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Critiques de Thomas Mullen (168)
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Temps noirs

Atlanta - 1950.

Excellente suite du déjà très réussi "Darktown" que j'ai découvert il y a peu de temps. J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture de Thomas Mullen et les deux policiers noirs Lucius Boggs et Tommy Smith dans une nouvelle enquête encore plus fouillée que dans le premier opus. Sur fond de tensions raciales et expéditions punitives du Ku Klux Klan, ils vont tenter de démanteler un trafic de drogue et d'alcool sur leur territoire.

Un roman noir qui fait la part belle aux personnages et au contexte historique et social dont la fin laisse présager une suite intéressante!
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Temps noirs

Histoire plus complexe, effectivement, que celle du premier tome, Darktown. J'ai eu plus de difficultés à rentrer dans l'histoire et à ressentir la même passion. Peut-être étais-je aussi moins disponible pour une lecture plus continue.
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Darktown

Quand la fiction fait écho à l'actualité... "Darktown" est un très bon polar et un portrait saisissant de l'Amérique ségrégationniste d'après-guerre. Premier volet d'une série dont le tome 2 vient d'être publié. Un début qui donne envie de connaître la suite et de retrouver ses personnages principaux. Certes l'intrigue, bien ficelée tout de même, est plutôt classique. Mais tout l'intérêt de ce livre réside dans le contexte historique assez méconnu (pour ma part en tous les cas!) dans lequel il s'inscrit, la description des situations et des personnages. Aucun temps mort!



Nous sommes en 1948, à Atlanta, territoire encore très marqué par la ségrégation et l'empreinte du Ku Klux Klan qui gangrène notamment la police locale. Sous la pression de la communauté noire, le maire est contraint de recruter des premiers agents de couleur, parmi lesquels deux vétérans de guerre, Lucius Boggs et Tommy Smith. Mais interdiction pour eux de patrouiller en dehors d'un secteur limité, d'arrêter un suspect, de conduire une voiture ou de pénétrer dans les locaux de la police blanche... Difficile dans ces conditions d'exercer comme il se doit son devoir de flic. Lorsque le corps d'une jeune femme noire est découvert dans une décharge, les deux agents décident de mener leur propre enquête au risque de devoir faire face aux violences raciales.



Par l'ambiance et le portrait précis de la société américaine post seconde guerre mondiale, ce roman m'a fait penser au brillant "Un pays à l'aube" de Dennis Lehane! Deux livres que je recommande chaudement!
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Darktown

Atlanta, 1948, une grande date pour certains, une hérésie pour d’autres : l’accession à la fonction de policier par des citoyens Noirs.



Attention, ces policiers n’ont pas le droit d’arrêter un Blanc, même en flagrant délit de crime, ils ne patrouillent pas en voiture mais à pied, ne peuvent pas entrer dans le bâtiment de la police, ont l’interdiction de boire de l’alcool même après leurs heures de service et se doivent de rester dans le quartier Noir d’Atlanta.



Un crime a lieu mais comme c’est une jeune fille Noire qui est décédée, personne ne bouge son gros cul de Blanc et nos policiers n’ont même pas le droit d’enquêter dessus.



Ce roman, il vous prend à la gorge pour ne plus vous lâcher jusque la fin. On a beau savoir l’Histoire de la ségrégation raciale, malgré tout, l’impact dans le plexus solaire est toujours aussi forte.



Ici, si tu es Blanc, tu te dois d’être raciste, de faire voir la vie dure aux Noirs, de les dénigrer, de défendre ta ville, ton quartier, contre l’envahissement… Si par malheur tu es un Blanc modéré dans ton racisme (tu ne tabasses pas, tu ne fous pas le feu, tu ne lynches pas, tu ne tues pas,…), fait en sorte qu’on ne l’apprenne pas, sinon, tu risques gros aussi.



Entre avanies que leur font subir les Blancs (flics ou pas), les crachats, les insultes de types macaques, bougnoules, singes, négro (et j’en passe), la vie de flic Noir est une épreuve de chaque jour, dans ce Sud où les morts Confédérés sont encore honorés et où on a lynché des vétérans Noirs de la Première Guerre Mondiale.



