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Citations de Vincent Tassy (92)


Devenir immortel, est-ce une inévitable condamnation au désespoir? Ou n'est-ce que notre immortalité, celle qui émane de moi et que j'ai inoculé à mes Vermines, qui détient l'abject pouvoir de détruire notre âme?
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J'étais né pour contempler, plus que tout autre chose.
Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi les beautés les plus ténébreuses étaient pour moi les plus attirantes. Peut-être le goût du mystère, du voile et de la profondeur. L'obscurité protège de la vérité. De tout ce qu'on ne veut pas savoir. Elle est folle et imprévisible, mais secrète, silencieuse; belle comme une mer de diamants noirs.
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La beauté m'attire comme les cadavres la vermine.
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Au fil de ma flânerie, au hasard de chemins qui n'en étaient pas, je vis des fleurs énormes ou minuscules qui brillaient doucement dans l'ombre, comme des vers luisants; des étincelles que les feuilles tombantes emportaient dans leur chute; des ruisseaux plus effilés que des serpents, caressés par les lueurs opalines d'un astre singulier. Des couleurs précieuses et voilées, des bleu nuit, des nacres vaporeuses, des abyssines et des fuligineuses, tissaient un lien charnel avec la chevelure cinabrine de la Sylve, offrant un nouveau sens à ce mot, féerie, que je croyais si bien connaître.
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Mais une âme qui ne parvient pas à quitter notre monde, c’est une âme affligée, une âme qui se condamne à souffrir pour toujours, une âme qui demeure prisonnière de sa tristesse.
Une âme alors, qui se venge sur les vivants. Qui les tourmente, leur impose ses plus affreux souvenirs, parfois tente de les emporter avec elle dans la mort.
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Les fantômes sont des esprits malades qui déambulent à l’infini dans les lieux où ils ont souffert. Et ils se condamnent à revivre encore et encore ce qui les a détruits.
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Sibylle n’aimait pas les poupées. Du moins, celles qui étaient fraîches, colorées, toutes guillerettes, lumineuses comme des matins d’été ; en un mot, niaises. Depuis toute petite, elle les préférait cassées, blessées, décapées, amoindries et laides. Ces poupées-là, avaient bien plus d’histoires à raconter. Et ces poupées-là avaient besoin de quelqu’un pour les recueillir, car personne d’autre n’aurait voulu d’elles.
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- Le château, il est très ancien ?
[...]
- Oui, c’est une grande bâtisse du XVIIIe siècle. On appelle ça une « folie ». Les riches aristocrates s’en faisaient construire à la campagne et venaient s’y amuser de temps en temps, faire des « folies », d’où le nom. En gros, c’est un petit château de vacances.
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Adriel. Ton baiser. C’est par ton baiser que la nuit est venue en moi. Ton baiser me protège du néant de leurs bouches.
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Et tout le temps rêver de celui qu’il avait perdu.
Lui, lui, lui, toujours lui dans les rêves, les songes, toujours lui quand il regardait le ciel, la nuit, toujours lui, lui dont il avait oublié le visage, son visage il le réinventait chaque fois, il se souvenait juste de ses cheveux, de ses cheveux impossibles, et de sa pâleur, c’était ce qui restait de lui , ses cheveux, sa pâleur, et il rêvait de lui, et quand il ne rêvait pas de lui c’était tout comme, c’était rêver de lui aussi, de l’oublier, un seul instant, c’était encore envahir sa mémoire de sa présence, oui, c’était pour ça qu’il continuait à vivre, qu’il n’allait pas au soleil, alors qu’il n’avait jamais rien fait, rien, de tout ce temps qu’il avait, c’était pour ça qu’il restait, pour cette grâce immense que c’était, rêver de lui, ce gouffre de désir.
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C’était plus beau, pensait Rachel, d’être fragile dans un monde où il fallait être fort. Plus beau d’être la lune plutôt que le soleil. Préférer la chlorose à l’éclat, aimer les fleurs qui s’effritent dans un vase où il n’y a plus d’eau, la langueur des sonates, les rideaux fermés.
Renier le corps. Aller contre lui. L’anémier.
Et dans le cœur, intérieur nuit.
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Mourir? Et si Léopold n’était plus là, dans la mort ? Et si tout était fini ? La mort le terrorisait. Il fallait vivre, même une vie à chercher des fleurs dans un ravin brûlé, une vie à creuser le bois noir, à creuser la cendre, pour y trouver des bourgeons fragiles, des instants avec Léopold ; il fallait vivre, absent à tout ce qui n’était pas lui, le cœur serré toujours, il fallait vivre.
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Les gens les plus intéressants sont ceux qui restent dans l'ombre. Ils ont l'intelligence de trouver un sens à leur vie sans chercher l'approbation du monde.
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— Eh bien moi, je n’aime pas les livres.
— Vraiment ?
— Je les ai aimés. J’en ai lu des milliers. Des romans. Des pièces de théâtre. Des récits. Tout ce que l’on appelle des histoires. J’en ai lu jusqu’à m’en dégoûter. Toujours les mêmes histoires. Les personnages, les écrivains essaient de les nuancer pour en faire des êtres uniques, mais au fond ce sont toujours les mêmes. Juste des entités de différentes couleurs, de vagues énergies qui gigotent pour obtenir ce qu’elles veulent. Voilà ce que c’est, une histoire. Des désirs, qui se heurtent à d’autres désirs. Et quand on a trop lu, on voit tout ça, ce schéma pitoyable, qu’on module sans cesse pour donner l’illusion qu’on fait du nouveau, et on n’en peut plus. Machin veut chose, mais chose ou truc ne veut pas. Truc est de l’avis de chose et veut que machin fasse plutôt ceci ou plutôt cela. Machin n’est pas d’accord parce qu’il a ses raisons, bonnes ou mauvaises, ou entre les deux, et Seigneur, qu’est-ce qu’on le comprend, au fond, ce machin, ou alors on compatit avec truc même si on préfère chose. C’est minable. Ça tourne en rond à l’infini. Tellement que les nouveaux livres s’écrivent en fonction des vieux. Truc rend hommage à machin. Machin révolutionne tout en détruisant ce qu’ont fait truc et chose avant lui. On en revient toujours au même point. La structure et la langue changent, mais on a toujours besoin de dire les mêmes choses, parce qu’après des siècles et des siècles de littérature, personne n’a jamais rien compris à quoi que ce soit, et tout recommence sans cesse. Si ce que je suis en train de dire se trouvait dans un livre, je détesterais ce livre parce que je saurais que j’ai déjà lu ça avant, et que c’était inutile de le refaire.
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Qu'est-ce qui te transperce pendant que tu me regardes ? Ce n'est pas de la lumière ; c'est une illusion, la lumière. On la croit vive, et pure, mais derrière elle il n'y a que des ténèbres.
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Lorsque tes dents déchirent la peau et libèrent le nectar, c’est comme une jouissance enfantine, un plaisir suprême et gratuit, quelque chose qui ne pourrait jamais te lasser. Tu es seul dans une sphère exquise, et l’unique pensée qui puisse t’effleurer, c’est que le meurtre est la chose la plus divine du monde, et que tu détruirais l’humanité entière pour prolonger cette extase.
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L’océan est une immense porte, grande ouverte. Il est offert, il ne refuse rien. Peut être parce qu’il sait qu’on n’atteindra jamais son coeur.
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Je n’apprendrai rien à personne en disant que les mots sont trop faibles ; qu’ils rendent bien pauvrement les vertiges des sens et les cimes de la beauté. Allons ; peut-être que je les juge trop durement : on n’invente des mots que pour ce qu’on a vu. Que pour ce qu’on a conçu.
L’homme a vu les étoiles, le fond des mers, les neiges en haut du monde. Il a même conçu Dieu, les temples inspirés par Sa grandeur, les royaumes noirs des démons qui ont renié Son Éternité. Il y a des mots pour tout cela. Ils sont peut-être un peu éteints, mais ils savent vibrer parfois, et laminer mon coeur, lorsqu’ils dessinent les visions insensées de ce que l’homme a fantasmé.
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« Curieusement, je pus contempler son reflet sans souffrir d’étourdissement. Il avait la beauté d’une oréade morte ; quelque chose en lui me glaçait. Était-ce la luisance vénéneuse dans ses yeux effilés, ou le rouge sang de ses lèvres minuscules, ou les fuseaux de ses pommettes aiguilleuses ? Tout cela à la fois. Son visage comme une harmonie d’épines. » (p. 61)
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Mon ombre.

