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EAN : 9782246863595
192 pages
Grasset (26/02/2020)
2.75/5   10 notes
Résumé :
Pour celles et ceux qui ressentent vivement l’arrogance de la culture officielle, la lecture de Corto Maltese est jubilatoire. Car découvrir cette bande dessinée, c’est pénétrer dans un monde où rien ne s’exclut, où tout coexiste : l’enfance et la vieillesse, l’action et le détachement, l’amour et l’envie de s’y dérober, l’utopie et le pragmatisme, les comportements chevaleresques et l’avidité (Corto et Raspoutine…), la bouffonnerie et la mélancolie, les militaires ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le réalisateur, scénariste et essayiste Thierry Thomas vient de signer "Hugo Pratt, trait pour trait". Quel plaisir de replonger dans l'univers d'Hugo Pratt, un peu moins de deux ans après avoir admiré ses créations lors de l'exposition Hugo Pratt, lignes d'horizons au musée des Confluences.

Pour ceux et celles qui ne connaîtraient d'Hugo Pratt que le nom, rappelons qu'il a joué un rôle important dans le rôle de la bande dessinée en l'ouvrant à un nouveau lectorat.

Hugo Pratt , rendu célèbre grâce à son héros et son double rêveur et aventurieux #CortoMaltese, avait ce talent rare de faire décloisonner à outrance les disciplines, les formats et les thématiques.

Thierry Thomas qui admirait profondément l'artiste avec lequel il a souvent collaboré proposé un essai romanesque qui célèbre sous un angle aussi ambitieux que stimulant. lʹunivers sans frontières du du papa de Corto Maltèse.

Thierry Thomas a notamment été co-scénariste du long-métrage "Corto Maltese, la cour secrète des arcanes" (2002) et a consacré voilà trois ans un documentaire au fameux auteur de bande dessinée, "Hugo Pratt, trait pour trait", en partant sur ses traces de Venise, où il a passé son enfance, à l'Afrique, l'Argentine, l'Amazonie, le Brésil, Londres, Gênes, Paris et Lausanne.

Dans cet essai aussi fragmentaire que romanesque et intime Thierry Thomas tente de retrouver l'âme de l'artiste travers la beauté de son trait qui fait coiencider pragmatisme avec utopie et action avec contemplation .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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En ouvrant mon ordi, s'installe un Corto polychrome emmitouflé dans sa vareuse, couché sur une plage de sable avec deux mouettes voletant à proximité. Les trois être vivants sont en noir et blanc principalement donc presque non colorés. le décor ciel, plage, dune, et mer sont d'un gris sale soutenu, saumon, ocre/jaunâtre et bleuté mais terne
Sans commentaire c'est reposant si ce n'est une mouette qui semble ricaner et qui fait penser à celle de Gaston Lagaffe, acariâtre qui rit effroyablement jaune. Franquin et Prat aiment les mouettes!

Et moi aussi et je leur sais gré de les avoir dessinées

Etant un aficionado non exalté, autant que faire se peut, de la première heure de Corto Maltese (et non pas de son auteur) et le club de lecture de ma bibliothèque le proposant aux abonnés j'ai donc pris cet essai par curiosité me demandant ce qu'il allait pouvoir m'apporter en sus, des merveilleuses images, vignettes nous dit Thomas, conservés dans mes BD.

Dessins ou auteur?

le premier effet a été très positif, j'ai ressorti mes BD(s) rangées là, à la cave (très sèche je précise) par manque de place. Et bonheur je me suis rappelé avoir certaines en double! Un trésor que j'ai rereregardé, bien que jauni, avant de continuer ma lecture. Que de rêves ces lectures avec Echoes de Pink Floyd en font sonore
le second effet a été plus réfrigérant. Thomas est un aficionado inconditionnel de l'auteur, idole de jeunesse, avant tout et nous le vend dans une sorte de réclame vaporeuse et poéto-psycho-philosophique du type merveilleux auquel il prête mille aventures, mille amours, mille comportements déviants et anecdotes rocambolesques d'artiste dans toute sa splendeur enfin j'exagère un peu (mais c'est lui qui a commencé).

On assiste ainsi aux premiers pas de Corto.

