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Citations de Tristan Saule (126)


Dans le quartier, il est difficile de passer inaperçu. On ne peut pas dire que les voisins soient des amis. Personne ne se parle. Personne n'invite l'autre à dîner ou à boire un verre. On ne se prête pas son matériel de jardinage. Pourtant, chacun sait qui habite les maisons alentour. On ne se connaît pas mais on se reconnaît. On a tous payé le même prix pour avoir le droit d'habiter là, dans cette zone pavillonnaire fraîchement sortie du sol, en périphérie du village, dans cet environnement plus vraiment urbain, au milieu des champs de céréales, mais pas encore rural, avec toutes les commodités de la grande ville — boulangerie, pharmacie, station-service — et le calme de grands jardins qui tiennent les routes et les indésirables à distance. Ici, on n'habite pas. On cohabite, de loin.

Page 12, Folio.
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Les moments vides de nos vies, on les remplit comme on peut. Ces téléphones qu'on emporte partout avec soi et qui contiennent des formes et des sons familiers sont là pour remplir ce vide. Même si c'est avec du vent, c'est un vent rassurant.

Pages 164-165, Folio.
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Ils sont tous comme ça, dit Mamie. Ça fait soixante ans queje nourris ton grand-père et quand il part le week-end à ses tournois de tarot, il me demande toujours si je vais pouvoir me débrouilIer sans lui. Il plaisante pas. Il est très sérieux. Il sait pas ouvrir une boîte de conserve et c'est lui qui s'inquiète. Heureusement qu'il y a les femmes de ses copains pour faire à manger dans ces tournois, sinon on les retrouverait tous morts de faim le lundi matin devant une montagne de nourriture en boîtes.

Page 150, Folio.
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Elle pense à Gaëlle, à son bonheur promotionnel, sa maison, sa voiture, ses habits, son visage. Une publicité vivante pour un mode de vie qui épouse la perfection consumériste. Gaëlle est une soldate, une prosélyte. Elle croit à cet idéal de pierre de Bourgogne comme une bolchevik à la dictature du prolétariat. C'est ce vers quoi tend son existence, son accomplissement. Elle est incapable de s'imaginer que tout pourrait s'écrouler en un instant.

Page 56, Folio.
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La lumière décline. Les oiseaux de jour croisent les oiseaux de nuit, indifférents les uns aux autres, deux faces d'une même pièce dans un quartier où personne n'a de leçon à donner à personne. Tu gagnes ta vie comme tu peux. Tu vends du shit ou tu es caissière chez Leader Price, c'est du pareil au même. La morale n'a pas de gosses à nourrir.

Page 75, Folio.
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Depuis qu'elle travaille à l'aide sociale, elle mesure à quel point la vie d'une grande partie de la population est fragile, suspendue. Pour les Gaëlle de ce pays, la pire des peurs, c'est de ne pas pouvoir partir en Corse l'été. Pour les gens qu'elle croise dans les salles d'attente du conseil départemental, il n'est même plus question de peur. Chaque jour est un espace dans lequel il faut survivre, un espace clos, sans horizon. Ça ne fait pas d'eux des anges. Certains sont des pauvres types abonnés à l'aide sociale et sans la moindre envie que ça change. Mais d'autres, comme Mohammed, à l'équilibre financier précaire, peuvent basculer du jour au lendemain dans la misère.

Pages 63-64, Folio.
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Mathilde longe des clôtures vertes et fleuries qui dissimulent de grands jardins et les murs éclatants d'une succession de maisons individuelles. Aucune d'elles, cependant, ne saurait être qualifiée de luxueuse, bien que leurs propriétaires fassent tout pour en donner l'illusion : portails en fer forgé, lions en plâtre qui montent la garde, dallage stylisé sur des perrons coiffés de petits toits en tuile noire. Au dix-neuvième siècle, ces gens n'auraient même pas existé. Pour entretenir de telles demeures, sans réfrigérateur, sans chauffage central, sans gaz de ville, sans électricité, il aurait fallu des domestiques qu'aucun de ces types n'aurait jamais pu se payer. Leur confort, leur sécurité, le gaspillage qu'ils peuvent se permettre, ils ne le doivent pas à leur brio ou à leur courage mais seulement à la loterie du progrès. Ce sont des misérables, des pauvres gens comme ceux des Hauts, de la place carrée et de Sainte-Té. La seule différence, c'est qu'eux n'en ont pas conscience. Parfois, il faut le leur rappeler.

Page 85, Folio
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Jusqu'à quel point la douleur de l'autre doit-elle s'élever pour qu'on oublie la sienne ?
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Pendant toutes ces années, Mohammed part tôt le matin et revient épuisé en fin d'après-midi. Le week-end, il travaille au noir pour des connaissances ou des clients qu'il a croisés sur ses chantiers de la semaine et qui voient l'occasion d'obtenir la même prestation à un tarif bien plus avantageux. Tant que les travaux sont modestes, les employeurs successifs de Mohammed ferment les yeux. Ils savent bien que leurs gars, surtout les Arabes, sont payés des clopinettes, alors ils préfèrent lâcher un peu de lest plutôt que de risquer de les perdre, ou pire, de devoir les augmenter.

