Elle regarda autour d'elle, curieuse de cet endroit dont elle ignorait tout. Employée modèle sans prétention, elle n'avait jamais eu aucune raison d'être convoquée dans le sacro-saint. Peut-être parce que le bureau, immense et calme, présentait un havre de paix, une bulle intemporelle et détachée du tumulte ambiant, elle l'apprécia tout de suite. Comble du luxe, plutôt que l'odeur âcre et irritante de la fumée des étages inférieurs, régnait celle de son thé au jasmin resté à infuser sur une tablette. Pas de diplôme tape-à-l'œil aux murs, ni d'œuvres d'arts clinquantes ou abstraites proclamant ses hauts revenus et son éducation raffinée. Charles Sirel avait misé toute sa décoration sur deux immenses photographies en noir et blanc, sur le mur principal, captées par l'objectif de deux grands photographes du 20ème siècle. Marilyn Monroe et Ingrid Bergman.
Mais dès que le directeur et son employée rescapée apparurent, il y eut un mouvement de foule, des cris de joie et des applaudissements. Les gens pleuraient de soulagement. Charles Sirel était le héros du jour. Il tint Emma étroitement contre lui aussi longtemps qu'il le put mais, lorsqu'il vit la marée de journalistes arriver droit sur lui, il la repoussa doucement vers un sauveteur pour l'écarter et la protéger de la vague. Le visage noirci de suie, en sueur, détrempé, blessé, toussant, il leur fit face. Il se retourna néanmoins une dernière fois pour s'assurer que la jeune femme était entre de bonnes mains. Elle se retourna aussi. Après ce qu'ils venaient de partager, ils ne seraient jamais plus un étranger l'un pour l'autre.
Diane n’était qu’un bref instant dans sa vie. Une étoile filante. Il finirait par l’oublier. Un jour, il ne repenserait même plus à cette matinée. Il faudrait juste du temps. Et ça tombait bien, du temps, il n’en avait que trop devant lui. Une éternité…
Diane était en feu. Dans sa tête, elle se rejouait la Révolution française. Une partie d’elle réclamait la tête de Keir Hanson sur un plateau. Tandis qu’une autre arguait que ce serait quand même dommage de séparer une si jolie tête d’un si joli corps.
Les pilleurs progressaient chaque nuit un peu plus de la demeure d'éternité. Tels des vautours affamés, une fois l'entrée de la tombe repérée, ils n'avaient plus lâché leur proie. Ils travaillaient d'arrache-pied, fouettés au sang par la fièvre de l'or. Elle le savait, elle vivait un siège dont elle sortirait perdante. Sa seule consolation tenait dans l'absolue certitude que l'âme de pharaon avait franchi les épreuves et ressuscité dans l'autre monde. Elle avait rempli son rôle et ne pouvait faire davantage.
« Devenu un être dur et implacable, le cœur fermé et l’âme vide, le roi finit par oublier que quelque part en ce monde, le destin d’une jeune femme était désormais lié au sien. »
Après mon départ, promets-moi de ne pas t’enfoncer dans la solitude. Lutte, bats-toi pour être heureux. Avec un tel caractère… Tu ne peux pas avoir dit ton dernier mot.
Vous avez de la chance d’être aimée par un dieu obscur c’est un amour unique par sa puissance. Un amour grisant qui fait de vous, la seule et l’unique. Votre existence est sur le point de changer à jamais, sorcière des chardons et des Bruyères, mais vous pouvez encore vous arrêter là. Je connais mon fils, il ne vous forcera pas. Vous aurez le choix que je n’ai pas eu. alors, écoutez-moi attentivement quand je vous dis : pensez bien votre décision.
Nous sommes les deux phases d’une même pièce. Je suis ton alter ego, l’autre, H. la plupart du temps, nous agissons raisonnablement, en Dieux obscurs, dépositaire des magie du monde souterrain. Mais, par moment, nous ne sommes plus que par passion. Si nous nous emballons, rien ne peut plus nous arrêter.
Il avait l’impression d’y laisser chaque fois un peu de lui-même. De partir en cendres, lui aussi.