Même la population Noire regarde ces huit policiers de travers, tant elle attendait énormément d’eux, oubliant qu’ils n’ont quasi aucun droit, si ce n’est d’arrêter des Noirs.



Lucius Boggs est un flic honnête, qui aimerait faire son travail correctement, c’est-à-dire enquêter sur la mort de la jeune Lilly et pas avaler les preuves toutes faites que les flics Blancs ont montées.



Problème c’est qu’en voulant faire le bien (trouver le coupable), il a ouvert la boîte de Pandore qui déverse son torrent d’injustices sur la famille de Lilly, comme si celle n’avait pas déjà assez souffert. Tout ça pour avoir voulu connaître la vérité sur son assassinat, mon cher Lucius, c’est cher payé car ils ont trinqué grave ensuite…



STOP… ON REMBOBINE ! Mais qu’est-ce que je raconte moi ? Mais non, Lucius, tu n’es pas responsable du déchaînement de haine sur la famille de Lilly ! Bordel de Dieu, c’est la faute aux Blancs, tout ça ! Qu’ils soient flics pourris racistes confédérés bas-du-front ou Blancs bien propres sur eux. C’est nous, les Blancs, qui sommes responsables du racisme et de la ségrégation…



Ce roman m’a pris aux tripes, j’ai lu des horreurs, j’ai vu des injustices qui m’ont données envie de bondir, de hurler, hésitant parfois entre le "Dieu tout puissant" ou un "putain de bordel de merde" (au choix, cumul possible) tant c’était effroyable ce que les Noirs ont vécu. J’en ai encore découvert, tiens, des horreurs.



Les personnages sont travaillés, ont de la profondeur et l’auteur évite le manichéisme et ne sombre jamais dans le pathos, même si le lecteur va encaisser des moments très durs durant la lecture, mais ils ne seront jamais aussi durs que ceux que vécurent et vivent encore les Noirs aux États-Unis (et ailleurs).



Partant d’une enquête classique sur l’assassinat d’une jeune fille Noire, l’auteur nous plonge dans la noirceur des quartiers d’Atlanta, dans les pensées abjectes des Blancs, dans un racisme primaire qui fait peur car pouvant basculer dans une violence sans nom pour un rien.



Un tout grand roman noir, social, où notre duo de policiers (Lucius Boggs et Tommy Smith) vont d’enfoncer petit à petit dans la fange nauséabonde qui macule les rues, les maisons ainsi que le cœur des habitants d’Atlanta.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Darktown

Très bon policier! Un contexte original à savoir les débuts des premiers policiers noirs d'Atlanta à la fin des années 40. L'auteur s'est visiblement bien documenté. Racisme débridé ou tout en retenue à chaque page ou presque. Beaucoup d'empathie pour les habitants de cette ville. Lecture vivement recommandée!
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Temps noirs

Les événements d’Atlanta durant ce mois de juin où un policier blanc étouffe un individu noir seraient du goût de Thomas Mullen pour en faire un roman noir…L’histoire raciale des Etats-Unis a une très grande capacité de répétitions depuis l’emploi des esclaves noirs dans les plantations de coton. Ici, notre histoire se situe en 1948. Certains des héros reviennent de la guerre en Europe, des traumatismes plein la tête. Des quartiers blancs, des quartiers noirs. Des policiers blancs, des policiers noirs. Le Ku Klux Klan, les trafiquants de drogue. Tout y est. La tension est extrême, les affrontements amènent des morts. Et les noirs sont toujours perdants. Un bon sujet très bien traité mais parfois un peu touffu à cause d’un trop grand nombre de personnages et d’intrigues superposées. MG
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Darktown

Nous sommes à Atlanta en 1948, au sortir de la guerre. La police de la ville recrute ses premiers agents noirs. Et ce pour le malheur de la majorité de la police blanche qui voit cela d'un très mauvais œil. Le racisme y est omniprésent tout comme dans le reste de la société dans cet état du sud des États-unis. Donc huit policiers noirs patrouillent dans les quartiers noirs de la ville, on suit principalement le duo Smith et Boggs. Smith est très rentre dedans, Boggs beaucoup plus réservé. Ils n'étaient en rien prédestinés à être agent de police, puis cette opportunité s'est présentée mais n'est en rien une avancée pour les droits civiques des noirs américains. En effet, ils ont des locaux séparés, ne patrouillent que dans les quartiers noirs, ne peuvent procéder à aucune arrestation, bref ils sont bridés et discriminés.



