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Citations de Suzanne Lilar (2)


Vers le même temps, mes oncles ayant cédé leur commerce de machines à écrire, nous quittâmes la place Saint-Bavon pour une petite maison de la rue Liévin de Winne. Elle avait pour vis-à-vis une scierie dont nous allions aimer l’odeur forestière de bois fraîchement débité et même le chantonnement monotone. Elle appartenait aux Suy, famille aisée de la bourgeoisie catholique ou j’allais être invitée souvent, sans que ma mère se risquât jamais – je ne m’en avise qu’aujourd’hui – à les convier chez nous. Sans doute le plan conçu par cette famille pour l’éducation de ses fillettes comportait-il quelques exercices de charité envers les inférieurs. Ces invitations qui humiliaient Maman me ravissaient. J’aimais cette maison ou m’accueillait dès l’entrée l’arôme des parquets cirés. Il semblait que, comparée à la nôtre, la vie y glissât sur des rails. Une domesticité discrète pourvoyait aux besoins, réglant le calorifère, allumant le gaz de la suspension, servant le sirop de groseilles. Le goûter, présidé par une gouvernante, était suivi de jeux tranquilles (oie, nain jaune, jacquet) dont j’étais invitée à suivre strictement les règles sans y introduire de variantes. Mais rien ne satisfaisait mon goût d’exotisme comme d’entendre les petites Suy invoquer la sainte Vierge afin de tirer la bonne carte ou le double six: « Vierge des rochers, inspirez-moi! Étoile de la Mer, secourez-moi! Tour de David, faites que je gagne! » Maman fut outrée lorsqu’elle le sut. Elle était lasse d’ailleurs de m’entendre vanter la supériorité des parquets sur le linoléum qui couvrait nos planchers. Elle manœuvra pour espacer ces réunions. Quant à moi, peu de temps après, me servant pour la première fois de la machine à coudre, je me trouvai fort occupée à bâtir grossièrement une robe destinée à une petite pauvresse de la rue de la Sauge. J’avais tiré profit de la leçon. Moi aussi je remplissais mes devoirs à l’égard de nos frères inférieurs.
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Dans un dédale de couloirs sombres et veloutés où se feutraient les pas.
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