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Citations de Tristane Banon (36)


L'Eglise trouvera toujours le féminisme sur sa route, c'est ainsi qu'il s'est bâti, c'est ainsi qu'il a toujours lutté, c'est ainsi que le christianisme l'a détesté, que le judaïsme l'a redouté, et que l'islam devra le supporter.
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J'ai fait le vœu de silence, pourtant, je voudrais tant le voir, face à l'une de ces caméras qu'il chérit, me redire ses accusations droit dans les yeux. Je ne pensais pas qu'il serait si difficile de me taire, que les vautours mangeraient ma vie comme des charognes, transformeraient les contours de la vérité, la modèleraient selon leurs envies et leurs besoins, dès lors qu'ils ont compris que, même s'il fallait que je me ronge les doigts jusqu'au sang, je ne leur ferais pas la joie de me prêter à leur cirque ridicule. Les jugements ne doivent pas être rendus devant les caméras. Seuls les juges condamneront les coupables. Je sais que l'on peut se perdre à ce jeu-là, et je n'ai d'autre excuse, pour avoir parlé lors de ce dîner cathodique, que la volonté de me décharger auprès de ceux qui avaient le pouvoir de faire le travail à ma place, d'empêcher le bourreau de nuire en creusant ce que je me sentais incapable de dévoiler moi-même. C'était lâche, je le sais. Je n'ai pas honte de cette lâcheté-là, j'étais juste une jeune femme de vingt-sept ans qui voulait se reconstruire, sans pour autant laisser le crime impuni. Mon erreur a été de croire qu'il y avait peut-être des super-héros autour de la table, ou devant l'écran. Des super-héros pour combattre les forces du mal. Je me suis trompée.
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Mon téléphone sonne, ne fait que sonner, je vis dans le sas d'entrée d'un magasin. Le jour, la nuit, ça ne s'arrête pas. Les amis soutiennent, certains s'en vont, comme celui qui m'écrit, alors que je n'ai rien fait, rien dit : "Que ce soit vrai importe peu, faire ça est honteux, c'est une flèche plantée dans le dos de la gauche, tu n'en sortiras pas grandie"... L'ancien ami est journaliste. Il y a encore quelques jours, il déjeunait chez moi, s'asseyait sur ma chaise, caressait mon chien, appréciait un repas que je lui avais cuisiné. Alors quoi ? De quoi suis-je responsable ? Je me suis juré le silence, pourtant je l'appelle, je ne peux pas croire ce que je lis. Comme il ne répond pas, je laisse un message, m'insurge, faire " ça ", c'est faire quoi ? Rester terrée chez soi, un " chez-soi " qui n'est même pas chez moi ? Ne pas répondre aux sollicitations ? Se taire ? Refuser les interviews, les directs, les semi-directs, les différés, les enregistrés, les d'ici, les d'ailleurs, les du monde entier ? Faire " ça ", c'est faire quoi ? Ne rien faire, se faire toute petite, minuscule, une poussière ? Tu t'en fous de la poussière, comme de l'amitié que tu balayes au nom de la gauche qui souffre. Et moi ? As-tu pensé que je pouvais souffrir de tout ce cirque, que j'étais innocente ? Que je n'avais rien demandé, ni il y a huit ans, ni depuis deux semaines, pas même répondu que je ne voulais pas répondre, pas même confié un morceau de mot sur lequel un journaliste pourrait prendre appui pour écrire ? Faire " ça ", c'est faire quoi ? Exister ? Depuis le 15 mai, c'est la seule chose que j'ai tenté de continuer à faire. Vivre, ou plutôt survivre. Pardon.
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Au bas de mon immeuble à Boulogne, il y a déjà du monde. Un ami passe me prendre, je déménage. Je n'ai pas le choix. Je fuis, je pars me cacher, m'enterrer. Ma mère m'appelle, elle hurle dans mon répondeur, les journalistes sont chez elle, la suivent, l'attaquent de questions. Elle répond, ne fait que répondre, maman qui ne sait plus se taire. Je ne lui réponds pas, je ne réponds à personne.
Il me faut six heures pour trouver une nouvelle adresse. Je ne prends que mon sac, mon chien, ma peur et mon ordinateur. Je ne sais pas pourquoi l'ordinateur, peut-être parce que je n'ai pas d'homme auprès de moi pour m'accompagner. Ma cachette est petite, mais discrète. Flaubert s'adapte, compagnon de galère. Les journalistes ne savent pas encore cet endroit, les amis et maman non plus.