Les chapitres s'enchaînent très bien et l'écriture est fluide ainsi que l'intrigue : la mort d'une jeune femme noire par balle. Il y a donc l'intrigue mais aussi tout le contexte de l'époque et son lot de racistes. J'ai été happée par ce polar de très bonne facture !



Il me tarde de lire la suite de cette série policière !
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Darktown

Indispensable ! Ce roman décrit la société ségrégationniste américaine après la Seconde Guerre Mondiale. On a du mal à le croire, on a perdu la mémoire surtout (ou on ferme les yeux) de ce racisme débile (pléonasme). Cela remet bien en perspective la situation actuelle des États-Unis où les revendications des noirs américains sont très fortes de nouveau et à juste titre ! Leurs souffrances valent bien une décisive prise de conscience et ce bouquin pose une pierre. Édifiant, terrible, atroce, incroyable. Je n'en suis pas encore revenu (mais je suis très naïf). Vous l'avez compris : courez chez votre libraire, achetez-le, lisez-le et surtout faites-le connaître.
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Darktown

Un roman policier qui se déroule en 1948 à Atlanta, Géorgie. L'originalité? Le personnage principal, Lucius Boggs et son camarade Tommy Smith sont noirs ET policiers. Ils font partie des huit premiers noirs américains à intégrer la police. Mais n'ayez aucune illusion, ils n'accèdent pas pour autant à un statut égal : pas de voiture de patrouille par exemple, pas le droit d'enquêter, aucun soutien de la part des collègues blancs qui n'aimeraient qu'une chose, s'en débarrasser!

Sur fonds de corruption, de contrebande d'alcool, de prostitution, ils décident tout de même d'enquêter lorsque la fille noire aperçue dans la voiture d'un blanc est retrouvée morte.

Les conditions de vie sont déplorables et aucune personne noire n'est à l'abri du racisme ouvert de l'époque.

Une lecture passionnante.
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Temps noirs

Ce deuxième épisode est tout aussi passionnant que le premier. Je trouve l’intrigue encore plus complexe que dans « darktown ». Bravo pour le génie créatif de l’écrivain. Il manie parfaitement l’histoire et la fiction. Ce roman est très addictif. Y en aura-t-il un troisième ? Affaire à suivre.
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Darktown

Atlanta, « la capitale du Vieux Sud, en 1948. Sous la pression de ceux qui veulent étendre les droits civiques aux noirs, des hommes « de couleur » comme disent ceux qui ne veulent pas passer pour des racistes sont recrutés par la police de la ville. Ils sont huit dont Lucius Boggs et Tommy Smith, deux des principaux personnages de « Darktown ». Malgré cette avancée, leurs prérogatives sont limitées : ils ne sont pas autorisés à arrêter un suspect, à conduire une voiture et à pénétrer dans les locaux de la « vraie » police. Ils sont des alibis un peu inutiles destinés à calmer les revendications de leurs pairs. De plus, leurs « collègues » blancs, mieux payés, leur donnent du fil à retordre. Lorsque le cadavre d'une jeune métisse est retrouvé sur un dépotoir, le couple d'enquêteurs va mener des investigations de façon officieuse au cours de laquelle il va croiser des flics corrompus, des politiciens véreux et une population hostile. Même la communauté noire est opposée à ces « nouveaux » policiers qu'elle considère comme des traîtres.

L'intrigue, assez classique, est un prétexte à nous plonger dans un contexte qui nous semble inconcevable aujourd'hui. Les récents événements (homicide de George Floyd par un policier blanc) nous rappellent que le racisme et les violences qui en découlent sont bien inhérentes à l'histoire des Etats-Unis.

