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Critiques de Tanya Tagaq (21)
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Croc fendu

Nous sommes dans le Nunavut des années soixante-dix, c'est une terre inuite, une contrée lointaine aux confins du Canada, un territoire autonome dont j'ignorais totalement le nom, l'existence, l'endroit, jusqu'à cette lecture de ce texte qui m'a dévoré, Croc fendu.

La narratrice qui, sans doute, ressemble comme deux gouttes d'eau à l'autrice Tanya Tagaq, nous entraîne dans un texte âpre, inconfortable, vertigineux, tout simplement beau au sens d'une écriture prête à laisser son empreinte indélébile en nous.

Tanya Tagaq est une chanteuse de gorge inuite et je vous invite à aller écouter ce qu'elle produit, vous aurez sensiblement, à quelques décibels près, l'écho de celle a écrit dans Croc fendu.

C'est un récit tout en oscillations et tangages. Il mêle de magnifiques contrastes qui ne cessent de dialoguer entre eux.

Ici des paysages magnifiques disent l'ivresse du décor et la nuit qui l'étreint.

La magie de l'enfance n'exclut jamais la douleur en revers.

Nous voyageons entre réalisme et étrangeté onirique…

Entre poèmes et prose.

Entre texte et dessins, puisqu'il y a des dessins de temps en temps, d'un certain Jaime Hernandez, dessins d'une douceur innocente, faisant penser à des dessins de mangas…

C'est dans un monde glacé, désoeuvré, blanc à l'extérieur, que la narratrice fait les yeux noirs à la vie, cherche son itinéraire. Elle aime les garçons. Elle aime les filles. Elle ne sait pas encore quelle direction prendre au début, d'ailleurs pour elle choisir n'est pas un vrai chemin.

C'est une immersion sidérante à laquelle l'autrice nous invite, nous happe, pour nous transpercer le coeur et l'âme de part en part.

Et lorsque l'arme est remise dans son fourreau, il reste encore un peu de mots qui saignent et traînent sur la neige des pages…

Il y a ici une alchimie qui transforme la banquise en désir, la banquise en soleil, la banquise en souffrance, la banquise en chagrin, la banquise en désespoir…

En lisant Croc fendu, j'ai pensé à cette phrase de Marguerite Duras qui disait : « Écrire, c'est aller dans ce périmètre où on n'est plus personne. »

Comme c'est tellement vrai ici, y compris pour le lecteur.

L'écriture de Tanya Tagaq a quelque chose d'animal, d'habitée par du vivant, par quelque chose qui ressemble à l'enfance et devient invisible sauf aux lecteurs par la grâce et la violence de son écriture, qui demeure pour autant à chaque page éprise de poésie...

Il y a une rage dans cette écriture, vorace, il est difficile de déceler où vient naître cette rage, où celle-ci vient se poser, autrement que sur ces pages. Cela semble à la fois spontané et ancestral…

Mais cela ressemble aussi à un journal intime, on entre et on en ressort plus secoué encore…

J'ai été sensible aux éléments glorifiés et mélangés aux sentiments humains, le temps devient astre, lumière, peur, âme, vie… Il y a un côté que j'imagine presque chamanique. En même temps je dis cela sans connaître le sujet. Je sais seulement que ce récit me rappelle une ancienne lecture, celle de Croire aux fauves de Nastassja Martin, une prochaine lecture m'y amènera encore, puisque j'envisage de lire un essai de Corine Sombrun, La diagonale de la joie… Alors je me dis que c'était prévu dans les astres, - ou tout simplement par le truchement du hasard qui fait si bien les choses, que ce livre me tombe dans les mains…

Dans ce texte, j'ai lu le parcours d'une enfant qui devient jeune fille puis femme puis mère dans le chaos d'un monde qui autour d'elle chavire dans la misère sociale, le désoeuvrement, l'alcool…. le monde des autres c'est celui-là, mais c'est forcément son monde à elle aussi, ce monde qui la façonne. Elle se tient debout dans ce monde, marche dans la nuit du Grand Nord, peut-être qu'elle va tenir debout par l'art de l'écriture et du chant guttural.

