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Citations de Théophile Gautier (1237)


Théophile Gautier
Prisonnière en ce livre, une âme est contenue.
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Théophile Gautier
Lamento – La Chanson du Pêcheur

Ma belle amie est morte :
Je pleurerai toujours ;
Sous la tombe elle emporte
Mon âme et mes amours.
Dans le ciel, sans m’attendre,
Elle s’en retourna ;
L’ange qui l’emmena
Ne voulut pas me prendre.
Que mon sort est amer !
Ah ! sans amour, s’en aller sur la mer !

La blanche créature
Est couchée au cercueil.
Comme dans la nature
Tout me paraît en deuil !
La colombe oubliée
Pleure et songe à l’absent ;
Mon âme pleure et sent
Qu’elle est dépareillée.
Que mon sort est amer !
Ah ! sans amour, s’en aller sur la mer !

Sur moi la nuit immense
S’étend comme un linceul ;
Je chante ma romance
Que le ciel entend seul.
Ah ! comme elle était belle
Et comme je l’aimais !
Je n’aimerai jamais
Une femme autant qu’elle.
Que mon sort est amer !
Ah ! sans amour, s’en aller sur la mer !
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Seul, un homme assis à la table voisine ne paraissait pas prendre part à l’enthousiasme général ; la tête renversée en arrière, il tambourinait distraitement, avec ses doigts, sur le fond de son chapeau, une marche militaire, et, de temps en temps, il poussait une espèce de humph ! singulièrement dubitatif. L’aspect de cet homme était des plus bizarres, quoiqu’il fût mis comme un honnête bourgeois de Vienne, jouissant d’une fortune raisonnable ; ses yeux gris se nuançaient de teintes vertes et lançaient des lueurs phosphoriques comme celles des chats. Quand ses lèvres pâles et plates se desserraient, elles laissaient voir deux rangées de dents très blanches, très aiguës et très séparées, de l’aspect le plus cannibale et le plus féroce ; ses ongles longs, luisants et recourbés, prenaient de vagues apparences de griffes ; mais cette physionomie n’apparaissait que par éclairs rapides ; sous l’œil qui le regardait fixement, sa figure reprenait bien vite l’apparence bourgeoise et débonnaire d’un marchand viennois retiré du commerce, et l’on s’étonnait d’avoir pu soupçonner de scélératesse et de diablerie une face si vulgaire et si triviale.
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Théophile Gautier
LE POT DE FLEURS

Parfois un enfant trouve une petite graine
Et tout d'abord, charmé de ses vives couleurs,
Pour la planter il prend un pot de porcelaine
Orné de dragons bleus et de bizarres fleurs.

Il s'en va. La racine en couleuvres s'allonge,
Sort de terre, fleurit et devient arbrisseau ;
Chaque jour, plus avant, son pied chevelu plonge,
Tant qu'il fasse éclater le ventre du vaisseau.

L'enfant revient ; surpris, il voit la plante grasse
Sur les débris du pot brandir ses verts poignards ;
Il la veut arracher, mais la tige est tenace ;
Il s'obstine, et ses doigts s'ensanglantent aux dards.

Ainsi germa l'amour dans mon âme surprise ;
Je croyais ne semer qu'une fleur de printemps :
C'est un grand aloès dont la racine brise
Le pot de porcelaine aux dessins éclatants.
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LES COLOMBES

Sur le coteau, là-bas où sont les tombes,
Un beau palmier, comme un panache vert,
Dresse sa tête, où le soir les colombes
Viennent nicher et se mettre à couvert.

Mais le matin elles quittent les branches ;
Comme un collier qui s'égrène, on les voit
S'éparpiller dans l'air bleu, toutes blanches,
Et se poser plus loin sur quelque toit.

Mon âme est l'arbre où tous les soirs, comme elles,
De blancs essaims de folles visions
Tombent des cieux en palpitant des ailes,
Pour s'envoler dès les premiers rayons.
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Le monde est méchant, ma petite :
Avec son sourire moqueur
Il dit qu’à ton côté palpite
Une montre en place de cœur.

— Pourtant ton sein ému s’élève
Et s’abaisse comme la mer,
Aux bouillonnements de la sève
Circulant sous ta jeune chair.

Le monde est méchant, ma petite :
Il dit que tes yeux vifs sont morts
Et se meuvent dans leur orbite
À temps égaux et par ressorts.

