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Citations de Thierry Poncet (76)


C’est peu après le grand reg qu’on passe Bidon V, un ancien dépôt de carburant pour les aviateurs de la mythique aéropostale, celle des Mermoz et autre Saint-Exupéry.
Il ne reste des temps héroïques que la charpente d’un vieux pylône, plus un abri de tôles en demi-cylindre qui pue à cinquante mètres.
Je jette un œil à l’intérieur : le sol est recouvert de merdes à divers états de fraîcheur.
L’humanité est décidément surprenante.
Il y a l’un des plus grands déserts du monde tout autour et les gens qui passent viennent déféquer là, dans l’horreur olfactive et la chaleur de four de cette hutte de métal.
Je me demande ce qu’en aurait pensé le vieux Saint-Ex’.
« Dessine-moi un étron », peut-être…
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Un jour, alors que je racontais je ne sais plus lequel de mes voyages, accoudé à je ne sais plus quel comptoir, je ne sais plus qui m'a demandé :
- Mais quand tu débarques dans un bled paumé, comme ça, les mains dans les poches, qu'est-ce que tu regardes en premier ? Les paysages ? Les gens ? Les femmes ?
- Naan. Tu te demandes où tu vas pouvoir chier.
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Le lendemain matin me trouve éberlué et ravagé par une deuxième nuit blanche dans une banlieue pouilleuse de Barcelone.
Je poireaute dans un café. Une belle fille moustachue aux gros seins m'a servi un pichet de vin noir. Quatre vieux types jouent aux cartes, s'engueulant de rugueuse langue catalane à chaque levée. Il y a la mer au bout de la rue de ciment crevé.
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Mon nouveau patron est un aventurier. Un vrai, un comme-dans-les-films mais en vrai, qui passe sa vie à sillonner le globe en quête d'actions grandioses, d'emmerdes invraisemblables et d'émotions fortes
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Indra continue de me faire jouir, jouir, jouir.
Jouir de ses doigts.
De paumes et de peau.
Toujours.
Sa langue, les lèvres.
Tous les jours, liesse !
Jouir en fesses et jouir en sexe.
Cris, murmures.
Toute nuit.
Je jouis et rejouis.
Serments et ordures.
Toutes les nuits.
De rires et morsures.
Jouis et encore jouis.
D’affolements en griffures.
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Au fond s’élèvent trois lits-cages de facture grossière, ceints de cotonnades dépareillées qui les isolent les uns des autres.
Et, poireautant devant, trois monuments d’ébène, doucement luisants dans la semi-pénombre.
Trois femmes délicieusement obèses qui attendent le chaland, vautrées chacune sur une natte.
Un trio de déesses cuissées de baobabs, arrière-traînées d’hippopotames, nichonnées d’outres.
Larges.
Rondes.
Hautes.
Ventrues.
Mafflues.
Joufflues.
Fessues.
Rigolantes.
Provocantes.
Allumardes.
Vicelardes.
Trois fois un quintal et un saupoudré de décigrammes de lucre, le tout triplement enveloppé dans des kilomètres carrés de peau teintée moka qui – nous ne tarderons pas à nous en rendre compte – offrent le toucher de la soie et exsudent à l’usage d’enivrants parfums de tamarin poivré.[…]
L’instant d’après, je suis à l’ouvrage, pâlichon vermisseau chu sur une buflesse, les deux bras légèrement écartés, me retenant des deux poings à des tétons qui me semblent des poignées de guidon de bicyclette.
Tandis que courageusement j’ahane, colibri tentant d’un vit maigrelet d’insuffler quelque passion dans un gouffre d’éléphante, je m’aperçois que je suis en l’air.
Complètement.
Pas un pouce de ma peau ne touche la paillasse qu’écrase le poids de ma titanesque amoureuse.
Je repose entièrement sur elle, naufragé échoué, nabot dessus géante !
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On est stoned en permanence.
Hagards.
Les yeux hébétés.
Le geste alenti.
On n’a qu’une cassette. Sur une face, un best of de ZZ Top, sur l’autre, un vieil enregistrement graillonneux de l’album des Pink Floyd, The Dark Side of the Moon.
Zykë les passe en permanence, volume à fond.
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Elle s'appelle Indra.
Est née au-dessus d'un étang d'ordures dans les faubourgs de Bandung, une des mégapoles de l'île voisine de Java, il y a, pense-t-elle, vingt-cinq ans, peut-être vingt huit.