Ici l'obscurité est continue pendant trois mois en hiver, tandis que la clarté est absolue pendant autant de jours en été.

Sous la plume acérée de Tanya Tagaq, les mots se font aurores boréales, constellations, comètes, sortant de sa gorge comme le feu des cratères en éruption, traversant les pages pour les embraser et nos doigts avec…

C'est une écriture viscérale qui ne m'a pas lâché du début à la fin. J'ai été captif, happé par le récit de Tanya Tagaq.

Alors, on pourrait se dire que tout ceci se passe loin de chez nous, au Nunavut, hier c'est-à-dire dans les années soixante-dix. J'y ai vu cependant un texte féminin, féministe, mais aussi intemporel, universel…

Merci à toi Doriane de m'avoir invité à aller vers ce récit inouï.

Et merci à mes chères libraires préférées, les Julie, de la librairie Elizabeth & Jo dans ma petite commune, d'avoir innocemment ou insidieusement déposé sur leur étalage ce livre….

Tanya Tagaq dédie son texte aux femmes et aux filles autochtones disparues ou assassinées, ainsi qu'aux survivants des pensionnats. On imagine aisément dans cette dédicace sombre toute l'horreur des peuples minoritaires, opprimés, effacés.

Quant à moi, je dédie ce billet à toutes les femmes qui ont envie de mordre ou qui ont tant besoin de le faire…

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Croc fendu

Parfois ce sont les livres qui nous choisissent. C’est ce qui m’est arrivé avec celui-ci : Croc fendu de Tanya TAGAK , auteur inconnue, livre jamais croisé nul part et jamais entendu parlé des éditions Christian Bourgois.

Un loup blanc aux yeux hypnotiques sur la couverture épurée et me voilà quelques heures plus tard plongée dans la lecture de cet étrange livre. En voilà un qui n’aura pas eu le temps de prendre la poussière.



Dès les premiers mots j’ai senti une tension, une urgence. L’écriture est dense, racée, elle claque, se brise, explose, semble mourir avant de renaître comme un phœnix. Mais qu’est-ce que c’est que cet OLNI (objet littéraire non identifié) ? L’auteur alterne prose et vers. Il y a quelque chose de viscéral et d’instinctif dans cette plume. C’est primaire, brut il y a une animalité à peine contenue. Chaque passage est plein de sens, tellement dense que ça en devient perturbant presque douloureux.



Besoin de souffler et de comprendre. Je pose mon livre et fait quelques recherches, l’auteur Tanya TAGAQ est Inuit et chanteuse de gorge, on la surnomme La punk polaire. Elle a travaillé notamment avec Björk. Une chanteuse de gorge ? J’écoute et là tout s’éclaire. Son chant est à l’image de ses écrits : primitif. Les spécialistes salueront certainement la performance vocale mais moi ce qui m’a frappé c’est que ce chant est un écho à ses écrits. Deux moyens d’expression un seul message.



Je reprends mon récit avec sa voix en tête. Le récit de la vie de Tanya mais aussi celui de la vie de ses ancêtres. Une vie racontée par ellipse. Un puzzle qui mèle réalité et fiction. Un mode de vie tribal fait d’instinct et de communion avec la nature. Des croyances sans âge et un récit à la fois intimiste et universel. Le bien, le mal ne signifient rien, la morale n’a pas sa place dans la nature ni dans la façon de vivre de ce peuple ancien qui se souvient qu’il fait partie intégrante de l’univers, ni plus ni moins. Tanya grandit et appréhende la connaissance des anciens jusque dans ses entrailles. Un monde de mythologie où on parle par image et où les mots réel et imaginaire n’ont pas vraiment de sens. J’oublie parfois que le peuple Inuit est composé entre autre d’indiens qui ont fuient les Etats Unis, ici la filiation est flagrante. Tanya a connu les instituts, ceux qui tentaient d’extraire l’indien de l’enfant et où sont morts des milliers d’enfants. Des enfants violés, maltraités, affamés. Tanya dédit d’ailleurs son livre « Aux femmes et aux filles autochtones disparues ou assassinées, ainsi qu’aux survivants des pensionnats ».