Travelling de Prat dans le train qui le mène à Paris chez «Pif» avec égrenage de sa vie entre les gares, ses pensées, ses observations, son obsession du personnage à créer. Belle mythologie de l'auteur
Mais cela n'apporte rien à l'appréciation de la BD elle-même.
Pas un seul croquis, pas une seule vignette comme si on pouvait réduire une BD à une suite, même louangeuse, de mots. Même la première de couverture est mal choisie. Il y a de bien plus beaux dessins et plus parlant.
Celui-ci fait plutôt penser à une pose à la «Emmanuelle» pour le fauteuil et présenter un aventurier très viril dans un fauteuil avec ce sourire canaille ou sardonique d'après Thomas, il me semble qu'il aurait pu trouver mieux.
Mis à part quelques anecdotes inconnues le reste n'apprend pas grand-chose.
Si quand même!
En fin de compte c'est bien l'argent qui motivé la carrière de Prat (aller chez un futur employeur et se demander ce qu'on va lui vendre) et donc Corto est bien un produit manufacturé et pas un objet de création et ce, on le comprend en lisant entre les lignes même si Thomas par des pirouettes dit le contraire. le seul problème est que la créature a échappé à son auteur et c'est tant mieux.
Il ne croyait pas lui-même à son personnage puisqu'il l'a créé par «défaut» si on suit les pensées de Prat dans le train ou plutôt celles de Thomas! Corto, la créature, s'est imposé de lui-même au créateur
Pour le reste j'ai décroché je ne suis pas arrivé a faire le lien avec mes BDs que je compulsait avec frénésie pour comprendre où Thomas voulait en venir. Ses références aux auteurs américains et tout le reste : le dessin psychanalysé, les traits utilisés, les couleurs, les ombres, les onomatopées apportent une petite information sur l'auteur mais presque rien sur le personnage.
«Il n'y a rien à comprendre» dit Thomas certes je suis d'accord avec lui mais alors pourquoi ces 238 pages qui passent par Matisse, Fellini qu'il a approché, Cézanne, Barthès, l'Odette de Proust et bien d'autres?
Aucun rapport entre les investigations de Thomas et mon Corto. La lecture de la BD est intuitive et la compréhension immédiate sans parler de l'appréciation: on adhère tout de suite ce sont des images sans parole exceptées celles des bulles de la BD.


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C'est très enthousiaste que j'ai débuté cet essai sur le célèbre dessinateur et scénariste Hugo Pratt dont je raffole : ces albums me font voyager aux frontières du réel, du rêve et de l'histoire, avec cette touche de poésie ou de romantisme caractéristique.

J'ai très vite déchanté et ai eu beaucoup de mal à entrer dans cet ouvrage, qui se veut biographique, bien qu'on se demande finalement de qui : d'Hugo Pratt, dont certaines mises en scène semblent tout droit sorties de la tête de l'auteur ? de Fellini, un cinéaste tout aussi iconoclaste que son compatriote ? Ou de l'auteur, qui leur vouait une admiration sans borne ?

Ce dernier suinte en effet chaque chapitre de ses réflexions, de ses propres questionnements, nous proposant des scènes fantasmées ou surjouées, dans lesquelles je n'ai retrouvé ni le dessinateur de Corto Maltese, ni son univers si riche. Les deux derniers chapitres sont un peu mieux que les précédents, et il est vrai qu'on y puise quelques anecdotes sur Hugo Pratt et son oeuvre, ainsi que sur la bande dessinée en général. Cependant, je garde la désagréable impression que Trait pour trait a moins pour objectif de mettre en avant le dessinateur que de fournir un prétexte à l'auteur pour raconter des pans de sa propre vie.

