permettra de faire entendre son histoire et son combat.

Je ne connaissais pas les quaker, j’ai appris beaucoup dans ce livre.

Moi qui adore cette période de l’Histoire et cette thématique, je suis heureuse d’avoir découvert cette histoire.

Je n’avais pas encore vu ce livre sur insta, et pourtant il date de 2016, il mériterait d’être plus connu.

Et surtout, Sarah Grimké n’est pas un personnage de fiction, elle a bel et bien existé. Il s’agit de sa biographie un peu romancée.


Lien : https://www.instagram.com/al..
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L'invention des ailes

La quatrième de couverture parle d'une amitié entre deux fillettes l'une, Sarah, fille de planteur de Caroline de Sud, l'autre Hetty (Handful pour sa mère), esclave. Mais je trouve que cela ne correspond que de très loin au livre. Si en effet pour l'une il s'agit d'amitié et si elle essaie d'adoucir le sort de l'autre, celle qui n'a pas le choix navigue entre indifférence et hostilité avec parfois un élan vers l'autre. Mais ce n'est et ce ne peut être une véritable amitié. Cependant elles restent liées jusqu'à la fin.

Toutefois ce n'est pas une déception, il y a beaucoup d'autres choses dans ce roman. Handful l'a parfaitement défini : “Moi je suis esclave dans mon corps mais vous, vous l'êtes dans votre esprit”. En effet Sarah accepte tant bien que mal les limites qui lui sont imposées par sa famille et la société. Bien que très intelligente, elle ne peut rien faire d'utile de ce don, elle ne peut vivre qu'à travers un époux. Mais lorsque le mariage se présentera elle préfèrera la liberté d'accomplir ce qu'elle pense être sa destinée.

Le personnage de la mère de Handful est remarquable par sa façon de lutter contre son esclavage et sa force. J'ai trouvé cette description de la vie d'esclaves domestiques différente de ce que j'avais lu ailleurs.



Cet ouvrage est basé sur la vie des soeurs Grimké, deux féministes et abolitionnistes du début du XIXe siècle, qui comme beaucoup d'autres femmes ayant pourtant eu un impact sur la vie de leur époque sont tombées dans l'oubli. Merci à Sue Monk Kidd de les avoir fait revivre ainsi que d'autres figures majeures de l'abolitionnisme.



J'ai eu un grand plaisir à lire ce livre et à profiter de ce mélange de fiction et de réalité que l'auteur nous présente dans une note finale..



Challenge USA un livre un état

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L'invention des ailes

Il fait partie de ces romans qui marquent une vie. L’auteur s’est inspirée de la vie de deux soeurs qui se sont battues contre l’esclavagisme et nous décrit avec ce roman le quotidien des esclaves avec une dureté parfois difficile. Ce roman m’a touchée, bouleversée, révoltée mais également beaucoup appris. C’est un des plus beaux romans que j’ai pu lire, mais aussi un des plus forts.


Lien : https://myprettybooks.wordpr..
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L'invention des ailes

Après avoir dévoré La colline aux esclaves le mois dernier et après l’avis plus que positif de Pretty Books sur ce livre, j’ai donc réussi à l’emprunter à ma bibliothèque pour ce qui s’annonçait être un bon moment de lecture.



Et effectivement, je n’ai pas été déçue.Dès les premiers mots de l’auteur, on est immergé dans cette période de l’Histoire où les prémices du féminisme et l’abolition de l’esclavage sont abordés de manière réaliste.



Le récit se fait en alternance avec les voix des deux héroïnes : Sarah et Handful. Deux femmes fortes dans deux univers diamétralement opposés pour une même quête : celle de la liberté. L’une a eu le malheur de naître noire et l’autre d’être une femme.



J’ai beaucoup aimé également les personnages secondaires, très attachants, comme Mauma, la mère de Handful.



Autre point positif de ce livre : la postface qui nous permet de découvrir que les sœurs Grimké ont réellement existé. Celle-ci nous livre une multitude d’informations sur la création de ce roman et les recherches qui ont été nécessaires à son élaboration.



J’ai donc passé un excellent moment et ce livre frôle le coup de cœur. Pour moi, il fait partie avec La colline aux esclaves et La couleur des sentiments entre autres, des incontournables à lire sur le thème de l’esclavagisme.



