C'est très enthousiaste que j'ai débuté cet essai sur le célèbre dessinateur et scénariste Hugo Pratt dont je raffole : ces albums me font voyager aux frontières du réel, du rêve et de l'histoire, avec cette touche de poésie ou de romantisme caractéristique.
J'ai très vite déchanté et ai eu beaucoup de mal à entrer dans cet ouvrage, qui se veut biographique, bien qu'on se demande finalement de qui : d'Hugo Pratt, dont certaines mises en scène semblent tout droit sorties de la tête de l'auteur ? de Fellini, un cinéaste tout aussi iconoclaste que son compatriote ? Ou de l'auteur, qui leur vouait une admiration sans borne ?
Ce dernier suinte en effet chaque chapitre de ses réflexions, de ses propres questionnements, nous proposant des scènes fantasmées ou surjouées, dans lesquelles je n'ai retrouvé ni le dessinateur de Corto Maltese, ni son univers si riche. Les deux derniers chapitres sont un peu mieux que les précédents, et il est vrai qu'on y puise quelques anecdotes sur Hugo Pratt et son oeuvre, ainsi que sur la bande dessinée en général. Cependant, je garde la désagréable impression que Trait pour trait a moins pour objectif de mettre en avant le dessinateur que de fournir un prétexte à l'auteur pour raconter des pans de sa propre vie.
Une grande déception, qui justifie en partie ma critique sévère.
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En ouvrant mon ordi, s’installe un Corto polychrome emmitouflé dans sa vareuse, couché sur une plage de sable avec deux mouettes voletant à proximité. Les trois être vivants sont en noir et blanc principalement donc presque non colorés. Le décor ciel, plage, dune, et mer sont d’un gris sale soutenu, saumon, ocre/jaunâtre et bleuté mais terne
Sans commentaire c’est reposant si ce n’est une mouette qui semble ricaner et qui fait penser à celle de Gaston Lagaffe, acariâtre qui rit effroyablement jaune. Franquin et Prat aiment les mouettes!
Et moi aussi et je leur sais gré de les avoir dessinées
Etant un aficionado non exalté, autant que faire se peut, de la première heure de Corto Maltese (et non pas de son auteur) et le club de lecture de ma bibliothèque le proposant aux abonnés j’ai donc pris cet essai par curiosité me demandant ce qu’il allait pouvoir m’apporter en sus, des merveilleuses images, vignettes nous dit Thomas, conservés dans mes BD.
Dessins ou auteur?
Le premier effet a été très positif, j’ai ressorti mes BD(s) rangées là, à la cave (très sèche je précise) par manque de place. Et bonheur je me suis rappelé avoir certaines en double! Un trésor que j’ai rereregardé, bien que jauni, avant de continuer ma lecture. Que de rêves ces lectures avec Echoes de Pink Floyd en font sonore
Le second effet a été plus réfrigérant. Thomas est un aficionado inconditionnel de l’auteur, idole de jeunesse, avant tout et nous le vend dans une sorte de réclame vaporeuse et poéto-psycho-philosophique du type merveilleux auquel il prête mille aventures, mille amours, mille comportements déviants et anecdotes rocambolesques d’artiste dans toute sa splendeur enfin j’exagère un peu (mais c’est lui qui a commencé).
On assiste ainsi aux premiers pas de Corto.
Travelling de Prat dans le train qui le mène à Paris chez «Pif» avec égrenage de sa vie entre les gares, ses pensées, ses observations, son obsession du personnage à créer. Belle mythologie de l’auteur
Mais cela n’apporte rien à l’appréciation de la BD elle-même.
Pas un seul croquis, pas une seule vignette comme si on pouvait réduire une BD à une suite, même louangeuse, de mots. Même la première de couverture est mal choisie. Il y a de bien plus beaux dessins et plus parlant.
Celui-ci fait plutôt penser à une pose à la «Emmanuelle» pour le fauteuil et présenter un aventurier très viril dans un fauteuil avec ce sourire canaille ou sardonique d’après Thomas, il me semble qu'il aurait pu trouver mieux.
Mis à part quelques anecdotes inconnues le reste n’apprend pas grand-chose.
Si quand même!
En fin de compte c’est bien l’argent qui motivé la carrière de Prat (aller chez un futur employeur et se demander ce qu’on va lui vendre) et donc Corto est bien un produit manufacturé et pas un objet de création et ce, on le comprend en lisant entre les lignes même si Thomas par des pirouettes dit le contraire. Le seul problème est que la créature a échappé à son auteur et c’est tant mieux.
Il ne croyait pas lui-même à son personnage puisqu’il l’a créé par «défaut» si on suit les pensées de Prat dans le train ou plutôt celles de Thomas! Corto, la créature, s’est imposé de lui-même au créateur
Pour le reste j’ai décroché je ne suis pas arrivé a faire le lien avec mes BDs que je compulsait avec frénésie pour comprendre où Thomas voulait en venir. Ses références aux auteurs américains et tout le reste : le dessin psychanalysé, les traits utilisés, les couleurs, les ombres, les onomatopées apportent une petite information sur l’auteur mais presque rien sur le personnage.
«Il n’y a rien à comprendre» dit Thomas certes je suis d’accord avec lui mais alors pourquoi ces 238 pages qui passent par Matisse, Fellini qu’il a approché, Cézanne, Barthès, l’Odette de Proust et bien d’autres?
Aucun rapport entre les investigations de Thomas et mon Corto. La lecture de la BD est intuitive et la compréhension immédiate sans parler de l’appréciation: on adhère tout de suite ce sont des images sans parole exceptées celles des bulles de la BD.
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Je ne connaissais pas les BD avec Corto Maltese et j'ai plutôt bien aimé. Son côté un peu sombre (on ne le voit quasiment jamais sourire), le regard presque toujours dur, en font un personnage assez mystérieux et on a envie de mieux le connaître. C'est pourquoi, il me faudra lire une autre aventure pour savoir si je m'attache vraiment à lui.
Au niveau de la narration, j'ai tiqué sur quelques passages où le hasard fait vraiment trop bien les choses.
Par contre, un point très positif pour moi c'est la typographie. En effet, pour une BD les écritures sont assez grosses ce qui convient très bien à mes yeux vieillissants.
Bref, une lecture sympathique, à confirmer.
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Ce folioscope, appelé aussi feuilleteur, (en anglais flip book), est un petit livret de photographies tirées du film de Thierry Thomas.
Elles sont composées chronologiquement, et, feuilleté rapidement, elles procurent à l'œil l'illusion du mouvement, illusion optique provoquée par la persistance rétinienne et l'effet phi.
Un étonnant petit livret à manipuler sans modération, pour tous les amoureux des belles choses et du septième art en particulier.
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