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Critiques de Tetsuya Honda (36)
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Rouge est la nuit

Machisme, pression sociale pour que les filles se marient, violence verbale, sexisme, police ultra-hiérarchisée et sévère, verticalité de la société japonaise, organisation en colonne faisant en sorte que chacun est obligatoirement au-dessus d'un autre et où les femmes cherchent encore leur place non, non nous ne sommes pas au 19e siècle, nous sommes bien dans le Japon d'aujourd'hui !

Tetsuya Honda signe ici le premier opus des enquêtes de la "lieutenante" Reiko Himekawa avec "Rouge est la nuit".

Des enquêtes policières oui mais aussi un portrait franc, honnête, pas toujours joli du Japon. Celui de ses marginaux, celui des Tokyoïtes, de cette ville ultramoderne et traditionnelle à la fois mais aussi une représentation de la police et de son fonctionnement pour le moins étonnant. Des flics qui doivent prendre le bus/le métro/le train pour se rendre sur les lieux d'un crime, des flics qui n'ont pas d'arme faute de budget, des flics qui doivent dormir au bureau ou dans les hôtels à proximité du commissariat le temps de l'enquête, les informations qui doivent remonter la chaîne, des journées qui ne finissent plus...bref une rigidité surprenante mais aussi des tolérances tout autant déconcertantes ! Leur façon de fonctionner n'est pas disons, empreinte de subtilités. On est souvent dans du brut ici, autant pour le criminel que pour le policier.

Cette femme, lieutenant de police, sera confrontée à la chaleur étouffante de l'été à Tokyo, à des cadavres affreusement mutilés retrouvés dans l'eau, à des collègues aux pratiques disons ambiguës et aux propos sexistes, à la culpabilité ressentie face à sa famille mais, Reiko saura se redresser et elle fera face.

Vivement les traductions des suites des enquêtes de Reiko Himekawa.



PS: J'aimerais souligner la belle édition de ce roman. Atelier akatombo, maison d'édition dédiée à la littérature japonaise, c'est plus que réjouissant avec en prime, une jolie libellule en logo.
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Cruel est le ciel

Deuxième titre de la série avec la lieutenante Reiko Himekawa, Tetsuya Honda nous présente encore une fois un monde qui me surprend toujours.

Être femme au Japon et travailler dans un monde d'hommes ne semble pas être ni simple, ni facile ni évident ni surtout faciliter par personne ni rien. La femme japonaise, pour certains, reste un sujet épineux et notre héroïne, malgré ses succès professionnels rame fort dans ce monde du travail où l’égalité des sexes n’en est qu’à ses balbutiements.

Ce titre, « Cruel est le ciel », démarre sur des suicides d'ouvriers de la construction endettés, une main retrouvée, puis un tronc et c'est parti pour une enquête. D’ailleurs le monde de la construction qui nous est présenté ici n’est pas sans risque et semble être contrôlé par les Yakuzas et leurs clans. Enquête régie par une hiérarchie rigide, des codes empesés et une certaine forme de rivalité entre enquêteurs. On s’aperçoit aussi que le Japonais voue un culte immense au travail qui déséquilibre un brin la vie personnelle des protagonistes. Dans un Japon moderne, on s'aperçoit que tout ne l'est pas autant. L’organisation des choses et le respect des valeurs traditionnelles donnent le ton. Rigueur et discipline et moralité. Si le récit policier comme tel est convenu et ne passera pas nécessairement à l'historie, le portrait des moeurs, des comportements et leurs principes est des plus étonnants et intéressants. Un monde de traditions millénaires dans la modernité du 21e siècle. Un mélange détonant qui me plait.

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Rouge est la nuit

Dans un quartier paisible de Tokyo, un corps est retrouvé, enveloppé d'une bâche au bord d'un étang de pêche. La victime a été atrocement mutilée. C'est la lieutenante Reiko Himekawa qui est chargée de l'enquête. A vingt-neuf ans, la jeune femme est à la tête d'une équipe de la Division Criminelle du Département de la Police Métropolitaine de Tokyo. Un poste qu'elle ne doit qu'à sa volonté de fer, sa détermination et sa capacité à se faire respecter par ses hommes, ce qui n'est pas une mince affaire, tant le machiste et la misogynie règnent en maîtres dans la police japonaise. Mais Reiko est tenace, intuitive et douée et elle fait fi des critiques, des remarques sexistes et même de la hargne de certains de ses collègues.

La voilà donc embarquée dans une enquête où le seul indice est un site internet : Strawberry Night. Elle est loin de se douter qu'elle vient de mettre le pied dans un univers sordide, sanglant et meurtrier où la vie humaine ne pèse rien, la sienne pas plus que celle des victimes.



Premier tome d'une série mettant en scène la lieutenante Reiko Himekawa, Rouge est la nuit est un polar qui flirte avec le sordide bien loin de l'image policée de la société japonaise. Ici, il est question de folie, de meurtres, de mutilations, de torture et de la fascination pour la mort. Une ambiance glauque donc pour cette première enquête d'une policière au caractère intéressant. C'est après un drame personnel qu'elle a décidé d'entrer dans la police et elle y a réussi au point d'être à la tête d'une équipe à même pas trente ans. Cela fait des envieux et des aigris dans une institution très hiérarchisée qui laisse peu de place aux initiatives personnelles et encore moins aux femmes. Dans ce monde d'hommes, Reiko s'est fait une place à la force du poignet, cachant ses faiblesses et sa fragilité pour ne mettre en avant que sa pugnacité, sa fougue, son esprit de synthèse et sa capacité à mener son équipe malgré les obstacles.

Féministe, ce polar dénonce aussi les violences faites aux femmes et la pression subies par les célibataires, surtout quand elles atteignent trente ans. Faire carrière n'est pas une option facilement envisageable pour des jeunes femmes harcelées par leur famille qui organise des rencontres arrangées.

Autant de problèmes pour Reiko qui doit ménager, imposer ses choix de vie et résister aux coups bas de ses collègues.

On aura plaisir à suivre son évolution dans la suite de ses enquêtes, tant son personnage aux multiples facettes est intéressant.

