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Citations de Tsering Yangzom Lama (53)


Je me demandai pourquoi notre peuple n'avait que des moines et des nonnes, et non une armée.
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Pourtant, mieux vaut encore avoir une carte que de ne pas avoir de papiers du tout- ce qui est le lot des Tibétains nés au Népal après 1989.Notre camp abrite des dizaines d'enfants de ce genre.N'ayant été reconnus par aucun pays, ils sont considérés comme inexistants, alors qu'ils ont toute leur vie devant eux.Il ne leur reste plus qu'à chercher un moyen de faire des études, travailler, et rejoindre l'Occident, où ils parviendront peut-être un jour à devenir des citoyens de plein droit.

( p.161)
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« J'ai vu le Saint sans nom qui a disparu, dis-je. J'ai vu le ku de notrez camp ».
Ma tante répète ces mots essayant d'en discerner le sens.
Je m'agenouille sur son matelas, plante mes yeux dans les siens.
« Je sais que ça parait incroyable, dis-je.
Le ku a disparu il y a des années.
_ J'ai eu du mal à y croire aussi.
_ Tu n'es pas sérieuse.»
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Ama était une oracle. Ma mère en prit tardivement conscience, quand elle cessa de saigner tous les mois et qu'un autre phénomène s'éveille en elle. Certains au village appelaient cela une maladie. Ils disaient que son esprit était fêlé, offrant un passage à des esprits prêts à la consumer. Ama soutenait pourtant que c'était une bénédiction de prêter son corps aux dieux pour leur permettre de s'exprimer à travers elle. Avec le temps, tout le monde finirait par l'écouter, et les paroles d'une femme relativement ordinaire nous guideraient pendant les troubles à venir.
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Passer sa vie à tourner autour d'un endroit où l'on ne peut pas entrer est une chose. C'en est une autre d'être obligé d'abandonner tout ce que l'on a connu, projeté vers un abîme, sur cette terre rocailleuse qui s'effrite et se désagrège sous nos pieds comme pour nous indiquer qu'ici, même le son est instable. Où as tu trouvé la force, Ama?
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Notre camp fait du bruit sous la pluie: nous n'avons pas de pays, mais nous avons un son.
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Ma tante guérirait-elle si je parvenais à faire de nous des femmes riches, aisées ? Ou si devenions de vraies canadiennes, avec des passeports bleu marine gaufrés?
Je n'avais pas tardé à me rendre compte qu'aucune démarche administrative ne suffirait à nous donner l'impression d'être à notre place ici.
Notre différence se lisait dans nos corps, pas seulement dans nos cheveux noirs et notre peau brune, mais aussi dans notre posture, le rythme lent et inhabituel de nos pas.

( p.139)
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Pokhara, Népal
Été 1962

(...) Quand j'atteins les bananiers, je découvre avec stupéfaction que chacune de leurs feuilles est aussi grande qu'un homme.Marchant entre les troncs, caressant leur duvet rêche tandis que le vent soulève et secoue les feuilles, j'ai l'impression d'être entourée de personnes réincarnées.Certaines se penchent vers le sol d'un air endeuillé. D'autres se tendent loin au-dessus de moi, comme prêtes à s'envoler.Qu'est-ce qu'Ama et Pala diraient s'ils pouvaient voir ces êtres étranges !

( p.66)
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Shumo écoute-moi, J'ai vu les documents de l'entreprise qui leur a vendu la statue. C'est une société népalaise, qui utilise un nœud sans fin comme logo. Ce sont ces gens qui ont volé la statue au camp, Shumo. Nous n'avons plus qu'à découvrir quelle entrepr...
- Un nœud sans fin ?
- Oui, tu les connais ?
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Nous sommes des réfugiés. Nous avons obtenu l'asile. L'Etat chinois s'est emparé de notre pays et a massacré notre peuple -1,2 million de personnes. Nos preuves d'identité sont dérisoires - de simples bouts de papier plastifiés, pas de passeports en cuir gaufré comme les vôtres -, et la plupart des nations ne les acceptent pas. Nous vous prions de ne pas vous arrêter à notre déchéance actuelle. Vous auriez dû nous voir avant l'invasion, quand notre pays avait des rois, des dieux, et une histoire ininterrompue depuis des temps immémoriaux.
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Dolma

1
Toronto, Canada
2012


Partout dans l'air planait le sentiment
distinct que notre coin de la ville ne faisait pas partie du monde occidental- pas celui que nous avions imaginé autrefois, ni celui que nous décririons à nos parents dans le camp. Certains désignent cet endroit sous le nom triomphant de " Little Tibet".Pour moi, c'est le camp reconstruit. Une copie d"une copie de notre patrie. Une halte temporaire de plus, dans un voyage qui n'en finit jamais.

