L'espoir est cette chose avec des ailes qui se perche dans l'âme.
[Emily Dickinson]
Il est parfois bon de glisser et d'évoluer à la surface des choses.
Je prie les oiseaux parce que je crois qu’ils porteront les messages de mon cœur vers les cieux.
La souffrance nous montre ce à quoi nous sommes attachés – peut-être que le cordon ombilical entre Maman et moi n'a jamais été coupé. Ce qui cause notre souffrance n'est pas le fait de mourir, mais le refus de la mort.
Notre correspondance a des ailes, ce sont des oiseaux de papier qui volent de chez moi jusque chez vous, des nuées de pensées qui sillonnent le pays. Une fois la lettre ouverte, une connexion s'établit. Nous ne sommes pas seuls au monde.
Depuis la mort de Maman, je suis délivrée de mon optimisme. Je n'ai rien à espérer, puisque ce pour quoi je nourrissais un espoir n'est plus.
-Ne dis rien, me répétait Maman. Tu sais ce que toi tu penses, c'est ça qui compte.
Et pendant de nombreuses années, c'est ce que j'ai fait : j'ai écouté, j'ai observé et j'ai forgé mes opinions en silence, au sein d'une culture qui pose rarement de questions parce qu'elle détient toutes les réponses.
Ce n'est peut-être pas l'obscurité que nous redoutons le plus, mais les silences qu'elle contient.
C'est la malédiction et le charisme du cancer : savoir qu'à partir de cet instant, tout ce que vous possédez, c'est le jour présent.
Les paysages que nous connaissons et auxquels nous retournons deviennent des lieux de consolation. Nous nous sentons attirés par eux en raison des histoires qu'ils nous racontent, des souvenirs qu'ils renferment, ou simplement en raison de leur beauté pure qui, sans cesse, nous interpelle et nous appelle.