Ce livre est d’une délicatesse et d’une violence surprenantes. C’est un cri de rage poussé par une voix cristalline. Poétique et cru, magnifique et cruel. Une lecture violente tout en contradiction qui bouscule et interroge notre rapport au monde.



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Croc fendu

Avis mitigé. Bien aimé les réflexions sur le réchauffement climatique avec la fonte des glaces et sur l’existence de l’être humain. Un peu déroutée par le côté imaginaire, notamment sur la grandeur des ours et de ses jumeaux à la naissance et certaines pratiques inuites. Un roman atypique pour une écrivaine qui l’est aussi puisqu’elle est chanteuse de gorge. Étonnant non ?
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Croc fendu

Mélange de dure réalité et de rêves fantastiques au Nunavut canadien.



On y trouve aussi bien des ados qui sniffent de la colle que des envolées mystiques et poétiques. On y laisse une large place à la nature et la spiritualité.



Le mélange des genres est un peu déconcertant. Pendant la lecture, des moments d’émotions peuvent être suivis de moments d’admiration devant les images poétiques ou d’indifférence incrédule devant certains passages qui donnent dans le rêve et le fantastique.



Un avis mitigé, même si je ne regrette pas de l’avoir lu.

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Croc fendu

D'hier à maintenant,

Entre palpable et mystique,

Au sein de l'Arctique,

Son firmament,

Où le pergélisol fait foi de reine,

Le froid son roi,

L'aurore sa muse,

Périple ancestral, immémorial,

Envoûté par la prose de sa plume,

Où le soleil du jour dure toute une vie,

Où la nuit derrière les yeux fermés, elle,

Flétrit,

Meurtrit.

« Croc fendu » de Tanya Tagaq,

Vent de fraîcheur polaire,

Où le cruel de sa brise

les écorche les viscères,

D'une larme chargée de douleur,

Mais certes, qui libère.
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Croc fendu

Il y a des rendez-vous manqués qui m’attristent et celui-ci en est assurément.

J’étais pourtant ferrée au départ par le récit de cette enfance douloureuse aux confins du monde.

La narratrice raconte pêle-mêle les horreurs que son père lui fait subir, les jeux de gamins désœuvrés, les langues collées par le froid et l’errance sous le soleil sans fin de la toundra.

Et puis le merveilleux surgit, d’abord doucement - je suis encore dedans. La rencontre avec les esprits, la prose entrecoupée de poésie, la magie dans laquelle se fond le personnage : je suis surprise, mais pas encore complètement perdue. Jusqu’au paroxysme de cette scène inouïe avec l’aurore boréale qui va changer sa vie.

Changer la donne aussi. Le surnaturel prend alors une place majeure dans le récit. Et j’ai beau la trouver cohérente avec l’évolution du personnage, j’ai beau essayer de l’accueillir en m’ouvrant le ventre et l’esprit, l’incompréhension me gagne pour de bon.

Même si j’en ai pris plein les mirettes de paysages et de sensations, j’ai fini par marquer le pas.

Ce tout métaphorique, même magnifique, a eu raison de moi.
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Croc fendu

L'écriture est magnifique, on se laisse porter par les mots. Malgré l'ambiance quelquefois plus sombre, j'ai ressenti de la douceur pendant la lecture.



Cependant, l'expression très poétique du texte a quelquefois nuit à ma compréhension des propos de l'autrice.



J'ai lu ce livre dans le cadre du défi mensuel "Les librairies du Québec". Défi du mois d'avril : découvrir un auteur autochtone.
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Croc fendu

[Critique de l'édition VO]

Tanya Tagaq est davantage connue pour sa musique. La chanteuse de gorge offre pourtant avec Split Tooth un premier roman remarqué, puisqu’il a notamment remporté le prix Indigenous Voices Award en 2019 (catégorie Prose publiée en anglais).