Un polar surprenant et addictif.

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Rouge est la nuit

Après la découverte d’un corps emballé dans une bâche bleue, près d’un étang dans un parc de Tokyo, la lieutenante Reiko Himekawa, trentenaire, est nommée cheffe d’enquête. Elle doit composer avec une autre division avec à sa tête, une vieille connaissance l’officier Katsumata, un flic compétent mais d’une grossièreté sans nom avec lequel Rieko a du mal à garder son calme. L’enquête doit également prendre à bord les policiers locaux, qui connaissent les lieux et dont les enquêtes de voisinage peuvent faire progresser l’enquête. Cette dernière rebondit avec la découverte dans l’étang cette fois-ci, d’un deuxième corps, tué dans les mêmes conditions et emballé dans une bâche similaire.



Un roman policier mettant en scène une lieutenante quelque peu border line, qui se voit adjoindre une autre équipe policière et chacune des équipes alignant une pléthore de collaborateurs, - un peu trop d’ailleurs, ce qui complique le suivi de cette enquête, et des individualites qu’il faut gérer et qui préfère jouer cavalier seul. Certaines scènes sont assez gores et sadiques, mais cela s’insère parfaitement dans l’histoire assez bien menée et qui s’aventure dans les méandres du Darknet.

Mais malgré ces qualités j’ai un petit bémol sur les personnages qui paraissent trop invidualistes et indépendants, quand on sait le poids de la hiérarchie au Japon et les respects des anciens, j’avais plus le sentiment de voir de voir des flics américains n’en faisant qu’à leur tête, très violents dans leurs relations - la lieutenante cassant allègrement doigts et donnant coup de boule à l’envi quand elle est agresséesexuellement - que des flics japonais et deuxième bémol, le grand nombre de personnages qui noient un peu l’action.

Rouge est la nuit est un roman dont le scénario tient la route et je remercie Baelio et les éditions Harmonia Mundi pour la découverte de ce roman.
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Rouge est la nuit

Une jeune policière, seule femme de son département, ce qui suscite pas mal de jalousie de la part de ses collègues masculins, va devoir faire la lumière sur des meurtres qui semblent sans motif.

L'intrigue se déroule au Japon de nos jours et l'enquête va s'avérer compliquée et nous entraîner dans un univers très sombre, hyper violent, voire carrément malsain.

J'ai bien aimé cette histoire et l'ambiance de la vie au japon, même si le sujet est très dur et que l'héroïne a elle aussi un passé qu'elle souhaiterait oublier. A ne lire que si on a le moral.
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Rouge est la nuit

Tokyo « ville où les crimes violents sont rares » ? Pourtant l’auteur nous offre un panel d’horreurs saisissant sans rien nous épargner dans les descriptions. Un polar sanglant s’il en est, mené tambour battant et présenté comme le premier opus d’une série à succès au Japon, adaptée pour la TV et le cinéma (voir 4e de couverture).



Divisé en cinq parties, les quatre premières parties commencent par un chapitre à la première personne où s’exprime le responsable des meurtres. Puis l’enquête est narrée à la troisième personne et nous suivons principalement Reiko Himekawa, lieutenante impliquée dans l’affaire, même si nous aurons parfois le point de vue de ses collègues.

Publié au Japon en 2006, c’est bien cette période dans laquelle semble ancrée l’histoire. J’ai été frappée par le côté sombre et sans concession avec lequel l’auteur dépeint les relations entre les collègues au sein même de la police métropolitaine. Tout n’est qu’affaire de jalousie, de recommandations, de réussite ou d’échec, bref du plus grand individualisme. Alors pour Reiko qui est une femme, qui est jeune et déjà gradée, la place et délicate à tenir. Elle subit ouvertement un harcèlement sexuel régulier de ses collègues, ainsi que des remarques désobligeantes voire humiliantes de la part d’un collègue arriviste singulier.

Au Japon la pudeur est de mise, on ne montre guère ses émotions. Y compris dans le cercle familial où la pression sociale du « qu’en dira-t-on » est omniprésente. Reiko est célibataire trentenaire, elle cumule donc les tares !

C’est dans cet état d’esprit qu’elle va mener une enquête sur des meurtres aussi violents que sanglants. C’est grâce à ses capacités d’analyse et de déduction que le travail va progresser quand bien même il faille accepter de se fier à son intuition, ce qui n’est pas du goût de tous ses collègues ou supérieurs.

J’ai beaucoup aimé ce personnage de Reiko qui nous offre à la fois ses grandes forces et ses pires faiblesses. Elle est très humaine et a un caractère déterminé. Régulièrement l’auteur nous propose ses pensées les plus intimes dans des phrases en italique, ce qui nous rapproche davantage d’elle.

Concernant l’intrigue, elle est construite intelligemment, ménageant des rebondissements et des surprises bien à propos.

Le bémol est selon moi dans la traduction et le soin apporté au texte. De nombreuses coquilles gâchent le plaisir de lecture et certains passages, en particulier des dialogues, m’ont posé des problèmes de compréhension par manque de clarté. Le travail du traducteur n’est-il pas de faciliter l’accès au texte tout en le respectant ? Je suis assez déçue à ce niveau-là.

Heureusement, les autres points sont très satisfaisants et j’apprécierai de pouvoir lire la suite de cette série.



Je remercie Babelio et les éditions Atelier Akatombo pour cet envoi lors d'une Masse Critique.

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Rouge est la nuit

Rouge est la nuit est le premier roman que je lis de la jeune maison d'édition Atelier Akatombo (libellule rouge en japonais où ce bel insecte prenant son envol à l'automne symbolise la lecture) née il y a environ un an. Créée par Dominique et Franck Sylvain, qui assurent également les traductions, elle se consacre à des romans de genre nippons (polars, SF, ...).

J'adore les libellules. La couverture avec ce liseré de libellules sur fond jaune, une rue de Tokyo avec la Tour si similaire à celle de Gustave Eiffel, sur fond noir a accroché mon oeil à la librairie. De plus, un auteur que je ne connaissais - irrépressible envie de le découvrir par conséquent.