Ce dimanche n'en finit pas, c'est le dimanche le plus long du monde. Le train de David prend son temps, ma messagerie rend l'âme, je sens mon courage s'émietter. Déjà, la réalité me dépasse.
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Dans cette nouvelle vie, j'ai tout pris, tout aimé, rien rejetté.. sauf ma mère.
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Tu verras, bientôt tu ne sauras plus le vrai malheur et le mauvais rêve.
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Tristane Banon
Tant que celles qui se prévaudront du féminisme seront incapables de discernement et ne verront en la femme qu'une victime de toute éternité, et en l'homme qu'un éternel bourreau, et ce, fut-ce au mépris d'évidences, alors l'égalité que nous voulons tous sera dans une impasse.

Dans le journal "Le Soir" du 07 juin 2022.
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On ne rencontre jamais les gens par hasard. Ils sont placés sur notre chemin car on a quelque chose à vivre avec eux.
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𝒫𝓊𝒾𝓈𝓆𝓊𝑒 𝒿𝑒 𝓃𝑒 𝓅𝑒𝓊𝓍 𝓅𝒶𝓈 𝓅𝒶𝓇𝓁𝑒𝓇, 𝒿𝑒 𝓋𝒶𝒾𝓈 é𝒸𝓇𝒾𝓇𝑒
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Puis il y a eu l'accident, le trois tonnes qui percute mes certitudes, l'homme qui devient méchant. C'est celle d'après ça qu'ils appellent catin, celle qui apprendra à dissocier le corps de l'esprit, car c'est le seul moyen de s'en remettre, peut-être, de supporter en tout cas.
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Les jeunes ne pensent jamais à demain, instinct de survie, ils préfèrent oublier que leurs enfants auront peut-être des enfants, parce que alors il faudrait aussi penser au réchauffement climatique, au problème des retraites, à l’aggravation du chômage, et pas sûr qu’ils aient encore le courage de faire des bébés après ça.
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J’aime les premiers jours de l’été, ils sont une promesse, tout est à venir, les jolies choses sont devant nous. Le milieu de l’été me plaît bien moins, commence déjà à m’effrayer, j’entrevois la fin, le vent glacial et les arbres rouges en ligne de mire.
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Martin est moins doué pour les langues étrangères, il préfère le silence plutôt que le risque de décevoir, redoute tellement la peine qu’il pourrait faire qu’il repousse aux jours lointains le moment de parler.
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Je n’aime pas les cas où. La vie m’a toujours paru être une suite d’anticipations de cas où. On se marie en imaginant la possibilité d’un divorce, on se soigne en imaginant la possibilité d’une opération, on vit en imaginant la possibilité de la mort. Les cas où me font peur.
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J’ai lu sur Internet que la société concevait les femmes comme des êtres incomplets tandis que les hommes, eux, se suffisaient à eux-mêmes. J’essaie de comprendre cette affirmation. Une femme n’est considérée comme entière qu’avec des enfants, au moins un, et un amoureux quand ce n’est pas un mari. Sans quoi on la perçoit comme un être en devenir, en formation. Petite chenille deviendra papillon, peut-être. L’homme, lui, est d’emblée entier.
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Les couples se rencontrent comme les cocaïnomanes découvrent la came. Ils ne prennent à chaque shoot que le merveilleux et l’extraordinaire, vivent des expériences paranormales et pleurent toutes les larmes de leur corps au moment où s’estompent les effets des produits. Un jour, ils se réveillent sans vraiment comprendre ce qu’ils ont pu aimer chez cet être sans charme, accros malheureux, priant qu’on les sorte d’une addiction destructrice.
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(...) les débuts sont un espace-temps parallèle où les manies sont des mignonneries qui font sourire et les défauts des détails insignifiants.
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Elle m’assène qu'il y a suffisamment d’années prévues dans la vie pour être vieille, qu’elle en sait quelque chose, que je ne suis qu’une enfant inconsciente de sa chance.
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Être « patient », « interné » est sans doute ce qui rapproche le plus de l’état d’enfance.
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Je ne sais pas pourquoi je suis si pessimiste. Quand je vois le paysage apparaître et qu'il ne reste presque plus de pièces à y ajouter pour finir la boîte de mille cinq cents, quand j'ai passé des jours et des heures la nuque baissée pour reconstituer tous les bleus du ciel ou de la mer, alors je découvre toujours qu'il en manque un morceau, et ce morceau, c'est toujours le soleil, ou une étoile, ou autre chose d'aussi essentiel.
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