Un roman bouleversant et prenant servi par une superbe plume. Il me tarde maintenant de découvrir Le secret des abeilles écrit également par Sue Monk Kidd.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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L'invention des ailes

Dans une passionnante postface d’une dizaine de pages, l’auteure du « Secret des abeilles » revient sur la genèse de ce nouveau roman. Elle explique comment, au cours d’une visite au Brooklyn Museum, elle est ainsi tombée par hasard sur les noms de Sarah et Angelina Grimké, noyés au milieu de ceux de neuf cent quatre-vingt-dix-neuf femmes ayant grandement contribué à écrire l’histoire. Sue Monk Kidd s’étonne alors de ne jamais avoir entendu parler de ces deux soeurs, pourtant originaires de Charleston, en Caroline du Sud, la ville dans laquelle elle vivait à l’époque. Sue Monk Kidd ne tarde pas à voir dans l’histoire de ces deux soeurs un sujet de choix pour élaborer son prochain roman. Dans cette note, fourmillante de détails et d’informations précieuses relatives à la vie des soeurs Grimké ainsi qu’à l’origine et l’élaboration du récit qui s’en inspire, elle revient ainsi sur ses intentions, son méticuleux travail de recherche et justifie chacun de ses parti-pris. Surtout, elle détaille dans quelle mesure son oeuvre est restée fidèle aux évènements historiques et à quels moments elle s’en éloigne, allant jusqu’à évoquer les points de discorde entre les historiens concernant certains évènements.



L’auteure a fait le choix d’une narration à hauteur d’enfant pour amorcer cette intrigue prenant racine dans la Caroline du Sud de la première moitié du XIXème siècle. Un procédé risqué mais qui dévoile néanmoins rapidement toute sa pertinence. On se prend très vite d’empathie pour ces enfants, par nature innocents, qui se trouvent confrontés à l’injustice d’une société de castes, pervertie par les préjugés et des dogmes dont ils peinent à saisir la cohérence et le bien-fondé. Sue Monk Kidd a ainsi merveilleusement capté les conflits intérieurs de cet âge charnière où le regard s’ouvre sur le monde et où la conscience s’éveille.



Dans une société où les dés sont pipés dès la naissance et le destin tracé d’avance, il y a peu de place pour les rêves. Sarah ne tardera pas à en faire la douloureuse expérience. Alors que sa soif de connaissance ne semble connaître aucune limite et qu’elle rêve de devenir juriste, la jeune fille ne parvient pas à comprendre pourquoi, du simple fait de son sexe, elle ne bénéficie pas de la même instruction que ses frères et se trouve ainsi confronté à des perspectives d’avenir considérablement réduites.



A 18 ans, contrainte d’enterrer son désir de devenir juriste, Sarah commence à vivre sa vie en partie à travers celle de sa plus jeune soeur, Angelina. Si la jeune femme reste fidèle à ses idées, elle est aussi parfois tentée de se laisser enfermée dans sa cage dorée : « Soirée après soirée, je supportais dans la solitude ces grandes cérémonies, révoltée par notre statut d’objet d’art et méprisant cette société qui se révélait tellement creuse ; pourtant, de façon inexplicable, je mourais d’envie d’être l’une de ces jeunes femmes. » p.126. Forte de sa responsabilité d’aînée et des désillusions qui ont marqué sa vie, Sarah ne baissera pourtant pas les bras, entraînant même sa cadette dans son combat.



Si Sarah et Hetty aspirent toutes deux à un même objectif, à savoir conquérir une liberté dont les prive injustement les moeurs et les principes régissant la société de leur époque, leurs trajectoires diffèrent profondément dans les moyens mis en oeuvre pour mener leur combat. Souffrant de troubles de l’élocution et prisonnière de chaînes invisibles, le combat de Sarah est avant tout intérieur, visant à la fois à rompre avec la représentation que la société lui renvoie d’elle-même et s’extraire du chemin tout tracé qu’elle lui impose. Sarah comprend rapidement que c’est dans le savoir et l’éducation que se trouve la clé qui leur permettra de se libérer de leurs chaînes. Pour faire progresser ses idées et imposer ses opinions, elle aspire ainsi à une lutte pacifique, un message qu’elle s’efforcera de transmettre (tant bien que mal) à Hetty. Au fil des évènements, s’affirment ainsi deux personnalités bien différentes. Si Sarah mène une lutte plus spirituelle que démonstrative, le combat de Hetty (à l’instar de celui de sa mère) est quant à lui marqué par la violence et la rage.