Et j'ai très bien fait de céder - une fois de plus - à la tentation livresque. Rouge est la nuit (Strawberry Night en version originale) est un roman policier très immersif que j'ai dévoré sur deux jours. L'héroïne en est la lieutenante Reiko Himekawa, 29 ans, qui dirige une équipe de la Division Criminelle du Département de la Police Métropolitaine de Tokyo. Il est déjà rare de trouver des femmes flics au Japon où on les cantonne plutôt dans un rôle de secrétariat. Alors Reiko, jeune, mignonne, gradée et qui en plus obtient et le respect de son équipe (que des hommes) et de son chef, et de très bons résultats grâce à une intuition et une capacité de déduction très sûres, ça en gêne un paquet aux entournures dans les autres équipes...



La découverte d'un corps mutilé et empaqueté au bord d'un étang de pêche va révéler le meilleur et le pire au sein de la police. C'est aussi une incursion dans un univers très glauque et sanglant qui recrute des amateurs de sensations fortes via un site qui semble avoir tout d'une légende urbaine parmi les renifleurs de sordide des forums Internet.



La psychologie occupe une place importante dans le récit, notamment par l'aptitude de Reiko à se glisser dans l'esprit des criminels pour appréhender leurs façons de faire et leurs motivations. Le fait que Honda Tetsuya mette en avant une femme officière fougueuse, intuitive et assez rentre-dedans au sein d'une très machiste et très hiérarchisée police japonaise lui permet d'explorer en outre la face privée de son héroïne. Alors qu'elle est l'aînée de la famille, bientôt trentenaire,  ses parents se désespèrent de la voir toujours célibataire. Ils multiplient pour elle les "miai", ces rencontres arrangées avec des prétendants, qui peuvent nous sembler d'un autre siècle mais qui a pourtant toujours bel et bien cours au Japon. Et pas que de façon anecdotique. Car trente ans pour une femme marque l'approche de la date de péremption pour espérer accrocher un époux. Ce qui, soit dit en passant, n'est vraiment pas la priorité de Reiko.



Ce roman a donné suite à une série autour des enquêtes de Reiko, dans l'archipel. Je ne peux que prier Dominique et Franck Sylvain d'en poursuivre également la traduction. Voilà une policière que je retrouverais avec grand plaisir. Si vous n'êtes pas allergique au rouge et que l'été chaud et humide de la capitale nippone ne vous effraie pas, laissez-vous tenter par ce premier opus plutôt réussi et au suspense garanti.
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Invisible est la pluie

Drôle de titre pour un polar, même japonais.



Invisible est la pluie, de Tetsuya Honda – traduit par Alice Hureau – s’entend mieux quand on le replace dans le contexte de sa trilogie d’origine, 3e opus des enquêtes de la lieutenant de police Reiko Himekawa après Rouge est la nuit et Cruel est le ciel.



À Tokyo, un cadavre lacéré au couteau est découvert et l’implication des yakuzas, les gangs mafieux japonais, semblent rapidement évidente. Pourtant, en creusant un peu, Reiko découvre que l’affaire n’est pas sans lien avec le meurtre ancien d’une jeune femme, dont le père s’était suicidé après en avoir été accusé.



Mais alors qu’ordre est donné d’unir les forces des services de la Criminelle à ceux de l’Antigang à coups de binômes d’enquêteurs, la tournure « sous contrôle » que prend l’enquête convient peu à Reiko, solitaire dans l’âme et dans l’action. Et encore moins lorsque une forte pression d’en haut lui intime de cesser de s’intéresser à la piste du cadavre ancien…



Invisible est la pluie est un polar classique, bâti sur une intrigue sans grande surprise mais solidement et sérieusement construite, rendant l’ensemble très agréable à lire. Certes, malgré le lexique bienvenu, on s’y perd un peu dans les noms des yakuzas et de leurs gangs, comme dans cette guerre des polices tokyoïtes, mais sans jamais nuire à la compréhension de l’ensemble ni au fil d’une enquête sans points faibles.



Et comme dans toutes les séries, ce volet permet de creuser davantage la personnalité de Reiko, aussi intègre et résolue dans sa manière de mener son enquête qu’étonnamment déstabilisée et dévoilant ses faiblesses (encore que…) lorsque le charme d’un ponte yakuzas vient ébranler ses convictions.



Une découverte qui me mènera à coup sûr, à découvrir a posteriori les deux premiers tomes de la série, injustement ignorés à leur sortie, et qui conforte mon plaisir à découvrir cet univers si particulier du polar japonais et ses belles trouvailles dénichées par l’Atelier Akotombo.
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Rouge est la nuit

Ce roman policier qui est divisé en cinq parties, nous plonge dans l'ambiance créée par plusieurs meurtres survenus dans un quartier calme du Japon de nos jours.

Les trois premières parties du livre commencent par une introduction où la parole est donnée à un personnage mystérieux. On découvre sa vie misérable et dérangeante et on se rend compte qu'il s'agit du meurtrier. Les chapitres qui suivent sont consacrés aux policiers qui sont chargés d'enquêter. Cette fois-ci tout est raconté à la troisième personne.

Rouge est la nuit est un roman aux multiples facettes. D'un côté il y a l'intrigue qui se déroule lentement au début, mais qui devient très intéressante au fil des pages et de l'autre côté on découvre une société machiste où les femmes qui travaillent sont harcelées, où l'opinion des gens 'juge' les femmes célibataires qui approchent de la trentaine. On apprend aussi beaucoup sur le fonctionnement de la police. (Les policiers prennent le train pour se déplacer. C'est étonnant!)

J'ai beaucoup aimé l'intrigue bien maitrisé et je peux dire que le personnage de Reiko est réussi et attachant. Un roman addictif où il n'y a pas de place pour l'ennui. Juste un petit avertissement : Ames sensibles s'abstenir ! Certains détails font froid dans le dos.

Je remercie Babelio et les éditions 'Atelier Akatombo' pour ce livre reçu dans le cadre de la masse critique mauvais genre.