Ma pauvre ombre.

Depuis le coucher du soleil, elle saigne. Et ça ne s’arrêtera plus. Mais d’où vient-il, tout ce sang ? De nulle part, sans doute. Des eaux noires d’une malédiction.

Je ne pourrai plus sortir de chez moi, maintenant. Je m’en moque. Je vais peut-être me laisser mourir de faim. Me noyer. Est-ce que mon ombre saignera encore quand je serai mort ? Est-ce qu’elle pourra engloutir le monde ? Oui. Je crois bien. Je l’ai lu.

On trouvera mon corps, la source de ce mal inconnu. On l’enterrera quelque part. On priera pour que des funérailles mettent fin à l’inondation. Mais le sang se répandra encore et encore ; partout dans la terre, depuis la racine poreuse de mon cercueil. Même dans l’obscurité de la tombe j’aurai toujours une ombre. Alors on étudiera les arcanes de ma dépouille pour neutraliser son fléau, on voudra me réduire en cendres, mais leurs ombres invisibles, même celles de mes chairs désintégrées, saigneront en averses éternelles. Dans des siècles, ou plus tôt, ou plus tard, mes ombres auront tout noyé.

Je n’ignore plus les raisons de cette blessure indolore qui ne cicatrisera jamais. Ce sang, ce sang qui ne tarit pas, mon ombre ne l’aurait jamais versé si je n’avais pas été la proie des fleurs de la Sylve Rouge.

À l’heure noire où mon ombre ruisselle je voudrais dire l’histoire des fleurs maudites, des amours maudites, des splendeurs maudites qui m’ont mené ici. Reclus dans mon taudis, à la lueur grise et fatiguée d’une ampoule nue, je voudrais une dernière fantaisie, raconter l’histoire d’Apostasie.

Mon encre n’est pas enchantée. Mes mots n’auront pas d’énergie ; il n’y aura pas de miracle. Lorsqu’à la surface du monde il n’y aura plus que du sang, mes feuillets se ramolliront, et les souvenirs qu’ils renferment disparaîtront bêtement. C’est tout.

Mais je dois faire vite. Bientôt, on frappera à ma porte ; ce sera quelqu’un qui passe près d’ici, et qui s’inquiète du liquide qui se faufile dans l’interstice.
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