Abordé depuis notre société actuelle et avec les deux siècles de recul que nous avons, le lecteur ne peut qu’approuver les observations et partager les sentiments d’indignation et d’injustice ressentis par les deux héroïnes. Sue Monk Kidd ne cède cependant jamais à l’écueil d’une vision binaire des évènements qui mettrait en opposition les femmes aux hommes et les esclaves aux propriétaires. La force de son roman se trouve justement dans le sens des nuances, cette capacité à ne pas se contenter d’une approche manichéenne, mais bien d’aller au fond des choses, remettant en cause les fondements même de cette société tout entière, qui empêche aussi bien une femme de devenir juriste qu’à son frère d’étudier la théologie.



Dans ce roman choral à deux voix, Sue Monk Kidd met ainsi en perspectives les trajectoires chaotiques de ces deux femmes victimes d’ostracisme. Au-delà de la grande finesse psychologique que cette alternance de narration suppose, c’est aussi un remarquable exercice de style auquel se livre ici l’auteure, parvenant à donner à chaque personnage sa propre voix, à la fois unique et parfaitement identifiable. Chaque mouvement de narration s’accompagne ainsi d’un changement dans la manière de raconter les évènements et de retranscrire les émotions. Et même lorsqu’elle se fait la voix de Hetty, dont l’éducation et le vocabulaire ne lui permettent pas de jouer avec les subtilités et les libertés de la langue, la plume de Sue Monk Kidd est capable de fulgurances stylistiques et de véritables moments de poésie.



On pourra certes reprocher certaines faiblesses à ce récit mêlant avec brio petite et grande Histoire. Pour accentuer la force de son propos, l’auteure cède ainsi parfois à un symbolisme excessif, faisant perdre à sa démonstration de sa subtilité. Il serait néanmoins cruel de s’arrêter à ces petites maladresses, tant elles paraissent bien insignifiantes au regard de ce roman historique époustouflant, à la fois remarquablement documenté et magistralement orchestré !



Je remercie Babelio et les éditions JC Lattès pour cette belle découverte!
Lien : https://lectriceafleurdemots..
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L'invention des ailes

J'ai lu ce livre mêlant avec brio petite et grande histoire sur les conseils d'une bookstagrameuse qui me l'a conseillé pour prolonger ma lecture du magnifique Cotton County de Eleanor Henderson. Et je lui dois une très belle lecture que je n'aurai probablement jamais lu sans elle, ne connaissant pas du tout l'auteure. Cela fait plusieurs fois que je le dis et l'écrit mais 2019 est vraiment pour moi l'année des très belles découvertes au féminin.



L'histoire est racontée à deux voix, à hauteur d'enfant au démarrage, de jeunes femmes puis d'adultes. Les deux héroïnes sont merveilleusement vraies et attachantes. Nous sommes dans les années 1840, à Charleston, en Caroline du sud. L'ordre des choses semble immuable, régi par le principe de l'esclavage qui codifie les règles domestiques, la vie en société et nourrit la prospérité des blancs. Nous sommes loin, très loin de l'idée même d'une possible remise en cause de ce qui est un mode de vie ancré dans la culture séculaire de la région. Le Nord est tellement loin. Pourtant, bien que toute jeune, Sarah sent confusément que l'esclavage est contre-nature. Plus exactement, elle rejette l'idée qu'à son onzième anniversaire, elle reçoive en cadeau une servante personnelle, la petite Hetty ou plutôt Handful, son vrai nom, ce qui est pour ses parents la quintessence d'un cadeau précieux. Ce sera pour les deux fillettes le début d'une relation complexe, d'une amitié sincère bien que tourmentée du fait des origines des deux petites et du carcan de cette société où chacun doit rester à sa place.