Était une gaminette aux nichons naissants à l'heure de son premier micheton.
A fait la pute, depuis, aux quatre coins de l'archipel.
Sa peau, c'est du miel, chaud comme une flaque de soleil, doux comme un cuir fin.
Ses yeux, deux lacs d'huile noire.
Son odeur, un souffle de vanille et de poivre.
Sa voix, un chant rauque. Son rire, un caquètement métallique, affolé, tragique, d'oiseau pris au piège.
Son cul, c'est une croupe de biche, aux muscles durs d'animal galopant.
Ses seins, des cônes effilés, sombres, souples, doux et dansants, paire de défis jetés à l'homme.
Son con, c'est un coup de couteau, une cicatrice mauve, brève, encore enfantine, à peine coiffée, de chaque côté, de deux fois trois cheveux de soie.
On baise sans s'arrêter, nuit et jour.
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Zykë s'arroge naturellement les faveurs de la princesse.
J'hérite bien sûr de la servante.
M'en fous, j'adore les rondes.
Je guide ma dulcinée jusqu'à l'intimité glaciale de ma chambre.
Elle s'y déshabille sans un mot, ne gardant qu'un vaste caleçon de toile bleue qui la couvre du nombril aux genoux.
S'assoit, seins ballants.
Me dévisage d'un doux regard bovin.
Je me sens soudain très mal devant ces yeux emplis d'une triste résignation.
Un doute moral m'assaille, aussi cruel qu'existentiel.
Suis-je donc un salopard ?
Vais-je donc laisser libre cours à mes mauvais instincts d'avide queutard ?
Suis-je sur le point de me découvrir prêt à toutes les bassesses pour satisfaire mes appétits bas-ventriers ?
Accepterai-je donc de me comporter comme un colonialiste attardé et vicieux, nostalgique du droit de cuissage, violeur d'indigène ?...
L'instant d'après, j'ai arraché le calbar et, vautré de tout mon long sur cette chaire lisse et rebondie, accroché des deux mains à ces gros seins de laitière, je besogne ma proie en soulignant chacun de mes coups de reins d'un grognement de caporal-chef.
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- Tu es naïf, tu crois que, parce qu'elle est mignonne, elle devrait être gentille?
Je soupire:
- Sais pas.
- La gentillesse, c'est un truc de société. Un vernis. La plupart du temps, dès que tu grattes un peu, la méchanceté apparaît. C'est comme ça, la vilénie est la chose la mieux partagée du monde.
- C'est dégueulasse.
- Peut-être. Mais on ne peut rien y changer, le mieux, c'est d'en profiter...
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Attente.
Chaleur.
Seule la mince fente qui court entre la tôle du toit et le haut du mur aère notre réduit crasseux.
On fond.
On suinte.
On ruisselle. On dégouline.
On se liquéfie. On s'épand. On se répand. On coule. On croule. On s'écoule. On s'écroule. On se défait. On se délite. On s'effrite. On s'affaisse. On s'épanche. On s'éponge. On s'en ruine. On s'en eau. On ramolle. On sudationne. On déliquesce...
On sue et on pue.
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La pluie semblait enfin s’essouffler. Fine comme un crachin de Bretagne, elle cliquetait doucement sur les tôles, en accord avec les accents mélancoliques de la trompette de Chet Baker, qui avait remplacé Tom Waits sur la sono.
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Les filles étaient sur pied de guerre, à douze devant chaque baraque.
Provocantes. Bruyantes. Agressives.
Les jupes au ras de la touffe. Les tee-shirts découpés au rasoir pour exhiber du sein et du nombril. Les visages passés au fond de teint blanc. Les paupières bleues. Les bouches rouges.
Des clowns de sexe.
Et partout, en groupe ou en solo, déjà ivres ou pas encore, excités ou fureteurs, des hommes.
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Il glissa un CD de Tom Waits, Rain Dogs, dans le lecteur.
Poussa le volume à fond, pour que la voix du crooner déglingué surmonte le ronflement du moteur et le fracas de la pluie.Sortit un sachet d’herbe de la poche de son treillis et entreprit de se rouler un joint.
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La surface luisante de l'eau émergeait lentement de l'obscurité, recouverte d'un drap de brume.
Je m'étirai. M'approchai du plat-bord. Déboutonnai ma braguette. Urinai.
