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Citations de Tsutomu Minakami (11)


Une calotte de brume recouvrait le mont Kinugasa et les pins frêles accrochés à ses flancs. Les pentes douces de ses premiers contreforts composaient à présent un paysage de forêts au feuillage très clairsemé, laissant voir des érables rouges qui se découpaient sur le sol ocre de la montagne.
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"Kisaemon, artisan du bambou", disait son épitaphe, sur la stèle qui fut érigée en décembre alors que la neige tombait en flocons légers et abondants.
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[...] ... Le huit novembre, survinrent des événements inattendus, à l'intérieur comme à l'extérieur du Kohôan. Jikai n'était pas rentré : Satoko, prise d'un violent mal de tête, jetait sur Jinen des regards furieux et se mit à le harceler. Jikai, jusque là, était toujours rentré - même tard. En visite chez ses paroissiens, éventuellement invité à boire, il était chaque fois revenu avant deux heures. Quand il devait dormir à l'extérieur, il avait sans faute prévenu dès le début. Aussi eut-elle le sentiment que, s'il n'était pas rentré, c'est qu'il s'était passé quelque chose. Mais en cas d'accident, le responsable du Genkô-ji aurait sans doute prévenu. Jikai buvait beaucoup : s'il avait été quelque part victime d'une attaque cérébrale, un hôpital ou bien les gens qui l'auraient trouvé auraient certainement fait signe. Il était midi, et il n'y avait toujours pas de nouvelles.

- "Jinen, que t'a dit le maître avant de sortir ?" demanda-t-elle sur un ton dur.

- Eh bien ... il m'a fait venir dans la salle principale et m'a parlé du séminaire dans lequel j'irais.

- Et quand ?

- Euh ... juste avant que j'aille officier chez les Hisama.

- Il t'a parlé du séminaire : bon. Et à part ça ?

- Quand on devient moine itinérant, il y a ce qu'on appelle les "journées d'ascèse" (il s'agit d'une étape par laquelle doivent passer les moines, et consistant à rester assis, et à jeûner). Il m'a dit : "Tu resteras assis jusqu'à ce qu'on t'ouvre la porte !"

Etranges paroles, que celles de Jikai ! Satoko se souvenait de l'avoir entendu évoquer, avant de s'endormir, la vie des futurs moines, astreints à l'ascèse d'une existence itinérante.

- "C'est tout ?

- Il m'a indiqué le nom bouddhique de M. Hisama.

- Et puis ?

- Il m'a dit : "Lis le Daihishin-darani et le Segaki. Ensuite, ça ira avec le Fumonbon du Kannon-kyô, que tu as copié dans ton cahier." Et à deux heures, je suis sorti : alors, ce qui s'est passé ensuite ... je n'en sais rien !"

Jinen la regarda de ses yeux étrangement brillants, que surplombait un front proéminent. Satoko fut troublée par ce regard : elle se sentait comme une cible. La veille, après son départ, Jikai l'avait déshabillée pour jouir d'elle. Elle se demanda si Jinen n'avait pas assisté à la scène. ... [...]
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Ce jour-là Jikai Kitami avait quitté le Kohôan pour toujours. Ce qu'il avait vu en dernier dans le temple, c'était Satoko. Il avait couché avec elle, puis avait pris ses vêtements dans son armoire : et Satoko était restée simplement à le regarder, par-derrière, entrain de s'habiller.
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Ce jour-là, le ciel était nuageux et le vent soufflait.
Une calotte de brume recouvrait le mont Kinugasa et les pins frêles accrochés à ses flancs. Les pentes douces de ses premiers contreforts composaient à présent un paysage de forêts au feuillage très clairsemé, laisant voir des érables rouges qui se découpaient sur le sol ocre de la montagne. A côté du grand portail du Kohôan se trouvait une entrée latérale, barrée d'une chaine de fer. Satoko entra, faisant résonner ses sandales sur le sol ; et le bruit de la chaîne rompit le silence.
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renoncez à ses cheveux c'est renoncer à ses désirs ! Voilà pourquoi les moines se font tondre - et vous le savez bien !
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[...] ... Les bambouseraies de Takekami prenaient, sous le couchant, des teintes orangées. Cette vision, pour Tamae, ne fit plus qu'une avec l'image du ciel, déployé comme une éventail au-dessus de la rivière qui réfléchissait le Daigo.

Une voix se fit entendre.

- "Eh ! Ca va mieux ?"

C'était le batelier à la mine bienveillante ; il approchait son visage de celui de Tamae en lui souriant.

A un moment donné, le bateau avait quitté le cours principal pour se réfugier dans une anse tranquille, à l'abri des vagues. Tamae sentit un vent froid lui caresser le bas du vêtement : elle revint à elle.

- "Ca va mieux ? Eh ! bien, heureusement !" faisait la voix bienveillante du batelier. "C'était une fausse couche. Ton enfant,tu l'as perdu. Regarde un peu comme elle est pure, l'eau de la rivière ! Et regarde : c'est là que tu étais assise !"

Le batelier, une écope à la main, arrosait plusieurs fois de suite le fond du bateau et jetait l'eau sale à la rivière. Du sang déjà coagulé s'était déposé sur la paroi, dans le fond de l'embarcation. Avec un bambou garni de paille en faisceaux, il balayait. Ses mains étaient éclaboussées d'un sang à l'odeur âcre.