Comme dans Cotton County, la vie des deux petites est déroulée sur plusieurs dizaines d'années, avec une alternance de point de vue. Nous sommes totalement immergés dans le monde de l'époque, la prison dans laquelle vivaient les esclaves. Certains chapitres sont extrêmement durs bien que racontés de manière très sobre. Les sévices physiques, bien sûr infligés pour presque rien, et pire encore la froideur absolue avec laquelle les maîtres blancs disposent des familles, séparent mère et fille, ne reconnaissent pas chez leurs esclaves la moindre humanité (sans parler même de droit). On le sait bien sûr mais ce livre nous le fait véritablement vivre (subir) de l'intérieur, au sein même de la plantation. Finalement, même si certains esclaves vivaient parfois des dizaines d'années avec les maîtres, cela ne changeait ni leur place ni la perception que les Blancs ont d'eux.



Sarah est une petite fille puis une femme à part par son empathie, sa capacité à ressentir d'abord intuitivement les choses avant de les conceptualiser. Elle a une conscience précoce et une intelligence hors du commun, qui lui permet de rêver à une carrière de juriste dans les pas de son père. Une carrière qui lui est fermée d'avance, comme l'instruction lui est interdite alors que sa mère la pousse à accomplir le destin qu'on attend d'elle - trouver un mari. Les dés sont pipés dès la naissance et inverser le cours du jeu est impossible. La grande force du livre est son réalisme au cordeau. Les règles de la société bien pensante n'épargnent pas non plus les frères de Sarah, son frère préféré devant renoncer à étudier la théologie pour reprendre le cabinet de juge de son père. Nul n'a le choix et les conventions régissent tout.



Sarah prendra sous son aile sa jeune soeur Angelina, dite Nina, à qui elle transmettra sa conscience et sa sensibilité et qui partagera très vite son combat, s'efforçant de s'échapper de leur cage dorée.

Outre la relation de Sarah et d'Handful puis des liens tissés avec Angelina, ce livre passionnant nous fait découvrir la lutte de Sarah, seule puis galvanisée par Angelina, pour dénoncer l'esclavage, prenant ainsi des risques immenses, la bonne société sudiste ne leur pardonnant pas leur trahison. Elles seront aussi des figures de proue du féminisme. J'ai adoré aussi les passages sur l'art du kilt pratiqué par la mère d'Handful pour transmettre ses racines, l'histoire de son peuple et partager ses souffrances. Des oeuvres qu'elle devait cacher, les blancs ne supportant de voir les représentations des souffrances qu'ils infligeaient pourtant sans aucune réserve.



Je suis impressionnée par la capacité de Sue Monk Kidd à donner à Sarah comme à Handful une voix singulière, profonde et juste, très réfléchie et intérieure pour Sarah, viscérale et empreinte de colère et de révolte pour Handful.



Et le plus est que Sarah et Angelina Grimké ont vraiment existé. L'auteure a découvert leur existence presque par hasard alors qu'elle vivait pourtant à Charleston. Elle raconte dans une postface passionnante la genèse de son livre, son intérêt croissant pour les deux soeurs, ses recherches, les faits véritables et les libertés qu'elle a prises. Encore plus que de rendre hommage à ces deux soeurs, elle leur a véritablement redonné vie. La meilleure reconnaissance qui soit.

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L'invention des ailes

L’invention des ailes est une histoire basée sur des faits et des personnages réels. Sue Monk Kidd nous présente les sœurs Grimké, Sarah et Nina. On est au début du XIXème siècle, en Caroline du Sud. La jeune Sarah rêve d’étudier le droit, elle ne souhaite pas se marier, encore moins rester à la maison toute sa vie. Mais une femme ne travaille pas dans les années 1800, c’est une hérésie. Sarah se console en devenant la marraine de sa jeune sœur, Nina, davantage effrontée que son aînée. Ensemble, elles vont mener un combat révolutionnaire, tourner le dos à la religion et surtout, se consacrer à l’abolition de l’esclavage.