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Rouge est la nuit

On trouve de nombreux éditeurs francophones qui se sont lancés occasionnellement dans la traduction de romans policiers japonais, mais c'est essentiellement avec des éditeurs comme Philippe Picquier et Actes Sud que l'on découvrait ce pan de la littérature noire qui reste encore bien trop méconnu. Aussi, depuis un peu plus d'un an, il est réjouissant de savoir que l'on peut compter sur la toute jeune maison d'éditions Atelier Akatombo, pour compléter l'offre dans ce domaine si particulier du polar nippon avec un catalogue comprenant déjà quatre romans policier traduits par Dominique et Frank Sylvain qui mènent à bien ce beau projet éditorial qui doit impérativement perdurer. D'ailleurs il suffit de s'attarder sur les somptueuses couvertures de la collection ainsi que sur le travail soigné de la maquette afin de déceler toute la passion du couple Sylvain pour tout ce qui a trait à la culture japonaise, eux qui ont séjourné durant de nombreuses années dans ce pays avant de revenir en France pour ramener dans leurs bagages une belle sélection de polars qui n'ont jamais été traduit jusqu'à présent. Ainsi a-t-on pu lire un roman de Seichô Matsumoto, le Point Zéro (Atelier Akatombo 2018), publié dans sa version originale en 1958, qui mettait en scène une jeune femme à la recherche de son mari disparu. Beaucoup plus récent, mais toujours avec une héroïne occupant la place centrale d'une série policière comptant déjà cinq romans, on pourra ainsi mesurer, avec Rouge Est La Nuit de Tetsuya Honda, l'évolution de la place qu'occupe les femmes au sein de la société nipponne en suivant les investigations de Reiko Himekawa une des rares policières élevée au grade de lieutenant.



A la périphérie de Tokyo, sur les bords d'un étang du parc Mitzumoto, on retrouve un corps emballé dans une bâche de chantier, comme prêt à être immergé dans l'eau. Au vu des multiples lacérations, la victime semble avoir été torturée avant d'être égorgée ceci sans que le voisinage ou les éventuels promeneurs ne remarquent quoi que ce soit. L'enquête échoit à la lieutenante Reiko Himekawa, unique officière de la division criminelle du département de la police métropolitaine de Tokyo, qui développe une approche intuitive lui permettant de comprendre la logique des meurtriers sur lesquels elle est amenée à enquêter. A la tête d'une brigade composée exclusivement d'hommes, la jeune policière, ne bénéficie guère d'appui au sein d'une institution policière plutôt machiste. Et à mesure que l'enquête progresse, révélant d'autres crimes similaires, elle devra faire face à la concurrence, parfois déloyale, d'un autre chef de brigade ambitieux, prêt à tout pour l'évincer. Mais la série de meurtres prend de l'ampleur, et il faudra toute l'abnégation de Reiko Himekawa et de son équipe pour mettre un terme aux agissements d'un tueur sévissant dans l'ombre des quartiers chauds de la ville de Tokyo qui étouffe dans la moiteur des nuits estivales. La chasse à l'homme peut commencer.



Un tueur en série sévissant dans les rues de Tokyo, une enquêtrice au lourd passé, dotée d'un sens de l'intuition aiguisé, nul doute que nous nous trouvons dans le cadre narratif d'un thriller dont on a lu maintes variations plus ou moins réussies. Il ne faudrait pourtant pas passer à côté de ce premier roman de Tetsuya Honda qui présente la spécificité de mettre en scène Reiko Himekawa, une officière de police japonaise, évoluant dans une institution étatique extrêmement hiérarchisée dont on devine la faible place laissée aux femmes, particulièrement en ce qui concerne les fonctions de haut rang. Avec Rouge Est La Nuit le lecteur découvre les débuts d'une série policière qui permet de mettre en lumière la difficulté pour cette héroïne, aussi sensible que déterminée, de pouvoir exercer sa fonction dans un environnement extrêmement machiste où la lourdeur des plans dragues de ses subordonnés laisse la place aux réflexions désobligeantes, puis à la méfiance de ses supérieurs quand elle ne doit pas contrecarrer les basses manoeuvres d'un de ses homologues, le lieutenant Kensaku Katsumata, un personnage qui se révélera beaucoup plus ambivalent qu'il n'y paraît. Outre les difficultés professionnelles, Reiko Himekawa doit également faire face aux membres de sa famille qui n'approuve pas ses choix, ceci d'autant plus qu'elle n'est toujours pas mariée au grand dam de sa mère qui s'inquiète de la dangerosité de sa fonction. Une inquiétude également liée à un traumatisme suite à l'agression dont la jeune femme a été victime lorsqu'elle était adolescente. Ainsi, au sein d'une société moderne qui préserve tout de même une place importante aux traditions, on perçoit toutes les complications auxquelles les femmes doivent faire face pour accéder à certaines fonctions.



Outre les discriminations de genre, Rouge Est La Nuit permet aux lecteurs peu coutumiers de la culture japonaise d'appréhender le quotidien des habitants de Tokyo et de découvrir quelques quartiers méconnus de cette immense mégalopole. On observera, un peu surpris, que les enquêteurs empruntent les transports publics pour se rendre sur les scènes de crime et qu'il dorment au bureau lorsque l'affaire est sensible comme le mentionnait d'ailleurs David Peace dans Tokyo Année Zéro (Rivages/Noir 2010). Plus déconcertant encore, on s'aperçoit que les enquêteurs, pour des raisons budgétaires, ne sont pas tous dotés d'armes de service, ce qui donne lieu à une scène surréaliste où un officier de police doit tout d'abord se rendre dans un magasin de jouets pour acquérir un pistolet factice avant d'aller prêter main forte à sa collègue en difficulté.



Les trois premières parties du récit, qui en compte cinq, débutent avec le point de vue du meurtrier dont on découvre quelques épisodes marquants de sa vie qui l'ont conduit à commettre les crimes sur lesquelles la lieutenante Reiko Imekawa doit enquêter. Même si le texte n'est pas dénué de quelques détails sordides expliquant les dérives d'un tel personnage, on appréciera la retenue de l'auteur qui a fait en sorte que l'on peut tout de même éprouver une certaine forme d'empathie pour cet étrange individu qui présente quelques fêlures. Cette mesure, cette absence de surenchère sanguinolente, permet d'apprécier une intrigue cohérente qui n'est tout de même pas dénuée de quelques rebondissements plutôt surprenants tout en appréciant une galerie de personnages dont l'étude de caractère permet de distinguer leur état d'esprIt ambivalent suscitant un intérêt croissant qui pimente le récit.