( p.139)
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Malgré tout, je n'arrive pas à me défaire de l'idée que cette conversation futile entre spécialistes du Tibet importe peu. Le monde nous a oubliés. Pour la plupart des gens, nous ne comptons pas. Comment, sinon, pourraient-ils s'échanger nos dieux à la manière de possessions, les exposer dans l'enceinte stérile de musées et de collections privées, comme si nous avions disparu depuis longtemps ?
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-[...] Ce que je sais, c’est que la survie est un jeu répugnant, et nos objets sont la seule chose que le monde estime réellement chez notre peuple. Nos objets et nos idées. Mais pas nous, et pas nos vies. Que l’on reste ici encore deux cents ans ou qu’on disparaisse de la surface de la Terre, personne ne s’en soucie vraiment.
- Les gens apprécient la beauté de notre culture, dis-je. Mais pas notre souffrance. Personne ne veut la mettre dans une vitrine. Personne ne veut se l’approprier.
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(...) " Qui êtes-vous ?" Nous sommes des réfugiés. Nous avons obtenu l'asile.L'État chinois s'est emparé de notre pays et a massacré notre peuple- 1,2 million de personnes. Nos preuves d'identité sont dérisoires- de simples bouts de papier plastifiés, pas de passeports en cuir gaufré comme les vôtres-, et la plupart des nations ne les acceptent pas.Nous vous prions de ne pas vous arrêter à notre déchéance actuelle. Vous auriez dû nous voir avant l'invasion, quand notre pays avait des rois, des dieux, et une histoire ininterrompue depuis des temps immémoriaux.

( p.358 )
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Je repense aux sacs dans mon placard, remplis de cadeaux pour ma sœur.Des cols roulés, des mocassins, des doudounes, tellement de chaussettes.Une centaine d' heures passées à explorer les magasins, levant chaque article devant moi, essayant de prédire la réaction de ma sœur.Je rêvais de la faire venir dans ce pays.Je rêvais de rentrer.Pendant ce temps, les cadeaux se sont accumulés. De petites touches de réconfort personnel, pendant que j'attendais d'avoir les moyens de la tirer vers moi.

( p.368)
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Pokhara, Népal

Camp de réfugiés tibétains (...)Automne 1962

Je regarde les personnes assises autour du feu.Nous avons tous l'air si sales et fatigués. Comme de vieux drapeaux de prière accrochés à flanc de colline, nos corps ont perdu leurs couleurs après tant de jours difficiles.Quel effet la paix aura-t-elle sur nous ? Nous remettrait-elle à neuf ?
Nous raccommoderait-elle ?

( p.91)
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(...) Il me regarde et laissant son chagrin briller dans ses yeux, il reprend : "Pour l'instant, nous devons partir. Mais nous continuerons à tourner autour de cette terre, dans cette vie et la suivante. C'est notre douleur et notre espoir."
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Mais comment peut on acheter quoi que ce soit de manière légitime au
Tibet ? Les gens n' ont aucun contrôle sur les politiques mises en place, et encore moins sur les objets inestimables qui leur appartiennent.

( p.191)
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Quelque chose a changé, cependant. Avec la résurgence de ce souvenir, j'ai découvert un chemin. Un ruisseau menant à un océan de souvenirs. Oui, un chemin m'apparaît maintenant; et je sais qui a manié la hache pour ouvrir cette brèche. Ce ne peut être que le Saint Sans Nom: il a traversé l'océan, et nous a retrouvés.
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Pokhara, Népal
Été 1962

(...) Nous nous installons tous les trois par terre.Je remarque que Gen Lobsang est en train de construire un fourneau en argile dans un coin.Ayant été moine, il sait sûrement cuisiner.Tout le monde est tenu de participer à la préparation des repas dans un monastère. Les moines doivent aussi apprendre à lire, écrire de la poésie, jouer de la musique, danser le cham, faire leur propre lessive, et prier pour la libération de tous les êtres doués de sens.Voilà pourquoi Gen Lobsang est l'homme le plus instruit ici.


( p.73 )
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