Page 58, Folio.
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Même quand le deal s’est conclu à côté de la loi, il y a des règles. Et pour ceux qui les enfreignent, il y a une police. Sans gyrophare, sans badge, mais sacrément efficace. Cette police s’appelle la peur. Tu fais ce qui était convenu, ou alors tu vas avoir des ennuis. Tu paies ce que tu dois, ou alors, on sait où tu habites. Tu joues pas au con, ou bien méfie-toi de chaque coin d’ombre, parce que quelque chose pourrait t’y attendre.
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Rien ne semblait les rapprocher, plus de dix ans les séparent, et pourtant, leur rencontre a été une évidence, ici même, devant cette machine. Un bonjour, un sourire, une confidence qui dépasse le cadre des dossiers qu'elles traitent dans le service. Sophie avait besoin de parler. Mathilde avait besoin d'écouter. Les amitiés naissent souvent de la coïncidence de besoins égoïstes.
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Il y a une agrafeuse sur le bureau. C’est bien, une agrafeuse. Ça peut faire mal. Pas les agrafes, bien sûr. On s'en fout, des agrafes. Non, c'est l'agrafeuse elle-même qui est intéressante. Un bel objet en métal, petit et lourd, si on la jetait assez fort, au milieu de son front, ça ferait une bonne entrée en matière.

Incipit
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Les moments vides de nos vies, on les remplit comme on peut. Ces téléphones qu'on emporte partout avec soi et qui contiennent des formes et des sons familiers sont là pour remplir ce vide. Même si c'est du vent, c'est un vent rassurant.
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Dans le quartier, il est difficile de passer inaperçu. On ne peut pas dire que les voisins soient des amis. Personne ne se parle. Personne n’invite l’autre à dîner ou à boire un verre. On ne se prête pas son matériel de jardinage. Pourtant, chacun sait qui habite les maisons alentour. On ne se connaît pas mais on se reconnaît. On a tous payé le même prix pour avoir le droit d’habiter là, dans cette zone pavillonnaire fraîchement sortie du sol, en périphérie du village, dans cet environnement plus vraiment urbain, au milieu des champs de céréales, mais pas encore rural, avec toutes les commodités de la grande ville – boulangerie, pharmacie, station-service – et le calme de grands jardins qui tiennent les routes et les indésirables à distance. Ici, on n’habite pas. On cohabite, de loin.
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La lumière décline. Les oiseaux de jour croisent les oiseaux de nuit, indifférents les uns aux autres, deux faces d'une même pièce dans un quartier où personne n'a de leçon à donner à personne. Tu gagnes ta vie comme tu peux. Tu vends du shit ou tu es caissière chez Leader Price, c'est du pareil au même. La morale n'a pas de gosses à nourrir.
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Il ne l'embrasse plus. Il ne se blottit plus contre elle. C'est un grand garçon. Les grands garçons sont trop fiers pour faire des câlins à leur maman.
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La morale n’a pas de gosses à nourrir.
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Dans le quartier, il est difficile de passer inaperçu. On ne peut pas dire que les voisins soient des amis. Personne ne se parle. Personne n’invite l’autre à dîner ou à boire un verre. On ne se prête pas son matériel de jardinage. Pourtant, chacun sait qui habite les maisons alentour. On ne se connaît pas mais on se reconnaît. On a tous payé le même prix pour avoir le droit d’habiter là, dans cette zone pavillonnaire fraîchement sortie du sol, en périphérie du village, dans cet environnement plus vraiment urbain, au milieu des champs de céréales, mais pas encore rural, avec toutes les commodités de la grande ville – boulangerie, pharmacie, station-service – et le calme de grands jardins qui tiennent les routes et les indésirables à distance. Ici, on n’habite pas. On cohabite, de loin.
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Elle tremble.Mais puisqu'elle a la force de marcher, elle marche.Comme tous les jours. Quand les heures s'étirent et que les pendules s'arrêtent. Pendant douze ans, elle n'a eu aucune raison de mettre un pied devant l'autre, de supporter la gifle d'une journée de plus.Pourtant elle l'a fait. Elle a vu passer les heures. Elle a encaissé les coups. Alors elle marche. Comme tous les jours, avec la certitude que c'est nécessaire, bien qu'elle ne sache pas pourquoi.

( p.273 )
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Tout peut arriver. Si elle a appris une seule chose de toute sa vie, c’est bien celle-ci. Le pire sans aucun doute. Pourquoi pas le meilleur ? Ou l'inattendu ?
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