La fin appelle une suite. C'est chose faite avec la sortie en mars dernier de « Temps noir » qu'il ne faut pas manquer de lire. On y retrouvera, j'espère, les personnages attachants et courageux que sont Boggs, l'intello fils de pasteur, et Smith, l'instinctif, ainsi que Denny Rakestraw, l'officier blanc flanqué d'un équipier qui prend un malin plaisir à « casser du nègre » et qui est confronté à un dilemme : son besoin de justice et la prise de conscience des risques pour les blancs d'accorder des droits aux noirs.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Temps noirs

Je n'ai pas lu "Darktown", que je possède; je vais lancer des recherches pour le retrouver rapidement, car j'ai été subjugué par "Temps noirs".

Le roman, qui se déroule dans les années 50 aux USA, traite d'un thème sensible: la ségrégation raciale.

Les personnages sont ciselés, bien vivants, et l'action est bien enlevée.

Nous nous retrouvons dans un monde interlope de trafiquants, de flics pourris, de promoteurs immobiliers tout aussi pourris, de nazis, de KKK et Kluxers... Difficile de s'épanouir, ou simplement de survivre !

Les deux derniers livres que j'ai lus m'avaient déçu; me voici réconcilié avec la littérature, grâce à "Temps noirs" !
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Darktown

Bon « vieux polar classique américain » sur fond historique de ségrégation raciale et d’intégration de noirs dans la police. En dépit de sa dureté je l’ai lu d’une traite pour en connaître la fin.

L’avis du Figaro Magazine au dos du livre est magnifiquement synthétique de l’histoire : « Thomas Muller fait coup double : signer un terrible polar, irrespirable et révoltant, et exhumer un aspect de l’histoire de l’Amérique ségrégationniste de l’après-guerre. »
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Darktown

Darktown, de Thomas Mullen est paru en poche aux Éditions Rivages

. Les critiques sont élogieuses:

"FORMIDABLE!" Francis Petiot, facebook

"INSTRUCTIF ET PASSIONNANT, DU GRAND ART" Francis Petiot, le blog de Francis Petiot.

"EXCELLENT!" Francis Petiot, Instagram

"ON A RAREMENT FAIT AUSSI BIEN", brouillon retrouvé dans la corbeille à papiers de Francis Petiot.

"UNE BOMBE", Francis Petiot lors du dernier apéro d'avant le confinement.
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Darktown

Darktown





J'avais à peine lu vingt pages que j'étais déjà écoeuré par cette violence faites aux noirs d'Atlanta.



Je me suis alors demandé comment réagiraient des racistes face à une telle attitude. C'est la que j'ai réalisé que je lisais un roman porno pour désaxés sexuels. Je sais, c'est une drôle de façon de commencer une critique. Je ne vais pas vous raconter l'histoire, d'autres l'ont fait mieux que moi.



Un "nigger" est moins bien traité que leurs propres animaux. Au moins, ces deniers ne sont pas constamment et gratuitement humiliés. Les 8 policiers noirs n'ont le droit de porter leur uniforme que dans le quartier noir qu'ils patrouillent. Au retour du front plusieurs soldats noirs se sont fait tuer parce qu'ils étaient revenus vêtus de leur uniforme de soldat.



Cette critique ne vous fera jamais ressentir avec vos tripes ce que ces êtres humains vivaient. C'est constamment la terreur raciste que même les blancs moins sadiques ressentent. Sois raciste ou meurs pourrait être leur cri de ralliement.



Tout ce que je viens d'écrire, j'en étais conscient mais je fus très surpris d'apprendre qu'il y avait un quartier noir cossu peuple par des noirs très instruits.



C'est un roman que vous devez lire pour comprendre les Etats-Unis de Donald Trump.
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Temps noirs

Darktown imposait un style élégant, des personnages attachants & un contexte historique enrichissant. Temps noir est une suite logique, emplie d'un charme égal, d'une tension permanente. Nos deux héros policiers font face à des tensions familiales, font face au KKK, à la misère & à la peur des hommes. Ils vivent le changement d'époque et nous le transmettent entre courage et dénonciation. Un récit palpitant, à la plume délicat tout en étant explosive. Thomas Mullen est sans pareil pour décrire sans abus, une ville au bord de l'implosion, entre racisme & règlements de compte. Très grand roman noir.
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Temps noirs

Temps noirs est la suite autonome du déjà très bon Darktown, encore plus réussi même car cette nouvelle plongée dans l'Atlanta de l'après-guerre est encore plus riche et dense.