Split Tooth est un livre qui se joue des cases. C’est un collage de morceaux de vie, peut-être de la même jeune fille, peut-être de plusieurs jeunes filles différentes. Entre deux passages décrivant la vie de cette jeune fille qui grandit dans le Nunavut des années 70 se trouvent des poèmes. Un texte rédigé en Innuinaktun (un dialecte Inuit) figure aussi sur l’une des pages. Quelques illustrations en noir et blanc de Jaime Hernandez parsèment le texte.



Split Tooth se joue aussi des genres. Fiction ? Autobiographie ? La mythologie Inuit et les esprits animaux comme ceux de la Terre s’entrelacent avec des scènes réalistes. On pourrait donc étiqueter le livre dans la catégorie du réalisme magique, mais ce sera là réduire le contenu de cet ouvrage.



Split Tooth est rédigé par une Inuite et il évoque sans fard les problématiques rencontrées par ce peuple. Les effets délétères de la colonisation, les traumatismes générationnels, les ravages de l’alcool et de la drogue, la difficulté de vivre alors que le gouvernement vous coupe de votre héritage culturel, occasionnant des blessures psychologiques profondes qui se répercutent de génération en génération. Split Tooth évoque aussi une spiritualité encore vivace, avec cette jeune fille qui voit des esprits, un renard humanoïde, qui tombe même enceinte d’une aurore boréale. Les croyances Inuites sont ainsi inextricablement liées au quotidien de cette jeune fille.



La jeune fille n’a pas de nom. Quasiment aucun personnage n’en a. Ils reflètent un peuple. Ils reflètent l’expérience de l’autrice comme celle de son entourage.



J’ai beaucoup aimé cet ouvrage. Il oscille entre poésie et crudité, entre instants de grâce et moments cruels. À l’image des paysages arctiques, magnifiques de blancheur mais sans pitié pour le voyageur impréparé. C’est le cri du coeur d’une artiste qui évoque par là de multiples facettes de son peuple, sans en occulter les aspects les plus sombres. Le cri de colère d’une femme pour faire écho à ceux, nombreux, des femmes indigènes victimes de viol ou meurtre. Le livre leur est d’ailleurs dédié, ainsi qu’aux survivants des écoles où le gouvernement a envoyé des Inuits pendant de nombreuses années, pour les déculturer. Des écoles où de nombreux abus ont été commis. Des écoles que Tanya Tagaq elle-même a connues.



Split Tooth est un magnifique livre, sans concession, aussi beau et mordant que la glace qui recouvre l’Arctique, aussi poétique et dangereux que les ours blancs, aussi délicat et froid que la neige. Entre phrases de pure poésie et vocabulaire cru se dessine la vie quotidienne de cette jeune fille du Nunavut, profondément entrelacée avec le folklore mythologique Inuit, vivant dans un environnement hostile où la frontière entre le bien et le mal, entre le réel et l’irréel, est brouillée.



Si vous ne lisez pas l’anglais, la version française de cet ouvrage paraîtra mi-mars aux éditions Christian Bourgois sous le titre Croc fendu.
Lien : https://lullastories.wordpre..
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Croc fendu

Se jouant de toutes les formes littéraires établies en les mêlant joyeusement, le récit poétique, cruel et savoureux d’un improbable passage à l’âge adulte, dans le Grand Nord canadien des années 1975-1980.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/07/23/note-de-lecture-croc-fendu-tanya-tagaq/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Croc fendu

Attention, en ouvrant ce roman il faut être prêt à lire une rêverie hallucinée teintée de réalité.



L’auteure mêle poésie et roman, description de sa vie d’enfant puis de jeune fille et voyage chamanique.



La narratrice raconte l’amitié, l’amour parental, l’art du camouflage et de la survie, la cruauté aussi. Elle connaît l’ennui et l’intimidation. Les ravages de l’alcool, la violence sourde, la menace des hommes, le courage d’aimer les petites peurs. Elle connaît le pouvoir des esprits. Elle scande en silence la puissance brute, amorale, de la glace et du ciel.