- "L'enfant, je l'ai jeté à la rivière ! Il n'y a personne à blâmer ! L'enfant n'avait pas sa place sur la terre ! Et maintenant : tu retournes à Chûshojima ?

- ...

- L'enfant n'avait pas sa place ici. Tu vas reprendre le travail, pas vrai ?" ... [...]
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[...] ... - "C'est une poupée de bambou - l'oeuvre de votre père. Un cadeau qu'il m'a fait," dit Tamae avec chaleur. "Oui : il me l'a donnée ; c'était l'année de mon arrivée ici. Il y a dix ans de cela, vous étiez encore tout jeune : habillé en petit garçon ! et vous vous cachiez derrière votre papa ! Il vous achetait des bonbons, et vous trottiez partout ! Votre père était plein d'égards pour moi ! Et c'est pour moi, exprès, qu'il a fait cette poupée !"

Kisuke regardait dans la boîte en verre ; et tout à coup, son regard se figea. Il y eut une lueur étrange dans ses yeux immobiles.

Il n'avait jamais vu de poupée comme celle-là. Il ouvrit le couvercle. Il prit dans ses mains cette poupée, qui devait mesurer environ un pied. Un magnifique travail. Une courtisane de l'époque Edo sans doute - mais Kisuke, lui, ne pouvait pas le savoir ... Les cheveux étaient ramassés derrière la tête en chignon et ornés d'un peigne en laque aux motifs dorés ; le vêtement imitait un vêtement de chanvre. Les taches que la nature avait semées à la surface du bambou étaient utilisés pour représenter les ornements et les motifs du kimono, et les sandales à triple talon étaient aussi en bambou. Tout - jusqu'au grand obi, noué par devant - était en écorce de bambou. Le dos était en bois de bambou frêle, fendu. On discernait également les jointures, mises là où il le fallait avec un zèle minutieux.

C'était la première fois qu'il voyait une poupée de bambou aussi travaillée."
- "Votre père ... par un jour d'hiver ... m'avait fait cadeau de cette poupée ! Il était venu exprès pour ça !"

Ainsi, une oeuvre de son père avait survécu ici. Et tout cela grâce à Tamae, si religieusement attachée à la conserver ! Kisuke restait confondu devant le talent de créateur déployé par son père qui, avec de l'écorce de bambou, avait su faire de pareils vêtements ! En voyant quels soins son père avait apportés aux moindres détails de cette poupée, Kisuke était suffoqué d'admiration. ... [...]
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"Chûbei haletait, la femme enceinte, toute tremblante, écarta les cuisses; il sembla que se dégageait l'odeur du foetus quec e corps abritait. Chûbei, s'abandonnant à son violent désir et ne cessant de haleter, était monté sur le ventre de Tamae, aux formes arrondies."
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[...] ... elle ne parvenait pas à se faire au petit moine : Jinen. Pour parler franc, elle ne l'aimait pas, mais sans qu'elle eût pu dire pourquoi. D'abord, il avait une grosse tête sur un petit corps : ses proportions faisaient croire à quelque anomalie. Son caractère contredisait cette impression : il avait une certaine candeur, un côté «enfant bien sage». Mais Satoko ne pouvait pas supporter son air sinistre.
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[...] ... L'emploi du temps de Jinen était le suivant. Lever à cinq heures, toilette, office matinal et préparation du repas. Une fois ces activités achevées, il disposait sur le sol de la cuisine un tapis de paille pour le petit déjeuner. Puis, à huit heures et demie, il sortait du temple, et, par un petit chemin, prenait la direction de Kuramaguchi. Passant par la rue Sembon, il se rendait à l'école de Murasakino, dans le voisinage-ouest du Daitoku-ji, sur l'avenue Kitaôji. Les temples zen, autrefois, avaient eu la gestion de cet établissement, qui portait alors le nom de Hannyarin. Mais par la suite, les lois scolaires en avaient fait une école secondaire, dont les programmes comprenaient des exercices de préparation militaire. Uniforme et jambières constituaient donc l'attirail obligatoire des élèves. Toutefois, en sa qualité d'ancien établissement religieux, cette école avait un emploi du temps conçu de manière à convenir à la vie des novices, pris comme ils pouvaient l'être par les activités de leur temple. Les cours n'occupaient que la matinée. Jinen, après les cours, se hâtait de prendre le chemin du Kinugasa pour rentrer. Il arrivait à une heure et déjeunait. A partir de deux heures, il se consacrait aux tâches matérielles, c'est-à-dire aux travaux d'entretien. Selon les cas, il lui fallait couper du bois, enlever les mauvaises herbes du jardin, nettoyer les immondices dans les lieux d'aisance. Ces tâches ne prenaient fin qu'au coucher du soleil. A six heures, il revenait dans la partie résidentielle, et préparait le dîner, lequel se terminait à huit heures. Ensuite, il se consacrait à recopier des textes sacrés, et se couchait à dix heures. Au spectacle de la vie qu'il menait, Satoko ne pouvait s'empêcher de penser combien le noviciat était chose pénible. ... [...]
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