Roman policier original et détonant, emprunt d'une certaine forme d'étrangeté inquiétante, Rouge Est La Nuit nous permet d'aller à la rencontre d'une nouvelle héroïne atypique qui semble avoir séduit plusieurs millions de lecteurs japonais. Il ne reste qu'à souhaiter qu'il en soit de même dans nos contrées occidentales alors que les enquêtes de la lieutenante Reiko Imekawa ont déjà fait l'objet d'adaptations pour le cinéma et la télévision japonaise. Une série prometteuse.



Tetsuya Honda : Rouge Est La Nuit (Strawberry Night). Editions Atelier Akatombo 2019. Traduit du japonais par Dominique et Frank Sylvain.



A lire en écoutant : Sweet and Low de Takuya Kuroda. Album : Edge. 2011 Takuya Kuroda.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Cruel est le ciel

Dans la littérature noire japonaise traduite en français, rares sont les séries de romans policiers mettant en scène un personnage récurrent qui plus est une femme ayant intégré les forces de police comme c’est le cas avec la lieutenante Reiko Himekawa, responsable d’une sous-section de la brigade criminelle de Tokyo et dont on découvrait les premières investigations dans Rouge Est La Nuit. Publiée au Japon entre 2006 et 2016, la série compte 8 volumes qui ont rencontré un grand succès au point tel que le premier roman a bénéficié d’une adaptation cinématographique qui n’a pour le moment encore jamais été diffusée dans nos régions francophones. Alors que les maisons d’éditions publient parfois les auteurs japonais selon leur bon vouloir sans vraiment se focaliser sur les dates de parution dans la version originale, on apprécie donc la démarche des Ateliers Akatombo de publier cette série policière en respectant l’ordre des publications ceci d’autant plus que ladite série comprend une arche narrative qui relie l’ensemble des récits en évoquant notamment l’agression dont la lieutenante Himekawa a été victime dans sa jeunesse. Second volet des enquêtes de cette officière de police atypique qui se fie davantage à son instinct qu’aux faits, ceci au grand dam des ses homologues des autres sections, Cruel Est Le Ciel se focalise sur le milieu de la construction et de l’immobilier dont certaines sociétés semblent contrôlées par les yakuzas.







Malgré un hiver lumineux qui imprègne la ville de Tokyo d’une belle lumière, la lieutenante Reiko Himekawa n’a pas le moral et peine à se remettre de cette série de meurtres qui a défrayé la chronique durant tout l’été et au terme de laquelle l’un de ses hommes trouvait la mort dans des circonstances tragiques. Mais les affaires reprennent avec la découverte d’une main que l’on retrouve dans une fourgonnette stationnée à proximité d’une rivière. Au même moment, un jeune menuisier signale la disparition de son patron Kenichi Takaoka en constatant que le sol de l’atelier est recouvert de sang. Le lien est rapidement fait entre les deux affaires et au vu de la quantité de sang retrouvée, l’affaire est considérée comme un homicide en dépit du fait que le corps reste introuvable. Mais y aurait-il également un lien avec l’étrange suicide d’un ouvrier qui s’est jeté de l’échafaudage d’un immeuble. A la tête de son équipe d’enquêteurs, la lieutenante Himekawa va mettre à jour quelques pratiques troubles dans le milieu de la construction qui semble en main de yakuzas particulièrement retords. Mais c’est en fouinant dans le passé de la victime que Reiko Himekawa va découvrir que les drames du passé peuvent ressurgir à tout moment et qu’il faut parfois payer le prix fort afin de protéger ses proches.







Probablement moins spectaculaire que l’enquête du premier opus, on appréciera davantage l’intrigue de Cruel Est Le Ciel qui se focalise sur monde de la construction en mettant en exergue les pratiques de yakuzas qui nous sortent des clichés véhiculés autant par la littérature de genre que par la cinéma avec son lot de gangsters tatoués s’entretuant à coup de katanas. Rien de tout cela dans cet ouvrage où l’on découvre des voyous combinards qui vivent d’expédients et passent une partie de leurs journées à consommer alcool et stupéfiants en fréquentant les hôtesses des bars à champagne. C’est d’ailleurs la particularité de la série que de s’attarder sur le quotidien des personnages et plus particulièrement celui des policiers qui composent la brigade de la lieutenante Reiko Himekawa. Que ce soit dans leurs déplacements dans la mégalopole de Tokyo, souvent en train, la fréquentation des restaurants ou cafétérias ou leurs rapports avec la mission qui leur a été confiée on découvre ainsi les éléments du quotidien qui rythment leur longue journée en les contraignant à dormir parfois sur le lieux du commissariat auxquels il sont rattachés pendant toute la durée de l’enquête. Enquêtes de voisinage, recueil des témoignages, enquête dans le passé des victimes et des témoins, Tetsuya Honda décline avec perfection les différents aspects des investigations policière tandis qu’en contrepoint nous découvrons les confidences de la victime et de son fils adoptif qui font écho aux avancées de l’enquête. On prend ainsi la pleine mesure de l’ambition des officiers de police et de la concurrence féroce qui se joue entre les différentes équipes d’enquêteurs incarnée notamment par celle dirigée par le lieutenant Mamoru Kusaka posant un regard défiant sur la manière d’enquêter de son homologue féminine. Devant faire ses preuves à chaque instant vis-à-vis d’un environnement essentiellement composé d’hommes, Reiko Himkawa doit constamment faire face aux réflexions misogynes de certains de ses collaborateurs et particulièrement d’un ahuri qui s’est mis en tête de la séduire.