— Pourtant une larme irisée
Tremble à tes cils, mouvant rideau,
Comme une perle de rosée
Qui n’est pas prise au verre d’eau.

Le monde est méchant, ma petite :
Il dit que tu n’as pas d’esprit,
Et que les vers qu’on te récite
Sont pour toi comme du sanscrit.

— Pourtant, sur ta bouche vermeille,
Fleur s’ouvrant et se refermant,
Le rire, intelligente abeille,
Se pose à chaque trait charmant.

C’est que tu m’aimes, ma petite,
Et que tu hais tous ces gens-là.
Quitte-moi ; — comme ils diront vite :
« Quel cœur et quel esprit elle a ! »
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Février grelottait blanc de givre et de neige ;
La pluie, à flots soudains, fouettait l’angle des toits ;
Et déjà tu disais : « Ô mon Dieu ! quand pourrai-je
Aller cueillir enfin la violette au bois ? »

Notre ciel est pleureur, et le printemps de France,
Frileux comme l’hiver, s’assied près des tisons ;
Paris est dans la boue au beau mois où Florence
Égrène ses trésors sous l’émail des gazons.

Vois ! les arbres noircis contournent leurs squelettes ;
Ton âme s’est trompée à sa douce chaleur :
Tes yeux bleus sont encor les seules violettes,
Et le printemps ne rit que sur ta joue en fleur !
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Les papillons couleur de neige
Volent par essaims sur la mer ;
Beaux papillons blancs, quand pourrai-je
Prendre le bleu chemin de l’air ?

Savez-vous, ô belle des belles,
Ma bayadère aux yeux de jais,
S’ils me pouvaient prêter leurs ailes,
Dites, savez-vous où j’irais ?

Sans prendre un seul baiser aux roses,
À travers vallons et forêts,
J’irais à vos lèvres mi-closes,
Fleur de mon âme, et j’y mourrais.
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Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps
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Quand je revins le soir, le cerveau marbré de quelques veines de gris de perle, une vague bouffée de parfum oriental me chatouilla délicatement l’appareil olfactif ; la chaleur de la chambre avait attiédi le natrum, le bitume et la myrrhe dans lesquels les paraschistes inciseurs de cadavres avaient baigné le corps de la princesse ; c’était un parfum doux quoique pénétrant, un parfum que quatre mille ans n’avaient pu faire évaporer. Le rêve de l’Égypte était l’éternité : ses odeurs ont la solidité du granit, et durent autant.
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Théophile Gautier
Le Chasseur

Je suis enfant de la montagne,
Comme l’isard, comme l’aiglon ;
Je ne descends dans la campagne
Que pour ma poudre et pour mon plomb ;
Puis je reviens, et de mon aire
Je vois en bas l’homme ramper,
Si haut placé que le tonnerre
Remonterait pour me frapper.

Je n’ai pour boire, après ma chasse,
Que l’eau du ciel dans mes deux mains ;
Mais le sentier par où je passe
Est vierge encor de pas humains.
Dans mes poumons nul souffle immonde
En liberté je bois l’air bleu,
Et nul vivant en ce bas monde
Autant que moi n’approche Dieu.

Pour mon berceau j’eus un nid d’aigle
Comme un héros ou comme un roi,
Et j’ai vécu sans frein ni règle,
Plus haut que l’homme et que la loi.
Après ma mort une avalanche
De son linceul me couvrira,
Et sur mon corps la neige blanche,
Tombeau d’argent, s’élèvera.
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Théophile Gautier
Les plus grands cœurs, hélas ! ont les plus grandes peines.
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Théophile Gautier
Je renoncerais très-joyeusement à mes droits de Français et de citoyen pour voir un tableau authentique de Raphaël.
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Théophile Gautier
DIAMANT DU COEUR

Tout amoureux, de sa maîtresse,
Sur son coeur ou dans son tiroir,
Possède un gage qu'il caresse
Aux jours de regret ou d'espoir.

L'un d'une chevelure noire,
Par un sourire encouragé,
A pris une boucle que moire
Un reflet bleu d'aile de geai.

L'autre a, sur un cou blanc qui ploie,
Coupé par derrière un flocon
Retors et fin comme la soie
Que l'on dévide du cocon.

Un troisième, au fond d'une boîte,
Reliquaire du souvenir,
Cache un gant blanc, de forme étroite,
Où nulle main ne peut tenir.