C’est l’histoire d’une fille qui devient femme, en s’appropriant son corps, sa culture, sa voix.



Dans un poétique mélange de réalité et de rêverie, l’auteure nous pousse à reconsidérer les frontières de notre monde entre nature et culture.



L’image que je retiendrai :



Celles des couleurs jaunes et vertes très fortes.
Lien : https://alexmotamots.fr/croc..
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Croc fendu

[Chronique de Scarlett sur Léa Touch Book]



Tanya Tagaq dans « Croc fendu » nous livre un roman d’une rare poésie, celle originelle qui nous lie à l’univers, au grand tout, instinctivement, animalement, férocement.



L’enfant puis la jeune femme et enfin la femme qui nous parle dans ce livre vient d’un lieu lointain et froid du nord canadien. Dans ces contrées, des enfants jouent dans la rue lors de jours sans nuit et s’enivrent d’un soleil glacial. Dans ces contrées, des enfants s’enferment dans un placard pour fuir le bruit, l’alcool et la violence des adultes. Elle, adolescente voit l’enfance s’enfuir avec nostalgie, une enfance malgré tout violée comme tant d’autres dans l’indifférence coutumière de ces zones oubliées. Elle, elle se veut aussi forte que les garçons, elle possède une énergie tellurienne. Elle, elle subit la violence des hommes, leurs envies brutales et cruelles et leurs soudaines douceurs.



Elle nous raconte sa vie, ses envies, ses doutes, son ressenti dans cet univers rude des Inuits du grand nord. Elle est si connectée à la terre qu’elle flirte avec les réalités de mondes parallèles.



Ce roman court parsemé d’instantanés de vie, de dessins en noir et blanc, de poèmes tels des haïkus est un livre original qui nous parle de l’originel.



On y vit des moments rudes et d’autres hypnotiques, des transes mystiques quasi chamaniques.



Tout se mêle pour exprimer la vie parfois si simple et si complexe d’une enfant devenue femme dans une écriture à la fois poétique et crue, légère et brutale, réelle et hallucinogène.



Tanya Tagaq a su trouver les mots pour expliquer l’universalité, la chaîne qui relie tout vivant à l’univers, au tout. Elle nous livre aussi un message qu’il est temps d’écouter et surtout d’entendre et de comprendre




Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Croc fendu

Croc Fendu nous invite aussi dans le monde de l’adolescence mais à des milliers de kilomètres de là, chez les Inuits. C’est une immersion brutale, ça ne prend pas de pincettes pour nous décrire ce que les jeunes vivent entre l’alcool, la drogue, les violences physiques et sexuelles. Et puis dans ce contexte extrême, l’onirique a une place des plus importantes, comme pour s’ en sortir, comme pour s’échapper et voir un autre monde, où les renards sont des personnages à part et où les aurores boréales peuvent féconder. Croc fendu mélange réalité, rêve, mystère avec talent, poésie et prose s’entremêlent tout au long ce récit original et fascinant.
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Croc fendu

Ce premier roman de la chanteuse de gorge INUIT Tanya TAGAQ se déroule dans les années 1970 au sein d’un village de l’arctique un été sous le soleil de minuit, il raconte l’histoire d’une adolescente qui devient une femme en s’appropriant sa culture vivant des expériences mystiques.

Ce roman polyforme, poétique et atypique, traduit la grande souffrance des inuits dont la vie fut rude et marginale où l’alcool et la drogue amènent la violence au sein de ce peuple pourtant si proche de la nature dont les expériences initiatiques sont destinées à la connaissance de l’être profond.

Faire qu’un avec la nature pour transcender l’âme, la libérer de la prison qu’est le corps pour accéder à une autre dimension, c’est ce que cette adolescente tente de vivre.

Ce roman nous transporte de la violence physique à l’expérience mystique sous le rayonnement d’une aurore boréale, celle de la nature qui aime engendrer la vie.