Avec une kyrielle de personnages intervenants sur toute la durée du récit, il importe de s’imprégner de la listes de protagonistes figurant au début de l’ouvrage afin de ne pas se perdre dans une intrigue qui va nous révéler quelques changements d’identité qui peuvent achever de décontenancer le lecteur peu coutumier aux noms et prénoms japonais. Hormis cette difficulté on appréciera les contours assez complexes d’une histoire qui tourne autour d’un charpentier qui s’est pris d’affection pour un jeune qu’il a pris sous son aile en le formant au métier. Autour de ses deux personnages, il se dégage une certaine émotion ainsi que ce sens du devoir et surtout du sacrifice qui semble marquer l’ensemble de la société japonaise. C’est d’ailleurs autour de ce charpentier que l’on prend la mesure du sacrifice d’un homme qui va faire preuve d’un certain courage afin de protéger son entourage. Tout repose donc sur la rigueur des enquêteurs qui vont mettre à jours des éléments du passé en découvrant des escroqueries à l’assurance qui se font au détriment d’ouvriers sacrifiés sur l’autel du devoir. Outre la rigueur des policiers, il y a cette sensibilité d’une femme tel que la lieutenante Reiko Himekawa, pleine d’empathie qui se fie également à son intuition lui permettant de progresser dans l’enquête dont elle a la charge.







Avec une intrigue chargée d’émotions, sortant toujours de l’ordinaire, Cruel Est La Nuit est un second roman solide confirmant l’excellente qualité d’une série policière déroutante qui met en scène une héroïne à la personnalité complexe et attachante que l’on se réjouit de retrouver d’ores et déjà dans un troisième volume à venir. Une superbe découverte.







Tetsuya Honda : Cruel Est Le Ciel (Soul Cage). Atelier Akatombo 2020. Traduit du japonais par Alice Hureau et Dominique Sylvain.







A lire en écoutant : Otemoyan de Yano et Agatsuma. Album : Asteroid and Butterfly. 2020 JVCKENWOOD VICTOR Entertainment.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Rouge est la nuit

Merci à la Masse critique Babelio de mars et aux éditions Atelier Akatombo pour cette lecture 🙂



On est ici dans une intrigue policière assez classique: on trouve des corps et les policiers mènent l’enquête. L’originalité du roman, pour un lecteur occidental lambda (c’est-à-dire qui se tourne plutôt vers les romans anglophones ou nordiques quand il veut lire de la littérature policière étrangère), réside dans son contexte japonais.



L’héroïne du roman est une femme inspectrice, la seule de son commissariat. Elle ne travaille qu’avec des hommes, quelle que soit leur place dans la hiérarchie ou le service auquel ils appartiennent. Et autant vous dire que sa vie de policière est très difficile. Elle est en butte non seulement à une organisation très hiérarchisée où ne pas mal faire est plus important que bien faire, mais également extrêmement sexiste. Les brimades sont ordinaires et le harcèlement sexuel et moral fait partie de son quotidien.



J’ai été extrêmement choquée par la façon dont ces diverses formes de harcèlement sont décrites. Pas que l’auteur les justifie, mais parce que c’est présenté comme banal, normé. C’est le quotidien d’une femme flic au Japon en 2006 (date de publication du roman). Le pire étant que le personnage réagit en frappant l’un des harceleurs « quand il dépasse les bornes » et se dit qu’il lui manque quand il n’est pas là. Whaaaat!?



Outre cela, elle doit affronter une situation personnelle compliquée (comme beaucoup de policiers de la littérature, elle doit surmonter un traumatisme du passé) et la pression de sa famille qui lui organise des rendez-vous arrangés pour lui trouver un mari (si vous êtes un peu familier avec les séries télé asiatiques, le concept ne vous est pas étranger), au point qu’elle est contente quand une enquête lui tombe dessus (c’est-à-dire quand quelqu’un est tué, puisqu’elle appartient à la brigade criminelle) parce que du coup elle a une excuse pour ne pas rentrer chez elle (n’étant pas mariée, il est exclu qu’elle ne vive pas chez ses parents).



On apprend également beaucoup de choses sur la police japonaise, ses méthodes et ses moyens. C’était très intéressant, surprenant parfois pour qui ne connaît pas ou pas bien le milieu. Les habitué-e-s de dramas retrouveront là aussi des thèmes chers à ce genre, comme la corruption des élites ou des fonctionnaires.



L’enquête quant à elle, sans être particulièrement originale, est assez palpitante. On a envie de découvrir le fin mot de l’histoire et on essaie de raisonner en même temps que les policiers qui mènent l’enquête. On n’a malheureusement pas tous les éléments en main pour parvenir à une conclusion éclairée, l’auteur réservant certaines découvertes pour la fin de son récit. Ce qu’on découvre est au-delà du glauque « ordinaire », on a donc quelques surprises au fil de la lecture. Un bon point étant qu’on en apprend plus sur les personnages au fur et à mesure que les révélations nous sont dévoilées. Que la fin soit crédible ou pas, je le laisse à votre appréciation. Elle m’a convenu sans me laisser non plus hyper transcendée.



A noter que quelques éléments de détails semblaient incohérents. Par exemple, un infarctus devient un AVC quelques chapitres plus tard… Je les mets sur le compte de la traduction et, si ça m’a déstabilisée sur le coup, je reconnais que ça n’a pas entravé ma lecture.



Une lecture que j’ai dévorée malgré les nombreux moments où je me suis indignée, c’était très addictif. Je recommande pour les amateurs du genre (mais je déconseille aux âmes sensibles, certaines scènes sont réellement choquantes).
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Cruel est le ciel

J'ai adoré ce roman policier japonais.



4 étoiles plus pour ce tome 2 d'une série qui devrait en compter 8 ( 3 publiés à ce jour )



Un excellent roman policier et en même temps un roman sur l'expiation (de Kenichi Takaoka ) .



J'ai hâte de decouvrir le tome 1 ( Rouge est la nuit ) .



Je recommande vivement cette série .
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L'ange de l'ombre, tome 1

L'auteur des Anguilles démoniaques nous propose un nouveau thriller en deux tomes.



