AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Tristan Saule (126)


La France est ce pays glorieux qui a aboli les privilèges en 1789 et qui, deux siècles plus tard, s’acharne à élire démocratiquement tous les descendants des aristocrates guillotinés.
Commenter  J’apprécie          10
Tonio plisse les yeux. Il est aveuglé par la lumière du soleil qui baigne l’appartement. Il n’a pas bougé d’un centimètre, toujours en boule sur le canapé. Il enfonce la tête sous les couvertures, essaie de se rendormir. Il n’a pas besoin de regarder son téléphone. Il sait exactement qu’elle heure il est. Sept heures trente. Peu importe l’heure à laquelle il se couche, il ouvre les yeux tous les matins à 7 h 30. Il aime raconter que c’est la seule chose qu’il garde de l’éducation de ses parents. Ses vrais parents. Les tarés. Ceux avec qui il a vécu jusqu’à l’âge de sept ans. À cette époque, s’il ne sortait pas du pieu à 7 h 30 pétantes, il se prenait un verre d’eau, une grolle, un coup de latte, parfois pire. Depuis, c’est comme ça, il se réveille à 7 h 30. Il réussit toujours à de rendormir mais il n’y a rien à faire, il sursaute à cette heure là. Bande de malades.
Commenter  J’apprécie          10
Les événements de ces derniers jours la rongent. Un cyclone tournoie derrière son visage minéral. Autour d’elle, dans les autres bureaux du bâtiment, dans les couloirs, les salles de réunions, ses collègues parlent des langues inconnues, se livrent à des rites hermétiques. Elle ne les a jamais vraiment compris, aucun d’eux, pas même Sophie. Elle a toujours eu la sensation d’être une étrangère dans un pays inconnu. Seulement, quand on reste si longtemps dans un pays, on finit par en connaître la langue, la culture. Avec elle, ça ne s’est pas produit. Elle est comme Veronica, la vieille polonaise du bâtiment C de la place carrée, qui ne parle toujours pas français des décennies après son arrivée ici. Comme elle, Mathilde a peut-être jugé dès le début que cet environnement ne méritait pas qu’on fasse l’effort de le comprendre. Ce boulot, ces gens, cette ville, et, à y réfléchir, tous ces boulots, tous les gens, toutes les villes qu’elle a traversées. Le monde entier.
Commenter  J’apprécie          10
Même quand le deal s’est conclu à côté de la loi, il y a des règles. Et pour ceux qui les enfreignent, il y a une police. Sans gyrophare, sans badge, mais sacrément efficace. Cette police s’appelle la peur. Tu fais ce qui était convenu, ou alors tu vas avoir des ennuis. Tu paies ce que tu dois, ou alors, on sait où tu habites. Tu joues pas au con, ou bien méfie-toi de chaque coin d’ombre, parce que quelque chose pourrait t’y attendre.
Commenter  J’apprécie          250
Dans le quartier, il est difficile de passer inaperçu. On ne peut pas dire que les voisins soient des amis. Personne ne se parle. Personne n’invite l’autre à dîner ou à boire un verre. On ne se prête pas son matériel de jardinage. Pourtant, chacun sait qui habite les maisons alentour. On ne se connaît pas mais on se reconnaît. On a tous payé le même prix pour avoir le droit d’habiter là, dans cette zone pavillonnaire fraîchement sortie du sol, en périphérie du village, dans cet environnement plus vraiment urbain, au milieu des champs de céréales, mais pas encore rural, avec toutes les commodités de la grande ville – boulangerie, pharmacie, station-service – et le calme de grands jardins qui tiennent les routes et les indésirables à distance. Ici, on n’habite pas. On cohabite, de loin.
Commenter  J’apprécie          200
Il ne l'embrasse plus. Il ne se blottit plus contre elle. C'est un grand garçon. Les grands garçons sont trop fiers pour faire des câlins à leur maman.
Commenter  J’apprécie          180
Il y a une agrafeuse sur le bureau. C’est bien, une agrafeuse. Ça peut faire mal. Pas les agrafes, bien sûr. On s'en fout, des agrafes. Non, c'est l'agrafeuse elle-même qui est intéressante. Un bel objet en métal, petit et lourd, si on la jetait assez fort, au milieu de son front, ça ferait une bonne entrée en matière.

