Kingdom Come est une petite ville de Louisiane perdue dans le bayou, cette grande région marécageuse infestée de moustiques et d’alligators. Là (sur)vit une population hétéroclite en particulier grâce à l’unique entreprise de la ville gérée par Thomas, LE personnage influent de la région, et le seul à ne pas avoir sombré corps et âme dans l’alcoolisme, la drogue ou la sorcellerie. Pourtant lui aussi est affecté par un lourd passé, entre son père suicidé, sa mère disparue, sa grand-mère assassinée et ses trois frères siamois, reliés par les os du crâne, leur unique cerveau devant gérer trois personnalités différentes. Et puis il y a aussi cet enfant mort au coeur du marais, qu’il a découvert étant lui-même enfant, et dont il a laissé le meurtrier se faire dévorer par les alligators…
Un choeur d’enfants maudits est sans contestation possible un roman d’ambiance. Dans l’atmosphère moite du sud des Etats-Unis, Tom PICCIRILLI nous fait découvrir Kingdom Come par la voix de Thomas et de ses fantômes intérieurs. Entre la dégénérescence des habitants de la forêt de John Boorman dans Délivrance et les cauchemars éveillés de David Lynch dans la plupart de ses films, l’auteur dresse un portrait de son univers à la frontière entre le réel et l’irréel. Le réel c’est la misère et le pathétisme des habitants de Kingdom Come ; l’irréel ce sont les secrets enfouis et les non-dits permanents qui donnent au récit des allures d’oeuvre surréaliste et décalée.
Le roman n’est donc pas facile à lire puisque tout en symboliques et allégories. Si l’on veut malgré tout définir son intrigue ce serait celle d’une quête du passé de Thomas au travers de tous les évènements violents et douloureux qui ont marqué son existence. Quant à la morale de l’histoire, si l’on peut réellement parler de morale, c’est que la lutte contre ses obsessions est vaine, que l’on peut tout au mieux en comprendre les origines, mais qu’elles resteront à jamais enfouies dans son inconscient. A ce titre, qu’on le veuille ou non, elles seront transmises, de générations en générations, "par spasmes", et que l’attente d’une vie meilleure se perpétuera, à jamais (Kingdom Come…).
En plus de son atmosphère, Un choeur d’enfants maudits est donc une oeuvre marquante pour son propos. Celui-ci est certes pessimiste, mais il est rendu terriblement crédible par une prose dotée de grandes qualités littéraires. Dès les premières lignes on est plongé dans l’esprit de Thomas, et on ne le quitte plus jusqu’aux derniers mots. Quant aux nombreuses scènes violentes, physiquement ou psychologiquement, elles ne sont jamais gratuites et contribuent toutes au dessein de Tom PICCIRILLI.
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Une lecture mitigée.
J'ai tout de suite adoré la trame de ce roman. Un tueur d'enfant qui change du tout au tout et deviens une espèce de robin des bois qui prends des enfants maltraités pour les rendre aux familles qui ont soufferts à cause de lui. C'est original, c'est déroutant et j'ai tout suite été happée par cette intrigue.
Et puis il y a Eddie, un père de famille déterminé, prêt à tout et qui n'a plus rien à perdre. Son seul but, tuer celui qui lui a tout prit. J'ai été touché par ce personnage hors norme. Un homme tout à fait banal, qui va devenir un redoutable chasseur. Une résilience et un combat d'une vie pour obtenir vengeance. Oui ce personnage aux multiples facettes à su me séduire.
Ce roman est une vraie réussite, c'est fluide, c'est touchant, c'est prenant, mais il y a un énorme bémol... Comment font tous les personnages pour ne pas voir l'évidence ? Pour ne pas comprendre qui se cache derrière ce tueur d'enfant en pleine rédemption ? Par moment j'ai été agacée par l'aveuglement dont semble faire preuve autant les forces de l'ordre que Eddie. Tout est là et si une lectrice lambda comprends, nos personnages auraient du comprendre.
A cause de ce bémol, je me suis retrouvé dans une situation mitigée. D'autant plus que l'identité de KillJoy est aussi en demi teinte, pas tant par qui il est dans la vie normal, mais à cause de ses lettres totalement perchés que je n'ai pas compris.
