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Citations de Tao Lin (17)


La personne avec le livre a fait des bruits derrière Sam sur le trottoir. "Vous travaillez là ?" a demandé Sam. La personne a dit que oui. "Vous travaillez vraiment pour American Apparel ?" a dit Sam. La personne a désigné un insigne de police à la boucle de sa ceinture sous son pull trop grand. "Oh", a dit Sam.
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Les souvenirs, avait-il compris à un moment, étaient des images que l’on pouvait associer en un diaporama sommaire ou, avec quelque effort, en une sorte de .gif, peut-être –, mais à présent, à moins qu’il l’écrive, rangeant ainsi l’information où son cerveau ne pourrait l’effacer, la placer derrière un péage, ou malencontreusement bousculer son organisation, ou la transformer par étapes, à coups d’altérations si petites qu’il ne les détecterait pas, sans qu’il le sache et de sorte qu’elle se perdrait et ne serait plus reconnaissable, il ne se rappellerait probablement de presque rien dans quelques jours et, après quelques semaines ou quelques mois, il ne saurait pas qu’il l’avait oubliée, comme une grange que l’on voit depuis un train en marche et qui est ensuite démontée, son bois déplacé en camion.
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Sam a montré l’immeuble de l’autre côté de la rue et dit qu’il avait habité là. Il se souvenait qu’il s’était appuyé contre une rampe d’escalier dans l’immeuble trois ou quatre ans plus tôt, un vendredi soir à l’époque où il était à la fac, et il écoutait une cassette de développement personnel tout en songeant à se suicider. Il se souvenait qu’il tenait le lecteur de cassettes dans une main et regardait le fil des écouteurs qui sortait du lecteur de cassettes. Le fil lui avait paru très étrange.
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Ses voyages sous DMT, ses romans, ses nouvelles et autres séquences (…) stabiliseront et complexifieront sa vie, le mèneront en des lieux où il ne serait jamais allé autrement.
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Quand j’étais enfant, le terme de « drogues » renvoyait à une seule chose indistincte, puis il s’est divisé en stimulants et calmants, avant de caractériser les MDMA, les benzodiazépines, les opiacés.
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Pourquoi les psychédéliques sont-ils illégaux ?
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L’existence de ce livre dans le monde, en tant que source et objet de discussion, catalysera des changements dans sa vie.
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La nature aime que nous prenions des psychédéliques et que nous nous promenions en l’admirant.
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J’ai commencé tard, n’ayant rien consomme d’autre que de la caféine avant mes vingt-six ans.
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Le lendemain [d'une dispute] sur le chat Gmail Haley Joel Osment a dit qu'il se sentait comme une merde. Dakota Fanning a dit qu'elle avait envie de lui faire un câlin. "Je suis juste déprimé", a-t-il dit. Dakota Fanning a dit qu'elle lui avait envoyé une otarie en peluche par la poste. "Faut que j'y aille, a-t-elle dit. Ma mère a besoin de l'ordi. Je peux t'appeler plus tard ? - OK, a dit Haley Joel Osment. Attends. Je me sens comme une merde, j'aurai sûrement rien à dire. Tu peux appeler si tu veux." Elle n'a pas appelé. Après minuit elle lui a envoyé un texto qui disait: "Je suis trop une merde, je rendrai jamais personne heureux, je vais peut-être me tuer bientôt, le suicide c'est le seul moyen pour moi de toucher vraiment quelqu'un." Haley Joel Osment lui a dit dans un texto qu'il se sentait méchant et que Dakota Fanning était gentille. Dakota Fanning a répondu : "Je sais pas, t'as plus du tout l'air heureux avec moi, même quand je te fais rire j'ai juste l'impression de pas toujours être à la hauteur.
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La littérature, la poésie, la philosophie, la culture populaire, ses expériences personnelles, la plupart des films qu’il avait vus, particulièrement ceux qu’il aimait, lui ayant appris à maintes reprises qu’il était souhaitable de « vivre dans le présent », de « ne pas ruminer le passé », etc., il portait dans l’ensemble un regard sympathique sur ces obstacles à sa mémoire et, parfois, croyait momentanément en leur viabilité comme forme de zen, exaltante ou tout du moins intéressante.
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le soir le hamster s’assied devant son ordinateur
avec du jus de pastèque et du café à côté de l’ordinateur
le hamster boit tout le café
quelques minutes plus tard le hamster boit tout le jus de pastèque
le hamster pose sa patte sur une liste impeccablement pliée de choses à faire ; c’est un hamster dégourdi
avec une volonté solide, un ami hamster sincère et affectueux, et une nature confiante
nous n’avons pas besoin d’accorder davantage de temps ou d’empathie à ce hamster
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Quelques semaines plus tard, Sam marchait vers la bibliothèque avec un grand café glacé à la main. Il avait une lecture dans quelques heures. Il pensait à la chemise qu’il portait. Il est entré chez American Apparel. Il a regardé des choses et parfois touché des choses. Il a vu une personne qui tenait un livre à dix centimètres de son visage et dont les yeux dépassaient du livre. Sam a pensé que la personne avait un comportement étrange. Quelques minutes plus tard Sam sortait de chez American Apparel avec une chemise American Apparel à la main.
