Thibault Balahy: un auteur nouvelle vague
Tous les malheurs qui nous touchent aujourd'hui encore, notamment dans les réserves, découlent de cet ethnocide. Nous n'avons plus d'histoire.
Quand je serai vieux je me ferai tout petit et toute ma vie, Chloé [mon enfant], je me ferai tout petit pour toi, léger mais présent, présent seulement si tu le veux, si tu as besoin, si tu le juges utile. (p. 206)
Vu la façon dont fonctionnaient ces collèges jusqu'en 1970, on peut vraiment parler de génocide. On a délibérément éliminé un peuple en supprimant ses langues, ses croyances, sa culture et en brisant les liens intergénérationnels.
Tout ce qui ramenait les enfants à leur vie d'avant était interdit. Interdit de porter leurs vêtements; dès leur arrivée on leur donnait des uniformes rêches et inconfortables.
Interdit d'être coiffé à l'indienne. Les garçons étaient rasés et les filles coiffées à l'occidentale. Interdit de parler leur langue maternelle, seul l'anglais était permis.
On peut se demander pourquoi leurs parents les laissaient partir... ils n'avaient pas le choix! Ceux qui résistaient, comme ce fut le cas d'une vingtaine d'hommes d'un village hopi, incarcérés à la prison d'Alcatraz en 1894.
- T'as faim ?
- Pas vraiment.
- Alors t'as soif ! Je ne connais personne qui n'ait pas soif.
- Merci les gars, c'était un super moment. Savez-vous que ma grand-mère est Cherokee?
- Pourquoi tu dis ça? Ça se voit tant que ça qu'on est d'origine indienne?
- Pas très difficile à voir. Y a que les blancs pour croire que vous êtes des Mexicains.
- Pas facile d'être Noir ou Indien dans ce pays...
Rester en vie à longtemps été pour moi une activité à plein temps, un programme, un horizon.
En quelques mois, son visage avait pris quelques années, son corps s'était épaissi. Il avait les cheveux coupé ras, la barbe drue, le bras droit entièrement tatoué... Je n'étais plus sûr de l'avoir connu un jour.
Pourquoi tu ne parles plus ? Je te me dis tout de suite, c'est pas parce qu'eut as décidé de ne plus parler que tu ne vas pas retourner au collège !
Au pied de la falaise, n'abandonnez jamais. La vie est un combat que chacun d'entre nous doit gagner.