Incipit
Commenter  J’apprécie          232
‶Elle fait son boulot. Elle a ses propres problèmes. Ses propres conneries, elle les assume. Elle en a tant à son actif qu’elle n’a plus de place pour assumer celles des autres. ″
Commenter  J’apprécie          00
Certains racontent que l’épidémie se propage bien plus vite qu’on ne l’imagine, que les personnes qui tombent malades ne représentent qu’un pourcentage infime des infectés. Loïc se demande si l’apparente absence de symptômes ne dissimule pas une modification profonde de l’organisme, de l’intellect. Dehors, derrière la fenêtre, derrière la porte, des millions de personnes changent. Elles sourient moins. Elles comprennent moins leurs proches. Elles ne s’en préoccupent plus. Elles les ignorent. Elles les méprisent. Elles ne les appellent plus. Comme Nini.
Commenter  J’apprécie          10
Elle était morte.Et puis elle a été plus que morte.Cette nuit,elle a été moins qu'un fantôme. Depuis douze ans ,elle traverse les cercles d'un au-delà monotone.Tout cela, pressent -elle ,est en train de changer .Ce sera ici ou ailleurs ,mais elle commence à croire qu'elle va vivre.
--Et sinon,tu vas t'occuper de ma maitresse maintenant? Celle du vendredi.Tu me dois bien ça.
Mathilde sourit.Ça lui fait mal.
Elle n 'à plus la force de parler,alors elle hoche la tête. Ça veut dire 《 peut-être 》.Ça veut dire 《 on verra》.Ça veut dire 《 merci》.(Page 281).
Commenter  J’apprécie          20
Elle termine son café, ferme la fenêtre et va s 'habiller dans sa chambre.Elle pense au judo.Elle ne sait pas quel niveau elle aurait maintenant ,après avoir arrêté aussi longtemps. Est-ce que son corps se souvient des prises qu'elle a répétées des milliers de fois ?Il y a un club ici.Les cours ont lieu dans un gymnase,à deux pas de la place carrée,en face de l ' hôpital. Elle l'a découvert par hasard sur le tableau d 'informations de la salle de musculation. Elle pourrait y aller ,juste une fois,pour vérifier si une femme de quarante - six ans ,ancienne ceinture noire a toujours des réflexes. On lui prêterait un judogi ,elle saluerait le tatami,s'avancerait vers un adversaire et deux minutes plus tard ,elle en aurait le coeur net.
Elle va se resservir un café. Elle sait qu'elle n'entrera plus jamais dans un dojo.(Page141).
Commenter  J’apprécie          10
VOILÀ PRESQUE dix minutes qu'elle tourne autour de la maison .C'est pas normal.
Elle est grande, large,robuste.De dos,on la confondrait avec un homme .Elle en a la musculature les cheveux courts et mal peigné.Quel âge à-t-elle ? Quarante ? Cinquante ans?
Elle porte le même genre de combinaison que celle des ouvriers ,des techniciens qui s'engouffrent dans les bouches d'égout pour des câbles, réparer des tuyaux,ouvrir ou couper l'eau.( Page 9).
Commenter  J’apprécie          40
Comme elle, Mathilde a peut-être jugé dès le début que cet environnement ne méritait pas qu'on fasse l'effort de le comprendre. Ce boulot, ces gens, cette ville, et, à y réfléchir, tous ses boulots, tous les gens, toutes les villes qu'elle a traversées. Le monde entier. Qu'il glisse sur elle,qu'il gesticule, qu'il baragouine dans son incompréhensible dialecte, elle a pu décider jadis que cela ne la concernerait pas.Qu'elle passerait sa vie à l'observer comme un tableau abstrait.

( p.201)
Commenter  J’apprécie          110
Elle tremble.Mais puisqu'elle a la force de marcher, elle marche.Comme tous les jours. Quand les heures s'étirent et que les pendules s'arrêtent. Pendant douze ans, elle n'a eu aucune raison de mettre un pied devant l'autre, de supporter la gifle d'une journée de plus.Pourtant elle l'a fait. Elle a vu passer les heures. Elle a encaissé les coups. Alors elle marche. Comme tous les jours, avec la certitude que c'est nécessaire, bien qu'elle ne sache pas pourquoi.