1950. On retrouve le trio qui avait mené deux ans auparavant l'enquête sur le meurtre d'une jeune métisse : Lucius Boggs et Tommy Smith, premiers officiers « nègres » comme ils étaient appelés à l'époque, tentent d'arrêter l'approvisionnement en drogue de leur territoire mais la tâche est plus ardue que prévue. Ils reprennent leur alliance avec l'officier blanc Dennis Rakestraw, un homme d'honneur, rare policier d'Atlanta à avoir refusé de se joindre au Ku Klux Klan.



A partir de ce point de départ, la trame se déploie de façon tentaculaire avec de multiples arcs narratifs qui s'enchâssent avec un brio remarquable sur fond d'une évocation méticuleuse et vivante de la ville sudiste d'Atlanta . Les tensions raciales couvent dans cette ville et commencent à exploser dans le quartier blanc de Hanford Park où des familles noires commencent à emménager, victimes d'un harcèlement de plus en plus violent pour les faire fuir. Superbe idée que d'avoir choisi de placer la confrontation racial au coeur de la banlieue, incarnation s'il en est du rêve américain de l'après-guerre. La laideur du racisme n'en est que plus dérangeante.



La galerie de personnages est remplie de flics corrompus, de Klansmen, de néo-nazis, de trafiquants de drogue en pleine guerre des gangs, de banquiers cyniques et d'agents immobiliers sans scrupule. Et pourtant jamais le roman ne verse dans la manichéisme. Les dilemmes moraux sont au coeur du roman : ceux de Rakestraw dont le beau-frère est un Klansman stupide, mouillé dans une affaire de meurtre, il doit choisir entre sa carrière / loyauté à sa fonction et sa famille à protéger ; ceux de Boggs, déchiré entre les valeurs traditionnelles inculquées par son pasteur de père et le grand amour en la personne d'une jeune femme au passé trouble. La richesse psychologique de ces personnages-là et de tous les autres, même les secondaires, apporte énormément au récit, jusqu'à des dernières pages flamboyantes, définitivement grises, vibrantes d'émotions.



Un polar qui a du souffle et fait penser aux grands romans de Dennis Lehane et James Ellroy tant sa capacité à repousser le genre de la fiction policière très loin s'allie à un sens de l'Histoire puissant. Un portrait passionnant d'une ville sudiste en lutte pour concilier ses pulsions violentes avec les impératifs imminents de la déségrégation à venir. Une ville à l'aube.



Coup de coeur !
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Temps noirs

Atlanta 1950, le retour de Lucius Bogg et Tommy Smith. Dans une belle intrigue, apte à mélanger toutes les classes sociales et à brouiller l'implication personnelle et familiale, Thomas Mullen poursuit son exploration intime de la fin de la ségrégation. Temps noirs donne, assez finement, à voir les arrangements mafieux de cet état de fait et la complexité morale de ceux qui la combattent où tentent, simplement, de vivre avec.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Temps noirs

Deuxième tome d’une série commencée avec Darktown, maintenant sorti en poche, Temps noirs permet de retrouver les agents policiers noirs engagés par la ville d’Atlanta en 1948 pour faire régner la loi dans les quartiers où habitent leurs concitoyens de couleur. Ils doivent composer avec des moyens restreints, l’impossibilité d’appréhender eux-même des suspects, et l’hostilité de leurs collègues blancs comme de la population. Un véritable sacerdoce !

Sur fond de trafic de drogue, se pose la question cruciale des Noirs qui commencent à emménager dans des quartiers autrefois réservés aux Blancs, réveillant ainsi le Ku Klux Klan et une autre organisation tout aussi raciste, parée de symboles nazis au lieu des macabres draps blancs.

Dans ce roman, on retrouve, en passant, l’avocat Thurgood Marshall dont le nom m’est connu depuis que j’ai lu Little Rock, 1957. Comme l’intrigue se déroule en 1950, si l’avocat militant des Droits Civiques n’est pas encore aussi connu, il agit déjà contre la ségrégation, et dans le roman, fréquente le révérend Boggs, père de Julius, l’un des policiers. Il est le genre de personne qui peut servir de médiateur, quand Noirs et Blancs se mettent autour d’une table pour discuter, ce qui à Atlanta, dans ces années-là, demeure exceptionnel.