La personne avec le livre a fait des bruits derrière Sam sur le trottoir. « Vous travaillez là ? » a demandé Sam. La personne a dit que oui. « Vous travaillez vraiment pour American Apparel ? » a dit Sam. La personne a dévoilé un insigne de police attaché à la boucle de sa ceinture sous son pull trop grand. « Oh », a dit Sam.
Ils sont retournés à l’intérieur. Ils sont descendus au sous-sol. On a pris des photos de Sam et on lui a passé des menottes. « C’est pas nous qu’il faut voler », a dit un responsable en regardant un écran d’ordinateur. « Volez des salauds. Nous on fait du commerce équitable. On a des conditions de travail équitables, je veux dire.
– Je dépense mon argent dans des endroits encore mieux, a dit Sam. Des restos végétariens bio.
– Je suis à fond pour ça », a dit le responsable.
Quelqu’un a écrit « arrêté » sur la photo de Sam et l’a accrochée au mur avec une trentaine d’autres photos. La personne qui avait attrapé Sam a mis sa tête près de la tête de Sam et a pris une autre photo. « Qu’est-ce que t’essaies de faire, Luigi ? a dit quelqu’un. De gratter un bonus ? »
Derrière Sam deux personnes se sont chuchoté des choses.
Quelques secondes plus tard quelqu’un a enlevé les menottes de Sam.
Environ quinze minutes plus tard deux policiers sont arrivés et ont passé d’autres menottes à Sam et l’on fait sortir et monter dans une voiture de police.
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Sam s’est réveillé vers 3 h 30 de l’après-midi et n’a vu aucun mail de Sheila. Il s’est fait un smoothie. Il s’est allongé sur son lit et a regardé l’écran de son ordinateur. Il s’est douché et habillé et a ouvert le fichier Word contenant ses poèmes. Il a regardé ses mails. Une heure plus tard environ il faisait nuit dehors. Sam a mangé des céréales avec du lait de soja. Il a mis des choses en vente sur eBay puis a essayé de deviner le mot de passe de la boîte mail de Sheila, sans croire qu’il y arriverait, et sans y arriver. Il a fait cinquante jumping jacks. « Putain, j’avais l’impression d’être une merde, allongé sur mon lit », a-t-il dit à Luis quelques heures plus tard sur Gtalk. « Je voulais m’endormir tout de suite mais c’était pas possible. J’ai besoin de m’endormir. N’importe quand. Juste m’écrouler et dormir.
– J’ai joué à des jeux vidéo, a dit Luis. Perfect Dark. J’ai tué des gens pendant deux heures et puis ça a commencé à m’ennuyer. Je comprends quand tu dis pas possible.
– C’est la merde, a dit Sam.
– Tu vois ces gens qui se lèvent tous les matins et qui font des trucs, a dit Luis.
– Je vais manger des céréales même si j’ai pas faim, a dit Sam.
– Et qui sont super dynamiques, a dit Luis. Et qui bossent, et qui lâchant jamais leur travail. Quels nazes.
– Nous aussi on fait des trucs, a dit Sam. Regarde nos livres.
– Je sais, mais ça rapporte pas d’argent, a dit Luis. Est-ce qu’on est, je sais pas, ce mot, des « bohèmes ». Ou un truc comme ça. Nos bios : « Ils vécurent dans la misère tout en écrivant leurs chefs-d’œuvre. »
– On est la génération baisée, a dit Sam. Faut que quelqu’un fasse un communiqué de presse pour annoncer ça.
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Paul dit qu’il ne ferait pas semblant d’aimer quelque chose, ou qu’il ne se moquerait pas si on aimait quelque chose, ou qu’il n’aimerait pas quelque chose par ironie.
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Les rares fois où il parlait – dans des cours où personne ne le connaissait ou lorsque, sans savoir pourquoi, pendant une à quarante minutes, il devenait plein de spontanéité et d’une confiance agressive comme en primaire ou au collège, chose qui, douloureusement, semblait susciter un enthousiasme sincère chez ses amis –, il sentait que « ça ne collait pas avec sa personnalité », montrant ainsi qu’il avait accompli une mutation et était à présent, d’une façon surréaliste et dénuée d’humour, en tout point ce qu’il ne voulait pas être et aurait souhaité ne pas être.
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Avec la sensation d’abandonner entièrement et sans peine un contexte préalable, de n’avoir aucun souvenir, il se concentra, en observateur intrigué, sur cet assemblage et fut surpris par l’urgence, qu’il sut immédiatement n’avoir pas ressentie depuis des mois, des années peut-être, de s’engager physiquement – en sortant et en vivant patiemment chaque journée – dans l’occurrence continue, concrète, de ce qu’il se rappelait avec lenteur et passivité. Mais l’émotion se dissipa au profit d’une sorte de néant – et les souvenirs associés, tels les organes d’un corps sans vie, devinrent bientôt indiscernables, occultés par l’équivalent métaphysique, s’il en existait un, de l’entropie – tandis qu’il se rendait compte, avec une certaine confusion et une réticence étrangement instinctive, distinguant dans un cillement sa nouvelle chambre qui parfois lui paraissait encore inconnue au bout de deux mois, qu’il était ailleurs, en la forme d’une personne différente, en une année bien ultérieure.
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