Cet autre, pour s'en faire un charme,
Dans un sachet, d'un chiffre orné,
Coud des violettes de Parme,
Frais cadeau qu'on reprend fané.

Celui-ci baise la pantoufle
Que Cendrillon perdit un soir ;
Et celui-ci conserve un souffle
Dans la barbe d'un masque noir.

Moi, je n'ai ni boucle lustrée,
Ni gant, ni bouquet, ni soulier,
Mais je garde, empreinte adorée
Une larme sur un papier :

Pure rosée, unique goutte,
D'un ciel d'azur tombée un jour,
Joyau sans prix, perle dissoute
Dans la coupe de mon amour !

Et, pour moi, cette obscure tache
Reluit comme un écrin d'Ophyr,
Et du vélin bleu se détache,
Diamant éclos d'un saphir.

Cette larme, qui fait ma joie,
Roula, trésor inespéré,
Sur un de mes vers qu'elle noie,
D'un oeil qui n'a jamais pleuré !
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Cette vieille hideuse, s'accrochant de ses doigts osseux au rebord du char, à côté de ce Pharaon de stature colossale et semblable à un dieu, formait un étrange spectacle qui, heureusement, n'avait pour témoin que les étoiles scintillant dans le bleu noir du ciel ; placée ainsi, elle ressemblait à un de ces mauvais génies à configuration monstrueuse qui accompagnent les âmes coupables aux enfers. Les passions rapprochent ceux qui ne devraient jamais se rencontrer.
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Dans cette promenade au jardin, où vous écartiez les ronces devant moi, vous m'avez cueilli une petite rose sauvage, seul cadeau que vous pussiez me faire ; j'y ai laissé tomber une larme avant de la mettre dans mon sein, et, silencieusement, je vous ai donné mon âme en échange.
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Théophile Gautier
Romance

I

Au pays où se fait la guerre
Mon bel ami s’en est allé ;
Il semble à mon cœur désolé
Qu’il ne reste que moi sur terre !
En partant, au baiser d’adieu,
Il m’a pris mon âme à ma bouche.
Qui le tient si longtemps, mon Dieu ?
Voilà le soleil qui se couche,
Et moi, toute seule en ma tour,
J’attends encore son retour.

II

Les pigeons sur le toit roucoulent,
Roucoulent amoureusement ;
Avec un son triste et charmant
Les eaux sous les grands saules coulent.
Je me sens tout près de pleurer ;
Mon cœur comme un lis plein s’épanche,
Et je n’ose plus espérer.
Voici briller la lune blanche,
Et moi, toute seule en ma tour,
J’attends encore son retour.

III

Quelqu’un monte à grands pas la rampe :
Serait-ce lui, mon doux amant ?
Ce n’est pas lui, mais seulement
Mon petit page avec ma lampe.
Vents du soir, volez, dites-lui
Qu’il est ma pensée et mon rêve,
Toute ma joie et mon ennui.
Voici que l’aurore se lève,
Et moi, toute seule en ma tour,
J’attends encore son retour.
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Théophile Gautier
Un sculpteur m’a prêté l’œuvre de Michel-Ange,
La chapelle Sixtine et le grand Jugement ;
Je restai stupéfait à ce spectacle étrange
Et me sentis ployer sous mon étonnement.

Ce sont des corps tordus dans toutes les postures,
Des faces de lion avec des cols de bœuf,
Des chairs comme du marbre et des musculatures
À pouvoir d’un seul coup rompre un câble tout neuf.

Rien ne pèse sur eux, ni coupole ni voûtes,
Pourtant leurs nerfs d’acier s’épuisent en efforts,
La sueur de leurs bras semble pleuvoir en gouttes ;
Qui donc les courbe ainsi, puisqu’ils sont aussi forts ?

C’est qu’ils portent un poids à fatiguer Alcide :
Ils portent ta pensée, ô maître, sur leurs dos ;
Sous un entablement, jamais cariatide
Ne tendit son épaule à de plus lourds fardeaux.
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"Oh, la bonne chose que de vivre ! On ne se doute pas du plaisir qu'il y a dans cet acte simple : respirer..."
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Théophile Gautier
Des mots rayonnants, des mots de lumière, avec un rythme et une musique, voilà ce qu'est la poésie.
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