( p.273 )
Commenter  J’apprécie          160
Le petit garçon est toujours là, au même endroit .Pendant tout ce temps, il n'a pas bougé, seulement tremblé, comme on tremble quand on déborde de tant de courage.

( p.280)
Commenter  J’apprécie          50
Les moments vides de nos vies, on les remplit comme on peut.Ces téléphones qu'on emporte partout avec soi et qui contiennent des formes et des sons familiers sont là pour remplir ce vide.Même si c'est avec du vent, c'est un vent rassurant.
Mathilde n'a pas de téléphone.

( p.145)
Commenter  J’apprécie          120
Loïc a noté ça dans son carnet rouge.Il a noté qu'il aimerait savoir ce que les médecins peuvent certifier exactement, quelle est l'étendue de leur pouvoir de certification. Peuvent-ils certifier que Loïc a peur, qu'il est inquiet, qu'il est en colère et qu'il est triste ? Est-ce que ça irait mieux une fois tout cela inscrit sur un document officiel.

( p.25)
Commenter  J’apprécie          100
Aucune histoire n'est jamais la même, disait Ali, selon qu'on la raconte le matin ou le soir, devant deux ou deux cents personnes, dans le froid ou la canicule, à l'âge de trente ou de cinquante ans.Aucune histoire n'est jamais la même et, pourtant, celui qui l'écoute pourrait la raconter à son tour. C'est ce qu'a fait mon père, bien des années plus tard, quand il a eu des enfants, mes sœurs et moi, et qu'il nous a restitué ces contes, à sa manière, pour appuyer une réprimande, dispenser un conseil, illustrer une leçon. Le conte est l'école de ceux qui ne vont pas à l'école.

( p.57)
Commenter  J’apprécie          60
Ce n'est pas qu'il n'aimait pas son travail mais ça ne pourrait pas suffire. Il y a des métiers qui te décorent, qui te remplissent. Il y a des gens qui sont médecins, profs, policiers.Quand ils se présentent, les autres hochent la tête d'admiration. On comprend qu'ils sont importants, qu'ils servent à quelque chose. Ils sauvent des vies, ils protègent des personnes menacées, ils apprennent à lire aux enfants.Ça parle à tout le monde, ça. Pas besoin d'expliquer. Loïc, en revanche, quand il rencontrait quelqu'un et qu'on lui demandait ce qu'il faisait dans la vie, il commençait par répondre :" Je fais de la tôle ".c'était de l'humour.
Il s'amusait de la réaction de son interlocuteur puis il expliquait qu'il travaillait dans une usine de tôlerie fine.Et comme personne ne sait ce que c'est que la tôlerie fine, il se mettait à raconter qu'il manipulait des plieuses, des soudeuses par points, des poinçonnoises laser, dont les plus volumineuses occupaient une surface de deux cents mètres carrés, pour fabriquer toutes sortes de meubles et d'équipements en métal. À ce moment là , il voyait bien, dans son regard, que la personne en face de lui trouvait ça moins rigolo, qu'elle aurait préféré qu'il soit vraiment en prison, en permission, en liberté conditionnelle ou même en cavale.

( p.46)
Commenter  J’apprécie          90
Ce soir, l'enfant ne se dirige pas vers l'école. Il n'en revient pas non plus.Il est en mission. Rien ne pourra l'en détourner. Il galope entre les derniers camions qui partent pour les ports de Melilla ou de Rabat, chargés de zinc, de plomb ou de soufre, ces matières qui font la fortune de la ville, sans quoi elle n'existerait même pas, sortie de terre uniquement pour loger ceux qui allaient extraire du sol ces richesses. Ici, l'air a une odeur. Le métal y vole. On le respire. On le vit.On le respecte.

( p.10)
Commenter  J’apprécie          70



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Tristan Saule (270)Voir plus

Quiz Voir plus

Assassination classroom

Qui est Monsieur Koro

un extraterrestre
un élève

15 questions
117 lecteurs ont répondu
Thème : Assassination Classroom, tome 1 de Yusei MatsuiCréer un quiz sur cet auteur

{* *}