En bref, je n'ai pas détesté, je n'ai pas non plus eu de coup de cœur. Une lecture qui passe mais qui ne restera pas dans les anals.
Belles lectures à tous.
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USA, Long Island. Les hommes de la famille Rand sont bien connus localement, leurs prénoms sont des races de chiens (Terrier, Malamute, Pinscher...eh oui..) et surtout des monte-en-l'air plutôt philosophes quand ils se prennent une râclée. C'est Terrier qui nous raconte son retour au bercail quelques jours avant que son frère ne soit exécuté pour meurtre. Tom Piccirilli, déjà auteur d'une vingtaine de romans, signe là une perle, un polar captivant. Difficile de ne pas succomber au charme du héro, qui sait la boucler, qui ne se démonte pas, protecteur qui ne montre rien, malin comme un singe, qui a de la ressource et à qui on ne la fait pas, qui nous offre des passages savoureux et jubilatoires. Le reste de la famille n'est pas en reste, vous ne serez pas déçu et vous aurez beaucoup de mal à refermer ce livre une fois mis le nez dedans. 462 pages: 3 jours. Un régal.
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Pour le moins étrange la famille Rand ! Tous sont des délinquants (sauf la mère) :pickpocket,tricheurs , cambrioleurs et pour clore le tableau ,ils ont comme prénoms des noms de race canine ! Ils sont normalement non-violents…en principe car Collier le fils ainé a , pour une raison non élucidée , massacré huit personnes .Terrier son cadet qui a quitté la famille est rappelé par lui ,à quelques jours de l’exécution ; il lui déclare que l’un des meurtres n’est pas de son fait et de trouver le coupable.Une intrigue complexe à souhait , une atmosphère pesante car chaque membre de cette étrange tribu se demande si la folie ne va pas le gagner à son tour. Picccrilli sait à merveille traduire les angoissantes relations entre tous les personnages . Très dérangeant.
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Après Les derniers mots, Tom Piccirili continue à nous séduire avec son écriture au cordeau et ses personnages écorchés qui nous font très vite oublier les quelques clichés de ce roman ! Malheureusement, nous ne suivrons plus cette fratrie marginale car cet auteur est mort en 2015, laissant derrière lui une bonne trentaine de romans policiers, fantastiques et d’horreur ainsi que ce diptyque. Même s’il s’agit d’un deuxième tome, on peut aisément lire et comprendre ce roman sans avoir lu Les Derniers mots. Tom Piccirilli est particulièrement doué pour brosser avec sensibilité le portrait de personnages plutôt torturés, mais finalement attachants. Par exemple, dans la famille Rand, chaque enfant porte le nom d’une race de chien, ce qui constitue une bizarrerie parmi d’autres… La figure maternelle apparaît ici de manière détournée grâce à l’irruption très curieuse de la famille Crowe restée en retrait pendant plus de trente ans. L’auteur parvient donc à nous emmener avec brio dans les méandres d’une famille qui se perd dans les bas-fonds, entre braquages et autres larcins. Un polar américain intense à découvrir pendant l’été !
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Très étrange, ce roman de Tom Piccirilli, « Un chœur d’enfants maudits », tellement étrange que je ne sais pas comment parler de l’histoire d’autant plus qu’elle remonte à plusieurs années maintenant.
Pour ce qui est de mon ressenti, c’est un peu flou depuis le temps mais j’avais cette sensation d’être dans un monde bien à part avec sa part de magie, la ville donne l’impression d’être sur un autre plan de par sa bizarrerie et celle de tous ses habitants sauf Thomas qui est le moins fantasque bien que quand même décalé. Le fait de vivre dans un endroit si étrange depuis sa naissance le rend certainement indifférent car rien n’a semblé vraiment le faire réagir, du moins c’est le souvenir que j’en ai après tout ce temps. Je ne dirais donc pas que j’ai adoré ma lecture, mais elle m’a quand même marquée, sûrement pour son ambiance et sa sorcellerie : ce doit être le charme de la Louisiane et du bayou qui ont fait effet. 😉
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Sentiments mitigés au terme de cette lecture atypique. L'idée est originale, l'ambiance de cette toute petite bourgade du fin fonds des USA alliée à cette atmosphère "Freak" m'a bien plu. Par contre, l'écriture un peu floue, passant fréquemment du coq à l'âne à perturbé mon plaisir de lecture....
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