Citations de Vincent Mottez (38)
La volonté peut déplacer des montagnes.
Quand on veut, on peut et quand on peut, on doit.
C'est le son jubilatoire de la France qui refuse de mourir.
L’automne porte un vent de mauvaises nouvelles qui font vaciller mes espoirs. Une Bretonne nommée Piéronne a pris publiquement fait et cause pour moi. Cela déplut tant aux Anglais qu’ils la brûlèrent vive sur le parvis de Notre-Dame de Paris. Que Dieu ait son âme. Les requêtes des Anglais se font de plus en plus pressantes. Les louanges font place aux menaces par l’entremise d’un triste sire, monseigneur Cauchon, l’évêque de Beauvais, tout acquis à la cause des Godons, qui agit au mauvais prétexte que je fus capturée sur les terres de son diocèse, quoique française. Quand ma protectrice, la vieille comtesse Jeanne, trépasse le 20 novembre, tout s’accélère. Je suis vendue le jour même aux Anglais.
Au-delà du régime, au fond, ce que je cherche avant tout, c'est la grandeur : ce qui est grand est toujours beau. Le pouvoir, c'est d'abord les apparences du pouvoir. Il me faut un costume à ma mesure. Une couronne impériale est une nécessité impérieuse. Cette couronne n'est pas tombée du ciel, la France l'avait laissée en chemin. Je l'ai trouvée dans le ruisseau, j'ai essuyé la boue qui la couvrait et je l'ai mise sur ma tête. Je ne suis pas né empereur, je le suis devenu. (P.67)
Les hommes ne sont sensibles qu'à la flatterie ou à la menace.
Le fort des Tourelles vient de tomber. Orléans est délivré. Ce grand siège qui durait depuis sept mois, j’y ai mis fin en sept jours. J’entre dans la ville par la grande porte, accueillie par des cris de liesse. Des fleurs pleuvent des fenêtres. On court aux églises qui carillonnent à tout rompre. C’est le son jubilatoire de la France qui refuse de mourir.
Seule une pensée ardente pour ma chère Corse réchauffe mon cœur d'enfant solitaire et ombrageux. Mes condisciples raillent ma ferveur patriotique pour cette île, barbare à leurs yeux. Infatués de leur nom, ces fils de grandes familles ou de nobliaux se gaussent de mes origines et de mon accent. Je prononce encore mon prénom 'Napoulioné', ce qui me vaut le sobriquet de 'la paille au nez'. Moi le boursier pauvre, moi l'étranger ! Maîtres et élèves me détestent cordialement, et je le leur rends bien, me repliant sur moi-même, pur et dur, capable, déjà, seul contre tous, de rendre coup pour coup. (P.21)
Je ne pense pas qu'après ma chute et la disparition de mon système, il y ait en Europe d'autre grand équilibre possible que l'agglomération et la confédération de grands peuples. Tout cela, je ne le verrai pas.
Je retrouve le dauphin et la cour du château de Sully. Les éloges pleuvent sur mes épaules mais c’est du Roi du ciel qu’il convient de rendre grâce. Le dauphin veut me récompenser pour ce bouquet de victoires. Il m’offre de prendre pour armoiries les lys de France, la couronne et l’épée. Je n’en ferai pourtant jamais usage, car cet insigne honneur passerait pour de la vanité. Je préfère de loin les armes célestes brodées sur ma bannière. Ma plus grande récompense serait de prendre sans tarder le chemin de Reims afin que Charles reçoive enfin la sainte onction et sa royale couronne.
Certains disent qu’il serait folie de confier une armée à une fillette déguisé en homme. […]. Seule la noble reine Yolande d’Aragon semble vraiment soucieuse des intérêts du royaume et penche en ma faveur. Quelle dame ! Grâce à Dieu, le dauphin l’écoute et se rallie bien souvent à son opinion. L’arrivée à la cour de son cousin, le beau duc d’Alençon, me met le cœur en joie. Car lui aussi brûle d’en découdre avec les Godons qui l’ont tenu en captivité trois années durant et dépossédé de ses terres normandes. […]. On me demande pourquoi Messire Dieu, tout puissant qu’Il est, ne boute pas Lui-même les Anglais hors du royaume si telle est Sa volonté. « En nom Dieu, les hommes d’arme batailleront et Dieu donnera la victoire ! » assuré-je, comme mes Voix me l’ont enseigné. Eux aussi exigent un signe. Le signe, ils le verront bien quand on me conduira à orléans ! pas avant.
1431
Bûcher
Neuf heures sonnent aux clochers des églises de Rouen lorsque l'on fait sortir Jeanne d'Arc de sa prison, vêtue d'un grand habit de drap soufré et coiffée d'une mitre d'infamie. Escortée d'hommes en armes, elle est conduite jusqu'à la place du Vieux-Marché, dernière étape de son calvaire. La foule est compacte, les habitants sont massés aux fenêtres et jusque sur les toits. Plusieurs centaines de soldats anglais cernent la place, où trois échafauds sont dressés : le premier pour les juges, au centre desquels siège l'évêque Canchon; le deuxième pour des hauts prélats et des dignitaires anglais, dont le cardinal Winchester, le comte de Warwick ou le duc de Bedford; le troisième, d'une effrayante hauteur, en maçonnerie couverte de fagots, pour Jeanne. À sa vue, elle ne peut contenir ses larmes et s'adresse à la foule qui se laisse émouvoir.
J'ai pris goût aux victoires. Non pas à la guerre - à dieu ne plaise ! - car on ne saurait se repaître du sang versé, même de celui de l'ennemi.
(p 94)
J'ai vu nombre d'explosions de près sur les champs de bataille, mais celle qui vous surprend au coin de la rue et au milieu des badauds donne une vision de l'enfer.
Mais le peuple est le même partout. Quand on dore ses fers, il ne hait point la servitude.
L'avenir d'un enfant n'est-il pas l'oeuvre de sa mère ? Enceinte de moi, elle avait déclaré : 'Il sera le vengeur de la Corse'. Pouvait-elle s'imaginer que mon destin serait de dominer l'Europe entière ? (P.16)
Il faut toujours se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille.
J'ai tant de fois bravé la mort.
Elle n'a jamais voulu de moi.
Elle rode et, bientôt, elle viendra.
Je ne la crains pas.
Je dois errer encore dans les limbes de l'exil.
Mais j'ai mes souvenirs comme trésor...
Voilà ce que j'aimerais que vous reteniez de ma courte vie : lorsque tout semble perdu, c'est par un moyen inattendu que vient le salut.
Les premières fois ont toujours une saveur particulière.