Un beau Roman initiatique à découvrir.
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Croc fendu

J'ai eu pas mal de difficultés à finir ce livre pourtant assez court, mais rien à faire, je m'y suis perdue et n'y ai strictement rien compris, au point que ça me gâche la lecture. Le réalisme magique est pourtant toujours une base solide pour un roman je trouve et les ravages de l'alcool, les violences faites aux femmes et aux enfants, les difficultés à devenir adulte....tous ces thèmes me sont chers dans les livres mais rien à faire, ça ne prend pas ici, je suis restée à la porte malgré mon envie de me laisser porter par le récit de cette jeune inuit. Peut être parce que je n'arrive pas à savoir si son esprit a laché et imaginé ses enfants fruits de l'aurore boréale au lieu d'un viol et ne parlons pas de la fin....bref, je suis passée méchamment à côté
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Croc fendu

Une autofiction singulière, qui ausculte la façon dont on grandit en terre indigène, dans un environnement qui donne et qui prend beaucoup (nature, famille, amis), quand on appartient à une minorité dans la minorité (femme et inuit).

Un roman avec du style - tantôt cru et réaliste, tantôt poétique et halluciné - qui sait caresser le lecteur à rebrousse-poil.

Un récit âpre et elliptique, célébrant la naturalité, l'animalité et le mysticisme.

Un 1er roman qui a touché mon esprit, mais pas mon coeur, hélas.
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Croc fendu

Au milieu des années 1970, dans un village au nord du Nunavut, une bande d’écoliers se prépare à entrer dans l’âge adulte. Dans cet univers de neige et de glace où les mythes ancestraux entrent en collision avec les premiers échos d’une culture mondialisée, chacun cherche à négocier au mieux ce passage difficile. Parmi eux, la narratrice est sans doute la plus curieuse, mais aussi la plus perméable à la brutalité sourde qui couve dans une communauté marquée notamment par les violences sexistes. Un pacte avec les esprits du monde sauvage la sauvera d’un destin tragique et lui permettra de se réapproprier son corps.

Avec Croc fendu, la chanteuse inuit Tanya Tagaq signe un premier roman âpre et affûté, entre autobiographie et conte fantastique. Sous la lumière changeante des aurores boréales et dans les effluves d’essence que reniflent les adolescents pour atteindre le vertige, les frontières entre les mondes s’effacent, et les âmes sont mises à nu par le regard perçant de sa jeune narratrice. A travers elle, Tanya Tagaq compose un récit d’adolescence d’une grande singularité, roman de toutes les mutations, aussi bien individuelles que collectives.
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Croc fendu

Croc fendu fait dans l'auto-fiction. Ça a le mérite de me faire un peu grincer des dents d'habitude mais ce livre m'a tapé dans l'oeil dès sa sortie (mars 2020) de par son aura et, grâce à son auteure dont je connaissais le travail en tant que chanteuse gutturale qu'on a pu entendre en duo avec Björk.





Déjà (et c'est une fausse surprise), il surprend de par son originalité. Ce roman défonce complètement les codes de la littérature occidentale, toute la structure est décousue, les phrases s'enchaînent et déroutent complètement les repères narratifs auxquels on est habitués en temps normal et ce malgré la double culture de l'auteure.





Tanya Tagaq est inuite canadienne, elle a donc été bercée dès l'enfance par des rites anciens, animistes mais qui vont (post colonialisme oblige) faire corps avec la culture américaine des années 70 (Elvis, musique country, installations, ...). Il en résulte un style poétique intense, une envie d'en découdre avec la langue, une rage au ventre certaine, un pessimisme aigre, assumé et contrôlé.



Ce que raconte Croc fendu ? Une nature omniprésente à la fois destructrice, désinvolte, insoumise. Des corps robustes, des corps bafoués, violés, une adolescence écorchée, des adultes ivres et libidineux, une bienveillance entre femmes malgré des envies de se faire la guerre pour les mâles qui font cogner les coeurs. La conception, le sexe brutal et les Aurores boréales.