Ce roman est le destin croisé de Handful, esclave de l’âge de Sarah et des sœurs Grimké. J’ai aimé le fait que les personnages ne sont pas foncièrement bons. Sarah a beau être contre l’esclavage, elle s’est parfois montrée égoïste. De leur côté, les esclaves ne sont pas tous bons non plus, certains se dénoncent et sont prêts à s’écraser les uns les autres pour quelques faveurs. Sue Monk Kidd nous dresse un récit historique très intéressant avec une part de fiction bien écrite. J’ai pris plaisir à lire ce roman, à me mettre à la place des personnages. Je ne peux que saluer le courage des deux sœurs, qui ont dû s’exiler dans un autre Etat et qui ont dédié leur vie à convaincre les américains que les esclaves sont des hommes et devraient avoir les mêmes droits qu’eux. Elles ne sont pas restées à leur place de « femmes », ont quitté leur famille et n’ont pas renoncé à leur quête.



Pour conclure, L’invention des ailes est une belle et touchante histoire que l’on suit des points de vue d’Handful, l’esclave et de Sarah, l’indocile.
Lien : http://romansurcanape.fr/l-i..
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L'invention des ailes

On pense forcément à La Couleur des sentiments en lisant ce livre, mais ici la dimension est plus vaste puisqu'il s'agit d'une biographie romancée. Une bonne partie des personnages a réellement existé et côtoie d'autres personnages inventés. C'est cette alchimie qui, selon moi n'a pas parfaitement pris : les personnages historiques me semblent avoir été "plombés" par les personnages fictifs et l'ensemble manque de l'ampleur qui fait la force d'une biographie.
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L'invention des ailes

👱‍♀️👩🏾 L'invention des ailes - Sue Monk Kidd 👩🏾👱‍♀️

Traduction : Laurence Kiefé @editions1018



Charleston, 1803. Sarah Grimké, fille d'un grand planteur et magistrat à la cour de Caroline du sud, fête ses 11 ans et se voit offrir Handful, une jeune esclave. Révoltée par le fait de posséder un être humain, Sarah refuse le cadeau de sa mère mais se voit vertement remise à sa place : c'est une fille de bonne famille du sud, il est hors de question de remettre l'esclavage en question. C'est ainsi que les vies de Sarah et Handful se lient. Ces deux filles sont toutes les deux avides de liberté et ne cesseront de chercher à s'émanciper, à se faire une place dans ce monde qui ne les considère guère. Sarah, qui a vu ses illusions de petite fille déçues : elle n'aura pas accès à l'instruction de ses frères, ne deviendra jamais juriste, n'aura pas le droit d'exposer ses idées anti-esclavagiste car la seule chose que l'on attend d'elle est un comportement irréprochable, un bon mariage et des enfants ; va se battre pour le droit des femmes et l'abolition de l'esclavage. Handful, elle, comprend qu'elle n'aura jamais le droit aux beaux livres de Sarah ou aux belles robes que coud sa mauma pour les Grimké, elle est esclave et ne peut rien faire sans l'autorisation de sa Missus sous peine d'être punie sévèrement. Mais elle refuse d'accepter sa condition et n'hésite pas à braver les interdits... Ce roman est inspirée de l'histoire vraie des sœurs Grimké, Sarah et Angelina, les premières féministes des États-Unis et des abolitionnistes très engagées. L'auteure reconnaît cependant avoir pris des libertés sur les pensées de Sarah et sur la relation entre Sarah et Handful, qui si elle a vraiment existé, est décédée très tôt.

C'est un roman émouvant où l'on suit les vies de ces deux femmes qui se battent pour leurs libertés. Je suis passée par beaucoup d'émotions avec ce livre, la colère, la frustration, la révolte mais aussi la tendresse et l'espoir. Suivre leurs combats pour le droit à la parole, pour la liberté, pour le droit d'exister ne peut pas nous laisser indifférent(e)s.
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L'invention des ailes

Des personnages inoubliables surtout qu'ils ont réellement existé, enfin certains.