L'héroïne est en deuil de son ami Kinji. Pour survivre, elle se prostitue. Elle va faire la rencontre d'un jeune homme entretenu par ses relations, qu'elle va sauver d'une mort certaine.



Il va s'attacher à elle et lui déclarer son amour. Mais elle lui demande ensuite de réaliser certaines courses pour lui... Ils sont tous les deux poursuivis par la mafia pour des raisons différentes.



Nous suivons en parallèle les enquêtes de membres de la police.



Un bon thriller pour adulte avec beaucoup d'énigmes condensées en peu de pages.



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Invisible est la pluie

C'est à la fin des années quatre-vingt que l'on découvre la littérature en provenance d'Extrême-Orient avec les éditions Picquier, du nom de son fondateur Philippe Picquier, qui nous permettait d'accéder aux œuvres d'auteurs méconnus, qu'ils soient japonais, chinois ou coréens. Sans s'attacher à un domaine spécifique, la maison d'éditions publie ainsi des essais, des romans, des ouvrages de sciences humaines et bien évidemment de la littérature noire. Dans ce domaine, d'autres maisons d'éditions se sont lancées dans l'aventure à l'instar des éditions Liana Levi publiant l'œuvre de l'auteur chinois Qiu Xiaolong relatant les enquêtes de l'inspecteur Chen, officiant à Shanghai ou d'Acte Sud /Actes noirs qui nous a permis de découvrir l'œuvre originale de Keigo Higashino, auteur emblématique de la littérature noire japonaise. Du Japon, il est exclusivement question avec Atelier Akatombo qui publie, depuis 2018, sous la direction de Dominique et Frank Sylvain, des romans en provenance du Pays du Soleil Levant avec un catalogue essentiellement composé de polars et romans noirs, même si l'on trouve également de la science-fiction, des mangas et de la littérature érotique. L'intérêt d'une telle maison d'éditions réside dans le fait qu'elle nous offre un bel éventail de la littérature noire japonaise avec notamment une série de référence de Tetsuya Honda qui met en scène les investigations de la lieutenante Reiko Himekawa, à la tête d'un groupe de la brigade criminelle de Tokyo et que l'on retrouve dans Invisible Est La Pluie, troisième opus de ladite série.



A Tokyo, dans l'arrondissement de Nagano, on retrouve le cadavre de Kobayashi, un yakuza de seconde envergure, qui a été lardé de coups de couteau à l'intérieur même de son appartement. L'enquête échoit au DPMT, le département de la police métropolitaine, et plus particulièrement au deuxième groupe de la division d'enquête criminelle dirigé par la lieutenante Reiko Himekawa, ceci au grand dam de l'antigang qui veut récupérer l'affaire. Une rivalité au sein des forces de police qui fait écho à la guerre de succession qui ravage le gang de l'Ishidō auquel appartenait la victime. Dans ce climat délétère, il y a également cet appel anonyme évoquant une ancienne affaire qui a mal tourné en entachant la réputation du DPMT. Ne souhaitant pas que cette bavure policière ressurgisse dans l'actualité, la hiérarchie va interdire à Reiko Himekawa de creuser cette piste. Mais la policière obstinée va s'empresser de désobéir et mener seule, une enquête parallèle qui risque de la compromettre ainsi que ses supérieurs. Des investigations prenant une drôle de tournure avec la rencontre d'un agent immobilier séduisant s'avérant être un membre important des yakuzas. S'engage ainsi un troublant et dangereux jeu de séduction qui risque bien de mettre en péril la carrière de Reiko.



Dans la littérature noire japonaise, rares sont les héroïnes exerçant la fonction de policière, qui plus est en occupant un poste de chef de groupe au sein de la brigade criminelle de Tokyo. En créant le personnage de la lieutenante Reiko Himekawa, son auteur Tetsuya Honda nous permet d'évoluer au cœur de l'univers très machiste du siège du Département de la Police Métropolitaine de Tokyo (DPMT) et de prendre la mesure des réflexions déplacées que subit la jeune policière au quotidien avec son lot défiance quant à ses capacités professionnelles ou remarques sexistes quant à son physique. Femme de caractère, déterminée dans ses actions, Reiko adopte une attitude plutôt résiliente notamment en ce qui concerne les tentatives de drague pitoyable qu'elle subit notamment avec un subordonné dépourvu de limite. Paradoxalement, c'est même parfois l'attitude protectrice des membres de son groupe qui peut poser problème en estimant qu'elle ne pourrait faire face à certaines situations en tant que femme. Ainsi Tetsuya Honda dresse un portrait peu flatteur de la société japonaise dans le contexte d'un sexisme exacerbé qui semble particulièrement prégnant au sein des forces de police. Mais avec Invisible Est La Pluie, Tetsuya Honda s'attarde plus particulièrement sur les manoeuvres de la hiérarchie policière qui essaie de se couvrir suite à une bavure qui risque d'entacher ses services en contraignant la lieutenante Reiko Himekawa à enquêter en solitaire, tandis que les différentes brigades s'écharpent pour récupérer une affaire mettant en cause un gang de yakuzas en pleine guerre de succession. On peut ainsi faire le parallèle entre les manoeuvres policières pour éviter la résurgence d'une vieille affaire embarrassante et les manoeuvres de yakuzas déterminés à reprendre les rênes du gang que l'auteur dépeint avec force de détails qui donnent une tonalité réaliste qui prévaut pour l'ensemble d'un récit nous dévoilant les contours d'une enquête qui va se révéler bien moins classique qu'il n'y parait. Dans le cadre de cette enquête solitaire dans le milieu de la pègre, on appréciera l'audace d'une enquêtrice déterminée faisant preuve d'une certaine fougue lorsqu'elle tombe sous le charme d'un yakuza séduisant qui pourrait bien être l'auteur du meurtre sur lequel elle enquête. Tout l'enjeu du suspense tourne donc autour de cette probabilité qui risque de compromettre la carrière de la lieutenante Reiko Himekawa.



Ainsi, au détour d'une intrigue complexe, aux tonalités poétiques, Tetsuya Honda nous offre avec Invisible Est La Pluie, une balade exotique dans les rues de Tokyo en compagnie d'une policière au charme indéniable que l'on se réjouit de retrouver.