C'était dément et ça se lit plutôt vite malgré l'envie de prendre son temps. Mention spéciale aussi aux illustrations de Jaime Hernandez qui viennent tapisser ce texte puissant et fabuleux.
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Croc fendu

La libération de la vie.

Quand l'énergie du soleil , expression de force magnétique, brise le gel, délivre les odeurs et les souvenirs.

Quand la glace de change en eau, déchaînant ses flots sous la puissance de l'univers.

Quand la lumière exubérante illumine des visions d'espoirs.

L'été. Pause magique dans le défilement des saisons. Des années.

L'été. Auquel succède l'hiver. Toujours.

Inéluctable passage du temps.



A l'été succédera l'hiver.

A l'enfance succédera l'adolescence.

A la menace succédera la violence.

A l'emprise succédera la peur.

Une malédiction en chasse une autre. Toujours triomphantes.

Les blessures restent quand le temps passe. Immortel.

Le corps lui donne du pouvoir. De la gravité. Seul l'oubli peut libérer du poids de la chair. Quand son corps est une prison. Quand on est prisonnier d'un autre corps.

Passage de l'emprise charnelle à la liberté spirituelle.



Le salut viendra de la Terre.

La fonte des neiges sera eau baptismale, les divinités de la Nature imposeront leurs lois.

Un nouvel ordre naturel pour une mythologie des éléments , guidés par une Madone de la Lumière.

Déesse de la Vie, mère de violence et de guérison, porteuse d'un espoir de réconciliation.

Pour une victoire de la Nature sur l'Homme.

Pour une victoire de l'été sur l'hiver.

Pour une victoire de la vie sur la mort.



Tanya Tagaq croque le quotidien d'un village perdu dans le grand nord canadien.

Son roman raconte le froid, la violence, la menace, l'emprise.

Il nous dit aussi l'espoir, le courage, l'amour, les esprits et la Nature.

Entre les deux , une adolescente.

Qui traverse les saisons et les années.

Version féminine de Janus, elle nous emmène dans ce récit construit autour de la dialectique du passage.



Homme et Nature, chair et spiritualité, enfance et âge adulte, violence et paix. Autant d'antagonismes qui de rejoignent au terme d'une traversée initiatique et spirituelle. ▪️La langue de Tanya Tagaq emprunte le même chemin réunissant envolées lyriques et descriptions cliniques, poésie et prose, réalité et imaginaire. ▪️Ses mots sont ceux de la réconciliation. Avec la nature. Avec les autres. Avec soi-même.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Croc fendu

Split Tooth is an experience. Truly unlike anything I’ve read before. Following the perspective of a young Inuk woman growing up in Nunavut in the 1970s, the novel sketches the portrait of a community affected by colonialism and poverty. At only 11, the unnamed protagonist sees right through the adults around her. Her coming of age is saturated with spirituality, making up for any lack in the material world. To survive the violence she is subjected to daily, she strengthens the ties with her ancestors, holding on to her Inuit identity so tightly that reality blends seamlessly with the unseen. What is real? What is a dream?



Tanya Tagaq’s debut novel is subversive, both in content and form. It is a powerful counter-narrative denouncing the atrocities of colonialism and toxic masculinity. It mixes prose and poetry, autobiography and fiction, reality and myth.



The frozen landscape is an active character. Nature is unforgiving and harsh but aren't humans even harsher? Split Tooth proves just that.



I highly recommend this novel.



📖 « La forme des nuages ressemble à des avertissements codés en morse: l’été ne durera pas. La vie, c’est ça. Mange-la toute de suite. »



TW: rape, sexual assault, drug consumption, alcoholism, domestic violence, animal cruelty, death.

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Croc fendu

Premier roman de la chanteuse de gorge inuit Tanya Tagaq, Croc fendu transperce le cœur, touchant droit à l’âme. Traduisant la solitude et l’isolement sur fond de paysages magnifiques, disant toute la magie de l’enfance, la douleur de grandir, la force de la maternité, et le désir de trouver sa place dans un monde glacé.
Lien : https://www.lapresse.ca/arts..
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