Si la trame historique est respectée, l'auteure nous rappelle qu'il s'agit d'un roman. Donc les réactions et pensées de Sarah et Nina sont pures suppositions. Mais elle nous entraine malgré tout dans un monde ou l'esclave est un objet de 300 dollars maxi et ou les femmes ne sont que des êtres sans cervelle. C'est un roman à deux voix : Sarah d'un côté avec sa révolte et Handful-Hetty, esclave qui rêve de liberté. Handful est l'esclave offerte à Sarah pour ses onze ans. Refus de Sarah devant cette fillette affublée de jolis noeux tel un paquet cadeau. Premier geste de Sarah, écrire et signer un document légal d'affranchissement qui fut purement et simplement déchiré par son père. Une étrange amitié nait entre ses deux fillettes, toutes deux prisonnières d'une époque. Sarah veut offrir à tout prix la liberté à Handful et cela commence par l'apprentissage de la lecture. Ce geste fut vite découvert et puni : Hetty est battue pour la première fois et Sarah enfermée dans sa chambre avec interdiction d'approcher de la bibliothèque.

Entre révolution et rêve, on se balade d'un personnage à l'autre et d'une vie à l'autre. C'est beau, c'est triste mais il y a tellement d'espoir dans ce récit que l'on tourne de plus plus en rapidement les pages pour arriver au dernier chapitre et pousser un gros soupir de soulagement.

Bravo à ses femmes qui malgré toutes les contraintes et privations ont réussie à changer la face du monde.
Lien : http://jelisquoi.blogspot.fr..
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L'invention des ailes

Un livre a lire absolument, historique, feministe , jai adoré
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L'invention des ailes

juste magnifique !...
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L'invention des ailes

C'est la couverture du livre qui m'a attirée et puis à la lecture de la quatrième, je me suis dit qu'il était pour moi : deux destins de femmes que tout oppose mais que la rage de vivre et la soif de liberté va animer toute leur vie... Et hop, en haut de ma PAL !



Au début du XIXème siécle, Sarah GRIMKE issue d'une famille respectée de CAROLINE DU SUD fête ses 11 ans. Pour son anniversaire, elle reçoit pour cadeau comme esclave personnelle une petite fille noire, Handful. Sarah qui a déjà un fort tempérament et des idées bien arrêtées refuse ce sordide cadeau mais se voit obligée d'accepter au nom des conventions sociales et familiales. Les deux jeunes filles vont nouer des liens qui malgré les aléas resteront solides, et deviendront des femmes éprises de liberté, se battant pour la reconnaissance des droits de chacun et bravant les conventions au prix de leur vie.



Que j'ai aimé suivre la vie de ces deux jeunes filles aux destins croisés qui jamais n'abandonnent ni ne renoncent à leurs idées. Chacune à leur façon, elles se battent sans cesse pour exister dans un monde où naître femme est un handicap quand on a des idées, des envies de liberté et dans lequel l'esclavagisme est bien ancré dans les moeurs.



A chaque chapitre, le lecteur suit l'une des deux héroïnes et s'attache à ces deux jeunes filles que tout sépare mais qui toutes les deux ont un fort tempérament et une volonté sans faille.



J'ai été émue aux larmes par les épreuves que traverse Handful et révoltée par tant d'inhumanité à son égard et à l'égard de ses semblables. Elle semble si frêle mais pourtant si forte. Quel personnage étonnant et fascinant. La complicité qu'elle partage avec sa mère si déterminée et si attachée à ses origines et l'amour qu'elle lui porte sont bouleversants. Les sévices qu'elle subit tout comme les autres esclaves du domaine sont décrits avec précision et cruauté et on ne peut rester insensible à ces descriptions. J'ai été effroyablement ébranlée par certains passages dignes des pires tortures... Que l'homme est inventif pour faire souffrir son prochain !



Sarah, quant à elle, aurait pu représenter les Sudistes esclavagistes et continuer à se reposer sur un mode de vie ancestral et confortable. Mais cette jeune fille éclairée et intelligente n'aura de cesse, toute sa vie durant, de combattre l'esclavagisme et de vouloir faire reconnaître les droits des femmes de son temps. Malgré le reniement d'une partie de sa famille et son exposition à la vindicte esclavagiste, Sarah GRIMKE fut une figure historique du mouvement abolitionniste, militante engagée et féministe qui se consacrera aux droits des femmes y compris le suffrage féminin. Elle saura préverver sa relation privilégiée avec Handful malgré les obstacles et la distance qui les séparera.