Une grande déception, qui justifie en partie ma critique sévère.
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J'ai toujours, dans mes étagères, le catalogue d'exposition de Milo Manara , acheté l'an dernier à Angoulême, dans lequel je sais que je vais rencontrer Hugo Pratt, via tout un chapitre sur leur collaboration… mais lire ce livre-ci est une manière de le rencontrer bien plus frontalement. Thierry Thomas est un spécialiste d'Hugo Pratt, à l'origine de plusieurs albums hommages, écrits en collaboration avec Patrizia Zanotti. Il est donc tout à fait légitime pour en dresser un portrait. Ici, il nous raconte sa rencontre avec le dessinateur en 1972 et aussi tout ce qui a fait de Hugo Pratt la légende qu'il est aujourd'hui. J'ai lu les albums où sévit Corto Maltese lorsque j'étais étudiante. Je n'en possède pas chez moi. A l'époque, j'empruntais beaucoup de BD en bibliothèque. Suivre les références précises de Thierry Thomas, son explication sur le trait de certaines cases d'albums références d'Hugo Pratt, peut donc s'avérer un peu frustrant pour qui ne les a pas en regard. Pour autant, je ne me suis pas attachée à cette frustration, et j'ai aimé suivre par ailleurs tout ce qui est raconté du contexte des premiers pas de Corto Maltese. J'ai aimé comprendre comment fonctionnait Hugo Pratt, découvrir sa personnalité à la fois exubérante et exigeante. Il est un de ceux qui ont compris très vite que pour être un véritable auteur de bandes dessinées, il fallait cesser d'illustrer mais raconter l'histoire avec le dessin. Et que, par exemple, pour signifier la pluie, quelques traits suffisaient, à conditions qu'ils soient habités par « l'esprit de la pluie ». A l'instar de Milo Manara, Hugo Pratt a également fréquenté Fellini et été séduit par son univers foisonnant et complexe. Derrière le regard presque sage de Corto Maltese se cache curieusement un dessinateur pressé, un être curieux et ambitieux. Thierry Thomas nous livre un portrait très détaillé du dessinateur Hugo Pratt, via un livre intellectuellement assez exigeant mais qui va séduire les fans et les adeptes de la bande dessinée de ces années là. J'ai beaucoup pensé, pendant cette lecture, à mon groupe de lecture BD de bibliothèque, et à ce qui leur aurait plu dans ce récit.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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« Seul son dessin me permet de le retrouver » : une belle lecture intime de l'art d'Hugo Pratt, loin des clichés et au plus près de la page.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/05/14/note-de-lecture-hugo-pratt-trait-pour-trait-thierry-thomas/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
« J’ouvrais mon carton à dessin; les battants tenaient fermés par des rubans qu’il fallait dénouer comme des lacets. Hugo regardait mes essais avec cette concentration que je ne lui ai jamais vue que lorsqu’il était question de son métier. Je remarquai l’intensité de ce regard, et ce blanc sous la pupille
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Pour les lecteurs qui ressentent l’arrogance de la culture officielle, la découverte de Corto est jubilatoire. Car dans cette bande rien ne s’exclut, tout coexiste : l’enfance et la vieillesse, l’action et le détachement, l’utopie et le pragmatisme, l’amour et l’envie de s’y dérober, la bouffonnerie et la mélancolie, les comportements chevaleresques et l’avidité (Corto et Raspoutine…), les voyages dans l’espace et les voyages dans le temps, les civilisations du passé et celles du présent. Et bien sûr les images et les mots. L’art du conteur se moque de la distinction entre réflexion et divertissement, entre culture noble et populaire, ces distinctions qui fondent notre éducation française. À chaque page, ces catégories, sinistres cloisonnements, volent en éclats.
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Pourquoi même des planches élaborées en un temps record, et probablement sans autre motivation que financière, par exemple celles destinées au story-board du film Jesuit Joe, sont-elles à ce point des condensés de justesse ? Je regarde une silhouette qui s’en va, un sac sur l’épaule – grand motif d’Hugo, ce sac des départs, balancé derrière soi avec un irrésistible allant -, il n’y a ni superflu ni sécheresse, c’est cela qu’il fallait dessiner ; je peux seulement me dire que le trait est vivant, que sa douceur enrobe mon regard, mes pensées. Douceur, au reste, paradoxale : Jesuit Joe est un tueur mutique, métis franco-mohawk ayant reçu une éducation calviniste, habité par une soif d’absolu (dans cette bande, nous assistons au scalp, très adroitement réalisé par le héros éponyme, d’une statue de la Vierge : une idée que n’aurait pas reniée Buñuel !). Cette souplesse visuelle me rappelle l’effet désarmant que produisait la gentillesse sur Hugo. Peut-être parce que ce mot, et cette attitude, gardaient pour lui son sens premier, celui de « noble ». Ce qui me redonne, immédiatement, la sensation de la présence d’Hugo, c’est l’ineffable beauté de son trait. Sans doute parce qu’il n’est plus là, je suis devenu allergique à l’image d’Hugo « aventurier », aussi essentielle qu’elle ait été pour lui, de même qu’aux anecdotes qui courent à son propos. Elles ne m’amusent plus, me font l’effet d’une litanie qui s’épuise à le rejoindre. Seul son dessin me permet de le retrouver. Mais pourquoi le plaisir, à la fois intellectuel et physique – j’allais écrire « charnel » -, que les amateurs de dessin, de peinture, d’arts visuels en général, éprouvent à suivre les méandres d’une ligne, à voir comment des formes et des couleurs se répondent à l’intérieur d’une composition, est-il si difficile à expliciter ? Dois-je me résoudre à ce qu’il reste hors langage, impartageable, du côté du silence ?
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À Venise, son ami Alberto Ongaro, dans la salle à manger de l’appartement familial, lui a annoncé qu’il s’apprêtait à écrire un roman dont il serait le protagoniste. Son titre : Une vie d’aventures. Ongaro a précisé :
– Tu es un aventurier, mais tu n’appartiens pas à la famille des Lawrence d’Arabie, des Simon Girty, des Francis Drake. Tu es un Cagliostro, un Casanova, un Mesmer. Les épisodes de ta vie se résument à des villes, des femmes, des protecteurs, qu’il te faut conquérir. Tu apparais, tu séduis, tu amuses, tu fais peur aussi. Tes tours de magie, tes expériences d’alchimie, ce sont tes dessins.
Flatté et contrarié par ce projet littéraire (il attend de ses proches qu’ils écrivent sa chanson de gestes, mais c’est lui qui doit dicter les paroles), il s’est senti investir, avec délice, la parure translucide et somptueuse d’un chevalier d’industrie.
– Du reste, Cagliostro, lui aussi, était un dessinateur surdoué.
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Il s’appelait Ugo Prat, sans H et avec un seul T.
Devenu célèbre sous le nom de Hugo Pratt, il a vécu 24 518 jours aussi intensément qu’il est possible de vivre. Dessinateur de bandes dessinées, il a publié plus de 15 000 planches, ce qui représente à peu près 80 000 dessins, auxquelles s’ajoutent plus de 500 aquarelles.
Et puis, bien sûr, il a créé Corto Maltese.
Il était né le 15 juin 1927, à Rimini ; il est mort le 20 août 1995, en Suisse – étrange manière de dire : il « était » né ; il « est » mort, comme si le dernier souffle durait éternellement.
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