Soudain s'éleva la stridulation d'une cigale, semblable à une lame de scie attaquant le bois. Puis cent. Puis mille. Réveillés, les oiseaux se mirent à piailler de tous côtés.
Comme toujours, la lumière grimpait très rapidement. Devant moi, sur la berge, les formes se précisaient. Je distinguai une coulée de palmiers mais qui tombait du couvert de la forêt pour s'épandre au bord du rivage. Un groupe de trois rochers aux pieds trempant dans l'eau. Et deux type en uniforme khmer rouge, AK 47 en travers de la poitrine, qui m'observaient pisser.
Je beuglai :
" ALERTE ! "
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Il éprouvait le plus profond mépris pour les gens des sampans, nomades de la rivière, qui se déplaçaient en bandes et vivaient de petits commerces.
A tout moment il crachait en direction des pirogues.
" Eux pêcheurs de grenouilles c'est enculés !"
Je n'avais pas essayé de savoir ce qui motivait sa détestation. Dans une contrée déchirée par la guerre pendant si longtemps, les haines entre groupes étaient ancrées dans les âmes. La paix n'arrangeait rien.
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La Mort laisse un sale parfum dans son sillage.
Ça pue. Et c’est une odeur tenace.
Certains lieux où cette garce a déchaîné toute sa férocité gardent à jamais la trace de son venin. Et moi, Haig, l’aventurier, je le sais dès que je les découvre, ces endroits maudits.
Je sais que dans telle grotte, telle vallée perdue, telle cave ou telle baraque, des êtres humains ont été confrontés à l’indicible.
La violence. La cruauté. La folie.
Cette senteur pourrie, c’est celle de l’âme des suppliciés.


[Incipit]
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Au crépuscule, Zykë débouche les bouteilles de champagne australien.
- Joyeux Noël, les gars !
Ce liquide au goût de cidre sucré, épouvantablement chaud d’avoir été oublié au soleil pendant toute l’après-midi, me donne le coup fatal.
Je sombre dans la cuite.
Du reste de cette douce et sainte nuit, je ne conserve en mémoire que des bribes, des instants sans liens, des images aux bords étrécis par l’alcool.
Un homme accroupi déchire à pleines dents la chaire crue d’une cuisse de kangourou, menton et poitrine couverts de sang pourpre…
Une femme dépoitraillée, danse sur place, psalmodiant une mélodie, une bouteille dans une main, serrant de l’autre un pack de boîtes de bière sur ses nichons ballants…
Un chien sauvage dévore les entrailles des kangourous, le mufle plongé dans le magma de viscères, dans un concert de claquements de mâchoires et d’écœurants bruits mouillés…
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Dans le bungalow, j'ai trouvé un dictionnaire anglais-indonésien, oublié par le précédent occupant Y découvrant des wagons de mots que j'ignorais, j'ai entrepris de composer mille et une façons de dire à Indra qu'elle est belle.
Belle comme un soleil qui a déployé ses feux au premier jour de la terre.
Comme l'éclat d'or qui se prélasse sur les flots à l'approche de certains crépuscules.
Comme un rire d'enfants qui, au détour d'une ruelle, se font offrir par une grande soeur des cornets de glace à la mangue.
Belle comme le chant de ce prince fameux qui renonça à son royaume pour rejoindre la couturière entraperçue dans l'obscurité d'une échoppe.
Comme la coulée de miel qu'une reine des abeilles a offert au gamin qui avait franchi trois précipices et cinq rivières pour trouver son essaim.
Comme la robe tissée de fils d'or et de fumée qu'un misérable et habile artisan offrit à la fille d'un roi pour s'en faire aimer.
Belle comme les tourbillons de sable qui dansent au-dessus des roches brunes, si loin dans le désert que nul homme ne les a jamais vus.
Comme la soie blanche des neiges qui recouvrent les villages en des contrées si loin au nord que celui qui les atteint n'en revient jamais...
Je rédige mes fadaises dans ma tête toute la journée. Le soir, je les lui murmure à l'oreille. Elle m'écoute avec passion, sourire qui tremble aux lèvres, paupières closes, les ailes de ses cils apaisées.
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Après avoir fumé son joint jusqu’au dernier millimètre, Bozo était allé se coucher. Je restais seul à la barre, avec Tom Waits qui, sur le lecteur CD, éructait son Downtown Train.
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