A la fin de son roman, Sue MONK KIDD explique sa démarche, ses recherches et son travail d'écriture. Sarah, son combat et sa famille ont réellement existé et l'auteur a romancé son propos en lui donnant cette petite esclave afin de présenter le point de vue des noirs à cette époque, leur souffrance et leur combat pour la liberté. Je trouve absolument pertinent cette voix d'esclave qui permet de mieux appréhender leur situation, leur condition et leur ressenti.



Vraiment, je vous conseille de vous plonger dans ce beau roman de femmes, vous ne serez pas déçus, c'est une histoire de combat et de révolte, d'amour et de liberté !







MYMY


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L'invention des ailes

La littérature américaine est sûrement l'une des plus belles au monde : c'est une littérature de tradition, de renouveau : l'histoire, le style et la réflexion se mêlent harmonieusement pour nous offrir un grand moment, L'Invention des ailes fait partie de ces romans bouleversants et vrais : Sue Monk Kidd rend hommage à toutes ces victimes de l'esclavage mais aussi à toutes les personnes qui se sont dressées contre ce système allant à l'encontre de leur famille et de la société.



Lorsque j'ai lu la comparaison de The Observer avec Toni Morrison, j'ai tout de suite voulu lire ce roman pour savoir si cela était une hyperbole ou une réalité : la seconde solution fût la bonne. Ce livre doit devenir et deviendra un grand classique dans les années à venir, il est de ceux à étudier en classe : il s'agit d'un témoignage, un rappel sans pour autant qu'il soit porter par la volonté de rendre coupable de ces atrocités : c'est l'Histoire qui ne doit pas se reproduire, un combat qui a été mené et mené à bien : un retour sur la conquête de l'égalité.



Sarah Grimké est un personnage incroyable de part son courage, son opiniâtreté et cette volonté grandissante de se positionner pour l'abolitionnisme et ce au côté de sa sœur Angelina. Les chapitres s'alternent de manière courte et efficace avec le personnage d'Handful : une jeune esclave offerte à Sarah, un être qui va découvrir sa condition et le fait que son destin est déjà tracé d'avance : servir et s'agenouiller pour toujours. Dès lors l'amitié entre Sarah et Handful qui ne peut qu'être difficile et parsemée d'embûches n'empêche pas le fait de s'attacher à deux héroïnes complètement différentes mais liées par le passé. Je tiens à préciser que Sarah et Angelina Grimké sont des femmes qui ont réellement existé, qui se sont battues pour leurs idées et qui n'ont pas eu l'honneur d'être passées à postérité. J'espère que ce roman permettra enfin d'en faire les grandes héroïnes de leur époque.



L'écriture et le style sont vraiment au service de cette histoire inoubliable, terriblement émouvante : on ferme ce roman avec la gorge serrée d'émotions, la tête remplie de nombreuses pensées ! Ayant lu beaucoup de livres sur la même thématique, je n'en reste pas moins surprise de voir qu'il y a encore beaucoup à dire : Sue Monk Kidd a écrit le grand roman du XXIème sur l'esclavagisme.



En définitive, une lecture inoubliable, emblématique, superbe. A mettre dans toutes les mains, à poser dans toutes les bibliothèques !
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L'invention des ailes

J'ai refermé ce roman emplie d'émotions. La belle surprise de la postface fut de découvrir que les personnages principaux, les soeurs Sarah et Angelina Grimké, ont réellement existé. Des pionnières, militantes féministes et abolitionnistes de la première moitié du XIXème siècle, les femmes les plus célèbres et honnies des Etats-Unis. Leur pamphlet American slavery as it is, qui promeut non seulement l'émancipation immédiate des esclaves et l'égalité raciale ( point de vue radical et rare même chez les abolitionnistes ) a même inspiré Harriet Beecher Stowe pour La Case de l'oncle Tom.



L' intrigue est d'une grande force et promesse de romanesque. Sue Monk Kidd a choisi de centrer sa narration sur Sarah, l'aînée. Née à Charleston, Caroline du Sud, au sein d'une puissante et riche famille de l'aristocratie terrienne, dans un monde où posséder un esclave est aussi naturel que respirer. Sur une trentaine d'années, on suit sa longue métamorphose pour rompre avec sa famille, sa religion, sa terre natale, les injonctions sociales faites aux femmes de son milieu, jusqu'à devenir une paria et s'assumer comme telle.