Tetsuya Honda : Invisible Est La Pluie (Invisible Rain). Atelier Akatombo 2021. Traduit du japonais par Alice Hureau.



A lire en écoutant : WARP de Clammbon. Album : モメント l.p. 2019 Tropical Company Limited
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Cruel est le ciel

Très surprise par ce nouveau polar japonais !



Je ne m'attendais pas à une telle fraîcheur, à ce genre d'humour. Quand je lis des polars japonais, je suis habituée à une certaine froideur dans le traitement de l'intrigue, à un univers très sombre... Dans ce roman, nous avons bien une histoire très sombre car dès les premières pages, la police retrouve une main qui serait liée à un garage dont le sol est recouvert de sang. Mais le traitement des personnages est tout autre : des personnages un peu lourd sur les bords, des blagues vaseuses, une rivalité exacerbée...J'ai retrouvé pas mal de caractéristiques de l'humour que l'on peut retrouver dans les animés japonais. Bref, j'ai été assez perturbée. Puis je m'y suis faite et cela fait du bien d'avoir des petites bulles de légèreté entre différentes scènes assez dures.



J'ai eu quelques difficultés avec l'héroïne, la lieutenant de police, certaines remarques me sont restées en travers de la gorge...Elle a un côté assez froid, très déconcertant lors de certaines scènes, puis je l'ai trouvé clairement immature face à certaines situations. Son antipathie pour son collègue est assez démesurée, résultat : je préfère sa Némésis, dont je trouve le caractère et la position qu'il a en tant que flic très intéressants. Mais cette lieutenant m'intéresse tout de même, surtout depuis la révélation d'un élément de son passé, ce qui pourrait expliquer pas mal de choses.



L'intrigue est très intéressante et prenante. On alterne différents points de vue ce qui donne une amplitude aux personnages et au récit. On se retrouve dans les arcanes des réseaux mafieux. On apprend beaucoup de choses sur ses assurances vie qui épongent les dettes des plus démunis. Système effrayant et si réel. L'auteur met aussi en avant deux types d'investigations : rester collé aux faits, ne jamais faire aucune supposition qui pourrait mal orienter l'enquête, ce qui s'oppose à la deuxième façon : suivre son instinct, oser les hypothèses. Il nous montre cette dualité qui peut exister lors des enquêtes criminelles et en quoi ces deux méthodes peuvent être complémentaires.
Lien : https://www.labullederealita..
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Invisible est la pluie

Troisième tome de la série Rieko Himekawa. Dans ce volume, nous retrouvons notre fameuse inspectrice à la langue bien acérée ! Dans cette enquête, un yakuza a été assassiné sauvagement, un appel anonyme sous-entend que le meurtrier serait un homme connu des services de police, car lié à une ancienne bavure policière. Cette information sème la zizanie dans l'équipe et deux unités de police se font la guerre. On ordonne à Rieko et son équipe de ne pas creuser la piste de l'appel anonyme. Mais Rieko ne se laisse pas faire et elle est bien décidée à découvrir la vérité.



La voici seule, à enquêter en parallèle des autres équipes policières. Lors de ses investigations, elle interroge un agent immobilier qui s'avère être un yakuza. Elle se retrouve donc à mener l'enquête à ses côtés tout en étant entraînée dans un jeu de séduction assez périlleux. C'est un tome passionnant. L'enquête est super intéressante, rudement menée. J'affectionne toujours autant Rieko. La fin du tome symbolise une nouvelle étape dans sa vie et j'ai hâte de suivre son évolution.
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L'ange de l'ombre, tome 1

Voici un manga qui avait démarré plutôt timidement mais qui se révèle au fil de la lecture assez intriguant. Il y a et il faut le relever une bonne analyse de chacun des personnages qui jouent un rôle déterminant au milieu de la pègre et de la police.



J’ai bien aimé le déroulement de ce récit ainsi que les personnages qui semblent avoir du charisme ou du moins une certaine consistance. Pour le reste, on voyait poindre les histoires de vampires qui n’en finissent pas de faire couler beaucoup d’encre à défaut de sang. On a l’impression d’être dans une sorte de Twilight nippon ce qui a également du charme.



A noter également des scènes très hot qui font que c’est plutôt réservé à un public adulte alors que cela pouvait surtout intéresser les ados. Mais bon, c’est plus que suggestif.



Moi, j’ai bien aimé. L'auteur Yusuke Ochiai avait réalisé la série Anguilles démoniaques. Il semble se spécialiser dans le thriller policier mais en l’occurrence, c’est teinté de fantastique. Inutile de préciser que le dessin est vraiment de qualité. Il faut dire que Komikku Editions veille véritablement à nous livrer que le meilleur.
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Invisible est la pluie

J'ai essayé de m'accrocher aux branches ( d'un cerisier en fleurs, évidemment !) mais j'ai été submergé sous l'avalanche de tous ces noms propres : Tsuda, Wada, Hayashi, Imaizumi, Kento Yanai, Lusaka, et j'en passe bien d'autres ! Bref, j'ai abandonné la lecture !
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Cruel est le ciel

Il s'agit du second tome d'une série qui met en scène Reiko Himekawa, une jeune lieutenante Département de la Police Métropolitaine de Tokyo. Après une première enquête (qui me reste à lire) dans lequel un de ses hommes a trouvé la mort, elle n'a pas vraiment le moral. Elle enquête cependant, avec ses hommes, sur la disparition d'un entrepreneur et sur le meurtre probable d'un homme dont on n'a retrouvé que la main. La police est un univers très masculin, se faire une place est très difficile pour Reiko, surtout quand d'autres enquêteurs remettent en cause ses méthodes ou même la harcèlent. Oui pas facile, surtout que... je trouve que le lieutenant qui la remet en cause n'a pas forcément tort (s'en remettre exclusivement sur son intuition peut être dangereux).
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" Déjà il rêvait d'une thébaïde raffinée, à un désert confortable, à une arche immobile et tiède où il se réfugierait loin de l'incessant déluge de la sotise humaine ".

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