Augustin, douze ans, atteint du syndrome Asperger, dit aussi « trouble du Spectre Autistique, trouble envahissant du développement » vit à Toulouse, avec sa maman Emilie.
Douze ans. 1m51. Les pieds plats, les lunettes de travers, une mèche rebelle et le cerveau en ébullition.
Des rituels adaptés aux contraintes de l’autisme de l’adolescent, scolarisé mais solitaire cadencent leur vie. Les commerçants du quartier, ainsi que les voisins de l’immeuble sont familiarisés avec les particularités d’Augustin, et les acceptent bien. Il faut dire qu’il est agréable et ne dérange personne à passer le clair de son temps libre après l’école dans sa chambre à vivre sa passion du rock. Son péché mignon : les framboises que lui apporte Mireille, quand elle vient travailler pour l’entretien.
Conscient de sa différence d’avec les enfants de son âge, Augustin sait apprécier les adultes de son entourage pour principales relations sociales. De plus, le fruit de ses remarques fantasques saisissent, sidèrent, et touchent ses interlocuteurs les plus réceptifs. Ainsi, cet environnement devient alors la source d’observations à la fois stimulantes et facteur d’équilibre.
C’est pourquoi l’obstination de Victor L., le nouvel habitant de l’immeuble de vouloir cacher son identité sur la boite aux lettres perturbe l’adolescent. Alors, si contrarié par ce mystère qui lui « empoisonne » la vie, Augustin va convaincre Victor de fléchir, et ce, à coup de subterfuges propres à son originalité. Ainsi, cet ancien prisonnier va se laisser apprivoiser par la réserve naturelle d’Augustin doué aussi d’une sincérité sans filtre. L’amitié de ces deux solitaires, deux êtres en souffrance va bientôt évoluer vers une complicité respectueuse d’une certaine culpabilité enfouie.
Alors, le sentiment de responsabilité de Victor à l’égard d’Augustin l’accompagne sur le chemin d’une réhabilitation. Les efforts de sa reconversion grâce à son activité de jardinage, va même être remarquée et surtout récompensée par Marius à l’origine de cette passion pendant sa détention. Celui-ci n’oubliera pas l’ancien prisonnier qu’il affectionne au plus au point, fier de la détermination de Victor à rompre avec son ancien milieu.
Mais quand Victor revient dans son ancienne cité pour rendre service à Augustin, son passé va ressurgir…
MON AVIS
Tous mes remerciements pour ce SP à l’auteure et au site Simplement Pro. Cette belle rencontre avec Augustin éclaire d’un œil optimiste l’autisme Asperger : ni rose ni scintillant, ce roman que je cataloguerai de « conte » ouvre une porte vers le monde du « positif », un véritable libre « feel-good ».
La bonne humeur est communicative. En voici ici la preuve du bienfait de la dédramatisation la différence. La vitalité qui anime Augustin se transmet d’abord à Victor puis aux autres personnages, et enfin au lecteur qui refermera le livre avec regret.
UN SCENARIO PALPITANT
Du début jusqu’à la fin, le lecteur est retenu par la force de l’écriture agréable, percutantes et des successions de mésaventures. Sous l’impulsion d’Augustin, la retenue de Victor et la tempérance d’Emilie, un cocktail de péripéties détonent pour produire un bel assortiment d’émotions. Des surprises s’imposent pour les non-initiés quant aux agissements d’Augustin, qui induisent des sourires, et ne laisseront pas indifférents.
Les TOCs d’Augustin envahissent son quotidien, mais l’intelligence de Victor en voie de réhabilitation accepte sans retenue cette manière de penser très différence. La pensée différente mais non moins vive, bien au contraire, s’assortit d’une sensibilité extrême du côté d’Augustin, même s’il est choqué du passé et des fautes de Victor. Il va les comprendre et tenter d’apaiser la peine et le chagrin de son ami. Chacun des deux trouve son comptant dans cette relation ; il porte tous les deux la responsabilité de la perte d’un être cher. Ainsi, l’histoire prend forme et la vie suit son cours. Ils se donnent des surnoms sympathiques et se font confiance… bref, de véritables amis.
Puis, le récit s’accélère soudain, à un moment où on ne l’attend pas. Quand le passé de « Chips » revient à lui en pleine face, et que des personnes malintentionnées menacent son nouvel univers. L’intervention nature et spontanée d’Augustin déstabilise les protagonistes ; héro malgré lui. Ensuite la réaction d’Emilie prend des dimensions insoupçonnées, de quoi surprendre le lecteur.
Des particules de bonheur
Augustin est sensible aux métaphores, images et autres subterfuges imaginatifs. Ainsi, la dispersion de « particules de bonheur » lui assène une énergie providentielle pour affronter les épreuves de la vie. D’ailleurs, quelle énergie il va déployer à l’occasion de son « concours à Air Guitare ». J’ai apprécié son équilibre de vie drainé par sa maman, bien pensé, bien pesé ici. Le récit demeure réaliste en tout point ; en effet, avec leur description, et même s’il en esclave, ses rituels quotidiens le cadrent et le rassurent.
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