Le piège avec ce genre de récit est soit de tomber dans le pathos larmoyant, facile, soit dans le récit sentencieux comme un catalogue de faits historiques édifiants. L'auteure ne tombe dans aucun de ces écueils car elle prend le parti de tirer du vaste matériel biographique qu'elle a récolte une histoire impressionniste, interprétant la voix et la vie intérieure d'une femme exceptionnelle.



Elle a inventé un magnifique personnage, celui de Handful, esclave offerte à Sarah pour ses dix ans, emballée dans des rubans violet. Leurs destins sont liés sur la trentaine d'années que couvrent le roman, chacune à la recherche de la liberté, ce qui rend très lisible le parallèle entre la lutte pour égalité raciale et celle pour l'égalité entre les sexes. Comment s'inventer des ailes en se servant des obstacles à surmonter ?



Une amitié fulgurante entre la petite blanche riche et l'esclave élevée par une mère rebelle n'aurait pas été crédible étant donné la dissymétrie des statuts et des vécus. L'auteure préfère proposer quelque chose de beaucoup plus subtil, une amitié qui se construit, parfois dans le malaise ou le ressentiment, sur la compréhension commune des épreuves traversées par l'autre, par les rebellions du quotidien. Les chapitres alternent à la première personne le vécu et le ressenti de chacune, éclairant souvent ce que l'autre a pensé précédemment, complétant et ajustant. Cette juxtaposition de leurs expériences d'oppression est très fort.



J'ai vibré au rythme de leurs espoirs écrasés, de leur solitude, de leurs douleurs à se construire en femmes libres au-delà des limites de leur sexe et de leur couleur de peau. Ce roman éclairant et profondément incarné résonne de mille petits combats individuels qui prennent une dimension universelle et ne peuvent laisser quiconque indifférents. Si l'écriture est fluide et fine pour transmettre les sensations et émotions, elle reste classique, un peu fade, en retrait par rapport à la force du récit, ce qui ne permet pas à ce très beau roman de se hisser à la hauteur de ceux de Tony Morrison, par exemple. Il manque un peu de rage ou de poésie à ses mots.
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L'invention des ailes

"Joie ! Joie ! Noël ! Noël !" aurais-je pu crier en tournant la dernière page de cet épais roman dans lequel je me suis immergé, plusieurs soirs de suite. Quel plaisir de déguster un roman aussi bien écrit (le style de Sue Monk Kidd est d'une fluidité et d'une richesse remarquable), dont la lecture est génératrice de tant d'émotions mais aussi de découvertes historiques !



Je ne peux donc que vous recommander chaudement ce remarquable récit "sudiste" racontant (vous avez lu le pitch ci-dessus) le destin parallèle de deux petites filles, devenues femmes, Sarah la blanche, la maîtresse et Handful la noire, l'esclave, de 1805 à 1838.



Lire la suite de ma critique sur le site Le Tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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L'invention des ailes

J’aime les romans qui racontent la vie de femmes hors du commun, au tempérament bien trempé ou en avance sur leur temps. Et là, Sue Monk Kidd m’a bien servi. Ce n’est pas une mais trois femmes que nous suivons en ce début de 19ème siècle dans une Amérique esclavagiste.

Elle nous raconte le parcours de Sarah et sa sœur Nina, héritières d’une famille de Charleston et de Handful, esclave au service de la famille.



Le mode de narration nous fait passer à chaque chapitre de Sarah à Handful. Nous progressons dans l’histoire en suivant le chemin de l’une ou de l’autre. Le cours de la vie fera quelques seront séparées mais l’amitié, le respect et leur soif de justice et de liberté les rassembleront.



Lorsqu’à la fin du roman en lisant les notes de l’auteur, j’ai appris que Sarah et Angelina Grimké ne sont pas que des personnages de roman. Elles ont vraiment pris part à la cause abolitionniste et ont été parmi les premières féministes américaines. Respect pour ces deux idéalistes qui à leur époque ont fait évoluer la mentalité étriquée des hommes.



Voilà un roman que je referme très satisfait. Je vais rapidement me procurer « le secret des abeilles » pour prolonger ma découverte des romans de Sue Monk Kidd.
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