La vie privée des policiers les plus représentatifs de la série est habilement mise en scène par l’auteur : l’un se fait du souci pour sa fiancée et d’anciennes histoires qui ressurgissent dans la vie de celle-ci, l’autre pour son beau-frère agressé de nuit tout près de chez lui. Le point de vue de Rake, policier blanc à l’esprit ouvert et non corrompu, une exception, apporte un contre-point intéressant. Les situations difficiles auxquelles les policiers se trouvent confrontés les mettent parfois à l’extrême limite de la légalité.

Bien documentés, rondement menés, sans que manquent quelques scènes d’action, ces romans réussissent à garder un juste équilibre entre aspect historique et suspense. Pour l’instant, seuls deux sont parus, même aux États-Unis, vous pouvez donc vous y atteler sans craindre de vous trouver embarqués dans une série trop longue…
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Darktown

Ô toi, courageux lecteur, qui s'apprête à tourner les pages de ce polar attend toi à serrer les dents, à trembler de rage et à perdre tes dernières illusions sur l'humanité.



Ce premier tome de cette saga policière plante parfaitement le décor. La ville d'Atlanta suffoque mais difficile de dire si c'est à cause du soleil écrasant ou de la corruption rampante et du racisme assumé qui règnent dans les rangs de ses forces de police.



Ce roman entretient une part historique importante. Il permet de rappeler combien fût long et ardu le combat du peuple noir pour gagner leurs libertés dans une société qui les rejettent massivement. Le récit égraine donc des anecdotes tragiques sur le sort de citoyens de couleurs qui ont eu le malheur de croiser le chemin d'homme blancs gorgés de haine. La lecture en devient parfois difficile, non pas à cause du style de l'auteur, qui ne démérite pas, mais à cause de cette haine crasse qui cimente une grande partie de la société américaine à cette époque. Certains chapitres accordent leurs voix à des personnages qui n'hésitent pas à prononcer l'horrible mot en N à de multiples reprises. Le contexte historique et géographique justifie l'emploie d'un tel mot mais il n'empêche que j'ai eu parfois besoin de reposer le livre pour respirer un peu.



Pourtant que l'on ne s'y trompe pas ce roman est un excellent polar, l'intrigue est solide et rondement mené par un trio d'enquêteurs que rien n'arrête, ni les guet-apens de shérif sudistes, ni les anciens flics déchus. L'auteur possède un style journalistique qui permet de s'immerger dans une époque charnière mais oublié de l'histoire du peuple noir américain mais également du sud profond aussi difficile que ce soit à accepter pour certains.



L'auteur parvient également à nous attacher à ses personnages, notamment Boggs et Smith, aux caractères opposés mais complémentaires. Le personnage de l'inspecteur Rakestraw est plus classique mais il incarne une lueur d'espoir par rapport aux autres personnages masculins blancs qui sont de piètres représentants de l'espèce humaine. À noter que l'auteur fait de ce personnage le porte-parole d'un discours qui porte en lui les germes du communautarisme qui gangrène nos sociétés occidentales modernes. Les autres personnages du roman brosse un portrait peu élogieux de la société sudiste de l'époque et nous offre différents portraits d'hommes et de femmes qui composent, chacun à leurs manières, avec ce racisme ambiant qui imprègne la ville d'Atlanta à l'époque.



Le seul échec du livre ,selon moi, est le personnage de l'agent Dunlow. Vieux roublard alcoolique,engoncé dans sa haine. En voulant lui donner plus d'épaisseur par le biais d'une anecdote maladroite qui ne justifie en rien son comportement, l'auteur ne fait que le rendre encore plus misérable et méprisable.



Un roman important, tant il démontre que les luttes d'hier résonnent encore aujourd'hui dans le bruit des tirs qui fauchent encore des vies innocentes. Un roman qui rappelle que le chemin vers l'égalité est fait de sacrifices et d'injustices.
Lien : https://culturevsnews.com/
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