Citations de Tahar Ben Jelloun (1758)
Une fille violée est condamnée à disparaître. Tout dans la société la rejette et l'enfonce dans le puits de la honte. Se taire et encaisser. Personne n'est au courant. C'est le secret le plus violent, le plus terrible à vivre. Je me sens comme une jarre remplier de merde et de puanteur. Je suis devenue moi-même une pourriture, pas même une putain, car la putain vends son corps pour vivre, moi, on m'a pris mon corps et mon âme et le n'ai plus envie de vivre. Et je n'ai rien à donner, rien à vendre.
C'est fou comme on peut assassiner quelqu'un avec une moue.
Dis toi que tu récupères ce que l'Etat ne te donne pas. La corruption est une forme de récupération. L'Etat paye des salaires de misère et compte sur l'apport de ceux qui ont de l'argent pour atteindre un équilibre.
dans ce pays, la femme n'a pas de droits, alors elle impose ses choix et elle se débrouille avec ce que la vie lui donne.
Quand elle évoque ses sentiments amoureux à l'égard de Nouredine, ma mère se mettait en colère : "l'amour ? Tu te crois dans un film américain ? Tu crois que j'aimais ton père avant notre mariage ? Chez nous, l'amour ça vient après, jamais avant, nous avons l'amour construit sur la raison et l'habitude.
La maison nous écrase. La maison nous nargue. La maison nous tue lentement. Elle a été la scène de notre bonheur bref et de notre malheur permanent.
En principe, la polygamie telle qu'elle avait été instituée et telle qu'elle devait être pratiquée était impossible. Aucun homme n'est capable d'éprouver exactement les mêmes sentiments pour quatre femmes. L'équité dont il est question est une forme d'interdit. Ne pouvant être juste avec les femmes, il faut s'en tenir à une seule. La loi islamique sera ainsi respectée. Mais tous les hommes passent outre et prient pour que Dieu leur pardonne !
Essayez de comprendre ce que ressent une jeune fille de seize ans, agressée dans son corps et dans son âme par un monstre libidineux, gluant et cruel. Vous n’existez plus, vous n’avez plus aucune raison de continuer de vivre, d’avoir des projets, d’aimer les autres et d’espérer. Tout vous est refusé. Tout vous tourne le dos. Arrive, épaisse et lourde, la solitude, la vraie, la grande, la stupide, la malfaisante, celle qui insiste, qui tourne autour de vous comme une vieille vipère puis s’enroule autour de votre cou, serre un peu, laisse à peine passer l’air, puis vous écrase de tout son poids, et dégage une odeur nauséabonde qui vous donne mal au cœur et à la tête.
Il y a eu de l’amour entre nous. Les premières années, nous nous entendions bien la plupart du temps. Il était doux et j’étais tendre. Il était attentif et j’étais aux petits soins avec lui. Il était élégant et j’étais belle parce que nous étions amoureux l’un de l’autre. Il ne rentrait jamais les mains vides. Toujours une fleur, quelques fruits, un bijou de rien du tout, un tissu.
Aucun homme parmi vous ne se lève pour aller le faire arrêter ou au moins lui casser la gueule, lui couper son horrible sexe avec lequel il a fait un trou dans mon hymen, un trou dans ma vie, un trou qui est en vérité ma tombe.
Dans des moments de grande lucidité, je me demande comment notre couple, parti pour vieillir avec sagesse, est devenu une monstruosité. Tant de haine, tant de hargne ! Cela ne nous ressemblait pas. À présent, notre enfer est bien installé, il a pris ses marques, il s𠆞st accoutumé à nos humeurs de plus en plus mauvaises, il s𠆞st adapté à nos manies, à nos faiblesses et aussi à notre volonté morbide de dire le mal, de faire le mal.
Ghizlane est une jolie fille, mon aînée de deux ans. Je sais que ses parents se plaignent de ses sorties fréquentes. Très tôt elle a eu le droit d’avoir un copain. Mes parents ne l’accepteraient pas. J’ai essayé une fois de la défendre auprès de mes parents, mais je n’ai entendu que des jugements sans fondement. Ma mère la soupçonne même d’avoir une relation avec un homme marié. Elle a appris ça au hammam, véritable chambre d’écho de la ville. Ici, on vit en pensant tout le temps à ce que pourraient dire les gens. L’opinion des autres sur soi est une obsession. On a peur d’être montré du doigt.
Le charme n’est pas donné systématiquement aux princes. Je rêve par exemple de grandir dans un environnement paisible. Je ne supporte pas la pauvreté qui se manifeste partout dans la ville. Trop de mendiants, trop d’enfants abandonnés, trop d’injustice. Ma mère me dit que c’est la volonté de Dieu ; on n’y peut rien ! Dieu a bon dos. J’ai compté l’autre jour, de la maison au collège il y a sept mendiants dont deux femmes avec chacune un bébé exhibé pour faire pitié.
Les Arabes se déchirent allègrement et ne cessent de tomber dans les pièges tendus par les Américains. C’est ainsi que la Palestine a été perdue, que l’Égypte est un navire à la dérive avec un dictateur aux commandes, que l’Arabie saoudite se fait dépouiller par les Américains et que le terrorisme au nom de l’islam ne cesse de se développer.
Je sais, la poésie c’est la vie, c’est ma vie, c’est ce qui me fait vibrer. Je prends le train de nuit, je ferme les yeux et je me laisse bercer par le rythme régulier de ce train qui roule à toute vitesse dans toutes les nuits du monde.
Je ne bande plus depuis longtemps, mais j’aime regarder les femmes. Je leur trouve toujours quelque chose d’agréable, de plaisant. Ma femme le sait et me gronde chaque fois qu’elle me surprend en train de regarder une dame quel que soit son âge. Fatema avait une jolie poitrine. J’ai toujours aimé les seins des femmes. D’ailleurs c’est grâce à sa poitrine généreuse et ferme que j’étais tombé amoureux de Malika. Les jeunes gens ne se fréquentaient pas avant le mariage. Ils se mariaient puis se fréquentaient. J’ai fait comme tout le monde.
Le mot "ghetto" est le nom d'une petite île en face de Venise, en Italie. En 1516, les Juifs de Venise furent envoyés dans cette île, séparés des autres communautés. Le ghetto est une forme de prison. En tout cas, c'est une discrimination.
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Peindre une défaite en amour
C’est la frapper de vie
Jusqu’à réveiller
La volupté qui ronge ses travers
Et la rend belle
Dans son humanité.
Nous sommes tous rêveurs
Mais les convenances
Exigent que nos rêves soient
Propres et utiles
Brillants et raisonnables
Avec des trous et des pentes
Des corps en habits de gala
Et des phrases
Qui laissent passer la lumière.
Les pauvres ne s'aiment pas entre eux..